Ou encore aimer dans une réciprocité inversée, dissymétrique, comme en écho à la formulation lacanienne selon laquelle « il n’y a pas de rapport sexuel ».
Freud en ne pointant pas cette radicalité de la logique de l’inconscient poussée dans cette extrémité n’en écrivait pas moins dans sa contribution à la psychologie amoureuse : « Aussi étrange que cela paraisse, je crois que l’on devrait envisager que quelque chose dans la nature même de la pulsion sexuelle ne soit pas favorable à la réalisation de la pleine satisfaction. »
Aimer et désirer ne sont pas du même ordre mais dans le cadre de la vie amoureuse peut-on les dissocier ?
Dans son séminaire sur l’angoisse Lacan énonce : « Seul l’amour permet à la jouissance de condescendre au désir », désir qui a pour corollaire le manque. Tout sujet, pour désirer, se doit de renoncer à la visée imaginaire du manque, ce manque qui assurerait l’illusion de faire « un ». L’amour implique ipso facto la confrontation avec le manque, blessure narcissique souvent déniée et source par la suite de beaucoup de conflits amoureux.
Ces quelques considérations amènent la question du rapport entre amour, désir et sexualité, d’autant qu’actuellement, à la lumière de considérations cliniques amenant dans nos cabinets beaucoup de souffrances amoureuses, nous pouvons constater que les premières rencontres amoureuses se font davantage sous l’égide de la jouissance immédiate plutôt que du désir. Les nombreux sites de rencontres témoignent d’une recherche sans fin de l’objet adéquat, recherche toujours à remettre sur le métier…