Notes
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[1]
La Ritaline, auquel l’auteur consacre un long développement. Cf. ch. V, p. 74, dans Yann Diener, On agite un enfant, l’État, les psychothérapeutes et les psychotropes, Éd. La fabrique, 2011.
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[2]
Les cpp ont été créés en 1946 par des psychanalystes de la spp, seule association de psychanalyse existant à l’époque, dont André Berge, Juliette Favez-Boutonnier, Françoise Dolto, Didier Anzieu. Le premier centre médico-psychopédagogique a été ouvert dans les murs mêmes du Lycée Claude Bernard à Paris. Cf. Yann Diener, On agite un enfant, op. cit., p. 20-21.
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[3]
Les cmpp sont créés par l’annexe 32 du décret de 1956 fixant les conditions d’agrément de tous les types d’établissement médico-sociaux en France. Ibid., p. 22.
-
[4]
Le premier centre médico-psychologique est créé en 1949 sous l’égide de la Sauvegarde de l’enfance. C’est l’institut Claparède. Ibid., p. 21-22.
-
[5]
Ibid. p. 24.
-
[6]
L’annexe 32 fait explicitement mention de la psychanalyse comme un des traitements à proposer à l’enfant. Ibid., p. 22.
-
[7]
Ce terme a été crée par Eric Hazan dans un ouvage intitulé La propagande au quotidien (Ed. Raisons d’agir, 2006) en référence d’une part au néologisme de « novlangue » forgé par Georges Orwell dans 1984, et à celui d’autre part créé par Victor Klemperer de Lingua Tertii Imperii (Cf. La langue du IIIe Reich, Ed. Pocket, 2003). Cette langue, inventée par les nazis, constitue un véritable « forçage terminologique » afin de faire pénétrer dans les esprits leur propagande. Pour E. Hazan, la lqr naît dans les années 1960 de cette « brutale modernisation du capitalisme français traditionnel que fut le gaullo-pompidolisme », au service du néolibéralisme. Ibid., p. 35.
-
[8]
Ainsi un plan de licenciement se traduira en lqr par « un plan social ». Ibid. p. 35.
-
[9]
Ibid., p. 45.
-
[10]
Cf. Charles Melman, Jean-Pierre Lebrun, La nouvelle économie psychique, Toulouse, érès, 2009.
-
[11]
Cf. Yann Diener, On agite un enfant, op. cit., p. 51 : « Les notions issues de la psychanalyse qui ont été tordues pour pénétrer le champ médico-social, reviennent dans la langue psychanalytique plus tordues encore, formatées et normalisées par leur passage dans la lms » et cela, notamment à la faveur de la loi de 2002 et de la réglementation conjointe de la psychanalyse par l’État.
-
[12]
Ibid., p. 19.
-
[13]
Ibid., p. 26.
-
[14]
Ibid., p. 64.
-
[15]
Ibid., p. 29.
-
[16]
Ibid., p. 31.
-
[17]
Ibid., p. 107, note en bas de page n° 10. La « réduction nominaliste » se traduisant par un « tu es ceci, tu n’es qu’un » est d’un point de vue linguistique commun au mécanisme de l’insulte.
-
[18]
Freud, « Psychologie des foules et analyse du moi », dans Essais de psychanalyse, Paris, Petite Bibliothèque Payot 1995. La tentative n’est pas nouvelle. Déjà Edouard Pichon, et ce dès la pénétration de la psychanalyse en France, avait tenté de latiniser la langue germanique de Freud en proposant de traduire, unbewußt par pulsorium, faisant de l’inconscient un réservoir de pulsions qu’il s’agissait de dévider pour en épurer le caractère scandaleux. La réaction de Lacan sur le terrain de la langue fut précisément de proposer celui d’« un-bévue », par assonance avec un-bewußt, rappelant à la fois le caractère de ratage (actes manqués, lapsus…) et de réussite des formations de l’inconscient – structuré comme un langage. Les nouvelles traductions de Freud dont l’œuvre est récemment passée dans le domaine public, participent de cette même politique de désexualisation de la théorie freudienne selon l’auteur. Cf. Yann Diener, On agite un enfant op. cit., p. 55-56.
-
[19]
Manifeste pour la psychanalyse, Ed. La fabrique, 2010, p. 11.
-
[20]
« Moment » défini comme : une fiction qui ne coïncide pas avec une périodisation (ibid., p. 11) ; un « temps où les menaces de disparition pèsent sur la psychanalyse, menaces qui proviennent surtout d l’intérieur de celle-ci (ibid., p. 61).
-
[21]
L’auteur rappelle à cet égard que dès 1933, en Allemagne, le vocabulaire psychanalytique a été banni des disciplines qu’il avait pénétrées et modifiées (psychologie et psychiatrie) pour être ensuite vidé de son propre vocabulaire (ibid., p. 57). La politique de sauvetage de la psychanalyse menée par Jones et l’ipa avec l’Allemagne nazie a eu pour conséquence de faire absorber les sociétés de psychanalyse dirigées par le neveu de Göring, d’où l’importance aujourd’hui de ne pas céder sur les mots, même si le contexte est différent.
-
[22]
Le « groupe de contact » et les associations signataires d’un texte adressé au ministère de la Santé sont nommément visées, coupable à ses yeux d’entériner la novlangue psychanalytique par l’inclusion qu’elle consacrerait de la psychanalyse dans le champ de la psychothérapie. Élisabeth Roudinesco n’est pas épargnée qui, tout en qualifiant le texte du Groupe de contact de « pacte de servitude volontaire » avec l’État, défend par ailleurs l’inclusion de la psychanalyse dans le champ des psychothérapies. Ibid., p. 67-68.
-
[23]
Ainsi est visé Jacques-Alain Miller et l’École de la cause freudienne qui avec le slogan « tous psychothérapeutes ! » prétend se conformer de manière réaliste à la réglementation qui sévit partout en Europe mettant ainsi fin à l’analyse profane. Ibid., p. 94.
-
[24]
L’ali, la spp, l’ecf, Cf. Yann Diener, op. cit., p. 95.
-
[25]
Ibid., p. 95.
-
[26]
Ibid., p. 70.
-
[27]
Il s’agit par exemple du lien qui existe entre la spp, l’Université Paris V et le Centre Alfred Binet ; ou encore, Espace Analytique, l’université Paris VII et l’École expérimentale de Bonneuil. Comme le dit l’auteur : « Il ne s’agit pas de couper tout lien entre institution analytique et institution de soins, mais d’en préciser l’écriture. » Cf. Yann Diener, op. cit. p. 122, note en bas de page n° 113.
-
[28]
La logique du sujet est en effet asphérique : le corps n’est pas un sac, une sphère avec un intérieur et un extérieur mais un tore car signifiants et symptômes ne s’inscrivent pas dans une géométrie euclidienne. L’espace et le temps, dans le rêve, la condensation et les déplacements des signifiants relèvent en effet davantage de cette « logique en caoutchouc ». Ibid., p. 92-93.
À propos de : Yann Diener, On agite un enfant, l’État, les psychothérapeutes et les psychotropes, Édition La fabrique, 2011
1L’auteur, Yann Diener, est psychanalyste. Il exerce notamment dans un centre médico-psychopédagogique qu’il considère comme un lieu d’observation privilégié des transformations qui affectent aujourd’hui les institutions médico-sociales. Il entreprend ainsi de faire la généalogie des nouveaux discours et des nouvelles pratiques qui considèrent le patient comme un « usager », voire un « client », le symptôme de l’enfant – celui de l’agitation va servir de fil directeur – comme un handicap, appelant une médication [1]. Dans la foulée, l’école est désormais commise dans un rôle de dépistage et de prescription de soins.
2Cette évolution historique est d’autant plus paradoxale que les centres médico-psychopédagogiques, héritiers des centres psycho-pédagoqiques (cpp) [2] ont été fondés par des psychanalystes en 1963 [3] sur la remise en cause du modèle médical prévalant notamment dans les centres médico-psychologiques [4]. Le projet était de sortir l’enfant des services hospitaliers de psychiatrie infanto-juvénile et de le maintenir dans son milieu (famille, école). Ces psychanalystes entendaient « créer les conditions de paroles nécessaires pour que les déterminants du symptôme soient mis à plat, pour repérer où l’enfant s’est logé dans la structure familiale [5] ». Signe incontestable de l’inscription de la psychanalyse dans les cmpp [6], elle figure dans ses statuts au titre des traitements proposés à l’enfant.
3Cette contestation de l’inféodation et de l’assimilation de la psychanalyse au modèle médical est intimement liée aux crises et scissions qui ont structuré le mouvement psychanalytique en France. Ainsi, la scission de 1953, marquée par le départ de Jenny Aubry, Françoise Dolto puis Jacques Lacan de la spp, aboutira en 1964 à la création de l’École freudienne de Paris. L’École fondée par Lacan met au cœur de son questionnement : la contradiction entre psychanalyse et institution, la transmission de la psychanalyse y compris dans les établissements de soin et la formation des analystes.
4Ce changement d’orientation qui affecte aujourd’hui les cmpp n’est pas la conséquence d’une décision centralisée de quelques uns, mais d’une convergence aveugle entre plusieurs champs – politiques, économiques, juridiques, culturels – d’inspiration néolibérale et marchande. L’auteur en entreprend principalement l’analyse par le biais de ce qu’il considère en être à la fois la forme condensée et le symbole : la « langue médico-sociale (lms) » et son avatar, la « novlangue psychanalytique ».
5La langue médico-sociale est une variante de la Lingua Quintae Republicae, soit la Langue de la cinquième République [7]. Cette dernière a été créée dans les années 1960 par des politiques et des publicitaires dans le but de façonner selon l’angle néolibéral la perception et l’analyse de la réalité. Elle abuse des euphémismes et des glissements sémantiques visant à « escamoter les conflits en les rendant inaudibles » dit l’auteur. La lqr se distingue ainsi de la langue de bois qui sert à ne pas dire quelque chose [8]. Cette dernière a progressivement pénétré le secteur médico-social dans les années 1990 par le biais – entre autres – du ministère de la Santé qui cherchait ainsi à réduire l’hétérogénéité des pratiques par un vocabulaire commun censé faciliter le traitement statistique. La loi du 2 janvier 2002 « rénovant l’action sociale et médico-sociale », mettant « l’usager au centre » et « le sujet de côté », ajoute Yann Diener [9], l’officialise.
6Le discours psychanalytique, en tant qu’il est parlé dans les cmpp, n’a pas échappé à cette contamination et a donné naissance à ce que l’auteur appelle une « novlangue psychanalytique ».
7En elle s’opère des glissements sémantiques faisant du symptôme un trouble puis un handicap ; y naissent des « nouveaux sujets » et une « nouvelle économie psychique [10] ». Plus grave encore : elle brouille les frontières entre la psychanalyse et la psychothérapie, voire substitue la dernière à la première. Certes le discours psychanalytique a fécondé les institutions de soins et la langue médico-sociale. Mais en retour cette dernière s’y est subrepticement mêlée [11]. Le souci de rendre la langue analytique conforme aux exigences de l’État via la réforme du titre de psychothérapeute y a largement contribué.
8Ainsi, c’est tout l’abord du symptôme qui s’en trouve changé. On ne peut plus voir dans l’agitation, désormais requalifiée de « trouble de l’attention avec hyperactivité (tdah) », une « trouvaille du sujet [12] » et dans le fait de ne pas pouvoir tenir en place « une solution […] pour dire qu’il refuse la place qui lui a été assignée et qu’il s’est assignée [13] ». Devenu trouble ou handicap l’agitation n’est plus entendue comme formation de compromis entre une part d’angoisse et d’insurrection. Elle est envisagée comme devant être rééduquée ou éradiquée, ce qui revient à vouloir « réprimer la part de rébellion qu’elle comporte [14] ».
9La psychanalyse n’est pas une psychothérapie. Elle s’en distingue par sa visée et sa méthode : il ne s’agit pas de rétablir l’état antérieur à la maladie mais de créer un nouvel état qui n’est pas défini d’avance ; là où la psychothérapie replâtre, ajoute un élément nouveau, la psychanalyse, comparable en ceci à la sculpture, enlève. Cela ne veut pas dire qu’elle n’a pas de valeur thérapeutique. L’auteur la qualifie même de « pratique soignante [15] ». Mais il s’agit seulement de ne pas se hâter de guérir si l’on veut compter sur une guérison « de surcroît ». La valeur thérapeutique de la psychanalyse consiste donc à rendre « moins coûteux » le symptôme, dira Freud, à le « dévaloriser » en termes de jouissance, poursuivra Lacan.
10À la différence du symptôme, qui peut disparaître, l’étiquette « handicapé » reste consignée dans un dossier aussi bien que dans l’esprit de celui qui s’est entendu désigné et reconnu de la sorte [16]. Par ces glissements sémantiques, les pratiques sont ravalées à un abord comportementaliste et comptable du sujet – instaurant ainsi une temporalité incompatible avec celle de l’inconscient. Ainsi se révèle la convergence entre les intérêts de l’État et la mise en place de cette « novlangue » : être reconnu handicapé – condition future probable pour être admis en cmpp – limitera d’autant plus le nombre d’enfants concernés et les dépenses de santé afférentes ; adossée à de « nouveaux contrats de soin », la tarification à l’activité (t2a) permettra de définir à l’avance le nombre de séances auxquelles il sera en outre mis fin dès que le symptôme disparaîtra, ne laissant ainsi aucune chance au déploiement de la parole. Au nom de l’« évaluation », de la « bientraitance », le travail de prévention – censé être plus coûteux – disparaîtra lui aussi. Au passage, la « réduction nominaliste [17] » qu’opère la substitution du handicap au symptôme, réinstaure le clivage entre normal et pathologique et son cortège de pratiques ségrégatives.
11À travers l’attaque dont les cmpp sont l’objet, c’est donc la psychanalyse qui est visée. Pour autant, l’auteur tient pour responsables de cet état de fait certains psychanalystes eux mêmes. Citant Freud, il rappelle que l’« on cède d’abord sur les mots et puis peu à peu aussi sur la chose [18] ». À cet égard, il souscrit aux analyses développées par les auteurs du Manifeste pour la psychanalyse [19] qui évoquaient l’idée d’un troisième « moment [20] » de la psychanalyse caractérisé par le vote de l’article 52 réglementant l’usage du titre de psychothérapeute. Avec ce texte en effet, la psychanalyse se retrouve pour la première fois inscrite dans une loi de santé publique, ce qui aura, dit l’auteur, pour conséquence « de soumettre au contrôle de l’État la formation que dispensent les associations de psychanalyse qui se rallieront à cette loi ». Les deux premiers moments renvoient à la question de l’analyse profane avec l’affaire Théodor Reik en 1926 ; le second moment correspondant avec la scission de Lacan avec la spp en 1956.
12L’auteur dénonce ainsi ce qu’il interprète comme étant une forme de résistance à la psychanalyse, les tentatives de certaines associations de psychanalystes de « pactiser » avec l’État. Au nom de la Realpolitik [21] leurs initiatives tendraient toutes, à ses yeux, à inclure la psychanalyse dans le champ des psychothérapies [22] ou à mettre fin à l’analyse profane [23]. Quant aux associations demandant à être reconnues d’utilité publique [24], elles aident l’État à « fixer une définition officielle de la psychanalyse comme étant une psychothérapie parmi d’autres, à appliquer sa politique de réglementation des psychothérapies et par là de mise en ordre et d’évaluation de la psychanalyse [25] ».
13Dans ce mélange subtil entre le plomb et l’or qu’a toujours représenté la place de la psychanalyse dans la cité, la première risque aujourd’hui de se trouver définitivement dévoyée ; il s’agit donc désormais davantage de la place de la cité dans la psychanalyse [26].
14Les cmpp peuvent être des lieux où cette question politique peut être concrètement élaborée, en redevenant – par une résistance contre la répression du symptôme – des lieux de transmission de la psychanalyse. L’auteur déplace donc cette question politique hors des seules associations et propose que soit requestionné les liens historiques existants entre telle institution de soin et telle association analytique [27].
15Sur un ton qui se fait de plus en plus passionnel, l’auteur exhorte les associations d’analystes à renoncer à tout souci de reconnaissance ou de garantie par l’État. Il propose de faire l’inventaire de la « novlangue psychanalytique » afin de subvertir les glissements sémantiques de type : « psychanalyse-psychothérapie », « symptôme-handicap ».
16Les termes de « pôle », de « centre » dans lequel « l’usager » est désormais mis, témoignent d’une conception du soin selon une topologie sphérique à laquelle il s’agirait de substituer une topologie asphérique pour déconstruire les clivages entre normal et pathologique ainsi que les politiques ségrégatives qui en découlent [28].
17L’intérêt du livre de Yann Diener – après avoir rappelé le rôle historique fondateur et fécond de la psychanalyse dans les institutions de soins telles que les cmpp – est sans doute d’avoir fait la généalogie de ce qu’il appelle la « novlangue psychanalytique », coupable à ses yeux d’entériner la confusion entre psychanalyse et psychothérapie. Ainsi, pense-t-il percevoir à travers la transformation du symptôme d’agitation de l’enfant en « trouble de l’attention avec hyperactivité », l’agitation des psychanalystes eux-mêmes eu égard aux politiques étatiques de réglementation du titre de psychothérapeute. Un hiatus irréductible a toujours existé entre la psychanalyse et la cité, ainsi que le lien pourtant nécessaire entre elles. Est-il pour autant si évident que les rencontres entre associations d’analystes et les représentants de l’État, n’aient abouti qu’à entériner l’assimilation de la psychanalyse à la psychothérapie ? L’auteur, qui trace une ligne de démarcation tranchée – sur un mode au final passionnel et stigmatisant – entre les tenants de l’analyse profane et ceux, coupables à ses yeux de ne se livrer qu’à une entreprise de collaboration dans un seul souci de reconnaissance, ne peut concevoir le contraire. Ce livre présente donc incontestablement un intérêt polémique invitant à la réflexion et au débat sur l’avenir de la psychanalyse.
Notes
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[1]
La Ritaline, auquel l’auteur consacre un long développement. Cf. ch. V, p. 74, dans Yann Diener, On agite un enfant, l’État, les psychothérapeutes et les psychotropes, Éd. La fabrique, 2011.
-
[2]
Les cpp ont été créés en 1946 par des psychanalystes de la spp, seule association de psychanalyse existant à l’époque, dont André Berge, Juliette Favez-Boutonnier, Françoise Dolto, Didier Anzieu. Le premier centre médico-psychopédagogique a été ouvert dans les murs mêmes du Lycée Claude Bernard à Paris. Cf. Yann Diener, On agite un enfant, op. cit., p. 20-21.
-
[3]
Les cmpp sont créés par l’annexe 32 du décret de 1956 fixant les conditions d’agrément de tous les types d’établissement médico-sociaux en France. Ibid., p. 22.
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[4]
Le premier centre médico-psychologique est créé en 1949 sous l’égide de la Sauvegarde de l’enfance. C’est l’institut Claparède. Ibid., p. 21-22.
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[5]
Ibid. p. 24.
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[6]
L’annexe 32 fait explicitement mention de la psychanalyse comme un des traitements à proposer à l’enfant. Ibid., p. 22.
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[7]
Ce terme a été crée par Eric Hazan dans un ouvage intitulé La propagande au quotidien (Ed. Raisons d’agir, 2006) en référence d’une part au néologisme de « novlangue » forgé par Georges Orwell dans 1984, et à celui d’autre part créé par Victor Klemperer de Lingua Tertii Imperii (Cf. La langue du IIIe Reich, Ed. Pocket, 2003). Cette langue, inventée par les nazis, constitue un véritable « forçage terminologique » afin de faire pénétrer dans les esprits leur propagande. Pour E. Hazan, la lqr naît dans les années 1960 de cette « brutale modernisation du capitalisme français traditionnel que fut le gaullo-pompidolisme », au service du néolibéralisme. Ibid., p. 35.
-
[8]
Ainsi un plan de licenciement se traduira en lqr par « un plan social ». Ibid. p. 35.
-
[9]
Ibid., p. 45.
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[10]
Cf. Charles Melman, Jean-Pierre Lebrun, La nouvelle économie psychique, Toulouse, érès, 2009.
-
[11]
Cf. Yann Diener, On agite un enfant, op. cit., p. 51 : « Les notions issues de la psychanalyse qui ont été tordues pour pénétrer le champ médico-social, reviennent dans la langue psychanalytique plus tordues encore, formatées et normalisées par leur passage dans la lms » et cela, notamment à la faveur de la loi de 2002 et de la réglementation conjointe de la psychanalyse par l’État.
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[12]
Ibid., p. 19.
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[13]
Ibid., p. 26.
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[14]
Ibid., p. 64.
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[15]
Ibid., p. 29.
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[16]
Ibid., p. 31.
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[17]
Ibid., p. 107, note en bas de page n° 10. La « réduction nominaliste » se traduisant par un « tu es ceci, tu n’es qu’un » est d’un point de vue linguistique commun au mécanisme de l’insulte.
-
[18]
Freud, « Psychologie des foules et analyse du moi », dans Essais de psychanalyse, Paris, Petite Bibliothèque Payot 1995. La tentative n’est pas nouvelle. Déjà Edouard Pichon, et ce dès la pénétration de la psychanalyse en France, avait tenté de latiniser la langue germanique de Freud en proposant de traduire, unbewußt par pulsorium, faisant de l’inconscient un réservoir de pulsions qu’il s’agissait de dévider pour en épurer le caractère scandaleux. La réaction de Lacan sur le terrain de la langue fut précisément de proposer celui d’« un-bévue », par assonance avec un-bewußt, rappelant à la fois le caractère de ratage (actes manqués, lapsus…) et de réussite des formations de l’inconscient – structuré comme un langage. Les nouvelles traductions de Freud dont l’œuvre est récemment passée dans le domaine public, participent de cette même politique de désexualisation de la théorie freudienne selon l’auteur. Cf. Yann Diener, On agite un enfant op. cit., p. 55-56.
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[19]
Manifeste pour la psychanalyse, Ed. La fabrique, 2010, p. 11.
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[20]
« Moment » défini comme : une fiction qui ne coïncide pas avec une périodisation (ibid., p. 11) ; un « temps où les menaces de disparition pèsent sur la psychanalyse, menaces qui proviennent surtout d l’intérieur de celle-ci (ibid., p. 61).
-
[21]
L’auteur rappelle à cet égard que dès 1933, en Allemagne, le vocabulaire psychanalytique a été banni des disciplines qu’il avait pénétrées et modifiées (psychologie et psychiatrie) pour être ensuite vidé de son propre vocabulaire (ibid., p. 57). La politique de sauvetage de la psychanalyse menée par Jones et l’ipa avec l’Allemagne nazie a eu pour conséquence de faire absorber les sociétés de psychanalyse dirigées par le neveu de Göring, d’où l’importance aujourd’hui de ne pas céder sur les mots, même si le contexte est différent.
-
[22]
Le « groupe de contact » et les associations signataires d’un texte adressé au ministère de la Santé sont nommément visées, coupable à ses yeux d’entériner la novlangue psychanalytique par l’inclusion qu’elle consacrerait de la psychanalyse dans le champ de la psychothérapie. Élisabeth Roudinesco n’est pas épargnée qui, tout en qualifiant le texte du Groupe de contact de « pacte de servitude volontaire » avec l’État, défend par ailleurs l’inclusion de la psychanalyse dans le champ des psychothérapies. Ibid., p. 67-68.
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[23]
Ainsi est visé Jacques-Alain Miller et l’École de la cause freudienne qui avec le slogan « tous psychothérapeutes ! » prétend se conformer de manière réaliste à la réglementation qui sévit partout en Europe mettant ainsi fin à l’analyse profane. Ibid., p. 94.
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[24]
L’ali, la spp, l’ecf, Cf. Yann Diener, op. cit., p. 95.
-
[25]
Ibid., p. 95.
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[26]
Ibid., p. 70.
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[27]
Il s’agit par exemple du lien qui existe entre la spp, l’Université Paris V et le Centre Alfred Binet ; ou encore, Espace Analytique, l’université Paris VII et l’École expérimentale de Bonneuil. Comme le dit l’auteur : « Il ne s’agit pas de couper tout lien entre institution analytique et institution de soins, mais d’en préciser l’écriture. » Cf. Yann Diener, op. cit. p. 122, note en bas de page n° 113.
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[28]
La logique du sujet est en effet asphérique : le corps n’est pas un sac, une sphère avec un intérieur et un extérieur mais un tore car signifiants et symptômes ne s’inscrivent pas dans une géométrie euclidienne. L’espace et le temps, dans le rêve, la condensation et les déplacements des signifiants relèvent en effet davantage de cette « logique en caoutchouc ». Ibid., p. 92-93.