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Article de revue

Marchés, échanges et relations sociales au Buganda à la fin du xixe siècle

Pages 147 à 173

Notes

  • [*]
    Henri Médard est historien et maître de conférences à l’université de Paris 1 Panthéon-Sorbonne.
  • [1]
    C.M. Good (1973) ; G.N. Uzoigwe (1972) ; R. Mutombo (1980) ; J. Middleton (1962 : 571) ; M.D. Wagner (1993) ; R. Reid (2002 : 141-144) ; B. Lugan (1978 : 11-32) ; A. Nyagahene & B. Lugan (1983 : 19-48).
  • [2]
    K. Polanyi (1975a : 51-60).
  • [3]
    K. Polanyi (1975b : 250).
  • [4]
    J.P. Chrétien (1981 : 925) ; B. Turyahikayo-Rugyema (1976b : 286-290) ; B. Turyahikayo-Rugyema (1976a : 223-243) ; G.N. Uzoigwe (1972).
  • [5]
    C.A. Gregory (1982 : 42) ; M. Sahlins (1976 : 236-292).
  • [6]
    K. Polanyi (1975b : 254-255).
  • [7]
    K. Polanyi (1975b : 255).
  • [8]
    Le troc est une forme d’échange marchand qui n’utilise pas de monnaie, soit parce qu’il appartient à une sphère d’échanges qui rejette l’échange monétaire, soit parce que la monnaie fait défaut.
  • [9]
    C.C. Wrigley (1964 : 18-19).
  • [10]
    J. Roscoe (1965 : 382, 391-392, 399, 410, 412).
  • [11]
    Pour un exemple dans le royaume du Nkore voisin du Buganda : C.M. Good (1970 : 149-150). Roscoe affirme néanmoins que les forgerons vendent leurs excédents dans les marchés ; J. Roscoe (1965 : 382-383).
  • [12]
    L. Decle (1898 : 409). Lettre de G.K. Baskerville, Namirembe, 04/02/1892, C 15-135. A.P.B. J.-M. Waliggo (1976 : 284).
  • [13]
    L.P. Mair (1934 : 130) ; J.-S. Kasirye (1954, traduction in S.M.U.H., vol. II, p. 382) ; G.K. Baskerville, « Journal », 01/11/1892, G3/A5/01893/138, C.M.S.A. Moullec à Hirth, Bikira, 25/01/1895, 85037, A.P.B.
  • [14]
    “I gave her some five strings of shells about 4 months ago to try and buy me some mats. Yesterday she came with mats, telling me how difficult it had been to get them made”. R.H. Walker (1896 : 750) ; A. Nzanze (1994 : 453) ; J.-P. Chrétien (1983b : 319-320) ; L.P. Mair (1934 : 152) ; A. Kagwa (1910 : 40-41).
  • [15]
    Les colporteurs sont nombreux au Burundi et au Rwanda et par maints aspects similaires au Buganda. Ils sont rarement mentionnés dans les sources sur le Buganda. “We found a second canoe here going up to Mengo, a man trading and much one of those who ape the coast men with long robes and swagger not very pleasant to me”. K. Baskerville, “Journal 1890-1891”. Ssese, 18/10/1891, Ms 276. 761 BAS, M.U.L. ; J.-P. Chrétien (2000 : 167) ; L.P. Mair (1934 : 130, 132) ; A. Kagwa (1927 : 200, traduction, Musoke : 196-197, M.U.L.) ; A. Kagwa (1969 : 132) ; Diaire de Rubaga, dact, 22/07/1896, 24/11/1896 ; A.P.B. Walker to T.W. Uganda, 13/12/1895, Acc.88, F1/1, vol.15, n°291, p. 82-84, C.M.S.A. ; R. Reid (2002 : 138). Aucune vente au bord de la route n’est mentionnée au Buganda avant 1891. Il peut s’agir d’un développement nouveau comme d’une pratique ancienne qui n’a pas attiré l’attention des sources.
  • [16]
    Diaire de Rubaga, dact., 15/01/1881 (Banyoro). Giraud à son éminence, Rubaga, 04/11/1885, C14-175, A.P.B. ; diaire de Rubaga, ms, Alger, 22/06/1879, 09/03/1880 (Sukuma), A.P.B.
  • [17]
    H. Médard (2002 : 383-408).
  • [18]
    Sur l’importance de la dot pour la circulation des biens au Busoga, voir D.W. Cohen (1977 : 51).
  • [19]
    L.P. Mair (1934 : 104-153) ; B.M. Zimbe (1939 : 127-130, traduction : 171 M.U.L.) ; H.E. Hanson (2003 : 63-64) ; J.-P. Chrétien (1974).
  • [20]
    Le très grand nombre d’enfants confiés (c’est-à-dire élevés en dehors de leur famille) est un élément mystérieux et mal connu de la culture ganda. Peut-être ont-ils un rôle similaire à celui des enfants confiés des îles Samoa ? Ceux-ci servent de « canal » pour la circulation non marchande des biens entre la famille d’adoption et la famille de naissance ; M. Mauss (1997 : 155-156).
  • [21]
    L.P. Mair (1934 : 130).
  • [22]
    “In those days whosoever did not have friends was not able to buy anything” ; D.S. Newbury (1989 : 181).
  • [23]
    “In Uganda every thing is the king’s. I supect even our machinery is thought to be his for today I heard the Waganda talking about the iron here as the king’s iron”, Pearson to Wright, Kagei, 29/09/1879, CA6/019/15, C.M.S.A.
  • [24]
    “The people did not learn to sell (or to produce to sell), for they obtained all their requirements by force of arms or by gift of the Kabaka”, A. Kagwa, Basekabaka, 1953, p. 277, cité dans C.C. Wrigley (1964 : 18).
  • [25]
    A. Kagwa (1969 : 91-92).
  • [26]
    « Il [Toli] lui [Lourdel] a aussi dit que nous avions tort de ne rien demander au roi ; que c’était l’usage ici de demander tout ce dont on avait besoin, que le roi ne nous refuserait rien », Diaire de Rubaga, dact., 19/08/1879, A.P.B. « Je me suis de nouveau occupé de l’œuvre des catéchistes dans les byalo [les campagnes]. Malheureusement je me suis aperçu que la plupart de ces jeunes gens ne sont presque jamais chez eux. Ou ils font le commerce pour acheter leurs femmes, ou ils chassent l’éléphant avec leurs maîtres où ils travaillent au mulimo ogwo muBuganda [corvées]. Ceux qui désirent s’adonner entièrement à leur œuvre ne reçoivent presque plus rien de leurs maîtres. Qu’arrive-t-il ? Ils viennent en cœur demander aux Blancs qui un lubogo [étoffe d’écorce], qui de l’étoffe, qui des nsimbi [cauris] pour payer sa femme. “Vous faites le travail des Blancs, disent nos noirs seigneurs à leur basomesa [catéchistes], qu’ils vous donnent de quoi vous habiller”. Moullec à Hirth, Bikira, 25/01/1895, 85037, A.P.B. J.A. Rowe (1966 : 10) ; C.C. Wrigley (1964 : 20) ; K. Oberg (1970 : 132 (Nkore)) ; L.P. Mair (1934 : 183-184) ; M. Crawford Young (1977 : 197).
  • [27]
    E.E. Evans-Pritchard (1971 : 112-113).
  • [28]
    C.M. Good (1970 : 150-151) ; J. H. Speke (1971 : 58).
  • [29]
    Moullec, « Ouganda : Avant 1890-1892 et les événement de 1892 », 1912, c 14-81, p.11, A.P.B.
  • [30]
    J.-P. Chrétien (1981 : 925 ; 1974 : 1329) ; A.A. Trouwborst (1961 : 65-68) ; R.G. Carlson (1990 : 303-307) ; A.I. Richards (1964 : 272).
  • [31]
    M. Sahlins (1976 : 250-260).
  • [32]
    D.S. Newbury (1980 : 26-28) ; F.P.B. Nayenga (1976 : 120).
  • [33]
    “There were markets here [Kyaggwe] the important ones being Bagerere, Bale, Nsonga. Even the Bavuma used to cross the waters and sell their goods in these markets for they stood at the bank of the lake Victoria in Kyaggwe, on the Buganda side. These markets were selling every other day. They were real markets with a lot of people coming along and many a man who wanted to marry met their girl friends for the first time in these markets”. Y.T.K.G.S. Kajerero (1921 : 10-11, traduction in S.M.U.H. vol. III : 163-165). “They [les membre du clan Njaza] also served as customs officers in the Kigungu Market [Kyaggwe] where most of the merchandise from the states to the East of Buganda arrived to into Buganda”. “The Njaza (Reedbuck) clan”, in site web du royaume du Buganda : hhttp:// ozric. eng. wayne. edu/ ssemakula/ buganda. htm,1998. Achte à Livinhac, 20/05/1895, n°85441, A.P.B. J. Roscoe (1965 : 251 ; 1902 : 80).
  • [34]
    R. Reid (2002 : 87). Sur la production de poterie des îles Buvuma, voir F.P.B. Nayenga (1976 : 103) et M.A. Condon (1910 : 948) ; J.R. Macdonald (1897 : 146-147). “Buvuma notes”, 1932. Maurice Papers, mss Afr.S.581, p. 21, R.H.
  • [35]
    “The King’s sons, leave two, have been fastened up. Report says because they rob every-where”. Pearson to Mackay, Rubaga, 08/06/1880, G3/A6/01881/11, C.M.S.A.
    “On the way he [Mika Sematimba] met some Bakyala, [épouses du roi] whose Bagazi, as usual took a fancy to Sabadu’s [serviteur de Mika Sematimba] bundle. Of course expostulations followed, and Mika’s gun was also taken”. A.M. Mackay (1890 : 366). « Le père Lourdel se rend à Mbuga. Il demande un signe qui fasse reconnaître nos commissionnaires [ceux qui sont chargés d’acheter les provisions pour la mission] et les mette à l’abri des vols que les fils de sa Majesté ont droit de se permettre à l’égard des Bagandas ; le roi lui promet ce signe. » Diaire de Rubaga, dact., 10/04/1880. A.P.B.
    « On vient d’enfermer dans une enceinte de roseaux tous les fils du roi, à l’exception de deux. Ils usaient et abusaient trop de leur privilège de voler ; les grands se sont plaints bien des fois, et ils ont fini par obtenir l’incarcération des princes et princesses. » Diaire de Rubaga, dact., 11/06/1880. A.P.B. « 31 Merc.[Août 1881]. — Je me suis plaint au roi de ce que hier soir, ses bagalagala [une catégorie de pages du roi] avaient “kuanuke” [confisqué] le mnere [la nourriture] de notre commissionnaire. Je lui demande de donner aux enfants le kabonera [insigne distinctif] c’est-à-dire ; un nga [collier] de ses propres pages. Le Sabakiti [chef de pages] est chargé de nous en envoyer. 1 Jeudi.-[…] Le roi envoie les nga Kaboneras des baggazi [autre catégorie de pages] et des bagalagala pour notre commissionnaire et les enfants chargés d’acheter la nourriture. De cette sorte les gnangagneur [les réquisitioneurs], en voyant le signe des propres esclaves du roi au cou de nos commissionnaire,s cesseront peut-être de les gnangagner. » Diaire de Rubaga, dact., A.P.B. J.A. Rowe (1964 : 189) ; B.M. Zimbe (1939 : 119-112, traduction : 159-160 M.U.L.) ; J.H. Speke (1971).
  • [36]
    « Mtesa enlève aux grands le droit de “gnangagner” [sorte de réquisition, d’impôt à merci et de pillage] et de tuer et se le réserve pour lui. » Diaire de Rubaga, dact., 06/02/1882. « Le roi fait lier [c’est-à-dire arrêter] deux grands coupables d’avoir gnangagné des Bakopi [paysans, hommes du peuple, sujets, roturiers]. » Diaire de Rubaga, dact., 11/02/1882. Les exactions que subit la population sont nombreuses, même les missionnaires n’en sont pas à l’abri (Diaire de Rubaga, dact., 23/01/1880, 06/03/1880, 11/04/1880, 23/04/1880, 01/05/1880, 11/06/1880, 14/05/1881, 31/08/1881, 01/09/1881, A.P.B.).
  • [37]
    J. Roscoe (1965 : 452, 456) ; Thomas Matthews, “Diary of Nsambya Mission”, 03/07/1897. UGA8/, M.H.A. « On dit que plusieurs personnes ont été saisies pour n’avoir pas respecté le décret royal d’hier [interdisant de vendre hors du marché]. » Diaire de Rubaga, dact. 01/02/1882, A.P.B. « Pendant la séance, le roi porte un décret défendant qu’aucun marché ne se fasse en dehors de Mbuga [capitale ou palais]. Il porte la peine de mort contre quiconque sera pris vendant ou achetant en dehors de ce marché. Il fera prélever un tribut. Quel est le but du roi dans ce décret, nous l’ignorons ; mais le fait est qu’il sera pour nous la source non seulement d’ennuis, de dépenses, mais de difficultés pour la mission. Beaucoup de gens qui venaient se faire instruire sous prétexte d’acheter ou de vendre, n’auront plus ce prétexte à alléguer. » Diaire de Rubaga, dact., 31/01/1882 voir aussi le 26/02/1882. Un officiel anglais cité par Richard Reid (U.N.A. A8/1 Prendergast to Comm. 18/02/1902.) dit que d’habitude les chefs ganda prélèvent 5 % sur les marchandises vendues sur les marchés. Il est probable que la taxe soit de 10 % partagés équitablement entre le roi et son subordonné. R. Reid (2002 : 142-143) ; J. Roscoe (1902 : 80).
  • [38]
    A. Kagwa (1969 : 94) ; J. Roscoe (1965 : 251, 452-456).
  • [39]
    J. Roscoe (1965 : 455). “Well the war with Usoga is just closed and before leaving I had to go into the shamba [plantation, champ, ferme] of a chief called Mongobbis. Three large courtyards were full of old women and women with children some in shocking condition. It made my heart burn to see it, three or four coastmen were there bargaining”. Pearson to Wright, Kagei, 29/09/1879, CA6/019/15, C.M.S.A. “At all times of day visitors come about, and these have to get more or less attention. Some come to sell goats or butter or bananas or grain while others wish to buy calico for cowries”. A.M. Mackay (1883 : 536) ; J.-P. Chrétien (2000 : 172).
  • [40]
    “I am selling clothes, powder, and small shot sub rosa. The king heard that I was selling shot for food and sent word that if I had any more to sell I had to give him the preference, and he would give me goats. I therefore send up a quantity of shot, now two months ago and I have not seen the goats yet tho [sic] I have repeatedly asked for them”. Pearson to Mackay, Rubaga, 08/06/1880, G3/A6/01881/10, C.M.S.A. “After the return of this expedition, the King executed Kiriwumba the Omutongole of the Ekimera because he had a piece of cloth. On a previous occasion, Mutesa had sent Kiriwumba to Karagwe where he obtained the piece of cloth. But when he returned to the capital, he did not hand over the cloth to the king. The people who saw Kiriwumba with the cloth reported him to the king. Wherefore the king sent men to seize his property, and when they did so, they found him in possession of the cloth. That was why he was executed because cloth was still rare”. A. Kagwa (1971 : 156-157). D’après Zimbe, sous Suna, le Kabaka a le monopole du commerce de l’ivoire. B.M. Zimbe (1939 : 57, traduction : 79, M.U.L.) ; J. Roscoe (1969 : 98).
  • [41]
    « Voici l’histoire de Jean Marie Jamari. Un chef nommé Kabéga était sous-chef de la province de Gomba. En quittant cette place pour venir à Seguku près de la capitale, pour manger une autre seigneurie, il rencontra Jamari dans les champs, en train de garder ses chèvres. Il l’enleva et le vendit comme esclave à un nommé Bigomba à la capitale ; c’est ce Bigomba-là qui fit arriver Jamari à la cour. Il l’y vendit aussi comme esclave. » « Testis, Aloisius Masimbi », in V. Vannutelli (1918 : 2e pagination, 162-163). « Il arrive bien souvent ici que les gens s’emparent par force de malheureux esclaves et vont ensuite les vendre chez les Wangouanas ou les gardent jusqu’à ce que leur maître les ait rachetés », Diaire de Rubaga, dact., 02-12/08/1881. A.P.B. « Peu après arrivent [à la cour] les Wanguanas qui devaient ce matin mettre à la voile pour le sud. Ils sont accusés d’emmener des femmes du roi qu’on leur aurait vendues par fraude. Toutes subissent des interrogations; celle que l’on cherchait ne s’y trouve pas ; cependant deux d’entre elles déclarent avoir été volées au roi et vendues ensuite. Elles sont séparées afin qu’on instruise plus diligemment le procès. Les autres sont rendues à leurs maîtres respectifs qui vont encore être obligés de donner de bons cadeaux aux divers mbaka employés dans le procès. » Diaire de Rubaga, dact., 15/05/1887, A.P.B. « Un jour à Mougnougnou, en audience royale, j’entendis prononcer la peine de mort contre deux enfants de 14 et 15 ans. Étonné d’une peine si sévère contre des enfants aussi jeunes, j’appris qu’ils avaient vendu aux Arabes un jeune page du ministre. Ils l’avaient rencontré se promenant dans les rues et, voulant se procurer le luxe de quelques brasses d’étoffe blanche, ils n’avaient pas hésité à aller vendre leur petit camarade, sachant bien que s’ils étaient pris, ils paieraient de leur propre vie cet acte de méchante cupidité. La sentence de mort fut exécutée le jour même. Mais ces peines si sévères sont loin d’avoir arrêté ce détestable abus. Les pages témoins de la sentence se sont probablement dit en eux-mêmes : ce sont des maladroits, ils n’ont pas su s’y prendre. Au lieu d’aller vendre un page du ministre, s’ils avaient pris quelque esclave de paysan, personne n’y aurait rien vu ! Et c’est ce qui se fait journellement. » Lourdel au directeur de l’Œuvre de la Sainte Enfance, 01/06/1888, Rubaga, n°9182, s4, (original c14-185), A.P.B. H. Mukasa (1904 : 191) ; J.A. Grant (1864 : 257-258).
  • [42]
    J. Tosh (1970 : 117-118).
  • [43]
    G.N. Uzoigwe (1972 : 446, 451).
  • [44]
    « Puis question du mkatalé ; on vient dire au roi qu’aujourd’hui le marché est bien approvisionné ; il ne manque [que ?] les esclaves et l’ivoire. Sa majesté promet d’y aviser et ordonne d’envoyer un homme chez Kabarega [roi du Bunyoro] pour l’informer et le prier d’envoyer sel et pioches. » Diaire de Rubaga, dact., 13/02/1882, A.P.B.
  • [45]
    J. Boulègue (1986 : 482-483) ; J.-P. Chrétien (2000 : 170).
  • [46]
    K. Marx, Contribution to the Critique of Political Economy, 1859, cité par C.A. Gregory (1982 : 12).
  • [47]
    « Le marché a été inauguré aujourd’hui ; on a égorgé un bœuf », Diaire de Rubaga, dact. 02/02/1882, A.P.B. “Immediately it was decreed that there and then, an enclosure was to be built in the palace ground where people could buy and sell; but so ridiculous were their ideas of barter that the court not only decreed that any one selling anything anywhere else would be chopped to pieces, but they agreed at this sitting what was to be the price in cowries of every article”. The Story of the Life of Mackay of Uganda- Told for Boys, by his Sister, 1891, p. 220. Cité par P.C.W. Gutkind (1960 : 37). “Filipo [O’Flaherty] told the Kabaka in conversation how he wanted to teach him to establish markets all over the place and that the means for making the country progress and grow wealthy are markets of all kinds, like the following food is the most important thing and meat is also important, cloth and red barkcloth, cattle and goats and chickens for all these there should be established markets in the capital and in the villages you will see how the country grows more clever in every-thing and the peasants who work in the capital will be saved from hunger by you (estab MKTS) [sic, establish markets or establish mtakales] and food will be brought to the markets so they will not have to journey far and make themselves weary foraging for or sometime stealing food. This found much favour with the Kabaka, and he began to build at his place in the capital and in the palace, he directed the ladies (and) female servants of the villages to bring all the food to be sold and he slaughtered fatted cows to be sold at his market, and he was teaching his people buying & selling, and sending (presenting) food (both) cooked and raw to the chief. Very many people were buying the Kabaka’s cattle which he killed for the market, a single cow was going for 60 000 cowries whereas usually a cow sold for 5000 only up to 1500- because they were fattened and huge and because it pleased them that ‘my meat I bought from the Kabaka’. But those markets profited (were of use) to every one, chiefs and peasants, right up to the present time. The markets spread into all parts of Buganda and were built along the roads, (thus) passersby could buy food and other things which they required, and barkcloth and beer. But from the distant past there had always been some markets at the lake, because the island people did not have food (plantains) unless they came to Buganda in their canoes, and they brought their fish, and goat and cattle, when the hunger was very great and they put their own people for sale in order to trade them for mere trifles and bananas (?) [menvu] […] ”. H. Mukasa (1938 : 69-70). Concernant le nom du marché : H. Mukasa (1938 : 71) ; J.-S. Kasirye (1954, traduction in S.M.U.H., vol. II, p. 429) ; L.P. Mair (1934 : 130-131).
  • [48]
    R.W. Felkin (1886 : 753) ; J. Roscoe (1965 : 452-456) ; Emin Pasha (1888 : 112, 127) ; R. Reid (2002 : 143).
  • [49]
    Diaire de Rubaga, dact., 15/01/1880. A.P.B.
  • [50]
    « Je [Livinhac] vais à Mbuga […]. Mtésa […] distribue des pantalons et des blouses à ses soldats. » Diaire de Rubaga, dact., 12/03/1880. A.P.B.
  • [51]
    “The king asked me the other day as to how he could enrich his country. I gave him a few items of information. 1st let there be a market. Not where the King can sell his surplus supplies, but a market for the people. Where the peasants can buy and sell, make profit and get supplies. 2nd no whole sale butchery as at present”. O’Flaherty to Hutchison, Rubaga, 12/07/1881, p. 3-4, G3/A6/01881/75, C.M.S.A.
  • [52]
    « Chaque Mohami [chef] a reçu ordre d’apporter des paggi [piliers] pour la construction du Mkatalé [marché] ; déjà un millier de paggi sont rendus à Mbuga [cour, capitale]. » Diaire de Rubaga, dact., 01/02/1882, A.P.B. The story of the life of Mackay of Uganda-Told for boys, by his sister, 1891, p. 220. Cité par P.C.W. Gutkind (1960 : 37).
  • [53]
    F. Lugard (1892 : 831).
  • [54]
    Diaire de Rubaga, dact., 08/02/1882.
  • [55]
    M. Sahlins (1976 : 273-278) ; I. Kopytoff (1986) ; C.A. Gregory (1982 : 52).
  • [56]
    “A few days ago Mr O’Flaherty was at court. There was some talk on the sources of wealth, the king, etc., maintaining that silver and and gold formed real wealth. “You have a lot of silver money in your store”, said Mr O’Flaherty, “but of what use is it to you ? Wealth lies in the soil and in minerals. Cultivate your land, and work your iron, and make a market where your people can buy and sell everything every day. This seems to be the last country in the world that God made ; for every where else in all the world they buy and sell, and have markets, and become rich thereby ; but here there is nothing of the kind”. Immediately the plan was agreed upon, and an enclosure ordered to be built within the palace grounds where every one could buy and sell anything. But so absurd are the ideas of barter that the court not only decreed that no one was to buy or sell any where else except in this market, but they settled there and then the price (in cowries) of every article ! Builders are at work getting the market-place enclosed, and already produce is changing hands”. A.M. Mackay (1883 : 538). P.C.W. Gutkind (1960 : 37) ; O’Flaherty to Hutchison, Rubaga, 12/07/1881, p. 3-4, G3/A6/01881/75, C.M.S.A. H. Mukasa (1938 : 69).
  • [57]
    “So he [Mackay] continued to trade food (to the) Baganda every day, who were coming from afar, as they said, I am taking my plantains to sell to Mackay, so that he may take them in his wagon which I myself have seen. He set a day where he would come for these [au marché] and on that day the plantains were numerous as well as other kinds of food, such as corn, potatoes, and beans”. H. Mukasa (1938 : 72). Pour des raisons similaires en 1894, les Pères blancs encouragent Ndaula Kamswaga roi du Kooki à ouvrir un marché dans sa capitale. « À mon retour on m’informe que le roi conformément au désir que je lui ai souvent exprimé depuis mon arrivée au Koki, a enfin établi un marché dans sa capitale », Diaire du Kooki, 17/11/1894, A.P.B.
  • [58]
    « Mtésa ayant appris d’un des Baganda qui sont revenus d’Angleterre [mars 1881] qu’en Europe, il y a des gens dont le métier est de vendre à boire et à manger, a ordonné qu’au mtakalé [marché] on fît la même chose. Deux bœufs ont été tués et foumbés [découpés]. Des grands eux-mêmes pour faire plaisir au roi sont allés acheter et manger au mtakalé. » Diaire de Rubaga, dact., 08/02/1882.
  • [59]
    Diaire de Rubaga, dact., 02/02/1882, A.P.B.
  • [60]
    “Until the novelty of their presence has passed off, foreigners are well treated in Uganda.[…] There was some difficulty in obtaining food when I was there [1879-1880], as no one was permitted to sell anything to the king’s guests. I believe that to some extent this prohibition has been relaxed”. R.W. Felkin (1886 : 755). Muteesa interdit de vendre à Emin en 1877. Emin Pasha (1962 : 84, 87) ; C.T. Wilson (1878 : 485) ; J.H. Speke (1971 : 228).
  • [61]
    J.A. Rowe (1966 : 152).
  • [62]
    K. Polanyi (1975b : 254-255).
  • [63]
    The Story of the Life of Mackay of Uganda Told for Boys, by his Sister, 1891, p. 220 ; cité par P.C.W. Gutkind (1960 : 37) ; A.M. Mackay (1883 : 538). Certains rois haya fixent les prix des vivres ; O. Mors (1957 : 151-156).
  • [64]
    « Il [le roi en deuil de sa mère a besoin d’une grande quantité de tissu pour les funérailles] se plaint aux Arabes qu’ils profitent de la circonstance actuelle pour écorcher ceux qui vont acheter chez eux. Il menace de les prendre par la famine. Dans l’après-midi on nous dit que le roi, pour se venger des Wagouanas [Swahili] a ordonné de vendre 250 simbis [cauris] le régime de bananes. » Diaire de Rubaga, dact., 01/04/1882, A.P.B.
  • [65]
    E.C. Gordon (1888 : 592).
  • [66]
    Diaire de Rubaga, dact., 31/01/1882.
  • [67]
    « Le marché ne semble pas réussir. Les Wangouana sont allés se plaindre au roi ce matin qu’ils ne trouvaient pas à acheter leur nourriture. » Diaire de Rubaga, dact., 03/02/1882, A.P.B. « M. Mackay va au Mkatalé avec son chariot traîné par deux bœufs ; il revient sans avoir rien acheté. Le Mkatalé ne semble pas devoir réussir. » Diaire de Rubaga, dact., 07/02/1882, A.P.B.
  • [68]
    « Depuis l’ouverture du mkatalé, les vivres nous coûtent plus chers et nous avons beaucoup de peine à nous en procurer. » Diaire de Rubaga, dact., 26/02/1882, A.P.B.
  • [69]
    “I spanned in the pair of oxen I trained, and with two men and the cart set off to Nalalagala to the market to buy a load of plantains […] Arrived at the market-place, we found it deserted, probably because of the rain. […] I returned to the market-place. […] It was now fair, and yet nothing but a little tobacco and salt to be had. Mukasa had been up at court and seen Koluji, whom he told I was at the market with the cart. Koluji went in & told the king, who gave orders to his wives to take plantains at once & sell them. I waited an hour for them but no plantains appeared so we inspanned”. A.M. Mackay (1883 : 539) ; Diaire de Rubaga, dact., 13/02/1882, A.P.B. O’Flaherty to Wigram, Rubaga, 01/06/1883, p. 14, G3/A6/01883/103, C.M.S.A.
  • [70]
    R. Mutombo (1978 : 33-45).
  • [71]
    “There is a very large native market in the capital, and the people flock to this with their wares, and a great deal of business is transacted ; meat and other foods, such as bananas, maize, sweet patatoes, and yams, can be bought or sold here as well as the manufactured articles of the country. Cloth is also on sale in the market, and is brought into the country chiefly by Swahili traders, and is worn by the better class men in place of the bark cloth”. A.B. Lloyd (1899 : 124).
  • [72]
    J. Roscoe (1902 : 79).
  • [73]
    “The market which was held just above our house, on an open space, where you could buy beef and vegetables, cloth or slaves – anything, in fact, from a Muhuma girl to a bundle of faggots”. R.P. Ashe (1970 : 155). Trois indices tendent à montrer qu’il s’agit d’un marché swahili : 1° Le fait que les gens qui s’y trouvent sont Swahili (Ashe parle du marché au sujet d’une rixe opposant les Swahili entre eux au marché). Le nom du responsable en 1886 du marché est Bilali, nom musulman, sans doute celui d’un Swahili (R.P. Ashe (1970 : 211). Les Baganda musulmans peuvent aussi porter un nom musulman mais il est probable qu’ils restent discrets dans cette utilisation par peur de persécution). 2° Plus tard le marché de Natete est un marché swahili qui est à l’origine du grand marché actuel de Natete. 3° Natete est le quartier swahili de la capitale. R. Reid (1998 : 12). En 1893, les musulmans baganda habitent à Natete. A. Kagwa (1927 : 166, traduction Musoke : 137, M.U.L.). Junker signale la présence d’un quartier musulman dans la capitale : “round about [de l’enclos de Mwanga à Mengo] are the market place, the arab quarters, the English and French missions, a mile or two apart from each other”. W. Junker (1892, T.3 : 538). Plus tard il affirme que la mission catholique est à une demi-heure de la mission protestante et que le quartier musulman est entre les deux. W. Junker (1892, T.3 : 542). Gedge prend des semis d’arbre dans les shamba swahili de Natete. Ils datent obligatoirement d’avant la guerre civile. E. Gedge, Diaries, 17/06/1890, p. 306, R.H. Roscoe affirme que les premiers missionnaires protestants sont installés au même endroit que les Arabes et les Swahili. J. Roscoe (1969 : 102).
  • [74]
    “At the capital there are two regular markets, with officers to control them, collectors of the King taxes on all produce which changes hands, viz., a small percentage on the cowrie value. Produce bought in from the country are sold here, and oxen slaughtered and sold in retail, as in our butchers’ shops”. F. Lugard (1892 : 831).
  • [75]
    J.-S. Kasirye, “The Life of Stanislaus Mugwanya”, in S.M.U.H., Vol. II, p. 358.
  • [76]
    J.-M. 1893, p. XI. Zimbe fait mention à plusieurs reprises du marché à Mengo durant son récit du règne de Mwanga avant 1888 (comme par exemple : B.M. Zimbe (1939 : 161, traduction : 203 M.U.L.)). Il est difficile de savoir s’il s’agit d’un point de repère des années 1930 ou s’il s’agit d’une mention d’un lieu existant déjà à la fin des années 1880. Cette dernière hypothèse est la plus probable.
  • [77]
    « Nous traversâmes la colline de Kampala, pour arriver ensuite au marché de “Kagugubé”. De là nous descendîmes dans le vallon où se trouve le carrefour qui sépare la colline de Makéréré d’avec celle de Mubago [Mulago]. » “Testis, Dionysius, Kamyuka”, in V. Vannutelli (1918 : 2e pagination, 162-163).
  • [78]
    “Road map between the valley of Namirembe and the junction of the Nazirye and Lwajalli”. 22-B-26h, M.H.A.
  • [79]
    P.H. Temple (1964 : 165). Temple établit une filiation erronée entre le marché de Muteesa à proximité de Rubaga et le marché soga. Il se peut qu’il se trompe aussi en affiliant le marché soga à celui de Nakasero. Ils sont tous deux très proches de Nakasero mais un est au nord et l’autre sur le versant sud. La route qui relie la capitale de Mwanga à la province du Kyaggwe et au Busoga contourne les marais entre Mengo, Kampala et Nakasero par Makerere et Mulago. Il ne s’agit donc pas de l’actuelle Jinja road.
  • [80]
    On appelle « Nubi », en Afrique de l’Est, les soldats esclaves de l’armée du Khédive d’Égypte et leurs descendants, stationnés au nord de l’Ouganda et au Sud-Soudan actuels. À partir du milieu des années 1880, ces troupes sont coupées de l’Égypte par l’insurrection Madhiste. Elles entrent au service de la Grande-Bretagne à partir de 1891.
  • [81]
    Diaire de Rubaga, dact., 28/03/1892, A.P.B. Thomas Matthews, “Diary of Nsambya Mission”, 11/10/1896. UGA8/, M.H.A. W.J. Ansorge (1899 : 123-124, 136).
  • [82]
    C. Ehrlich (1956 : 22).
  • [83]
    B.M. Zimbe (1939 : 29-30, traduction : 41-43, M.U.L.) ; J. Roscoe (1969 : 246). “You know the place were the Wasoga generally stay, on our road, in the valley past Chambalongo. Well that place has been strongly built around, and all the king’s son save two have been fastened up”. Pearson to Mackay, Rubaga, 08/06/1880, G3/A6/01881/11, C.M.S.A.
  • [84]
    Ansorge to Colonel, Kampala, 23/09/1894, A2/3, U.N.A. Ansorge to Colvile, Kampala, 07/11/1894, A2/3, U.N.A. Diaire de Bukumbi, dact., 17/08/1885, A.P.B. (Il se peut que cette dernière mention fasse référence plutôt à une corvée de navigation imposée à Kayoza, un des roitelets du Buhaya, par les Baganda). Diaire de Rubaga, dact., 07/04/1895, A.P.B. F. Stuhlmann (1894 : 168).
  • [85]
    L.P. Mair (1934 : 134).
  • [86]
    Streicher à Ledochowski, Rubaga, 10/10/1897, n°83-3-b 1897 Nyanza sept, A.P.B.
  • [87]
    C.C. Wrigley (1964 : 18) ; L.P. Mair (1934 : 134, 145, 183, 197).
  • [88]
    Le Buganda est déchiré par des guerres de religion entre 1888 et 1893. Elles opposent les musulmans et les chrétiens entre 1888 et 1892 et à nouveau en 1893. Elles opposent les catholiques et les protestants en 1892. Présents en Ouganda depuis 1890, les Britanniques profitent de la guerre pour s’imposer en maîtres et dominer le pays à l’aide des protestants. Le roi Mwanga est renversé par un coup d’État en 1888, ce qui initie les guerres de religion. Il est remis sur le trône en 1890 après le bref règne de ses deux frères (Kiwewa et Kalema, ce dernier converti à l’islam).
  • [89]
    Une interprétation plus probable de la signification de ce nom est de le comprendre comme « les sujets (enfants) se débrouillent seuls pour se nourrir (en achetant au marché) ». Mais les Baganda étant très friands de polysémie, plusieurs sens sont probables. Pour une autre variante du sens du nom de ce marché : L.P. Mair (1934 : 130-131).
  • [90]
    L.P. Mair (1934 : 130-131) ; P.C.W. Gutkind (1960 : 37) ; R.P. Ashe (1970 : 155, 211) ; diaire de Rubaga, dact., 01-03/02/1882, 07-08/02/1882, 13/02/1882, 01/04/1882, 03/04/1882, 06/04/1882, 12/07/1882.
  • [91]
    “Markets had been only recently introduced by king Mutesa when Europeans entered Buganda. Their object is said to have been sale of foodsuffs though it is difficult to understand why this should have been necessary. The King himself “opened” the first by having his own cattle slaughtered for sale. It was called Munaku yegulira, “the poor man buys for himself”. The poor man being a man who had cowries, but no person who could give him food. The second was opened for women to sell bananas” ; L.P. Mair (1934 : 130-131) ; J. Roscoe (1902 : 80).
  • [92]
    “Hence he ordered markets to be erected all over the kingdom, he also made one in his capital and named it “Munakuyeegulira”. And from that day on, he cut down the number of cows they used to slaughter inside the palace to 21 cows daily for distribution throughout the kingdom. His people frowned at this and said, “Kabaka akowadde”, meaning the Kabaka was becoming selfish”. J.-S. Kasirye (1954, traduction in S.M.U.H., vol. II, p. 429).
  • [93]
    S. Moullec, « Ouganda : Avant 1890-1892 et les événement de 1892 », 1912, c 14-81, p. 11, A.P.B. Durant la période coloniale, les chefs se sont tellement affranchis du pouvoir royal que Richard Reid se demande si les marchés n’étaient pas, auparavant déjà, du ressort exclusif du chef ; R. Reid (2002 : 141-144).
  • [94]
    H. Mukasa, Simuda Nyuma, part III, p. 426-430 [II, p.33], C.R.L. M. Twaddle (1966 : 30). Pour les commerçants ganda au Nkore en 1901 : R. Reid (2002 : 137-138) ; J.-P. Chrétien (1983a : 38, 41).
  • [95]
    « IV Ventes d’objets. L’argent monnayé ayant actuellement cours dans l’Ouganda et les marchands étant établis dans tous le pays, il nous faut renoncer au système de vente et d’échange usité jusqu’à ce jour. Comme il est très difficile, sinon impossible à nos chrétiens de se procurer certains objets ailleurs que chez nous, on peut continuer à avoir dans chaque station une boutique où on vendra exclusivement des articles de papeterie et des objets de piété, chapelets, croix, livres, médailles. » « Mémorandum des résolutions prises à l’issue de la retraite faite en commun à Kisubi et à Bujaju », inclus dans Rubaga, cahiers du Conseil, entre les dates du 15/12/1901 et 22/12/1901, R.C.A.
  • [96]
    « Il est décidé que désormais nous aurons un marché sur notre mbuga [cours] : Sewaya [chef de Buninga] lève l’impôt sur ceux de Buninga qui viennent vendre ; Semugala [chef de Bulima] le lève sur ceux de Bulima. Si des vendeurs viennent du continent, ils paient l’octroi à celui auprès de la maison duquel ils vont étaler leur marchandise. Cela pourra nous être utile et attirera du monde à la mission. » Diaire de Ssese, dact., 20/02/1898, A.P.B. Présence d’un marché à Kisubi : Marcou, « Révolte du Buddu Marcou », s.d. n°83 136-83 139, A.P.B.
  • [97]
    “In regard to traders’ licences, this was meant to safeguard the genuine trader, as the small native could not trade or undersell the genuine trader [comprendre commerçants blancs], since he had to take out the same licence. The commissioner’s object was to remove the small petty pettifogging traders, whose object it was to undersell the genuine trader. Do you not think this had been attained ?”. Entebbe archives A7/ misc/. 13/02/1901. Cité par C. Ehrlich (1956 : 22) ; C.M. Good (1970 : 178-179) ; J.J. Jorgensen (1981 : 157-158) ; Ternan to sir, Port Alice, 11/10/1899, FO2/259, p. 603, P.R.O. W.P. Pulteney to Her Majesty’s Commissioner, Masindi, 01/07/1896, A4/5, p. 183, U.N.A. À titre de comparaison, voir J.-P. Chrétien (1983a : 25-47).
  • [98]
    C.A. Gregory (1982 : 71).
  • [99]
    H. Médard (1998) ; H. Médard et R. Reid (1999) ; J.-P. Chrétien (2003 : 165-202).
  • [100]
    H. E. Hanson (2003 : 165-202).
  • [101]
    Sur les Indiens en Ouganda, voir G. Prunier (1990).

1Existait-il ou non des marchés dans l’Afrique des Grands Lacs avant l’arrivée des commerçants swahili au xixe siècle ? La question fait débat. Les marchés sont des lieux où, à date fixe, vendeurs et acheteurs se rencontrent. Si le marché facilite le commerce, il est loin de lui être indispensable, certaines sociétés se passant totalement de marché. Pour certains, les marchés sont dans les Grands Lacs une institution très ancienne ; pour d’autres, on peut en dater l’apparition à la fin du xixe siècle sous l’influence des Swahili, des Arabes et des Européens. Dans le cas du Buganda, on date l’origine de l’institution du 2 février 1882, lorsque le roi Muteesa (1856/7-1884), sous l’influence des missionnaires protestants britanniques, aurait ouvert le premier marché dans sa capitale [1]. Au premier abord, nous avons là un débat classique opposant deux écoles de l’historiographie de l’Afrique : d’une part l’école coloniale et diffusionniste tentée d’attribuer toutes les innovations à l’étranger, de préférence européen, d’autre part une école plus positive vis-à-vis de l’Afrique et soucieuse de réhabiliter les Africains, en attribuant à l’Afrique toutes les regalia de la « civilisation ». Affirmer l’existence de marchés immémoriaux dans l’Afrique des Grands Lacs revient en l’occurrence à prouver l’appartenance de cette région à la « civilisation ». Ce débat n’est pas sans rappeler celui qui a divisé les antiquisants il y a un demi-siècle : comment peut-on être civilisé et ne pas connaître le marché ? Il a été difficile d’admettre l’évidence que la Mésopotamie a vu coexister des échanges commerciaux d’une grande complexité sans utiliser de marché [2]. Le Buganda à la fin du xixe siècle connaît des échanges multiples et variés. La monétarisation, avec l’utilisation de cauris, est avancée et l’usage de l’argent diffusé dans la population. Dans ce type de situation, comme l’exprime bien Polanyi, « on en arrive à voir des marchés où il n’y en pas et à ignorer le commerce et la monnaie quand ils existent, du fait de l’absence des marchés [3] ».

2Des sources assez fiables existent sur cette question : récits de voyageurs, journaux et correspondances de missions, qu’il s’agisse de la Church Missionnary Society, mission anglicane britannique présente au Buganda à partir de 1877 ou des Pères blancs, missionnaires catholiques et français, à partir de 1879, chroniques et mémoires d’Africains ayant vécu au tournant du siècle (Apolo Kagwa (c.1869-1926), Ham Mukasa (1871-1956), Bartholomew Zimbe), enquêtes ethnographiques (John Roscoe au début du siècle, Lucy Mair dans les années 1930)… Mais ces sources apparaissent contradictoires. La confusion des historiens reflète d’abord la confusion des sources.

3Cette confusion reflète aussi sans doute une réalité contrastée dans le temps et dans l’espace. Il est incontestable que les marchés ont connu un développement très important et rapide depuis la fin du xixe siècle ; dès lors, un témoin européen du début du siècle n’imaginera pas que le marché qu’il observe n’a été ouvert qu’une décennie plus tôt. Des marchés plus anciens sont attestés par endroits dans l’Afrique des Grands Lacs ; mais ailleurs, cette pratique n’est pas attestée avant le xixe siècle et souvent même le xxe siècle. Le Burundi, le Rwanda, le Buganda et le Nkore ont très peu de marchés alors que cette institution joue un rôle important au Bunyoro, au Busoga et au Kigezi [4]. Si l’on rejette l’idée fausse selon laquelle les habitants de cette région vivaient isolés sur leurs collines sans contact avec leurs voisins, la véritable question est celle-ci : pourquoi les marchés ne sont-ils pas plus fréquents alors que le principe en est connu ? Il ne s’agit donc pas de la question de l’origine des marchés, mais du choix d’autres formes d’échange.

4Plusieurs auteurs se sont penchés sur ces questions d’un point de vue théorique. Kopytoff suggère que les échanges, à l’intérieur d’une société, se divisent en plusieurs sphères distinctes qui représentent des univers de valeurs et d’échanges séparés. Mais l’introduction de moyens techniques facilitant les échanges (la monnaie par exemple) mène à un processus de commodification inexorable. Gregory, inspiré de Sahlins, définit deux pôles à l’intérieur d’un continuum. Il distingue, pour reprendre ses termes, l’échange de dons et l’échange commercial : « L’échange de dons établit une relation entre les parties prenant part à la transaction, alors que l’échange commercial (commodity-exchange) établit une relation entre les objets échangés [5] ».

figure im1

5Polanyi, de son côté, propose un modèle historique plus élaboré à propos du marché. L’évolutionnisme de ses idées doit être contourné en comprenant ses catégories comme la proposition d’idéaux types. Vu ainsi, son modèle est parfaitement compatible avec les idées de Kopytoff et Gregory. Il distingue trois types principaux de commerce, défini comme méthode pacifique et bidirectionnelle pour acquérir des biens dont on est dépourvu : « le commerce de dons, le commerce de gestion et le commerce de marché [6] ». Le commerce de dons revient à un échange de dons entre acteurs. Le commerce de gestion est régulé par un pouvoir central : les biens sont produits, distribués et leurs valeurs fixées sous le contrôle de l’État. Enfin, le commerce de marché s’effectue selon la loi de l’offre et de la demande, en fonction de la rareté du produit. D’une certaine façon, à la fin du xixe siècle et au début du xxe siècle, le commerce au Buganda et chez ses voisins passe d’une domination des deux premiers types à une hégémonie du troisième. On passe d’un commerce où les cours tendent à être fixes ou sont fixés administrativement, à un commerce où l’offre et la demande régulent les prix. C’est dans ce contexte qu’il devient possible de répondre en partie à la question de Polanyi : « Quand et comment le commerce s’est-il trouvé lié au marché ? À quelle époque et en quel lieu le phénomène général connu sous le nom de commerce de marché s’est-il manifesté [7] ? »

La question des marchés dans l’Afrique des Grands lacs

6Les sociétés de l’Afrique des Grands Lacs sont caractérisées, entre autres, par l’existence de monarchies. Parmi elles, le Buganda apparaît, dans la seconde moitié du xixe siècle, comme l’un des États les plus centralisés et efficaces de cette région ; le roi Muteesa (1856/7-1884), dont il sera beaucoup question ici, a l’image d’un souverain éclairé et modernisateur, en partie en raison de sa politique commerciale. Mais, avant d’observer la fondation d’un marché dans la capitale du Buganda en 1882 puis l’essor rapide de cette institution commerciale alors qu’une urbanisation rapide transforme l’agglomération royale en ville sous le nom colonial de Kampala, commençons par aborder la place de l’échange social et de l’échange marchand dans les sociétés de la région des Grands Lacs et au Buganda en particulier.

7L’échange social fondé sur le don et le contre-don, l’extraction et la redistribution s’oppose à l’échange marchand fondé sur une transaction, souvent monétaire [8], qui n’implique pas la création de liens sociaux. Les sociétés de l’Afrique des Grands Lacs n’ont pas une économie très différenciée [9]. La majorité des personnes produisent ce dont elles ont besoin. Il existe quelques producteurs spécialisés (potiers, forgerons…) mais ceux-ci pratiquent parallèlement l’agriculture. Au Buganda, ils sont dotés en terres par un patron ou par le roi, en échange de leur travail [10]. Leurs gens, et surtout leurs femmes, travaillent le sol. Ils habitent des lieux connus de tous et les marchés ne sont nullement indispensables pour la vente et l’achat de leurs produits [11]. Comme au Burundi, les artisans travaillent beaucoup sur commande. Certains offrent des produits le long des routes devant chez eux [12].

8Le plus souvent, les Baganda se tournent vers le commerce pour réunir de quoi payer compensation matrimoniale ou amende [13]. Ils effectuent parfois un peu de colportage [14]. Un petit commerce peut être conduit par des marchands itinérants : on vendra du poisson au Buganda, mais aussi des chèvres, du sel, des coquillages, certaines parures, etc. au Burundi [15]. Quelques traces de vendeurs africains étrangers paraissent dans les sources portant sur le Buganda. Mais le commerce qu’ils pratiquent à la capitale est parallèle à une activité diplomatique auprès du souverain ou Kabaka[16]. Le colportage illustre très bien les affirmations de Polanyi relevées plus haut. Il s’agit d’une activité plus spécialisée que celle du producteur qui écoule son surplus au marché, donc d’un échange marchand complexe qui fonctionne sans marché. Il signale aussi que le processus de passage vers l’échange marchand est très avancé.

9Cela est également visible à travers la monétarisation croissante des sociétés de la région des Grands Lacs. Celle-ci n’est pas homogène, elle est plus poussée le long d’un axe commercial sud-nord : Buhaya et Karagwe-Buganda-Bunyoro, en particulier dans les capitales, mais pas uniquement. Dans ces régions, des étalons monétaires hiérarchisés (ivoire, esclaves, bétail, houes, tissus d’écorce, cauris) sont bien davantage que des éléments comptables ou des unités de compte destinées à faciliter le troc. Au Buganda et au Bunyoro, par exemple, tout peut être converti en un « équivalent-cauris ». Ailleurs, ce n’est pas toujours le cas, et le troc continue à jouer un rôle important. Si le cas du Buganda peut être élargi au reste de la région, l’essor de la monnaie ne trouve pas tant son origine dans la croissance des échanges commerciaux que dans l’essor des prélèvements fiscaux et judiciaires, notamment à partir du milieu du xviiie siècle [17].

10Les produits circulent aussi par des réseaux, alternatifs aux circuits commerciaux, à travers les liens de parenté [18], de voisinage, d’amitié, à travers le système politique et judiciaire [19]. Un réseau complexe de dons, de contre-dons, de femmes données et reçues et d’enfants confiés [20] permet la circulation des biens. Même dans les relations strictement commerciales, des liens de parenté classificatoire sont importants. L’institution de lien de frère de sang (mukago) est un des fondements des relations commerciales dans cette région [21]. Comme le dit un informateur de David Newbury pour l’ouest du Rwanda, « en ces temps-là, quiconque n’avait pas d’amis ne parvenait pas à acheter quoi que ce soit [22] ».

11À un degré supérieur encore, le système politique est lui aussi un système de redistribution. Au Buganda comme chez beaucoup de ses voisins, le Kabaka (roi) possède nominalement tout dans son royaume [23]. Tout vient de lui, tout lui revient. Au début du siècle, Apolo Kagwa l’exprime très bien : « Les gens n’apprirent pas à vendre (ou à produire pour la vente) car ils obtenaient tout ce dont ils avaient besoin par la force ou par les dons du Kabaka [24] » (le butin est partagé par le chef de l’armée qui personnifie le Kabaka et donc par le Kabaka lui-même [25]). Les chefs thésaurisent peu ; ils collectent et redistribuent [26]. Le but primordial des grands n’est pas d’accumuler des richesses, qui de toute façon, avant la traite, sont pour l’essentiel périssables [27]. Ils désirent des richesses pour acquérir du prestige et de la renommée par les fastes et les redistributions. Ce qui compte, ce sont les clients et la gloire. L’exemple typique est celui de la bière. Il s’agit de l’un des principaux produits échangés [28]. On en apporte toujours (entre autres) au chef ; c’est même un signe de sa popularité et de sa puissance [29]. Mais on s’attend en retour à ce qu’il donne à boire à ceux qui lui rendent visite [30]… Dans un contexte où domine l’échange social, le marché (lieu) n’est pas indispensable. Pis que cela, il fait concurrence à la hiérarchie sociale, dans la mesure où il distend le lien entre chef et sujets.

12Sahlins remarque que les formes de l’échange varient en fonction de la distance sociale [31]. Dans l’Afrique des Grands Lacs, les marchés en sont un marqueur visible dans l’espace. L’implantation des marchés est le signal de l’absence ou de la faiblesse des liens sociaux ou hiérarchiques. C’est pourquoi au Rwanda, au Busoga comme au Buganda, les seuls marchés se situent sur les marges du royaume, dans les zones frontalières [32]. Au Buganda, les marchés ne sont pas répartis tout le long de la frontière mais surtout à proximité de celle du Bunyoro (principale puissance commerciale de la région) et dans la province du Kyaggwe en face des îles Buvuma [33]. Ces marchés sont donc installés à proximité des lignes de fractures écologiques mais aussi politiques (ces deux voisins sont ceux qui échappent le plus à l’hégémonie politique du Buganda). L’interruption du système de redistribution est aussi importante que la complémentarité écologique. Les relations entre les deux royautés sont en effet trop tendues pour que les échanges de dons couvrent la demande ganda en produits nyoro. Les marchés permettent cependant d’échanger en terrain neutre le complément de produits indispensables. Les Bavuma, à l’abri de leurs îles, ne craignent pas les Baganda. Ils ne peuvent être contraints, par l’intimidation, à livrer leur production aux Baganda. Les marchés sont le lieu où les Bavuma peuvent vendre, en sécurité, leurs chèvres à long poil et leurs poteries à leur puissant voisin [34].

13Les pratiques prédatrices de la classe dirigeante découragent également le commerce. Au Buganda, les confiscations arbitraires de biens par les puissants et surtout par la famille royale rendent très aléatoires le transport et le commerce de marchandises dans la capitale [35]. Or, sans un minimum de sécurité, les bakopi (paysans, hommes du peuple, sujets, roturiers) ne peuvent pas approvisionner le marché. On comprend donc que, dès le lancement de « son » marché en 1882, Muteesa s’attache à régler ce problème [36].

14Les marchés ne sont pas seulement des lieux où l’offre rencontre la demande, ils sont aussi des lieux où les transactions commerciales sont concentrées par la contrainte afin d’y être taxées plus aisément (10 % en général, mais des taux de 5 % à 25 % sont mentionnés [37]). Taxer les marchés ou les marchandises n’est pas une idée totalement nouvelle au Buganda à la fin du xixe siècle ; le sel du Bunyoro est déjà soumis à une gabelle, et les marchés frontaliers versent un impôt [38].

15Le commerce de traite n’a pas provoqué l’essor des marchés en Afrique des Grands Lacs. La traite concerne peu d’individus, quelques puissants locaux et quelques marchands, et il n’est absolument pas nécessaire d’avoir un lieu séparé où les acteurs se rencontrent à date fixe.

16Au Buganda, les commerçants étrangers sont invités à la capitale où les souverains espèrent les surveiller plus efficacement que sur les marges du royaume. Avant les années 1880, les échanges ne s’effectuent pas dans un marché mais à la cour ou au domicile du vendeur ou de l’acheteur [39]. La discrétion est de mise pour ces échanges souvent à la limite de la légalité : même, comme au Buganda, lorsque le roi ne dispose pas d’un monopole officiel du commerce, il n’est pas bon de lui faire concurrence [40] ; le trafic d’esclaves est souvent nourri d’enlèvements crapuleux [41] ; une partie de l’ivoire est soustrait aux prérogatives royales [42] ; le commerce des armes est un commerce qui préfère généralement, même sous d’autres latitudes, le secret [43]. De fait, esclaves et ivoire semblent avoir été peu échangés sur les marchés [44].

17Il n’en est pas de même des produits alimentaires. Les commerçants swahili sont des acheteurs de nourriture. Non seulement ils ne peuvent produire leurs aliments mais ils doivent nourrir les esclaves achetés. Dès lors, l’agriculture ganda est encouragée à produire un surplus. En effet, le Buganda n’est pas seulement un lieu de passage : le royaume joue le rôle d’un entrepôt pour les captifs avant leur réexportation, comme c’est le cas sur la côte d’Afrique de l’Ouest [45]. Les étrangers sont concentrés à la capitale du Buganda, où s’exerce donc principalement la demande qui n’a guère d’impact sur les marchés frontaliers fréquentés uniquement par des locaux et aux origines plus anciennes.

18Au Rwanda, au contraire, le commerce de traite est cantonné et concentré sur les marchés frontaliers. Des revendeurs des pays voisins (Banyambo, Baziba, Bazinza…) aux liens plus anciens avec les Banyarwanda, et plus rarement des commerçants swahili eux-mêmes, échangent les produits de la côte dans des marchés frontaliers contrôlés par les représentants du souverain du Rwanda. Le roi Rwabugiri (1864-1895), puis la cour du jeune Musinga (1896-1931), se réservent le monopole du drap et d’autres biens venant de l’étranger. Ils les réintroduisent eux-mêmes dans la sphère des dons qu’ils dominent à l’intérieur du royaume. Ils imposent la fermeture du pays au commerce et cantonnent ainsi les marchés à la périphérie. Ainsi le Rwanda parvient-il à jouer sur deux tableaux : les logiques du marché aux frontières et celles de l’échange social à l’intérieur. Organisés de la sorte, à moyen terme, les deux types d’échanges s’épaulent plutôt qu’ils ne se concurrencent. Tant que cet arrangement perdure, les marchés frontaliers renforcent la puissance de patronage et de distribution du roi plutôt qu’ils ne l’affaiblissent. Mais cet arrangement est-il viable à plus long terme, alors que l’usage de biens importés se banalise dans toute la région ? Marx remarquait déjà en 1859 la dynamique des marchés, d’abord installés en périphérie des sociétés avant de progresser vers leur cœur et d’exercer leurs effets déstabilisateurs [46].

Une politique économique au Buganda : le marché du roi Muteesa

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La naissance du marché dans la capitale du Buganda illustre les causalités multiples derrière la diffusion de cette institution.

20Le 2 février 1882, le Kabaka Muteesa (1856/7-1884) inaugure à la capitale un marché, appelé Kanabulago (le sens n’est plus très clair aujourd’hui, Bulago signifie « cou ») ou Mwanakuyeegulira (signifiant : « l’enfant achète pour lui-même [47] »). L’étymologie du mot traduit par marché, « Mkatalé » (katale, a-ka/bu) est quant à lui sans doute un toponyme, comme c’est souvent le cas en Afrique orientale (je remercie Gérard Philippson pour cette information). Sans doute y avait-il déjà un marché informel à proximité de l’enclos royal : O’Flaherty, missionnaire de la Church Missionary Society (CMS), nous laisse deviner un marché qui sert à écouler les surplus occasionnels du roi [48]. Le diaire de Rubaga en 1880 écrit que « Le roi passe la séance à vendre des pantalons [49] ». Cette action se déroule probablement dans une des cours réservées aux audiences royales. Mais en général le roi distribue plus qu’il ne vend [50]. Avant 1882, soit ce marché est trop peu approvisionné pour nourrir les nombreuses maisonnées des missionnaires (qui sont nos principales sources), soit il ne dessert que les quelques milliers d’habitants de l’enclos royal et n’est pas accessible, en raison de sa localisation, aux autres habitants de la capitale, dix fois plus nombreux, dont font partie les missionnaires. Il sert alors à réguler les échanges à l’intérieur de l’immense maison du roi. Dans les deux cas, les missionnaires ne s’y rendent pas ou peu [51].

21Le nouveau marché est installé dans un bâtiment construit spécialement [52]. Une princesse est nommée responsable du marché et de la perception des droits [53]. La grande innovation du nouveau marché est la vente de nourriture cuisinée et de viande au détail [54], une catégorie de produits qui, même s’ils étaient discrètement commercialisés depuis un certain temps, appartiennent idéologiquement à une sphère qui ne devrait pas être du ressort de l’échange marchand [55].

22Muteesa agit sur les conseils de la mission de la CMS. Ses représentants, Mackay et O’Flaherty, lui ont en effet expliqué tous les avantages qu’une telle institution procure à un pays : développement du commerce, perception de droits, utilité d’une « institution civilisatrice [56] ». Les marchés et le commerce légitime sont une des bases de l’idéologie du développement des missionnaires comme de leur plan pour l’éradication de l’esclavage. Néanmoins, si leur idéologie est noble, le but des missionnaires est très terre à terre : la mission protestante est un gros acheteur de vivres [57], mais elle entretient des relations trop irrégulières avec la cour. Par conséquent les dons de vivres de la part du roi sont eux aussi irréguliers. Par ailleurs, à cause des déficiences dans leur organisation interne, les plantations de la CMS ne produisent pas autant qu’elles le devraient. Les protestants sont donc davantage dépendants de l’achat de vivres que ne le sont d’autres étrangers vivant à la cour, comme les missionnaires catholiques ou les Swahili installés de longue date. Muteesa se montre également très préoccupé par sa gloire (Kitiibwa). Perçu à l’égal d’un signe international de reconnaissance de la royauté, le marché est indispensable dans la capitale du Kabaka puisqu’il l’est dans celle de la reine Victoria [58].

23Une phrase du diaire concernant le marché est énigmatique : « D’après ce qu’on dit, Kabaka a établi ce marché à cause de l’ivoire dont il veut avoir le monopole [59]. » Or il ne semble pas que l’ivoire ait jamais été échangé sur le marché. De prime abord, le marché met à mal la stratégie qui consiste à affamer les marchands pour mettre le roi en position de force lors des négociations. Auparavant, Muteesa monopolisait la majorité des échanges [60]. Mais cette stratégie fonctionne de moins en moins bien dans les années 1880. Muteesa est malade de 1877 à sa mort. Durant cette fin de règne, il a de plus en plus de mal à contrôler ses chefs, notamment en ce qui concerne leurs relations avec les Swahili [61]. Les étrangers sont beaucoup plus nombreux et bien implantés. Ils parviennent à compenser la diminution de dons en nourriture du roi par des achats auprès de ses sujets.

24Paradoxalement, le marché permet donc de rétablir un monopole de l’offre de nourriture. En fixant les prix (et donc, pour reprendre les termes de Polanyi, il s’agit, à cette date, de « commerce de gestion » et non de « commerce de marché [62] »), le roi rogne sur les bénéfices des étrangers [63]. En cas de hausse des produits importés, comme lors de la mort de la Nnamasole (mère classificatoire du roi) le 28 mars 1882, le roi répercute la hausse sur les produits vivriers achetés par les étrangers [64]. En mars 1887, Mwanga (1885-1897, fils et successeur de Muteesa) entre en conflit avec les Swahili ; il ferme le marché et interdit toute vente directe [65]. Grâce au marché, non seulement le roi taxe les échanges qui lui échappent de plus en plus, mais il les rend aussi publics et par là même, plus faciles à surveiller. Dans une situation politique précaire, avec un roi mourant, des chefs qui se préparent à un conflit de succession et cherchent à se procurer des armes et des munitions, le nouveau marché divertit les Baganda de la tentation de se rendre chez les missionnaires et les commerçants pour vendre, acheter et comploter [66].

L’essor des marchés de la capitale du Buganda

25Les débuts de l’institution ne sont pourtant pas glorieux [67] : les prix sont trop élevés. Les taxes créent en effet une situation où les vendeurs ne désirent plus vendre ni les acheteurs acheter [68]. Ce sont les ordres de Muteesa et non les lois du marché qui fournissent les étals [69]. Pourtant, il est intéressant de remarquer que, toute la région, et notamment le Rwanda (règne du Mwami Kigeri IV Rwabigiri, 1864-1895), connaît également vers cette époque un développement des marchés [70].

26Si un seul marché existe à la capitale en 1882, on en signale quatre ou cinq une dizaine d’années plus tard. L’institution des marchés survit donc à ses débuts difficiles [71]. D’après Roscoe, ces marchés se tiennent sous de grands arbres, au bord des principaux axes qui mènent à la capitale [72]. Un marché se tient ainsi à Natete, quartier swahili de la capitale, dès juin 1885 [73]. En 1891, il existe deux marchés réguliers à la capitale [74]. Une carte de la capitale, en janvier 1892, les indique : un « grand marché » à l’extrémité de King’s Road (à l’emplacement de l’actuel Lukiiko[75] ou entre ce dernier et l’hôpital de Mengo), certainement celui fondé par Muteesa, et un marché soga (sur la colline de Makerere, sans doute au croisement de Makerere Road et de Makerere Hill Road [76]). Une source le signale dès 1886 [77]. Il est également appelé Kyaggwe market. Sur une carte de 1896, ce dernier est appelé Kagugube (Katale ka Gugube, c’est-à-dire le marché d’une personne ou d’un lieu nommé Gugube [78]). D’après Temple, ce dernier est l’ancêtre de celui qui sera déplacé au xxe siècle pour devenir Nakasero market[79]. En mars 1892, il existe également un marché swahili et un marché nubi [80] aux abords du fort de Kampala [81].

27Trois phénomènes jouent un rôle fondamental dans ce développement : le déclin du pouvoir royal, la croissance du nombre d’étrangers et le creusement de l’écart entre chefs et sujets.

28L’apparition des marchés dans la capitale coïncide en effet avec le déclin du pouvoir royal. Le roi ne contrôle plus les prix. Il n’est plus capable d’interdire aux Swahili d’ouvrir des marchés là où ils sont installés. Ils sont proches du pouvoir devenu musulman sous les règnes de Kiweewa (1888) et de Kalema (1888-1890). Ils bénéficient, après 1890, de la protection de leurs maîtres européens.

29Avec les caravanes arrivent dans la capitale un grand nombre de musulmans, esclaves ou porteurs, au service des commerçants ou des voyageurs. Après 1890, les caravanes viennent en Ouganda de Mombasa, après avoir traversé le Kenya actuel. Les porteurs ne s’arrêtent plus au sud du lac Victoria pour être relayés par les barques mais viennent jusqu’en Ouganda. À partir de 1891, des troupes soudanaises sont stationnées au Buganda. Tous ces musulmans reçoivent, plutôt que des rations de nourriture, des produits d’échange (perles, cauris, draps). Ils tentent d’accroître leur revenu, en le faisant fructifier par de petits commerces. Des marchés apparaissent donc dans les quartiers réservés aux Swahili et aux Nubi où s’échangent des produits locaux (nourriture, artisanat local mais aussi prostituées…) contre des produits swahili ou nubi (objets de traite donnés comme salaire, objets d’artisanat fabriqués sur place par les Côtiers ou les Soudanais [82]…).

30La capitale du Buganda attire aussi une large population de passage : ambassades, aventuriers et commerçants du reste de la région. Eux aussi ont du mal à s’approvisionner régulièrement et ils agissent de la même façon que les Swahili. Les Basoga ont ainsi leur marché à la capitale dès 1886 (mais on ne sait rien sur sa genèse). Les marchés sont nombreux au Busoga et les Basoga nombreux à la capitale. Ils y ont même leur propre quartier, Kyebando [83]. Des commerçants baziba sont parfois aussi mentionnés au Buganda [84].

31Plus nombreux encore sont les corvéables ganda venus des provinces. À l’échelon local, habituellement, le travail est récompensé par de la bière et de la nourriture [85]. Les corvées durant longtemps, les chefs à leur domicile divisent leur propriété entre leurs hommes et ils doivent y faire pousser ce qui est nécessaire à leur alimentation (il se peut que ce soit les épouses du chef qui soient chargées de cultiver ces terres pour nourrir les subalternes [86]). Mais en pratique, dans les années 1880 et 1890, les terres de la capitale ne sont plus suffisantes. Les corvéables se plaignent de la faim et font venir de la province une large partie de leur nourriture, exercice difficile pour beaucoup et impossible pour ceux qui viennent des régions les plus éloignées. Ils sont donc contraints d’acheter (ou de voler) nourriture et matériaux sur place. Néanmoins, à la fin des travaux faits à la capitale, un festin est généralement organisé avec consommation de viande, – une distribution symbolique, dans le sens où seuls les chefs reçoivent suffisamment de viande durant le partage [87]. Les guerres de religion (1888-1892) [88] déstructurent encore plus les liens entre les Baganda. L’esclavage est aboli et sans doute un certain nombre d’anciens captifs profitent de leur liberté pour migrer vers l’agglomération. On peut se demander d’ailleurs si ce n’est pas d’eux dont il s’agit dans le nom du principal marché (Mwanakuyeegulira : « l’enfant achète sa propre nourriture »), esclave et enfant étant souvent désignés par les même termes [89]. Les catholiques sont contraints d’acheter leur nourriture à leurs ennemis. Les corvéables ganda, originaires de régions éloignées, venant travailler dans la capitale en nombre croissant, éprouvent des difficultés à se nourrir [90].

32L’ouverture des marchés à la capitale facilite l’approvisionnement des Baganda [91]. Mais c’est dans l’esprit des Baganda la normalisation d’un état de fait illégitime. Les Badanga se plaignent en effet que leur roi soit devenu égoïste ; ils sont mécontents que le roi vende la viande au lieu de la distribuer [92]. Avec l’ouverture des marchés, le roi justifie que lui et ses chefs n’ont pas à assurer la nourriture de ceux qui travaillent pour eux. C’est le symptôme d’une distance qui se creuse entre gouvernants et gouvernés. Les chefs redistribuent moins et les sujets travaillent plus. Françoise Raison-Jourde a abordé la question de la relation de clientèle et d’une politique royale d’ouverture de marché à Madagascar à la fin du xviiie siècle. Elle montre comment le roi Andrianapoinimerina (c.1785-1809) encourage l’essor des marchés pour libérer ses sujets des réseaux de clientèle des barons locaux et pour établir une relation directe du monarque avec ses sujets. Malgré d’énormes similitudes entre les processus en cours au Buganda et à Madagascar à près d’un siècle d’écart, aucun élément n’indique que Muteesa cherche dans les années 1880 à saper les liens qui unissent ses chefs à ses sujets. Il s’agit plutôt pour le roi et le sommet de la classe dominante de se libérer d’une partie de leurs obligations envers le peuple. Ils cherchent à transformer les relations de réciprocité inégale qui les unissent aux masses paysannes en relations d’autorité verticale. Si les liens de clientèle se distendent, c’est un effet non désiré.

33Parallèlement, l’autorité du roi sur les chefs ganda eux-mêmes se distend. À partir de 1888, ceux-ci doivent davantage leur pouvoir à leur affiliation religieuse qu’à leur obéissance au souverain. Ils peuvent se passer de permission pour ouvrir des marchés. En 1912, le missionnaire catholique Simon Moullec (qui arrive en Ouganda en 1891), écrit : « Ils [les chefs] peuvent imposer toutes les marchandises qui se vendent sur les marchés dans leurs terres [93]. » Il ne mentionne pas d’éventuels droits du roi. Cette « décentralisation » donne plus de liberté d’action aux Baganda. La richesse et la gloire ne sont plus construites uniquement sur la faveur ou la défaveur royale. L’enrichissement commercial individuel est libéré des risques de réquisition et de jalousie. Avec peu de protection politique, un individu peut s’enrichir. Le dynamisme commercial des Baganda au Rwanda à l’ouest ou à Mbale dans l’est de l’Ouganda en sont de bons exemples [94].

34Les marchés se diffusent aussi au Buganda et en Ankole par l’intermédiaire des stations missionnaires des Pères blancs. Les missions en Ouganda ont toujours été un lieu de commerce [95]. Les Pères, très soucieux d’autofinancement, voient dans les marchés une source de revenu et prélèvent un droit. Sans doute les rassemblements réguliers de nombreux fidèles dans les missions favorisent-ils l’existence des marchés (et vice-versa [96]). Mais, comment expliquer que les Africains fassent recours aux missions pour commercer ? Les Britanniques, autant de façon délibérée, dans le but de favoriser les commerçants et les produits anglais, que par incompétence, ont sapé le commerce africain [97]. Dans ce contexte, pour exister, le commerce africain a besoin de la protection des missions contre les interférences intempestives de l’administration. Ce rôle des Pères blancs dans la diffusion des marchés à partir des années 1890 est un emprunt au fonctionnement des capitales du Buganda telles qu’elles existent sous le règne de Mwanga (1884-1897). Il s’agit plus du rayonnement de la culture royale ganda que d’un impérialisme culturel français. Nous assistons ici à l’adoption de la culture du lieu par les missionnaires français plus qu’à l’opposé. Indirectement, le modèle royal ganda est diffusé plus loin auprès d’autres Africains avec l’aide des missionnaires européens.

Conclusion

35L’histoire des marchés au Buganda est le fruit de logiques internes comme externes qui s’additionnent. Avant l’arrivée des commerçants musulmans ou des missionnaires chrétiens, les habitants de la région des Grand Lacs connaissent les marchés mais ils (ou du moins une fraction clef de la population) choisissent parfois délibérément de ne pas y recourir, préférant le lien social et la relation personnelle aux relations marchandes. Une nouvelle dynamique propage l’institution du marché dans l’Afrique des Grands Lacs à partir de la fin du xixe siècle. En théorie, un des facteurs déterminant dans l’essor de l’échange marchand est le passage de sociétés basées sur la parenté à des sociétés basées sur les classes [98]. Or, au même moment que l’essor des marchés et du commerce dans l’Afrique des Grands Lacs, à partir de la deuxième moitié du xviiie siècle, le rôle de la parenté décline au détriment d’autres liens sociaux (la relation de clientèle en particulier). À première vue, ces nouveaux liens sociaux n’encouragent pas radicalement le passage à l’échange commercial, mais ils peuvent y avoir contribué en ébranlant la solidité et l’ancrage des diverses solidarités.

36Les commerçants musulmans comme les missionnaires chrétiens contribuent également à cette évolution mais il ne s’agit pas d’une imposition unilatérale. Les Africains ne sont pas des acteurs passifs dans cette évolution. Au contraire, ils bâtissent sur une connaissance locale des marchés et ils innovent, empruntent, transforment, interprètent et font un tri entre des modèles étrangers proposés.

37Chronologiquement, le lien entre la transformation de la capitale itinérante du Buganda en ville (Mengo-Kampala) et l’essor des marchés est évident [99]. La multiplication des marchés contribue fortement à l’urbanisation de cette zone. Les marchés ne sont pas à l’origine un phénomène urbain dans cette région. Au contraire, ils étaient précédemment implantés dans les déserts frontaliers et les no man’s lands. En s’implantant dans la capitale, le marché doit également s’adapter à un nouveau milieu, c’est là une autre innovation de la fin du xixe siècle.

38Il faut se garder néanmoins de faire un parallèle trop strict entre pénétration européenne et augmentation du nombre de marchés (et du commerce). L’économie de marché (dans son sens large) n’est pas strictement synonyme de domination coloniale. L’essor des marchés commence avant la conquête européenne effective entre 1890 et 1900. Malgré les discours sur la liberté de commerce, dans la pratique les autorités coloniales ont souvent agi dans le sens opposé. Dans les années 1890, les Baganda appellent à la liberté de commerce et les Britanniques cherchent quant à eux à imposer leur monopole commercial.

39Les Africains sont cantonnés aux marchés et aux produits locaux. La politique fiscale et le contrôle des mouvements instaurés par le gouvernement colonial pénalisent fortement le commerce ganda à plus grande distance. La politique monétaire des Britanniques elle-même va à l’encontre du petit commerce africain. Ils suppriment les cauris et les remplacent par la roupie. Mais le nombre de roupies en circulation est si faible, durant de nombreuses années, qu’il entrave les échanges plutôt qu’il ne les facilite. Cette politique monétaire (et fiscale) encourage même un retour provisoire au troc. Mais les effets de cette incompétence (parfois volontaire) des premiers coloniaux ne perdurent pas. Dans les années 1920, il est incontestable que la logique économique du marché est devenue hégémonique. Ce décalage entre l’arrivée des Européens dans les années 1890 et l’hégémonie de l’économie de marché durant l’après-guerre a déjà été très bien démontré par Holly Hanson en ce qui concerne les questions foncières et les rapports de subordination personnels [100].

40Le vide créé par la désorganisation du commerce africain par les autorités coloniales n’est pas rempli par les commerçants swahili pourtant installés de longue date. Leurs activités sont découragées en raison de leurs liens supposés avec l’Afrique de l’Est allemande (la meilleure route des caravanes reste celle du Tanganyika, jusqu’à la crise de 1929) et parce qu’on les suspecte de propager l’islam. Les marchands britanniques qui sont appelés de ses vœux par l’administration ne se manifestent pas. Peu sont attirés au Buganda et ils ne sont guère compétitifs. Ce sont plutôt les commerçants indiens, sujets de l’empire britannique, qui tirent leur épingle du jeu [101]. Avec les Indiens, un nouveau modèle de commercialisation s’impose, celui de l’échoppe ou duka, que l’on retrouve dans toute l’Afrique de l’Est, et du « bazar » dans les grandes villes.

41Si le petit commerce local et de détail dans les marchés est aux mains des Africains, le reste de l’activité commerciale est principalement contrôlée par des membres de la communauté indienne. Un nouveau paysage commercial s’impose.


Archives

42Archives des Pères Blancs (Missionnaires d’Afrique), Rome (A.P.B.)

43Center for Research Libraries, University of Chicago, Chicago (C.R.L.)

44Church Missionary Society Archives, Birmingham University Library, Birmingham (C.M.S.A.)

45Makerere University Library, Kampala (M.U.L.)

46Micro-Biblioteca Anthropos, St Augustin bei Bonn

47Public Record Office, Kew, Londres (P.R.O.)

48Rhodes House, Oxford (R.H.)

49Saint Joseph of Mill Hill Mission Archives, Londres (M.H.A.)

50Rubaga Cathedral Archives, Kampala (R.C.A.)

51Uganda National Archives, Entebbe (U.N.A.)

Bibliographie

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Date de mise en ligne : 01/07/2006

https://doi.org/10.3917/afhi.005.0147

Notes

  • [*]
    Henri Médard est historien et maître de conférences à l’université de Paris 1 Panthéon-Sorbonne.
  • [1]
    C.M. Good (1973) ; G.N. Uzoigwe (1972) ; R. Mutombo (1980) ; J. Middleton (1962 : 571) ; M.D. Wagner (1993) ; R. Reid (2002 : 141-144) ; B. Lugan (1978 : 11-32) ; A. Nyagahene & B. Lugan (1983 : 19-48).
  • [2]
    K. Polanyi (1975a : 51-60).
  • [3]
    K. Polanyi (1975b : 250).
  • [4]
    J.P. Chrétien (1981 : 925) ; B. Turyahikayo-Rugyema (1976b : 286-290) ; B. Turyahikayo-Rugyema (1976a : 223-243) ; G.N. Uzoigwe (1972).
  • [5]
    C.A. Gregory (1982 : 42) ; M. Sahlins (1976 : 236-292).
  • [6]
    K. Polanyi (1975b : 254-255).
  • [7]
    K. Polanyi (1975b : 255).
  • [8]
    Le troc est une forme d’échange marchand qui n’utilise pas de monnaie, soit parce qu’il appartient à une sphère d’échanges qui rejette l’échange monétaire, soit parce que la monnaie fait défaut.
  • [9]
    C.C. Wrigley (1964 : 18-19).
  • [10]
    J. Roscoe (1965 : 382, 391-392, 399, 410, 412).
  • [11]
    Pour un exemple dans le royaume du Nkore voisin du Buganda : C.M. Good (1970 : 149-150). Roscoe affirme néanmoins que les forgerons vendent leurs excédents dans les marchés ; J. Roscoe (1965 : 382-383).
  • [12]
    L. Decle (1898 : 409). Lettre de G.K. Baskerville, Namirembe, 04/02/1892, C 15-135. A.P.B. J.-M. Waliggo (1976 : 284).
  • [13]
    L.P. Mair (1934 : 130) ; J.-S. Kasirye (1954, traduction in S.M.U.H., vol. II, p. 382) ; G.K. Baskerville, « Journal », 01/11/1892, G3/A5/01893/138, C.M.S.A. Moullec à Hirth, Bikira, 25/01/1895, 85037, A.P.B.
  • [14]
    “I gave her some five strings of shells about 4 months ago to try and buy me some mats. Yesterday she came with mats, telling me how difficult it had been to get them made”. R.H. Walker (1896 : 750) ; A. Nzanze (1994 : 453) ; J.-P. Chrétien (1983b : 319-320) ; L.P. Mair (1934 : 152) ; A. Kagwa (1910 : 40-41).
  • [15]
    Les colporteurs sont nombreux au Burundi et au Rwanda et par maints aspects similaires au Buganda. Ils sont rarement mentionnés dans les sources sur le Buganda. “We found a second canoe here going up to Mengo, a man trading and much one of those who ape the coast men with long robes and swagger not very pleasant to me”. K. Baskerville, “Journal 1890-1891”. Ssese, 18/10/1891, Ms 276. 761 BAS, M.U.L. ; J.-P. Chrétien (2000 : 167) ; L.P. Mair (1934 : 130, 132) ; A. Kagwa (1927 : 200, traduction, Musoke : 196-197, M.U.L.) ; A. Kagwa (1969 : 132) ; Diaire de Rubaga, dact, 22/07/1896, 24/11/1896 ; A.P.B. Walker to T.W. Uganda, 13/12/1895, Acc.88, F1/1, vol.15, n°291, p. 82-84, C.M.S.A. ; R. Reid (2002 : 138). Aucune vente au bord de la route n’est mentionnée au Buganda avant 1891. Il peut s’agir d’un développement nouveau comme d’une pratique ancienne qui n’a pas attiré l’attention des sources.
  • [16]
    Diaire de Rubaga, dact., 15/01/1881 (Banyoro). Giraud à son éminence, Rubaga, 04/11/1885, C14-175, A.P.B. ; diaire de Rubaga, ms, Alger, 22/06/1879, 09/03/1880 (Sukuma), A.P.B.
  • [17]
    H. Médard (2002 : 383-408).
  • [18]
    Sur l’importance de la dot pour la circulation des biens au Busoga, voir D.W. Cohen (1977 : 51).
  • [19]
    L.P. Mair (1934 : 104-153) ; B.M. Zimbe (1939 : 127-130, traduction : 171 M.U.L.) ; H.E. Hanson (2003 : 63-64) ; J.-P. Chrétien (1974).
  • [20]
    Le très grand nombre d’enfants confiés (c’est-à-dire élevés en dehors de leur famille) est un élément mystérieux et mal connu de la culture ganda. Peut-être ont-ils un rôle similaire à celui des enfants confiés des îles Samoa ? Ceux-ci servent de « canal » pour la circulation non marchande des biens entre la famille d’adoption et la famille de naissance ; M. Mauss (1997 : 155-156).
  • [21]
    L.P. Mair (1934 : 130).
  • [22]
    “In those days whosoever did not have friends was not able to buy anything” ; D.S. Newbury (1989 : 181).
  • [23]
    “In Uganda every thing is the king’s. I supect even our machinery is thought to be his for today I heard the Waganda talking about the iron here as the king’s iron”, Pearson to Wright, Kagei, 29/09/1879, CA6/019/15, C.M.S.A.
  • [24]
    “The people did not learn to sell (or to produce to sell), for they obtained all their requirements by force of arms or by gift of the Kabaka”, A. Kagwa, Basekabaka, 1953, p. 277, cité dans C.C. Wrigley (1964 : 18).
  • [25]
    A. Kagwa (1969 : 91-92).
  • [26]
    « Il [Toli] lui [Lourdel] a aussi dit que nous avions tort de ne rien demander au roi ; que c’était l’usage ici de demander tout ce dont on avait besoin, que le roi ne nous refuserait rien », Diaire de Rubaga, dact., 19/08/1879, A.P.B. « Je me suis de nouveau occupé de l’œuvre des catéchistes dans les byalo [les campagnes]. Malheureusement je me suis aperçu que la plupart de ces jeunes gens ne sont presque jamais chez eux. Ou ils font le commerce pour acheter leurs femmes, ou ils chassent l’éléphant avec leurs maîtres où ils travaillent au mulimo ogwo muBuganda [corvées]. Ceux qui désirent s’adonner entièrement à leur œuvre ne reçoivent presque plus rien de leurs maîtres. Qu’arrive-t-il ? Ils viennent en cœur demander aux Blancs qui un lubogo [étoffe d’écorce], qui de l’étoffe, qui des nsimbi [cauris] pour payer sa femme. “Vous faites le travail des Blancs, disent nos noirs seigneurs à leur basomesa [catéchistes], qu’ils vous donnent de quoi vous habiller”. Moullec à Hirth, Bikira, 25/01/1895, 85037, A.P.B. J.A. Rowe (1966 : 10) ; C.C. Wrigley (1964 : 20) ; K. Oberg (1970 : 132 (Nkore)) ; L.P. Mair (1934 : 183-184) ; M. Crawford Young (1977 : 197).
  • [27]
    E.E. Evans-Pritchard (1971 : 112-113).
  • [28]
    C.M. Good (1970 : 150-151) ; J. H. Speke (1971 : 58).
  • [29]
    Moullec, « Ouganda : Avant 1890-1892 et les événement de 1892 », 1912, c 14-81, p.11, A.P.B.
  • [30]
    J.-P. Chrétien (1981 : 925 ; 1974 : 1329) ; A.A. Trouwborst (1961 : 65-68) ; R.G. Carlson (1990 : 303-307) ; A.I. Richards (1964 : 272).
  • [31]
    M. Sahlins (1976 : 250-260).
  • [32]
    D.S. Newbury (1980 : 26-28) ; F.P.B. Nayenga (1976 : 120).
  • [33]
    “There were markets here [Kyaggwe] the important ones being Bagerere, Bale, Nsonga. Even the Bavuma used to cross the waters and sell their goods in these markets for they stood at the bank of the lake Victoria in Kyaggwe, on the Buganda side. These markets were selling every other day. They were real markets with a lot of people coming along and many a man who wanted to marry met their girl friends for the first time in these markets”. Y.T.K.G.S. Kajerero (1921 : 10-11, traduction in S.M.U.H. vol. III : 163-165). “They [les membre du clan Njaza] also served as customs officers in the Kigungu Market [Kyaggwe] where most of the merchandise from the states to the East of Buganda arrived to into Buganda”. “The Njaza (Reedbuck) clan”, in site web du royaume du Buganda : hhttp:// ozric. eng. wayne. edu/ ssemakula/ buganda. htm,1998. Achte à Livinhac, 20/05/1895, n°85441, A.P.B. J. Roscoe (1965 : 251 ; 1902 : 80).
  • [34]
    R. Reid (2002 : 87). Sur la production de poterie des îles Buvuma, voir F.P.B. Nayenga (1976 : 103) et M.A. Condon (1910 : 948) ; J.R. Macdonald (1897 : 146-147). “Buvuma notes”, 1932. Maurice Papers, mss Afr.S.581, p. 21, R.H.
  • [35]
    “The King’s sons, leave two, have been fastened up. Report says because they rob every-where”. Pearson to Mackay, Rubaga, 08/06/1880, G3/A6/01881/11, C.M.S.A.
    “On the way he [Mika Sematimba] met some Bakyala, [épouses du roi] whose Bagazi, as usual took a fancy to Sabadu’s [serviteur de Mika Sematimba] bundle. Of course expostulations followed, and Mika’s gun was also taken”. A.M. Mackay (1890 : 366). « Le père Lourdel se rend à Mbuga. Il demande un signe qui fasse reconnaître nos commissionnaires [ceux qui sont chargés d’acheter les provisions pour la mission] et les mette à l’abri des vols que les fils de sa Majesté ont droit de se permettre à l’égard des Bagandas ; le roi lui promet ce signe. » Diaire de Rubaga, dact., 10/04/1880. A.P.B.
    « On vient d’enfermer dans une enceinte de roseaux tous les fils du roi, à l’exception de deux. Ils usaient et abusaient trop de leur privilège de voler ; les grands se sont plaints bien des fois, et ils ont fini par obtenir l’incarcération des princes et princesses. » Diaire de Rubaga, dact., 11/06/1880. A.P.B. « 31 Merc.[Août 1881]. — Je me suis plaint au roi de ce que hier soir, ses bagalagala [une catégorie de pages du roi] avaient “kuanuke” [confisqué] le mnere [la nourriture] de notre commissionnaire. Je lui demande de donner aux enfants le kabonera [insigne distinctif] c’est-à-dire ; un nga [collier] de ses propres pages. Le Sabakiti [chef de pages] est chargé de nous en envoyer. 1 Jeudi.-[…] Le roi envoie les nga Kaboneras des baggazi [autre catégorie de pages] et des bagalagala pour notre commissionnaire et les enfants chargés d’acheter la nourriture. De cette sorte les gnangagneur [les réquisitioneurs], en voyant le signe des propres esclaves du roi au cou de nos commissionnaire,s cesseront peut-être de les gnangagner. » Diaire de Rubaga, dact., A.P.B. J.A. Rowe (1964 : 189) ; B.M. Zimbe (1939 : 119-112, traduction : 159-160 M.U.L.) ; J.H. Speke (1971).
  • [36]
    « Mtesa enlève aux grands le droit de “gnangagner” [sorte de réquisition, d’impôt à merci et de pillage] et de tuer et se le réserve pour lui. » Diaire de Rubaga, dact., 06/02/1882. « Le roi fait lier [c’est-à-dire arrêter] deux grands coupables d’avoir gnangagné des Bakopi [paysans, hommes du peuple, sujets, roturiers]. » Diaire de Rubaga, dact., 11/02/1882. Les exactions que subit la population sont nombreuses, même les missionnaires n’en sont pas à l’abri (Diaire de Rubaga, dact., 23/01/1880, 06/03/1880, 11/04/1880, 23/04/1880, 01/05/1880, 11/06/1880, 14/05/1881, 31/08/1881, 01/09/1881, A.P.B.).
  • [37]
    J. Roscoe (1965 : 452, 456) ; Thomas Matthews, “Diary of Nsambya Mission”, 03/07/1897. UGA8/, M.H.A. « On dit que plusieurs personnes ont été saisies pour n’avoir pas respecté le décret royal d’hier [interdisant de vendre hors du marché]. » Diaire de Rubaga, dact. 01/02/1882, A.P.B. « Pendant la séance, le roi porte un décret défendant qu’aucun marché ne se fasse en dehors de Mbuga [capitale ou palais]. Il porte la peine de mort contre quiconque sera pris vendant ou achetant en dehors de ce marché. Il fera prélever un tribut. Quel est le but du roi dans ce décret, nous l’ignorons ; mais le fait est qu’il sera pour nous la source non seulement d’ennuis, de dépenses, mais de difficultés pour la mission. Beaucoup de gens qui venaient se faire instruire sous prétexte d’acheter ou de vendre, n’auront plus ce prétexte à alléguer. » Diaire de Rubaga, dact., 31/01/1882 voir aussi le 26/02/1882. Un officiel anglais cité par Richard Reid (U.N.A. A8/1 Prendergast to Comm. 18/02/1902.) dit que d’habitude les chefs ganda prélèvent 5 % sur les marchandises vendues sur les marchés. Il est probable que la taxe soit de 10 % partagés équitablement entre le roi et son subordonné. R. Reid (2002 : 142-143) ; J. Roscoe (1902 : 80).
  • [38]
    A. Kagwa (1969 : 94) ; J. Roscoe (1965 : 251, 452-456).
  • [39]
    J. Roscoe (1965 : 455). “Well the war with Usoga is just closed and before leaving I had to go into the shamba [plantation, champ, ferme] of a chief called Mongobbis. Three large courtyards were full of old women and women with children some in shocking condition. It made my heart burn to see it, three or four coastmen were there bargaining”. Pearson to Wright, Kagei, 29/09/1879, CA6/019/15, C.M.S.A. “At all times of day visitors come about, and these have to get more or less attention. Some come to sell goats or butter or bananas or grain while others wish to buy calico for cowries”. A.M. Mackay (1883 : 536) ; J.-P. Chrétien (2000 : 172).
  • [40]
    “I am selling clothes, powder, and small shot sub rosa. The king heard that I was selling shot for food and sent word that if I had any more to sell I had to give him the preference, and he would give me goats. I therefore send up a quantity of shot, now two months ago and I have not seen the goats yet tho [sic] I have repeatedly asked for them”. Pearson to Mackay, Rubaga, 08/06/1880, G3/A6/01881/10, C.M.S.A. “After the return of this expedition, the King executed Kiriwumba the Omutongole of the Ekimera because he had a piece of cloth. On a previous occasion, Mutesa had sent Kiriwumba to Karagwe where he obtained the piece of cloth. But when he returned to the capital, he did not hand over the cloth to the king. The people who saw Kiriwumba with the cloth reported him to the king. Wherefore the king sent men to seize his property, and when they did so, they found him in possession of the cloth. That was why he was executed because cloth was still rare”. A. Kagwa (1971 : 156-157). D’après Zimbe, sous Suna, le Kabaka a le monopole du commerce de l’ivoire. B.M. Zimbe (1939 : 57, traduction : 79, M.U.L.) ; J. Roscoe (1969 : 98).
  • [41]
    « Voici l’histoire de Jean Marie Jamari. Un chef nommé Kabéga était sous-chef de la province de Gomba. En quittant cette place pour venir à Seguku près de la capitale, pour manger une autre seigneurie, il rencontra Jamari dans les champs, en train de garder ses chèvres. Il l’enleva et le vendit comme esclave à un nommé Bigomba à la capitale ; c’est ce Bigomba-là qui fit arriver Jamari à la cour. Il l’y vendit aussi comme esclave. » « Testis, Aloisius Masimbi », in V. Vannutelli (1918 : 2e pagination, 162-163). « Il arrive bien souvent ici que les gens s’emparent par force de malheureux esclaves et vont ensuite les vendre chez les Wangouanas ou les gardent jusqu’à ce que leur maître les ait rachetés », Diaire de Rubaga, dact., 02-12/08/1881. A.P.B. « Peu après arrivent [à la cour] les Wanguanas qui devaient ce matin mettre à la voile pour le sud. Ils sont accusés d’emmener des femmes du roi qu’on leur aurait vendues par fraude. Toutes subissent des interrogations; celle que l’on cherchait ne s’y trouve pas ; cependant deux d’entre elles déclarent avoir été volées au roi et vendues ensuite. Elles sont séparées afin qu’on instruise plus diligemment le procès. Les autres sont rendues à leurs maîtres respectifs qui vont encore être obligés de donner de bons cadeaux aux divers mbaka employés dans le procès. » Diaire de Rubaga, dact., 15/05/1887, A.P.B. « Un jour à Mougnougnou, en audience royale, j’entendis prononcer la peine de mort contre deux enfants de 14 et 15 ans. Étonné d’une peine si sévère contre des enfants aussi jeunes, j’appris qu’ils avaient vendu aux Arabes un jeune page du ministre. Ils l’avaient rencontré se promenant dans les rues et, voulant se procurer le luxe de quelques brasses d’étoffe blanche, ils n’avaient pas hésité à aller vendre leur petit camarade, sachant bien que s’ils étaient pris, ils paieraient de leur propre vie cet acte de méchante cupidité. La sentence de mort fut exécutée le jour même. Mais ces peines si sévères sont loin d’avoir arrêté ce détestable abus. Les pages témoins de la sentence se sont probablement dit en eux-mêmes : ce sont des maladroits, ils n’ont pas su s’y prendre. Au lieu d’aller vendre un page du ministre, s’ils avaient pris quelque esclave de paysan, personne n’y aurait rien vu ! Et c’est ce qui se fait journellement. » Lourdel au directeur de l’Œuvre de la Sainte Enfance, 01/06/1888, Rubaga, n°9182, s4, (original c14-185), A.P.B. H. Mukasa (1904 : 191) ; J.A. Grant (1864 : 257-258).
  • [42]
    J. Tosh (1970 : 117-118).
  • [43]
    G.N. Uzoigwe (1972 : 446, 451).
  • [44]
    « Puis question du mkatalé ; on vient dire au roi qu’aujourd’hui le marché est bien approvisionné ; il ne manque [que ?] les esclaves et l’ivoire. Sa majesté promet d’y aviser et ordonne d’envoyer un homme chez Kabarega [roi du Bunyoro] pour l’informer et le prier d’envoyer sel et pioches. » Diaire de Rubaga, dact., 13/02/1882, A.P.B.
  • [45]
    J. Boulègue (1986 : 482-483) ; J.-P. Chrétien (2000 : 170).
  • [46]
    K. Marx, Contribution to the Critique of Political Economy, 1859, cité par C.A. Gregory (1982 : 12).
  • [47]
    « Le marché a été inauguré aujourd’hui ; on a égorgé un bœuf », Diaire de Rubaga, dact. 02/02/1882, A.P.B. “Immediately it was decreed that there and then, an enclosure was to be built in the palace ground where people could buy and sell; but so ridiculous were their ideas of barter that the court not only decreed that any one selling anything anywhere else would be chopped to pieces, but they agreed at this sitting what was to be the price in cowries of every article”. The Story of the Life of Mackay of Uganda- Told for Boys, by his Sister, 1891, p. 220. Cité par P.C.W. Gutkind (1960 : 37). “Filipo [O’Flaherty] told the Kabaka in conversation how he wanted to teach him to establish markets all over the place and that the means for making the country progress and grow wealthy are markets of all kinds, like the following food is the most important thing and meat is also important, cloth and red barkcloth, cattle and goats and chickens for all these there should be established markets in the capital and in the villages you will see how the country grows more clever in every-thing and the peasants who work in the capital will be saved from hunger by you (estab MKTS) [sic, establish markets or establish mtakales] and food will be brought to the markets so they will not have to journey far and make themselves weary foraging for or sometime stealing food. This found much favour with the Kabaka, and he began to build at his place in the capital and in the palace, he directed the ladies (and) female servants of the villages to bring all the food to be sold and he slaughtered fatted cows to be sold at his market, and he was teaching his people buying & selling, and sending (presenting) food (both) cooked and raw to the chief. Very many people were buying the Kabaka’s cattle which he killed for the market, a single cow was going for 60 000 cowries whereas usually a cow sold for 5000 only up to 1500- because they were fattened and huge and because it pleased them that ‘my meat I bought from the Kabaka’. But those markets profited (were of use) to every one, chiefs and peasants, right up to the present time. The markets spread into all parts of Buganda and were built along the roads, (thus) passersby could buy food and other things which they required, and barkcloth and beer. But from the distant past there had always been some markets at the lake, because the island people did not have food (plantains) unless they came to Buganda in their canoes, and they brought their fish, and goat and cattle, when the hunger was very great and they put their own people for sale in order to trade them for mere trifles and bananas (?) [menvu] […] ”. H. Mukasa (1938 : 69-70). Concernant le nom du marché : H. Mukasa (1938 : 71) ; J.-S. Kasirye (1954, traduction in S.M.U.H., vol. II, p. 429) ; L.P. Mair (1934 : 130-131).
  • [48]
    R.W. Felkin (1886 : 753) ; J. Roscoe (1965 : 452-456) ; Emin Pasha (1888 : 112, 127) ; R. Reid (2002 : 143).
  • [49]
    Diaire de Rubaga, dact., 15/01/1880. A.P.B.
  • [50]
    « Je [Livinhac] vais à Mbuga […]. Mtésa […] distribue des pantalons et des blouses à ses soldats. » Diaire de Rubaga, dact., 12/03/1880. A.P.B.
  • [51]
    “The king asked me the other day as to how he could enrich his country. I gave him a few items of information. 1st let there be a market. Not where the King can sell his surplus supplies, but a market for the people. Where the peasants can buy and sell, make profit and get supplies. 2nd no whole sale butchery as at present”. O’Flaherty to Hutchison, Rubaga, 12/07/1881, p. 3-4, G3/A6/01881/75, C.M.S.A.
  • [52]
    « Chaque Mohami [chef] a reçu ordre d’apporter des paggi [piliers] pour la construction du Mkatalé [marché] ; déjà un millier de paggi sont rendus à Mbuga [cour, capitale]. » Diaire de Rubaga, dact., 01/02/1882, A.P.B. The story of the life of Mackay of Uganda-Told for boys, by his sister, 1891, p. 220. Cité par P.C.W. Gutkind (1960 : 37).
  • [53]
    F. Lugard (1892 : 831).
  • [54]
    Diaire de Rubaga, dact., 08/02/1882.
  • [55]
    M. Sahlins (1976 : 273-278) ; I. Kopytoff (1986) ; C.A. Gregory (1982 : 52).
  • [56]
    “A few days ago Mr O’Flaherty was at court. There was some talk on the sources of wealth, the king, etc., maintaining that silver and and gold formed real wealth. “You have a lot of silver money in your store”, said Mr O’Flaherty, “but of what use is it to you ? Wealth lies in the soil and in minerals. Cultivate your land, and work your iron, and make a market where your people can buy and sell everything every day. This seems to be the last country in the world that God made ; for every where else in all the world they buy and sell, and have markets, and become rich thereby ; but here there is nothing of the kind”. Immediately the plan was agreed upon, and an enclosure ordered to be built within the palace grounds where every one could buy and sell anything. But so absurd are the ideas of barter that the court not only decreed that no one was to buy or sell any where else except in this market, but they settled there and then the price (in cowries) of every article ! Builders are at work getting the market-place enclosed, and already produce is changing hands”. A.M. Mackay (1883 : 538). P.C.W. Gutkind (1960 : 37) ; O’Flaherty to Hutchison, Rubaga, 12/07/1881, p. 3-4, G3/A6/01881/75, C.M.S.A. H. Mukasa (1938 : 69).
  • [57]
    “So he [Mackay] continued to trade food (to the) Baganda every day, who were coming from afar, as they said, I am taking my plantains to sell to Mackay, so that he may take them in his wagon which I myself have seen. He set a day where he would come for these [au marché] and on that day the plantains were numerous as well as other kinds of food, such as corn, potatoes, and beans”. H. Mukasa (1938 : 72). Pour des raisons similaires en 1894, les Pères blancs encouragent Ndaula Kamswaga roi du Kooki à ouvrir un marché dans sa capitale. « À mon retour on m’informe que le roi conformément au désir que je lui ai souvent exprimé depuis mon arrivée au Koki, a enfin établi un marché dans sa capitale », Diaire du Kooki, 17/11/1894, A.P.B.
  • [58]
    « Mtésa ayant appris d’un des Baganda qui sont revenus d’Angleterre [mars 1881] qu’en Europe, il y a des gens dont le métier est de vendre à boire et à manger, a ordonné qu’au mtakalé [marché] on fît la même chose. Deux bœufs ont été tués et foumbés [découpés]. Des grands eux-mêmes pour faire plaisir au roi sont allés acheter et manger au mtakalé. » Diaire de Rubaga, dact., 08/02/1882.
  • [59]
    Diaire de Rubaga, dact., 02/02/1882, A.P.B.
  • [60]
    “Until the novelty of their presence has passed off, foreigners are well treated in Uganda.[…] There was some difficulty in obtaining food when I was there [1879-1880], as no one was permitted to sell anything to the king’s guests. I believe that to some extent this prohibition has been relaxed”. R.W. Felkin (1886 : 755). Muteesa interdit de vendre à Emin en 1877. Emin Pasha (1962 : 84, 87) ; C.T. Wilson (1878 : 485) ; J.H. Speke (1971 : 228).
  • [61]
    J.A. Rowe (1966 : 152).
  • [62]
    K. Polanyi (1975b : 254-255).
  • [63]
    The Story of the Life of Mackay of Uganda Told for Boys, by his Sister, 1891, p. 220 ; cité par P.C.W. Gutkind (1960 : 37) ; A.M. Mackay (1883 : 538). Certains rois haya fixent les prix des vivres ; O. Mors (1957 : 151-156).
  • [64]
    « Il [le roi en deuil de sa mère a besoin d’une grande quantité de tissu pour les funérailles] se plaint aux Arabes qu’ils profitent de la circonstance actuelle pour écorcher ceux qui vont acheter chez eux. Il menace de les prendre par la famine. Dans l’après-midi on nous dit que le roi, pour se venger des Wagouanas [Swahili] a ordonné de vendre 250 simbis [cauris] le régime de bananes. » Diaire de Rubaga, dact., 01/04/1882, A.P.B.
  • [65]
    E.C. Gordon (1888 : 592).
  • [66]
    Diaire de Rubaga, dact., 31/01/1882.
  • [67]
    « Le marché ne semble pas réussir. Les Wangouana sont allés se plaindre au roi ce matin qu’ils ne trouvaient pas à acheter leur nourriture. » Diaire de Rubaga, dact., 03/02/1882, A.P.B. « M. Mackay va au Mkatalé avec son chariot traîné par deux bœufs ; il revient sans avoir rien acheté. Le Mkatalé ne semble pas devoir réussir. » Diaire de Rubaga, dact., 07/02/1882, A.P.B.
  • [68]
    « Depuis l’ouverture du mkatalé, les vivres nous coûtent plus chers et nous avons beaucoup de peine à nous en procurer. » Diaire de Rubaga, dact., 26/02/1882, A.P.B.
  • [69]
    “I spanned in the pair of oxen I trained, and with two men and the cart set off to Nalalagala to the market to buy a load of plantains […] Arrived at the market-place, we found it deserted, probably because of the rain. […] I returned to the market-place. […] It was now fair, and yet nothing but a little tobacco and salt to be had. Mukasa had been up at court and seen Koluji, whom he told I was at the market with the cart. Koluji went in & told the king, who gave orders to his wives to take plantains at once & sell them. I waited an hour for them but no plantains appeared so we inspanned”. A.M. Mackay (1883 : 539) ; Diaire de Rubaga, dact., 13/02/1882, A.P.B. O’Flaherty to Wigram, Rubaga, 01/06/1883, p. 14, G3/A6/01883/103, C.M.S.A.
  • [70]
    R. Mutombo (1978 : 33-45).
  • [71]
    “There is a very large native market in the capital, and the people flock to this with their wares, and a great deal of business is transacted ; meat and other foods, such as bananas, maize, sweet patatoes, and yams, can be bought or sold here as well as the manufactured articles of the country. Cloth is also on sale in the market, and is brought into the country chiefly by Swahili traders, and is worn by the better class men in place of the bark cloth”. A.B. Lloyd (1899 : 124).
  • [72]
    J. Roscoe (1902 : 79).
  • [73]
    “The market which was held just above our house, on an open space, where you could buy beef and vegetables, cloth or slaves – anything, in fact, from a Muhuma girl to a bundle of faggots”. R.P. Ashe (1970 : 155). Trois indices tendent à montrer qu’il s’agit d’un marché swahili : 1° Le fait que les gens qui s’y trouvent sont Swahili (Ashe parle du marché au sujet d’une rixe opposant les Swahili entre eux au marché). Le nom du responsable en 1886 du marché est Bilali, nom musulman, sans doute celui d’un Swahili (R.P. Ashe (1970 : 211). Les Baganda musulmans peuvent aussi porter un nom musulman mais il est probable qu’ils restent discrets dans cette utilisation par peur de persécution). 2° Plus tard le marché de Natete est un marché swahili qui est à l’origine du grand marché actuel de Natete. 3° Natete est le quartier swahili de la capitale. R. Reid (1998 : 12). En 1893, les musulmans baganda habitent à Natete. A. Kagwa (1927 : 166, traduction Musoke : 137, M.U.L.). Junker signale la présence d’un quartier musulman dans la capitale : “round about [de l’enclos de Mwanga à Mengo] are the market place, the arab quarters, the English and French missions, a mile or two apart from each other”. W. Junker (1892, T.3 : 538). Plus tard il affirme que la mission catholique est à une demi-heure de la mission protestante et que le quartier musulman est entre les deux. W. Junker (1892, T.3 : 542). Gedge prend des semis d’arbre dans les shamba swahili de Natete. Ils datent obligatoirement d’avant la guerre civile. E. Gedge, Diaries, 17/06/1890, p. 306, R.H. Roscoe affirme que les premiers missionnaires protestants sont installés au même endroit que les Arabes et les Swahili. J. Roscoe (1969 : 102).
  • [74]
    “At the capital there are two regular markets, with officers to control them, collectors of the King taxes on all produce which changes hands, viz., a small percentage on the cowrie value. Produce bought in from the country are sold here, and oxen slaughtered and sold in retail, as in our butchers’ shops”. F. Lugard (1892 : 831).
  • [75]
    J.-S. Kasirye, “The Life of Stanislaus Mugwanya”, in S.M.U.H., Vol. II, p. 358.
  • [76]
    J.-M. 1893, p. XI. Zimbe fait mention à plusieurs reprises du marché à Mengo durant son récit du règne de Mwanga avant 1888 (comme par exemple : B.M. Zimbe (1939 : 161, traduction : 203 M.U.L.)). Il est difficile de savoir s’il s’agit d’un point de repère des années 1930 ou s’il s’agit d’une mention d’un lieu existant déjà à la fin des années 1880. Cette dernière hypothèse est la plus probable.
  • [77]
    « Nous traversâmes la colline de Kampala, pour arriver ensuite au marché de “Kagugubé”. De là nous descendîmes dans le vallon où se trouve le carrefour qui sépare la colline de Makéréré d’avec celle de Mubago [Mulago]. » “Testis, Dionysius, Kamyuka”, in V. Vannutelli (1918 : 2e pagination, 162-163).
  • [78]
    “Road map between the valley of Namirembe and the junction of the Nazirye and Lwajalli”. 22-B-26h, M.H.A.
  • [79]
    P.H. Temple (1964 : 165). Temple établit une filiation erronée entre le marché de Muteesa à proximité de Rubaga et le marché soga. Il se peut qu’il se trompe aussi en affiliant le marché soga à celui de Nakasero. Ils sont tous deux très proches de Nakasero mais un est au nord et l’autre sur le versant sud. La route qui relie la capitale de Mwanga à la province du Kyaggwe et au Busoga contourne les marais entre Mengo, Kampala et Nakasero par Makerere et Mulago. Il ne s’agit donc pas de l’actuelle Jinja road.
  • [80]
    On appelle « Nubi », en Afrique de l’Est, les soldats esclaves de l’armée du Khédive d’Égypte et leurs descendants, stationnés au nord de l’Ouganda et au Sud-Soudan actuels. À partir du milieu des années 1880, ces troupes sont coupées de l’Égypte par l’insurrection Madhiste. Elles entrent au service de la Grande-Bretagne à partir de 1891.
  • [81]
    Diaire de Rubaga, dact., 28/03/1892, A.P.B. Thomas Matthews, “Diary of Nsambya Mission”, 11/10/1896. UGA8/, M.H.A. W.J. Ansorge (1899 : 123-124, 136).
  • [82]
    C. Ehrlich (1956 : 22).
  • [83]
    B.M. Zimbe (1939 : 29-30, traduction : 41-43, M.U.L.) ; J. Roscoe (1969 : 246). “You know the place were the Wasoga generally stay, on our road, in the valley past Chambalongo. Well that place has been strongly built around, and all the king’s son save two have been fastened up”. Pearson to Mackay, Rubaga, 08/06/1880, G3/A6/01881/11, C.M.S.A.
  • [84]
    Ansorge to Colonel, Kampala, 23/09/1894, A2/3, U.N.A. Ansorge to Colvile, Kampala, 07/11/1894, A2/3, U.N.A. Diaire de Bukumbi, dact., 17/08/1885, A.P.B. (Il se peut que cette dernière mention fasse référence plutôt à une corvée de navigation imposée à Kayoza, un des roitelets du Buhaya, par les Baganda). Diaire de Rubaga, dact., 07/04/1895, A.P.B. F. Stuhlmann (1894 : 168).
  • [85]
    L.P. Mair (1934 : 134).
  • [86]
    Streicher à Ledochowski, Rubaga, 10/10/1897, n°83-3-b 1897 Nyanza sept, A.P.B.
  • [87]
    C.C. Wrigley (1964 : 18) ; L.P. Mair (1934 : 134, 145, 183, 197).
  • [88]
    Le Buganda est déchiré par des guerres de religion entre 1888 et 1893. Elles opposent les musulmans et les chrétiens entre 1888 et 1892 et à nouveau en 1893. Elles opposent les catholiques et les protestants en 1892. Présents en Ouganda depuis 1890, les Britanniques profitent de la guerre pour s’imposer en maîtres et dominer le pays à l’aide des protestants. Le roi Mwanga est renversé par un coup d’État en 1888, ce qui initie les guerres de religion. Il est remis sur le trône en 1890 après le bref règne de ses deux frères (Kiwewa et Kalema, ce dernier converti à l’islam).
  • [89]
    Une interprétation plus probable de la signification de ce nom est de le comprendre comme « les sujets (enfants) se débrouillent seuls pour se nourrir (en achetant au marché) ». Mais les Baganda étant très friands de polysémie, plusieurs sens sont probables. Pour une autre variante du sens du nom de ce marché : L.P. Mair (1934 : 130-131).
  • [90]
    L.P. Mair (1934 : 130-131) ; P.C.W. Gutkind (1960 : 37) ; R.P. Ashe (1970 : 155, 211) ; diaire de Rubaga, dact., 01-03/02/1882, 07-08/02/1882, 13/02/1882, 01/04/1882, 03/04/1882, 06/04/1882, 12/07/1882.
  • [91]
    “Markets had been only recently introduced by king Mutesa when Europeans entered Buganda. Their object is said to have been sale of foodsuffs though it is difficult to understand why this should have been necessary. The King himself “opened” the first by having his own cattle slaughtered for sale. It was called Munaku yegulira, “the poor man buys for himself”. The poor man being a man who had cowries, but no person who could give him food. The second was opened for women to sell bananas” ; L.P. Mair (1934 : 130-131) ; J. Roscoe (1902 : 80).
  • [92]
    “Hence he ordered markets to be erected all over the kingdom, he also made one in his capital and named it “Munakuyeegulira”. And from that day on, he cut down the number of cows they used to slaughter inside the palace to 21 cows daily for distribution throughout the kingdom. His people frowned at this and said, “Kabaka akowadde”, meaning the Kabaka was becoming selfish”. J.-S. Kasirye (1954, traduction in S.M.U.H., vol. II, p. 429).
  • [93]
    S. Moullec, « Ouganda : Avant 1890-1892 et les événement de 1892 », 1912, c 14-81, p. 11, A.P.B. Durant la période coloniale, les chefs se sont tellement affranchis du pouvoir royal que Richard Reid se demande si les marchés n’étaient pas, auparavant déjà, du ressort exclusif du chef ; R. Reid (2002 : 141-144).
  • [94]
    H. Mukasa, Simuda Nyuma, part III, p. 426-430 [II, p.33], C.R.L. M. Twaddle (1966 : 30). Pour les commerçants ganda au Nkore en 1901 : R. Reid (2002 : 137-138) ; J.-P. Chrétien (1983a : 38, 41).
  • [95]
    « IV Ventes d’objets. L’argent monnayé ayant actuellement cours dans l’Ouganda et les marchands étant établis dans tous le pays, il nous faut renoncer au système de vente et d’échange usité jusqu’à ce jour. Comme il est très difficile, sinon impossible à nos chrétiens de se procurer certains objets ailleurs que chez nous, on peut continuer à avoir dans chaque station une boutique où on vendra exclusivement des articles de papeterie et des objets de piété, chapelets, croix, livres, médailles. » « Mémorandum des résolutions prises à l’issue de la retraite faite en commun à Kisubi et à Bujaju », inclus dans Rubaga, cahiers du Conseil, entre les dates du 15/12/1901 et 22/12/1901, R.C.A.
  • [96]
    « Il est décidé que désormais nous aurons un marché sur notre mbuga [cours] : Sewaya [chef de Buninga] lève l’impôt sur ceux de Buninga qui viennent vendre ; Semugala [chef de Bulima] le lève sur ceux de Bulima. Si des vendeurs viennent du continent, ils paient l’octroi à celui auprès de la maison duquel ils vont étaler leur marchandise. Cela pourra nous être utile et attirera du monde à la mission. » Diaire de Ssese, dact., 20/02/1898, A.P.B. Présence d’un marché à Kisubi : Marcou, « Révolte du Buddu Marcou », s.d. n°83 136-83 139, A.P.B.
  • [97]
    “In regard to traders’ licences, this was meant to safeguard the genuine trader, as the small native could not trade or undersell the genuine trader [comprendre commerçants blancs], since he had to take out the same licence. The commissioner’s object was to remove the small petty pettifogging traders, whose object it was to undersell the genuine trader. Do you not think this had been attained ?”. Entebbe archives A7/ misc/. 13/02/1901. Cité par C. Ehrlich (1956 : 22) ; C.M. Good (1970 : 178-179) ; J.J. Jorgensen (1981 : 157-158) ; Ternan to sir, Port Alice, 11/10/1899, FO2/259, p. 603, P.R.O. W.P. Pulteney to Her Majesty’s Commissioner, Masindi, 01/07/1896, A4/5, p. 183, U.N.A. À titre de comparaison, voir J.-P. Chrétien (1983a : 25-47).
  • [98]
    C.A. Gregory (1982 : 71).
  • [99]
    H. Médard (1998) ; H. Médard et R. Reid (1999) ; J.-P. Chrétien (2003 : 165-202).
  • [100]
    H. E. Hanson (2003 : 165-202).
  • [101]
    Sur les Indiens en Ouganda, voir G. Prunier (1990).

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