Notes
-
[1]
For a recent discussion, see R.L. Pouwels, “East Africa and the Indian Ocean to 1800, Reviewing Relations in Historical Perspective”, International Journal of African Historical Studies, 36 (2002).
-
[2]
L. de Heusch, Le Rwanda et la civilisation interlacustre, Bruxelles, U.L.B., Institut de sociologie, 1966 ; J.-P. Chrétien, « L’empire des Bacwezi. La construction d’un imaginaire politique », Annales ESC, 29e année, novembre-décembre 1985, n° 6, p. 1335-1377. C.C. Wrigley, « Some thoughts about the Bacwezi », Uganda Journal, 1958, vol. 22, n° 1, p. 11-17.
-
[3]
Évhémériste : c’est-à-dire la transformation de divinités en héros humains et historiques divinisés.
-
[4]
D.L. Schoenbrun, The historical reconstruction of Great Lake Bantu cultural vocabulary : Etymologies and distributions, Köln, Rüdiger Köppe Verlag, 1997. D.L. Schoenbrun, A green place is a good place. Agrarian change, gender and social identity in the Great Lakes region to the 15th century, Oxford, James Currey, 1998.
-
[5]
C. Vidal, « De la contradiction sauvage », L’Homme, 1974, vol. XIV, n° 3-4, p. 5-58 ; C. Vidal, « De la religion subie au modernisme refusé. “Théophagie”, ancêtres clandestins et résistances populaires au Rwanda », Archives des sciences sociales des religions, juillet-décembre 1974, n° 38, p. 63-90 ; C. Vidal, « Enquêtes sur l’histoire et sur l’au-delà », L’Homme, 1984, vol. XXIV, n° 3-4, p. 61-82.
-
[6]
C. Obbo, « Healing, cultural fundamentalism and syncretism in Buganda », Africa, 1996, vol. 66, n° 2, p. 183-201.
-
[7]
Oumelbanine Zhiri, L’Afrique au miroir de l’Europe : fortunes de Jean-Léon l’Africain à la Renaissance, Genève, Travaux d’humanisme et renaissance no. 247, 1991, p. 13.
-
[8]
Descripcion general de Affrica, con todos los successos de guerras que a avido entre los infideles, y el pueblo Christiano, y entre ellos mesmos desde que Mahoma invero su secta hasta el año del Señor mil y quinientos y setenta y uno, 3 vols. (vols. 1-2 Malaga 1573 ; vol. 3 Granada 1599).
-
[9]
Specchio geografico, e statistico dell’impero di Marocco (Genova, Pellas).
-
[10]
See for example Mohammed Mehdi al-Hajoui, Hayat al-Wazzan al-Fassi wa atharuhu (Rabat 1933). Rauchenberger uses the form “Mohammed al-Mahdi al-Hajaoui” and gives 1935 for the year of publication [cf. http://www.leoafricanus.com/bibliography/index.html]. All websites mentioned were accessed on 4 March 2003.
-
[11]
Wasf Ifrîqiyâ, tr. Muhammad Hajjî and Muhammad al-Akhdar (Rabat). According to the catalogue of the Library of Congress, an earlier Arabic translation by ‘Abd al-Rahmân Hamîdah and ‘Alî ‘Abd al-Wâhid appeared in Saudi Arabia in the 1970s. Both are translations of the French edition of 1956 (see footnote 19 below).
-
[12]
See for example the entry “Leone Africano” in Enciclopedia italiana di scienze, lettere, ed arti, vol. xx, p. 899 (Roma 1933, Istituto della Enciclopedia italiana).
-
[13]
The alternative identification is suggested in the leaflet published by the National Gallery of Art for the gallery 22 where the painting is kept [http://www.nga.gov/collection/pdf/gg22en.pdf] ; for a reproduction of the painting, see [http://www.nga.gov/cgi-bin/pinfo?Object=45854 +0 + none].
-
[14]
« Note sur les “grands voyages” de Léon l’Africain », Hespéris, xli, p. 379-94.
-
[15]
The source for Leo’s residence in Tunis is the Austrian scholar Albrecht von Widmanstetter who had arrived in Italy in order to study Oriental languages. In 1531 he decided to travel to Tunis to meet “Leo Eliberitanus”, as he called Leo Africanus. Considering Widmanstetter’s zeal to meet Leo, he would certainly have traced Leo’s residence, if the latter had been staying in Italy. See the introduction to Widmanstetter’s Syriac translation of the New Testament (Liber Sacro Sancti Evangelii de Iesu Christo Domino et Deo nostro, Wien 1555).
-
[16]
Bernard Lewis, The Muslim Discovery of Europe, Londres, Weidenfeld and Nicholson, 1982, p. 90.
-
[17]
Humphrey J. Fisher, “Leo Africanus and the Songhay Conquest of Hausaland”, International Journal of African Historical Studies, xi, 1 (1978), p. 86-112.
-
[18]
Kitâb al-masâlik wa-’l-mamâlik. All surviving manuscripts are incomplete and the greater part of the text is still unpublished. For an annotated French translation of the sections on the Sahara and the Land of the Blacks (Bilâd al-Sûdân), see Vincent Monteil, « Al-Bakrî (Cordoue 1068), routier de l’Afrique blanche et noire du Nord-Ouest. Traduction nouvelle de seize chapitres, avec notes et commentaire (sur le manuscript arabe 17 Bd-PSS/902 du British Museum) », Bulletin de l’Institut Fondamental d’Afrique Noire, sér. B, xxx, p. 39-116 ; for an English translation, see N. Levtzion & J.F.P. Hopkins, Corpus of Early Arabic Sources for West African History (Cambridge 1982, Fontes Historiae Africanae, Series Arabica IV), p. 63-87.
-
[19]
Jean-Léon l’Africain, Description de l’Afrique. Nouvelle édition traduite de l’italien par A. Épaulard et annotée par A. Épaulard, Th. Monod, H. Lhote et R. Mauny, 2 vols. (Paris, Publication de l’institut des hautes études marocaines lxi).
-
[20]
Leo Africanus, The History and Description of Africa and of the Notable Things Therein Contained, Written by al-Hassan ibn-Mohammad al-Wezaz al-Fasi, a Moor, Baptised as Giovanni Leo, But Better Known as Leo Africanus. Done into English in the year 1600, by John Pory, and now edited, with an introduction and plates, by Dr Robert Brown, 3 vols. (London, Hakluyt Society, 1st series, xcii-xciv).
-
[21]
Cf. the website of ‘Leo Africanus Project’ at Trent University (Peterborough, Ontario, Canada), [http://www.trentu.ca/colleges/otonabee/leo/front.htm].
-
[22]
Outre l’auteur lui-même, dont les enquêtes ont débuté en 1991, J.-Y. Ackah, Kaku Ackah and the Split of Nzema, M.A. thesis, University of Ghana, Legon, 1963.
-
[23]
Il est pourtant bien présent du côté ivoirien dans la mémoire des Eotilé et des Anyi du Sanwi, avec la figure du très redouté roi Kaku Ackah (1832-1848).
-
[24]
Frontière, le Nzema l’est aussi du point de vue linguistique : d’anciens parlers supplantés par la langue nzema actuelle sont assez voisins de ceux de l’abure, l’Éotilé, l’esuma au sud-est de la Côte d’Ivoire.
-
[25]
Notons que la période antérieure à la fondation de l’État asante a été récemment mise en évidence par Gérard Pescheux, qui s’est appuyé sur l’analyse de récits mythiques et de rituels. G. Pescheux, Parenté, pouvoir, histoire chez les Asante xviie - xviiie siècles, Paris, Karthala, 2003.
-
[26]
Expression de Fabio Viti appliquée au mode d’organisation politique baule. F. Viti, « Un pouvoir contre l’État, anthropologie politique du Baoule (Côte d’Ivoire) », in Mondes Akan, Identité et pouvoir en Afrique occidentale / Akan Words, Identity and Power in West Africa (sous la dir. de Pierluigi Valsecchi et Fabio Viti), Paris, L’Harmattan, 1999, p. 289-333.
-
[27]
Particulièrement importante dans le cas de l’abuswa.
-
[28]
J. Vansina, L’évolution du royaume Rwanda, des origines à 1900, Bruxelles, Académie royale des Sciences d’Outre-Mer, 1962, 101 p. (réédité en 2000).
-
[29]
Il vient aussi de publier une anthologie de ces traditions orales : « Historical tales (ibitéekerezo) and the history of Rwanda », History in Africa, 2000, n° 27, p. 375-514.
-
[30]
P. Schumacher, Ruanda, thèse diffusée sous forme microfilmée, Posieux, Micro-bibliotheca Anthropos, 1958.
-
[31]
Kayijuka, « Lebensgeschichte des Grossfürsten Kayijuka und seiner Ahnen seit Sultan Yuhi Mazimpaka, König von Ruanda. Von Ihm selbst erzählt, übersetzt von Dr Peter Schumacher », Mitteilungen der Ausland-Hochschule an der Universität Berlin, 1938, 61/3, p. 103-170.
-
[32]
Œuvre synthétisée dans A. Kagame, 1972, Un abrégé de l’ethno-histoire du Rwanda, Butare, éditions universitaires du Rwanda et idem, 1975, Un abrégé de l’histoire du Rwanda de 1853 à 1972, Butare.
-
[33]
Sans méconnaître l’apport du regretté J.-N. Nkurikiyimfura, « La révision d’une chronologie : le cas du royaume du Rwanda », dans C.-H. Perrot (éd.), Sources orales de l’histoire de l’Afrique, Paris, CNRS, 1989, p. 149-180.
-
[34]
L. de Lacger, Ruanda, Kabgayi, 1959, p. 96.
-
[35]
Les langues des groupes 61 à 67 dans la classification des langues bantu de cette région (des volcans Virunga et du lac Kivu au Tanganyika et aux vallées de la Kagera et de la Malagarazi), où l’intercompréhension des locuteurs est aisée, voire totale.
-
[36]
Pluriel de mwami, le roi.
-
[37]
C. Newbury, The cohesion of oppression. Clientship and ethnicity in Rwanda, 1860-1960, New York, Columbia University Press, 1988 ; J.-N. Nkurikiyimfura, Le gros bétail et la société rwandaise. Évolution historique : des xiie-xive siècles à 1958, Paris, L’Harmattan, 1994.
-
[38]
Sur les travaux de Christian Thibon, Hubert Cochet, Augustin Nsanze, parmi d’autres, voir le compte rendu publié dans le prochain numéro d’Afrique & histoire.
-
[39]
D. Schoenbrun, A green place, a good place. Agrarian change, gender and social identity in the Great lakes region to the 15th century, Portsmouth, Heinemann, 1998.
-
[40]
J.-P. Chrétien, « Agronomie, consommation et travail dans l’agriculture du Burundi du xviiie au xxe siècle », dans Cartier M. (éd.), Le travail et ses représentations, Paris, 1984, p. 123-178 ; ibid., « Les années de l’éleusine, du sorgho et du haricot dans l’ancien Burundi. Écologie et idéologie », African Economic History, 7, 1979, p. 75-92 (pour ne citer que les premières publications mettant en valeur cet événement).
-
[41]
Voir p. 167, d’après C. Vidal, « Économie de la société féodale rwandaise », Cahiers d’études africaines, 1974, 1, p. 52-74.
-
[42]
L’hypothèse d’une datation courte est malencontreusement attribuée à Henri Moniot (p. 166) pour un compte rendu paru dans les Annales ESC (1977, 2) où ce dernier synthétisait les recherches de Claudine Vidal.
-
[43]
É. Mworoha, Peuples et rois de l’Afrique des lacs, Dakar, NEA, 1977 ; A. Nsanze, Le Burundi ancien. L’économie du pouvoir de 1875 à 1920, Paris, L’Harmattan, 2001, (thèse Paris 1, 1987).
-
[44]
Kuleeta, verbe intransitif.
-
[45]
L’auteur de cette hypothèse, Émile Mworoha (op. cit., p. 232-233) décrit moins cette innovation comme « essentiellement coloniale » que comme une innovation liée à des contacts extérieurs contemporains et systématisée à l’époque coloniale.
-
[46]
E. Mujawimana, Le commerce des esclaves au Rwanda, mémoire de licence, Université nationale du Rwanda, 1983.
-
[47]
L’auteur signale lui-même ce commerce extérieur, même s’il confond (p. 221) le carrefour commercial du Rusubi (de culture zinza) avec le Bushubi.
-
[48]
L. de Lacger, 1959, op. cit., p. 356.
-
[49]
Cf. J.-P. Chrétien, « La révolte de Ndungutse (1912). Forces traditionnelles et pression coloniale au Rwanda allemand », Revue française d’histoire d’outre-mer, 1972, LIX, 4, p. 645-680 ; A. Des Forges, « “The drum is greater than the shout” : the 1912 rebellion in northern Rwanda », dans D. Crummey (ed.), Banditry, rebellion and social protest in Africa, Londres, Heinemann, 1986, p. 311-331.
-
[50]
« Des serviteurs même d’ethnie tutsi étaient traités de Hutu à la cour avant Mazimpaka » (p. 173).
-
[51]
Mais il faudrait raisonner aussi à partir du cas burundais, également concerné, et où l’affectation hutu n’avait rien de déshonorant même à la cour royale, au point que « l’anoblissement » dit kwihutura, fréquent au Rwanda, ne semble guère y avoir fonctionné avant la période coloniale.
-
[52]
Institut royal des sciences en Afrique centrale.
-
[53]
J.-J. Maquet, Le système des relations sociales dans le Ruanda ancien, Tervuren, MRAC, 1954, p. 184-196.
-
[54]
Les références données renvoient notamment à Kagame dont on connaît l’a priori sur le rôle des « Hamites » dans la construction politique et sociale du pays.
-
[55]
P. Loupias, « Tradition et légende des Batutsi sur la création du monde et leur établissement au Rwanda », Anthropos, 1908, III, 1, p. 1-13. Voir J.-P Chrétien., « Mythes et stratégies autour des origines du Rwanda (xixe-xxe siècles). Kigwa et Gihanga, entre le ciel, les collines et l’Éthiopie », dans J.-P. Chrétien et J.-L. Triaud (éds.), Histoire d’Afrique. Les enjeux de mémoire, Paris, Karthala, 1999, p. 281-320.
-
[56]
Voir les études déjà citées de A. Des Forges (1986) et J.-P. Chrétien (1972).
-
[57]
J. Vansina, De la tradition orale. Essai de méthode historique, Tervuren, MRAC, 1961, 179 p.
-
[58]
J. Vansina, « The doom of early African history ? », History in Africa, 1997, 24, p. 337-343.
-
[59]
J.-P. Chrétien, L’Afrique des Grands Lacs. Deux mille ans d’histoire, Paris, Aubier, 2000, p. 117 et 135.
-
[60]
J.-P Chrétien, « L’empire des Bacwezi. La construction d’un imaginaire géopolitique », Annales ESC., 1985, 6, p. 1335-1377.
-
[61]
Voir les invectives du périodique extrémiste Kangura à l’adresse des historiens universitaires en novembre 1990, cité dans J.-P Chrétien (éd.), Rwanda. Les médias du génocide, Paris, Karthala, 1995, p. 109 : « Pourquoi veut-on changer notre histoire ? ». Était notamment visé Emmanuel Ntezimana pour un article courageux écrit en 1987 et diffusé en fait seulement au début de 1990 : « Histoire, culture et conscience nationale : le cas du Rwanda des origines à 1900 », Études rwandaises, I, 4, p. 462-497.
Horton Mark et Middleton John, The Swahili, the Social Landscape of a Mercantile Society, Oxford, Blackwell, 2001, 282 p. (ISBN : 0 631 189 19X).
1 The authors, both well known and well qualified in East African studies, have teamed up to produce this authoritative overview of many essential aspects of Swahili history and society. Through its ten chapters, they provide readers with a thorough grounding in defining who the Swahili are, the very early history of Swahili societies, the arrival of Islam, the development of their overseas and mainland trade, town life, social networks, ways of governance, and epistemology. The book is nicely illustrated with a commendable sprinkling of photos, tables, and excellent maps where appropriate. If all this suggests to one that the authors assume no prior knowledge of their subject on the part of their readers, then (s)he would be correct. That, perhaps, is the principal strength of the book. Yet, teaming an archaeologist (Horton) with a social anthropologist (Middleton) to produce such a synopsis also gives rise to some notable deficiencies.
2 Historians will be interested primarily in what clearly are Horton’s contributions, namely the chapters on the origins of the Swahili, their acceptance of Islam, the coast and the world of the Indian Ocean, and their trading systems. Therefore, it is mainly with these chapters that this review is concerned. In Chapter 2, the archaeologist relies on the historical linguistic data of Nurse and Hinnebusch, coupled with his interpretation of information taken from archaeology, to dismiss the involvement of immigrants in that history. While the essentially African character of Swahili civilization is generally acknowledged nowadays, nevertheless the linguistic evidence is not as conclusive on the role of immigrants as some, including Horton apparently, would have us believe. If anything, archaeological evidence affords clear testimony to the importance and antiquity of commercial intercourse between the coast and other Indian Ocean communities, which Horton knows very well suggests that immigrants played a crucial part in the formation of coastal civilization [1]. (And, indeed, almost his entire discussion in Chapter 3 is concentrated on immigrant groups who might have introduced Islam to East Africa.) Finally, while Horton writes extensively about the significance of so-called Tana wares in Swahili origins, he does not account for the possible cultural significance of Kwale wares.
3 Chapters 3 through 5 provide counterpoints to some of the conclusions Horton makes in Chapter 2. In extensive and stimulating discussions about the acceptance of Islam and medieval coastal communities’ trading systems, he gives clear testimony to the considerable, though ancillary, impact outsiders from southern Arabia, the Persian Gulf, and India had on the early configuration of Swahili culture and identity. His interpretations are generally good ; however, he fails to distinguish between earlier and (centuries) later recensions of medieval historical traditions, all of which tell somewhat different stories. Horton also is surprisingly literal in his interpretations, given his recognition that these traditions evolved symbolically as charter myths. For example, he tries to establish a literal connection with the Buyid regime, while it seems equally likely that their origins were in the religious conflicts of Yemen and the Hadramawt that spurred emigrations around the tenth century.
4 More specifically, Horton engages in a decidedly speculative reconstruction of a supposed Shirazi “dynasty” (again, employing a literal interpretation) that he hypothesizes originated in the Lamu Archipelago, then migrated southwards to Pemba, Zanzibar, Mafia, Kilwa, and the Comores Islands ca. 1000-1150. He bases this thesis far too narrowly on names that appear on very early coins. Given the absence of anything on the coins themselves (e.g. a common nisba like al-Shirazi, for example) which might suggest a clan-like association between the names that appear thereon, and given that no other supporting evidence is adduced, his conclusions about the Shirazi hardly can be taken seriously. Even if one puts these aside, Horton forgets that even the earliest-known Shirazi traditions (the versions in Barros and in the so-called “Kilwa Chronicle”) purport to tell of events, and quite possibly originated, between three and five centuries earlier than their sixteenth-century date of record. Finally, in presenting his arguments, he utilizes the same prejudicial habit that formerly James de V. Allen frequently used of spicing mere conjectures with words like ‘certainly,’ ‘most probably,’ or ‘surely,’ which give his claims a further, unnecessarily tendentious flavor. The end result is that Horton frequently tantalizes his readers, but fails to convince. Perhaps the one true sentence he provides about Swahili origins and the early involvement of Islam is, “In essence, the Shirazi traditions represent the arrival of Islam into many of these areas, explaining their strength and significance”. (p. 59)
5 Aside from these problems, it can at least be said that Horton is one of the best of the present generation of archaeologists working on this material. Without doubt, his most noteworthy contribution to the early history of the coast have been his remarkable discoveries of pre-tenth century Islamic sites at Shanga, Ras Mkumbuu (possibly Qanbalu), Mtambwe Mkuu, and at Unguja Ukuu. In these locations, he has excavated very early, timber and wattle mosques and Islamic burials, along with several collections of 8th to 11th century coins, thus indicating the antiquity and importance of trans-oceanic trade and Islamization. Again, though, he goes beyond what the evidence can reliably be counted on to provide in his inferences about presence of Shi’ite communities on the coast during that time.
6 Towards a conclusion, it can be said this book offers some new material, presented in stimulating, even conjectural, ways, along with less interesting and even already well-known information (chapters 1 and 5-10). Equally significant, however, is what the book fails to provide. The Swahili, for example, are presented essentially as a maritime civilization, with little attention (except perhaps for Chapter 5, which provides a discussion of mainland African trade) given to neighboring peoples, especially ones with whom the Swahili have maintained centuries of complex social and cultural ties. In this vein, Swahili agriculture is neglected and the traditional rivalries among the city-states over land and mainland alliances get very incomplete, and mostly a-historical, attention. Chronologically, the authors devote almost their entire historical disquisition to the period before 1500 and after about 1890. They provide the reader with no significant information concerning the important ‘middle’ or pre-modern period from 1500 to 1832, though there is much that should be said about it. Finally, the authors acknowledge the important contributions historical linguists like Ehret, Hinnebusch, Nurse, and others have made to our understanding of Swahili history, yet they make curiously little use of the rich source material they provide.
7 Randall L. Pouwels (Conway, Arkansas)
McCaskie T. C., State and Society in Pre-Colonial Asante, Cambridge, Cambridge University Press, 1995, xvii + 492 p. (ISBN : 0 52141 009 6).
8 Disons le tout net : State and Society in Pre-Colonial Asante est une contribution majeure aux études asante et plus généralement aux études africaines. Ce livre, extrêmement dense, s’appuie sur une érudition impressionnante toujours mobilisée à dessein et s’adresse à tous ceux qui travaillent sur l’Afrique précoloniale et pas seulement à la communauté des historiens.
9 Le texte (267 pages) est divisé en cinq parties de longueur inégale, suivies de quelque 120 pages de notes qui apportent des éclairages et des arguments supplémentaires au texte principal, et d’un glossaire de 46 pages des principaux termes twi utilisés qui va bien au-delà des glossaires habituels en proposant des étymologies et des développements parfois longs. Après la bibliographie, un index très complet vient clore le livre. Selon l’auteur, le but principal de cet ouvrage est : « an analysis of Asante that described the historical complexity of an African polity in all of the detail – and with a sophistication – that would bear comparison with the endeavours of contemporary historians of any society and time » (p. xiii).
10 Dans la brève première partie qui sert d’introduction, McCaskie se démarque de ses prédécesseurs (Rattray, Meyer Fortes, Wilks). Mais surtout il se propose de rompre résolument avec un discours qui se justifie lui-même en isolant l’histoire de la superstructure politique de celle de la société « over which it presided and in which it was embedded » (p. 3). L’ordre social et la société elle-même, réduits à un statut passif et inerte, n’interviennent dans l’analyse que dans la mesure où ils sont susceptibles d’une régulation interventionniste d’un ordre politique soi-disant autonome (ibid.).
11 McCaskie dénonce une seconde défiguration du cas Asante, conséquence d’un mode d’analyse qualifié de « matérialisme vulgaire » qui fait de la poursuite des avantages matériels le motif et le moteur quasi-exclusifs des acteurs, et de l’élite le groupe le plus efficace (succesfull) dans cette course aux avantages matériels (ibid.). Quand elles ne sont pas simplement évacuées, la réalité sociale et l’histoire des pratiques culturelles sont rationalisées par des archétypes matérialistes réducteurs, ou consignées en une catégorie résiduelle. Pourtant, écrit l’auteur : « […] meaningful reconstruction requires an integration of the materialist perspective with cultural specificities taken on their own complex terms » (p. 4).
12 McCaskie fait alors appel à Gramsci. Il note que la coercition était une condition nécessaire mais pas suffisante à la mise en œuvre effective de l’hégémonie : « He [Gramsci] went on firmly to root or locate the articulation of consent in the institutionalized practices – belief and religion, knowledge, custom, habit, pattern of thought – that together comprised what he termed civil society. […] His concept of hegemony grounded in consent […] is a most useful tool for generating a dialogue between the history of structures and the history of cultures, and for relating social and cultural practices to their mental, intellectualist and ideological representations » (p. 5). Pour McCaskie, les représentations sont des objectivations plus que des objets, des arguments plus que des affirmations (statements) ; elles ne sont pas neutres et elles reflètent « political actions and embody social practices, but they are covalent with neither, being themselves active constituents of historical reality ». À ce titre et par définition, elles sont donc ouvertes à l’interprétation (p. 20). Il est alors crucial de connaître les distinctions que font les Asante entre connaissance et croyance (knowledge and belief) et d’explorer la nature des frontières entre les deux, car c’est l’un des enjeux majeurs du pouvoir que de s’approprier ces distinctions, d’en jouer, et d’en définir les termes, les limites et les usages. Comment McCaskie s’acquitte-t-il de ce programme ambitieux ?
13 La première partie s’attache aux fondements du pouvoir chez les détenteurs d’office de l’État asante et particulièrement à la question centrale de l’accumulation de la richesse. McCaskie reprend à son compte la théorie du Big Bang de Wilks selon laquelle un nouvel ordre agraire aurait permis de dégager des surplus et favorisé ainsi le processus de différentiation sociale qui allait aboutir à « […] the eventual political institutionalization of that socio-economic differentiation in chiefdoms » (p. 25). Mais l’essentiel n’est pas là. Au début du xixe siècle, des changements importants interviennent dans l’organisation agraire qui sont autant d’indications de transformations majeures dans les relations entre l’État et l’ordre social. On assiste à l’émergence d’un facteur de différentiation dans le secteur clé de l’économie politique de l’agriculture asante, essentiellement autour de Kumase. Un système de production agricole plus intensif que l’économie rurale de subsistance jusqu’alors dominante se met en place. Kumase se détache alors peu à peu des bases constitutives de l’ordre social ancien avec une conséquence importante : la dilution progressive « […] of the older, historic ties of organic continuity between state and society » (p. 33).
14 McCaskie montre comment l’État s’est interposé pour contrôler et ordonner les implications de ces transformations notamment par l’imposition des « death duties » et des droits d’héritage, mais aussi en formalisant et en s’accordant le droit d’attribuer le titre d’aberempon (lit. big man). En conservant le monopole de l’accès à la richesse et de sa redistribution, l’État asante bloquait l’émergence d’une classe de riches propriétaires qui, à terme, pouvait concurrencer l’autorité de l’Asantehene. Ce faisant, c’est le contrôle de la production des normes et des valeurs qui est en jeu : « […] just as Asante culture and society were held to have been 'helped' into being by processes of accumulation, so it was understood in enlargement that the state’s political authority was rooted in and rested upon – that is, was 'helped' into being by – effective controls over the right to amass and to dispose of wealth » (p. 48).
15 Dans la seconde partie, les concepts gramsciens sont au cœur de l’analyse. Dans le cas asante, la coercition requiert un minimum de consentement (consent) de la part de la société. Ce consentement n’est pas un agenda neutre et ses bases doivent être identifiées par l’État, puis structurées et articulées idéologiquement pour garantir la reproduction de l’ordre politique asante précolonial. McCaskie montre de manière convaincante (et avec un luxe de détails impressionnant) comment les normes et les valeurs de la société asante telles que la structuration de la production agraire, l’accumulation de la richesse (et les notions de maximalisation, de plénitude etc.), la signification de la matrilinéarité, le contenu idéologique de la différentiation sociale etc. « […] lay at the heart of the expressive ideology through which the social order was articulated. And because of this, they circumscribed vital parameters of contact between state and the social order. It was in this arena of fundamental norms and values that the state engaged the social order in the structuration of consent and coercion » (p. 75). Il en est de même pour les croyances (beliefs) abordées dans les sections suivantes. En brouillant intentionnellement les distinctions épistémologiques entre le champ de la connaissance et celui de la croyance, l’État asante s’approprie, contrôle et oriente les variétés et les limites du discours et la production du sens (p. 142).
16 La troisième partie est une analyse magistrale de l’Odwira, le grand rituel annuel des Asante, centré autour de la personne du souverain. Cette section est à la fois l’illustration et la démonstration des arguments avancés dans les chapitres précédents. En l’absence d’une prêtrise institutionnalisée, l’Odwira souligne de manière explicite la place cruciale de l’ État, personnifié par l’Asantehene régnant, dans l’arbitrage et la structuration idéologique de la croyance. L’Odwira est une lecture, une revue et une affirmation par l’État de son propre « hermeneutical master text » (p. 147). Le rituel n’est pas une exégèse de ce « master text » mais, littéralement, la création d’une « structure du monde » au sens de Goodman. L’objectif du rituel est que « the master text that proposed the resulting 'world structure' served hermetically as its own explanation and meaning » (p. 241), et l’intention primordiale de cette lecture est l’hégémonie. En ce sens, l’Odwira « […] was continuous with – and parsed, framed and contained – all of the other structurations that have been discussed throughout this book » (p. 242).
17 Ce chapitre consacré à ce grand rituel royal, véritable tour de force narratif et analytique, devrait faire méditer nombre d’anthropologues dont les surinterprétations symboliques obscurcissent trop souvent les rituels au lieu d’en rendre la pratique intelligible.
18 State and Society illustre parfaitement le second but que s’était fixé McCaskie : « A discussion that remained anchored in the specifics of the Asante historical experience, but that faced outwards from it in constantly engaged dialogue with ideas and concepts that command an interdisciplinary attention across the community of scholarship » (p. xiii). D’une certaine manière, State and Society est le pendant et la dimension manquante du maître ouvrage d’Ivor Wilks Asante in the Nineteenth Century : The Structure and Evolution of a Political Order (1975, réédité en 1989). En recentrant l’analyse sur la société asante elle-même, en intégrant les représentations et les croyances asante aux reconstructions de l’historien, McCaskie intègre avec bonheur les questionnements respectifs de l’histoire et de l’anthropologie. Cette sortie du cadre souvent trop étroit des limites disciplinaires est sans aucun doute l’une des réussites majeures de ce livre. La compréhension que nous avons de la société asante en est la principale bénéficaire, mais la profondeur de ce livre interpelle tous les praticiens des sciences sociales.
19 Gérard Pescheux (Paris)
Pennacini Cecilia, Kubandwa : La possessione spiritica nell’ Africa dei Grandi Laghi, Turin, Il Segnalibro, 1998, 309 p., sans ISBN.
20 « Kubandwa » est un verbe signifiant « être possédé par les esprits » dans la plupart des langues de la région des Grands Lacs (Burundi, Rwanda, nord-ouest de la Tanzanie, sud et ouest de l’Ouganda, frange orientale du Congo). Par extension, en l’absence de mot spécifique dans ces langues, il désigne la religion ancienne (mais toujours pratiquée) de cette région, par opposition au christianisme ou à l’islam. Au-delà de l’intérêt intrinsèque de l’étude de cette religion, sa connaissance est fondamentale pour comprendre l’ampleur du mouvement de conversion vers le protestantisme, le catholicisme et l’islam, qui a secoué par vagues la région (c. 1870-1900, au Buganda, pendant l’entre-deux-guerres au Rwanda et dans une moindre mesure au Burundi). Dans son ensemble, la région des Grands Lacs est l’une des plus christianisées d’Afrique. Malgré la difficulté certaine qui existe pour recueillir et interpréter les sources sur la religion du Kubandwa, elle a attiré de nombreux auteurs, historiens, archéologues et anthropologues. Beaucoup d’entre eux se sont enferrés dans une interprétation historique des mythes et y ont cherché des traces d’empire médiéval. Luc de Heusch serait le plus célèbre d’entre eux, mais l’idée d’empire a fait l’unanimité à une époque et est encore enseignée à tous les petits écoliers d’Afrique de l’Est. Les critiques, d’abord Christopher Wrigley puis Jean-Pierre Chrétien, ont montré les pièges de ce raisonnement [2]. En fin de compte, la nature évhémériste [3] des sources s’est trouvée être un obstacle insurmontable pour les chercheurs dans la majorité des cas. Seuls une poignée d’écrits surnagent généralement sur des thèmes assez circonscrits et toujours avec une approche qui permet d’éviter de trop se préoccuper des mythes religieux. Par exemple, l’apport le plus important ces dernières années est celui de David Schoenbrun qui s’appuie sur la linguistique [4].
21 Le livre de Cecilia Pennacini est la version publiée de sa thèse de doctorat. Elle y a adopté la seule démarche raisonnable, celle d’une comparaison à l’échelle de la région associée à un travail local de terrain minutieux. Elle a mené le gros de ses enquêtes dans une région très importante mais sous-étudiée : le Buhaya en Tanzanie (la région de Bukoba, à l’ouest du Lac Victoria). Elle les a complétées par d’autres au Burundi et au Buganda. Le tout est associé à une bonne maîtrise de la littérature générale (en français comme en anglais) sur la religion en Afrique. Ces trois éléments en font la meilleure introduction au Kubandwa disponible à l’heure actuelle. Dans sa prudence, Cecilia Pennacini ne s’est attaquée qu’à un seul aspect de cette religion. Seule la possession l’intéresse. Elle justifie habilement ce choix par l’importance centrale de la possession dans cette religion. Selon elle, c’est le partage d’une même culture de la possession qui caractérise cette religion et non celui d’un panthéon et des mythes qui y sont liés, pour ne citer qu’un exemple. Effectivement, l’étude des mythes et du panthéon fait ressortir des hétérogénéités importantes à l’échelle de la région.
22 Ce choix est heureux dans le sens où la possession est l’aspect le mieux connu et le moins polémique de ce système religieux. Grâce à ce choix, Cecilia Pennacini dispose de sources sures et abondantes, bien réparties sur l’ensemble de la région. En contrepartie, ce travail permet de dégager un consensus plutôt qu’une vision révolutionnaire et englobante de ce système religieux. Si souhaitable que soit cette dernière vision, peut-être constitue-t-elle un objectif utopique ? L’intérêt principal du texte de Cecilia Pennacini relève de son travail de mise à jour, de présentation et de synthèse. Le tout est fondé sur l’assemblage de sources différentes et riches : bibliographie complète, enquêtes, sources écrites… Une seule lacune dans la bibliographie, c’est l’absence des travaux de Claudine Vidal [5].
23 Cecilia Pennacini est parvenue à éviter les chausse-trappes de l’évhémérisme du Kubandwa. Elle y parvient, d’abord en fuyant l’obstacle, car son étude porte sur la période contemporaine. Mais une étude sérieuse de ce type de sujet, et c’est le cas ici, ne saurait faire une impasse totale sur l’histoire. Cecilia Pennacini analyse donc la relation que les mythes et les divinités du Kubandwa entretiennent avec les médiums. Elle montre comment les mythes fournissent un canevas souple dans lequel la performance des médiums s’insère. Pour que soit possible cette relation, il faut que les caractéristiques des esprits soient assez floues et qu’elles n’entravent pas l’initiative, l’invention du médium. Par là, elle explique bien la flexibilité du Kubandwa et sa grande capacité à s’adapter aux nouvelles circonstances. À cet égard, Christine Obbo décrit dans un article sur Kampala certains médiums, plus « modernes » encore, bien que contemporains de ceux qu’étudie Cecilia Pennacini. Elle en mentionne d’autres qui correspondent tout à fait à ceux décrits par Cecilia Pennacini à Bukoba [6].
24 Sans doute les missionnaires ont-ils cru prématurément qu’ils avaient éliminé le Kubandwa, mais il ne faut pas non plus sous-estimer les changements qu’a connus cette religion à la suite de la colonisation. Ces changements vont largement au-delà de l’ajout de quelques nouveaux esprits au panthéon et de la pratique parallèle de plusieurs religions à la fois. Sans doute des structures religieuses fondées sur des petits médiums existent dans la région des Grands Lacs depuis longtemps, néanmoins elles ont cohabité, souvent, avec un clergé beaucoup plus formel et plus diversifié. Les grands sanctuaires, centres religieux très importants, avaient un clergé complexe et puissant. Ils ne sont pas parvenus à s’adapter au changement ; seuls les médiums, issus surtout du petit clergé, ont réussi à surmonter la crise liée à la conversion et au colonialisme.
25 La langue italienne peut paraître un obstacle à certains lecteurs. Heureusement pour eux, un article intitulé « Religion and spirit possession in the Great Lakes’ Africa : The Kubandwa tradition in a regional perspective » (p. 119-150) résume de façon très satisfaisante en anglais ce travail, dans Francesco Remotti (éd.), Ambienti, Lingue, Culture. Environment, Languages and Cultures. Contributi della Missione Etnoligica Italiana in Africa Equatoriale. Contributions from the Italian Ethnological Mission In Equatorial Africa (Turin, Edizioni dell’Orso, 2000, 313 p., ISBN 8 87694 493 1). On trouvera dans le même ouvrage un article portant sur un thème voisin écrit par Claudia Mattaluci « Classifier et convertir : les missionnaires catholiques face à la pensée religieuse haya » (p. 151-188). Il s’agit d’un article en français résumant une thèse d’anthropologie écrite en italien. Les Pères blancs ayant joué un rôle clé dans les études pionnières sur le Kubandwa, le choix du sujet est particulièrement judicieux. Les autres contributions de cet ouvrage portent sur des thèmes très différents de ceux abordés ici : l’ethnolinguistique, l’ethnobotanique et la musicologie nande (est du Congo Démocratique) et une contribution sur le voyage et la fraternité de sang dans le nord-est du Congo Démocratique.
26 Henri Médard (Paris)
Rauchenberger Dietrich, Johannes Leo der Afrikaner. Seine Beschreibung des Raumes zwischen Nil und Niger nach dem Urtext, Wiesbaden, Harrassowitz Verlag (Orientalia Biblica et Christiana 13), 1999 (ISBN : 3 44704 172 2).
27 Even if the gold of Guinea was the first target of the fifteenth-century European voyages of discoveries, sub-Saharan Africa kept its secrets for longer than any other continent. By the mid-sixteenth century the coasts of Africa were successfully mapped by the Portuguese but the interior remained unknown. There were several reasons for that. One was that Europeans’ interest in Africa shrinked remarkably once they had found their ways to the Indian Ocean and the New World. Another reason was that the physical environment of tropical Africa was extremely hostile to Europeans : the Guinea coast did not earn its reputation as “the white man’s grave” for nothing. The Portuguese made some tentative attempts to explore the interior but they all failed. With the exception of Senegambia, Kongo, Cape Province, the Zambezi valley, and Ethiopia, Europeans’ real knowledge of Africa, its geography and peoples, was restricted to a narrow coastal zone. This situation remained unchanged until the beginning of the European exploration of Africa in the early nineteenth century.
28 In default of real knowledge, the European imagination of African interior was based on a motley collection of medieval myths of monsters and miracles combined with the more realistic contemporary rumours which European traders and travellers heard on the coasts, both in the Mediterranean ports and in the trading posts of Guinea. This imagination was further interpreted according to the ideas of ancient Greek geographers, Strabo and Ptolemy, whose works the scholars of Renaissance had discovered. A real revolution in this respect was the appearance of the “Description of Africa”, written by a Moorish traveller called Leo Africanus (al-Hasan b. Muhammad b. Ahmad al-Wazzân al-Gharnâtî al-Fâsî) and published in Venice by Giovanni Battista Ramusio in 1550 in his great compilation of contemporary European travels and discoveries (Delle navigationi et viaggi). According to some of Leo’s early readers, he had discovered an entirely new world for Europeans, in the same sense as Columbus had discovered America [7]. This was an exaggerated statement, for Leo’s description of Africa is limited to Northern and Sudanic Africa only. Both were unfamiliar indeed but hardly unknown territories to the sixteenth-century Europeans, for example, compared to the forests of Equatorial Africa.
29 An indication of the great popularity of Leo’s “Description of Africa” was that it was soon translated into French (1556), Latin (1556), English (1600), and Dutch (1665), with numerous reprints. The importance of Leo’s work was that there existed no alternative, although his text was soon supplemented by the Spaniard Luis del Mármol Carvajal (who was unjustly labelled as a mere copyist of Leo) [8]. Leo’s work maintained its position as the most authoritative source for Northern and Sudanic Africa until the age of exploration. The former Swedish Consul of Tangier, Jacob Gråberg af Hemsö, for instance, still quoted Leo in his own description of Morocco in 1834, as if Leo’s information were still valid [9].
30 Despite of his great posthumous popularity in Europe, not much is actually known of the life of Leo Africanus. The primary source for his life is his own work which contains many references to his experiences. While in Italy, he left traces to a number of documents which help us to follow his trails during his Christian years. But there are many important lacunae in his life, to begin with his birth and death – both are, and presumably will remain, unsolved mysteries. As a consequense of the lack of sources, much of our conventional knowledge of Leo’s life has rested on mere speculation and it represents what Western scholars have in various times wished upon him. On the other hand, scholars in the Muslim world have been less fascinated with Leo, though some Moroccan historians have tried to reclaim him as part of their cultural heritage [10]. A complete Arabic translation of Leo’s work was not published in Morocco until 1982 [11].
31 At least four distinct Leo myths can be gleaned from the authoritative literature. These myths are not necessarily controversial to each other but they focus on different periods and aspects of Leo’s life. One myth is to view Leo as a Renaissance man who had embraced the values of Renaissance culture to the point of rejecting his own background ; this “Eurocentric” view emphasizes his experiences in Italy. The second myth is to view Leo as a great Muslim traveller who familiarized Europeans with Africa by putting down his own experiences ; here the emphasis is on his life before his arrival in Italy and his background in Islamic culture. The third myth is to view Leo as a precursor of a modern cross-cultural cosmopolite ; this view is a projection of our own times and reflects the current tendency to stress the importance of dialogue between Western and Islamic worlds. Amin Maalouf’s famous historical novel (Léon l’Africain, 1986) has done much to popularize this view. The fourth myth is still emerging ; this is to view Leo as an Afrocentric hero. Of all these different myths, the last is the most anachronistic. Leo Africanus was no more “African” than Scipio Africanus was. Leo was born in Spain to a family of Spanish Muslims, spent his youth in the Maghrib, wrote in Italy, and it is questionable if he ever visited the black Africa at all. Culturally Leo belonged to the Islamic world and we may consider his work the final contribution of the Islamic learning to Western civilisation, in the sense that it offered new, hitherto unknown knowledge to Western scholars – the end of the cultural exchange which had begun in the eleventh-century Spain and Sicily.
32 The appearance of Dietrich Rauchenberger’s excellent study of Leo Africanus is the most welcome as it puts end to many speculations on Leo’s life. Rauchenberger is not adhered to any of the four myths mentioned above, but his aim is to view Leo in his proper historical context : the turbulent times of the early sixteenth century which was marked by the Castilian conquest of Granada, the rise of the Saadians in Morocco, the Medici popes in Italy, the Reformation and the sack of Rome, and the never ending warfare between Christians and Muslims in both ends of the Mediterranean.
33 The previous expert on Leo was the Italian professor Angela Codazzi who, however, did not publish all results of her investigations carried out in the 1930s. Another problem is that Codazzi did not document adequately her sources in her publications [12]. As the modern Leo lore contains too much speculation, one has to take all undocumented information with a pinch of salt. Rauchenberger has used the material already amassed by Codazzi (now preserved in the Biblioteca Comunale di Milano) and he has done a remarkable work by tracing many hitherto unknown documentary sources on Leo in the Apostolic Library in Rome and in other Italian archives. Following the scholarly tradition of German academic writing, all information is precisely documented and the footnotes often include lengthy quotations from the primary sources. Furthermore, the most important primary sources are included in the appendices, which makes Rauchenberger’s study an invaluable source as such. Rauchenberger also lists all Leo’s surviving manuscripts – the “Description of Africa” was not his sole literary achievement though it was the most important one – and where they are preserved. Of the modern research literature, Rauchenberger’s bibliography contains all the essential works and thus it constitutes a useful source for those who want to study the evolution of various Leo myths in Western scholarship.
34 By using the Italian archival sources, Rauchenberger has managed to shed new light on Leo’s life. The real novelty concerns his capture. So far, it was believed that Leo was captured near the island of Djerba, off the Tunisian coast. This belief was based on the information provided by Leo’s Italian publisher, Ramusio. According to Rauchenberger, Leo was captured near Crete when he was returning from Egypt to Tunis. On grounds of Venetian sources, Rauchenberger is even able to name Leo’s captor (Pedro de Bobadilla) and to calculate the approximate date of his capture (June 1518). Another interesting novelty is Rauchenberger’s speculation on the outlook of Leo. He suggests that Sebastiano del Piombo’s well-known painting of an unknown humanist might depict Leo. This painting is dated to c.1520 and it belongs now to the National Gallery of Art in Washington DC. The painting presents a serious looking scholar with a typically Mediterranean appearance. A reproduction of the painting is found on the frontispiece of Rauchenberger’s book. Rauchenberger, however, fails to mention that an alternative identification is Marcantonio Flaminio, a noted scholar and poet who was a close friend of the artist [13].
35 As to the two unsolved questions in Leo’s life – his birth and death – Rauchenberger does not add much new. Rauchenberger deducts that Leo was born most likely in October or November 1494 ; this was already suggested by Raymond Mauny in 1954 [14]. Much less is known of Leo’s final years. We know that Leo left Rome shortly before the sack of the town by the imperial forces in early May 1527. He went to Tunis where he is usually believed to have passed away around 1550 [15]. According to Rauchenberger, Leo most likely died during the violent conquest of Tunis by the imperial forces in July 1535. Raucherberger’s argument is that after that year, there is no mention of Leo in any sources : if he were alive, such a remarkable man should have left some traces. This is a sensible argument indeed but we must also keep in mind that while Christians returning from the Islamic territory produced an extensive literature describing their experiences, Muslims returning from captivity in Christian territory have left virtually no record [16]. Leo hardly wanted to advertise that he had spent several years in Christian territory and himself conversed to Christianity. Thus the silence after 1535 is not decisive. From this point of view, Mauny’s speculation in 1954 that Leo eventually returned to Morocco sounds more sensible. Leo had no reason to settle permanently in Tunis : he had no personal ties to the city, whereas his relatives were still living in Fez.
36 Concerning Leo’s travels, Rauchenberger follows the old tradition to read his description like an itinerary of travels the author had committed by himself. Thus we may distinguish several of Leo’s “grand voyages” which took him across the Sahara and as far as Constantinople. Leo himself claims that he had even visited “certain parts of Tartary” though he says nothing of his experiences there. If Leo’s travels in the Maghrib are historical, his further wanderings in Sudanic Africa are mythical [17]. First, the composition of his work follows the example of the “books of routes and realms” in medieval Arabic geographical literature. This composition was used, for instance, by the eleventh-century Andalusi scholar al-Bakrî in his universal geography (which is quoted by Leo twice), though the man never left Spain [18]. Secondly, we cannot know whether he wanted to impress his noble patrons in Italy, the popes Leo X and Clement VII, by exaggerating the extensions of his travels (and thus making himself appear as more interesting and imporant personality). Thirdly, we have no other evidence but his own word and there is nothing in his description of Timbuktu, Mali, Songhay, Hausaland, and Bornu which suggests that it should be based on his own observations, rather than rumours he could have heard in the Maghrib. This represents a somewhat fruitless academic question but it has some relevance in his personal history and when we estimate the value of his work as a source for the history of Sudanic Africa. Regarding Leo’s influence in the European imagination of Africa, it is insignificant whether he ever visited Timbuktu or not. Leo’s European readers were not able separate his own observations from hearsay, no more than medieval readers could distinguish fact from fiction in Marco Polo’s description of China.
37 The second half of Rauchenberger’s book is dedicated to an analysis of Leo’s “Description of Africa”. At first, Rauchenberger introduces the manuscript version of the text which was purchased by the Italian Ministry of Education in 1931 and is now preserved in the Biblioteca Nazionale Centrale Vittorio Emanuele II in Rome (Ms VE 953). The importance of this manuscript is that it helps us to recognize the many changes made in the text by Leo’s publisher, Ramusio. Codazzi had planned to publish the manuscript version in the 1930s but she never carried out her plan, despite the strong encouragement of her colleagues. The textual history is followed by a systematic analysis of the contents. The emphasis is on Sudanic Africa. The author remarks too apologetically that such an effort is beyond his own expertise (jenseits der Spezialisierung des Autors), but his comments on Leo’s methods, tendencies, and on many other details prove to the contrary. Finally, there is an extract of the manuscript : the books 4 and 5 which describe the Sahara and the Land of the Blacks, together with fragments from other books where Leo says something about these two regions. The extract includes the original Italian text with Rauchenberger’s German translation and a careful commentary. A real delight is the reproduction of 42 pages of the manuscript version, even if the quality of typography is not the best possible.
38 It is impossible to say how one could improve Rauchenberger’s study. Even if we can keep on discussing some minor details in Leo’s life and the textual history of his work, it is easy to predict that Rauchenberger’s study will reclaim its position as the definitive biography of Leo Africanus, which makes all previous literature obsolete. Rauchenberger’s study has only one defect : it was published in German. Though German is not so strange language to scholars who work on the continental Europe, it seems to be quite incomprehensible to our Anglo-Saxon colleagues, especially beyond the Atlantic, not to mention students of African history. The lamentable result is that Rauchenberger’s study may remain unnoticed by those who are incapable to read it and who prefer to rely on the previous, out-dated secondary literature in other languages. Therefore, it would be extremely important that this study is translated into English as soon as possible.
39 Another point is that Rauchenberger’s study underlines the necessity to produce a new scholarly edition of Leo’s “Description of Africa”. At present, the most authoritative edition is the French translation by Alexis Épaulard et al. which appeared in 1956 [19] ; that is, almost fifty years ago. Though the translation itself is accurate, the annotation is already badly out-dated. The only existing complete English translation is from 1896 and it is actually a reprint of the translation published originally in 1600 [20] ! It may be needless to say that the annotation of this English translation has now nothing but historiographical significance. What is needed is a completely new translation, either in English or in French, based on Ramusio’s edition of 1550 and compared to the manuscript version, preferably containing both original texts. Furthermore, the translation should be annotated by the leading authorities of the history of Northern and Sudanic Africa. Finally, the translation should appear in print rather than in electronic form, in order to make it available to historians and students in Africa, who do not have as easy access to internet as their colleagues in wealthier countries [21]. I am sure that Africanists would hail this translation with great pleasure. Author of this review is incapable to carry out such a laborious project which is also beyond his own expertise.
40 Pekka Masonen (Tampere)
Stanley Henry Morton, Cinq années au Congo, 1879-1884, notice introductive par Nadine Fettweiss et Émile Van Balberghe, Bruxelles, Algemeen Rijksarchief / Archives générales du Royaume, 2002, reprint n° 292, xx + 696 p., 2 cartes dépliantes (sans ISBN).
41 Saluons la réimpression anastatique, par les Archives Générales du Royaume (de Belgique), de la première édition du livre de Stanley, Cinq années au Congo. Voyages, explorations, fondation de l’État Libre du Congo, dans la traduction de Gérard Harry, telle qu’elle parut, en quatre émissions distinctes à Paris (Maurice Dreyfouss) et à Bruxelles (Institut National de Géographie), entre 1885 et 1893. Le titre anglais, publié la même année (l’ouvrage paraît dans huit langues en même temps), était : The Congo and the Founding of its Free State. A Story of Work and Exploration. C’est évidemment aussi un plaidoyer pro domo et une œuvre de propagande, à redécouvrir comme telle. Mais pour l’histoire du Congo, cet ouvrage est capital : il joue un rôle important dans la reconnaissance progressive du fait que constitue désormais l’État Indépendant dont Léopold II est le souverain et dont Stanley fut, non seulement l’explorateur aventureux, mais aussi le premier administrateur. Il est, en outre, doublement fondateur : il comporte des renseignements capitaux au sujet des populations, des autorités locales, des aspects matériels de la vie sous l’Équateur ; mais il ouvre aussi une tradition discursive, un style dirait-on même, qui ne doit plus grand-chose à la logique exotique de l’aventure et de l’exploration dans le Dark Continent ou la Darkest Africa : description, analyse, explication, nuance composent une image très différente d’un pays qu’il s’agit cette fois de « fonder ».
42 Cette réédition est précédée d’une passionnante notice introductive (disponible en tiré à part), par Nadine Fettweis et Émile Van Balberghe, qui, après avoir rappelé le contexte général, se concentrent sur les aspects touchant l’histoire du livre. L’ouvrage, ses différentes éditions et émissions, ses traductions, son existence comme livre d’étrennes, ses affinités matérielles avec d’autres publications, notamment celles du fameux éditeur P. Maes, tout cela est décrit avec une précision exemplaire, éclairant parfaitement la fabrication, la situation et le rôle de ce genre de livre, indépendamment même du texte. Une faiblesse : la mauvaise qualité de la reproduction des gravures illustrant Cinq années. Cela dit, l’essentiel est que l’ouvrage soit à nouveau disponible, et notamment que les Congolais puissent en retrouver l’accès en Afrique même. Cela a semble-t-il été prévu par les éditeurs, avec l’appui de l’association Elaeis qui avait déjà distribué Papier blanc, encre noire à Kinshasa, et il convient de les en féliciter vivement.
43 Pierre Halen (Paris)
Valsecchi Pierluigi, I signori di Appolonia, Poteri e formazione dello Stato in Africa occidentale fra xvie xviiie secolo, Roma, Carocci, 2002 (ISBN : 8 84302 146 X).
44 Comme le sous-titre le laisse entendre, cet ouvrage ne s’affiche pas comme une classique monographie historique destinée à combler le vide qui dans l’historiographie des « mondes akan » affecte le pays nzema. Et la période circonscrite couvre les deux siècles qui ont précédé la construction du royaume nzema (ou royaume d’Appolonie) au milieu du xviiie siècle, temps généralement réputé obscur et évité par les historiens, du moins lorsqu’ils partagent avec les traditionnistes locaux l’idée que tout commence à la naissance de l’État. Voilà deux indications qui suggèrent au lecteur qu’il a affaire à un ouvrage innovant à bien des égards.
45 Dans la très riche bibliographie qui fait des États et sociétés akan – principalement la Confédération asante et les sociétés côtières fréquentées précocement par les Européens – la partie sans doute la mieux connue du continent africain, le pays nzema faisait jusqu’ici piètre figure. Il a été en effet visité par des anthropologues, pour la plupart des Italiens venus à la suite de Grottanelli, mais bien rarement par des historiens [22]. Dans les histoires générales de l’Afrique subsaharienne le royaume nzema, ou royaume d’Appolonie, est à peine mentionné [23]. Est-ce en raison de sa situation, sur le flanc sud-occidental d’un « centre » où se sont succédé les grandes entités politiques akan : Adanse, Denkyira et Asante ?
46 Dans l’espace akan, le Nzema – situé entre les lagunes formées par le fleuve Tano et la Bia à l’ouest et le Cap des Trois Pointes à l’est et parcouru en son milieu par le fleuve Ankobra – apparaît comme une “frontière”, au sens donné par Kopytoff à ce terme. Il est lieu de contacts et d’échanges entre le centre tenu par ces grandes entités politiques et une zone périphérique, qui s’étend (du côté ivoirien) aux bassins du Comoe et du Bandama, territoires historiques de l’expansion akan, peuplés à partir du début du xviie siècle par des migrants venus de l’est. Pour l’auteur, ces marches du monde akan se différencient du centre par « des régimes de basse densité d’ordre démographique, économique mais aussi politico-institutionnel… [avec des] formations politiques de moindre consistance [24] ».
47 En conséquence, l’auteur rejette avec force l’idée que l’historien puisse rester cantonné à l’intérieur du territoire d’un groupe « ethnique », comme l’ont fait, souligne-t-il, certains de ses prédécesseurs pour d’autres parties de l’aire akan : l’histoire du Nzema ne peut être détachée des « phénomènes de grande portée qui affectent les régions avoisinantes de manière constante, tels que les aléas du commerce entre la côte et l’hinterland, la présence et les stratégies des Européens, l’émergence des grands ensembles politiques de la zone forestière, les migrations et les interactions continuelles entre les divers groupes, impliqués dans la logique des réseaux qui opèrent à l’échelle interrégionale ».
48 Aussi l’auteur se livre-t-il à un constant va-et-vient entre ce qui est observable localement et ce qui est au même moment lisible dans un contexte largement embrassé ; ces changements d’échelle nous font passer ainsi de la microhistoire aux grandes phases et aux facteurs qui ont marqué l’évolution d’une partie importante de l’Afrique de l’ouest.
49 Pour nourrir sa réflexion, il a rassemblé des sources de diverse nature, écrites et orales : ce sont les documents anglais, hollandais, portugais, français, provenant des archives des compagnies commerciales opérant sur la Côte de Guinée, les relations de voyage de l’époque et les cartes anciennes, trop rarement mises à contribution par les historiens ; et, d’autre part, le fruit des recherches de terrain, avec recueil de traditions orales, qu’il a conduites de façon intensive, entre 1991 et 2000, dans la Western Region du Ghana.
50 Le problème initialement posé par l’auteur (chapitre 1) est celui de l’identité : qu’est-ce qu’être Nzema ? Qu’est-ce que l’Appolonie ? Et ici il part du présent afin d’analyser les différentes strates de cristallisation de l’identité nzema qui se sont superposées au cours des derniers siècles. C’est aussi une façon de déblayer préalablement le terrain où l’historien pourra ensuite s’avancer : la forte conscience identitaire actuelle ayant tendance à se projeter sur le passé, à informer sur elle-même et, dans une stratégie d’auto-légitimation, « à coloniser toute reconstruction historique ».
51 Dans la « création identitaire », il recommande d’éviter toute généralisation, telle que celle qui ferait de la période coloniale le contexte obligé dans lequel tous les ethnonymes se seraient figés, et il donne l’exemple des Asante, chez qui l’émergence de la conscience identitaire est bien antérieure à la domination britannique : il faut faire intervenir au contraire « un assemblage d’éléments produits par des époques et des circonstances très diverses », ce qui rend impossible une lecture univoque.
52 La partie centrale de ce livre (chapitres 2 à 6) est occupée par l’étude des différentes situations par lesquelles est passé le Nzema au cours de la période, autrement dit son histoire, mises en corrélation étroite avec les transformations qui affectent la zone forestière akan aux xviie et xviiie siècles (sur lesquelles se sont prononcés Ivor Wilks et R.A. Kea) et la montée des ambitions européennes.
53 Les difficultés ne manquent pas. Pour le lointain xvie siècle, les sources écrites, cartes anciennes comprises, aussi nombreuses soient-elles, sont lacunaires et abondent en mentions imprécises, ambiguës, posant des problèmes qui piquent la curiosité sans toujours la satisfaire, lorsqu’il s’agit de localiser exactement les toponymes et les ethnonymes cités, alors que font défaut les données provenant de fouilles archéologiques conséquentes. La recomposition de la géographie historique du Nzema (chapitre 2) est, par la rigueur et la prudence d’une approche à pas comptés, un modèle du genre.
54 Un autre écueil rend malaisé l’accès à la période étudiée : sa quasi-occultation dans les traditions orales, où domine tout ce qui touche au royaume d’Appolonie, et où la mémoire de « l’avant » survit de manière très atténuée, « même si elle tend à affleurer occasionnellement comme contre-lecture, lorsqu’elle se révèle utile comme argument de contestation » au présent. Et ici on touche à un problème récurrent en Afrique : les traditions relatives aux temps anciens font presque toujours coïncider l’occupation première du territoire avec le moment de la fondation de l’État, qui est aussi celui de la mise en place des hiérarchies et des légitimités locales. On se trouve alors en présence de deux versions, nous dit l’auteur : l’une donne les premiers ancêtres pour des autochtones, et dans ce cas la présence de populations indigènes est exclue ou ignorée, ou bien il s’agit d’une migration venue de l’extérieur, et l’on situe alors les populations déjà en place dans les aires périphériques de l’entité politique et non dans le noyau central.
55 L’étude, minutieuse, des différents déplacements migratoires, dont résulte le peuplement du Nzema, passe par une relecture des traditions orales qui, ici comme ailleurs, ont tendance à réduire leur diversité d’origine et leur échelonnement dans le temps à « une grande migration originelle qui s’effectue dans un contexte d’homogénéité spatio-temporelle, englobant la société dans son ensemble… et qui coïncide avec la genèse de la société politique organisée ».
56 Pour l’auteur, l’« avant », c’est-à-dire les deux siècles qui ont précédé la formation du royaume d’Appolonie et qui sont son objet d’étude [25], est indéniablement marqué par le politique : « aucune des sources utilisées ne suggère un contexte dans lequel il n’y aurait pas eu de formations politiques organisées avec une certaine consistance territoriale et démographique, une articulation institutionnelle, des différenciations dans la production, une hiérarchisation sociale », autant de traits qui ont à voir « avec une forme d’État, même si nous préférons la définir comme proto-État, micro-État, ou “État faible” [26] ».
57 Le cadre institutionnel qui prévaut alors est « une structure segmentaire recoupée horizontalement par des organisations « en corps » (corporate) basées sur les classes d’âge, sur les spécialités de métier (piroguiers, pêcheurs, spécialistes du culte), sur la richesse et la prééminence sociale (la « fraternité » des nobles-marchands). De ce tissu social ont émergé occasionnellement « des pouvoirs plus solides et plus étendus fondés sur l’initiative d’individus (des big men) qui, tout en restant autonomes, réussissent à mobiliser avec succès les réseaux de leur propre groupe d’appartenance ».
58 L’étude de ces réseaux (chapitre 7) est l’un des points forts de l’ouvrage ; ils sont fondés soit sur l’appartenance à un même abuswa – clan matrilinéaire – soit sur une parenté en ligne paternelle, soit sur des intérêts commerciaux communs, et dans chacun de ces cas leur extension dans l’espace, jusqu’à l’échelle interrégionale [27], est suivie avec attention,
59 Un fait nouveau intervient au milieu du xviiie siècle : contrairement au pouvoir d’un Jan Cony de l’Ahanta voisin, figure de prince-marchand comme il en existe quelques-uns à la Côte de l’Or à la même époque, le pouvoir édifié par les fils et successeurs d’Ano Bile en Appolonie leur survécut et devint une formation politique consolidée et stable. Comment ce passage s’est-il effecué ? Quels sont les facteurs responsables de l’émergence de l’État, et quels hommes en sont les acteurs et selon quelles stratégies (notamment en utilisant les réseaux préexistants) ? C’est là l’objet du dernier chapitre (chapitre 8).
60 Pierluigi Valsecchi, par cet ouvrage novateur, qui résulte d’une alliance étroite et féconde entre histoire et anthropologie, ouvre des perspectives stimulantes et des pistes inédites, non seulement aux historiens des mondes akan, mais à ceux de l’Afrique de l’ouest en général. On pense en particulier à de vastes aires culturelles, par exemple l’aire mandé, où le traitement des études historiques à caractère monographique pourrait être de la même manière remis en cause, et repensé, en les inscrivant dans d’autres créneaux chronologiques et à d’autres échelles spatiales.
61 Souhaitons que ce livre soit très rapidement traduit de l’italien – en espérant aussi une meilleure reproduction de l’appareil cartographique, notamment des cartes anciennes.
62 Claude-Hélène Perrot (Paris)
Vansina Jan, Le Rwanda ancien. Le royaume nyiginya, Paris, Karthala, 2001, 294 p. (ISBN : 2 84586 145 1).
63 Trente ans après la synthèse où il traçait un premier bilan des enquêtes orales menées à la fin des années 1950 sur l’histoire ancienne du Rwanda [28], Jan Vansina revient sur son terrain de jeunesse et propose une lecture plus intensive de ces sources [29], combinées avec les acquis des recherches réalisées entre-temps et aussi avec une relecture de plusieurs écrits allemands, notamment la thèse du Père Schumacher [30] et les souvenirs de l’ancien chef Kayijuka édités à Berlin [31] en 1938. Il reprend le flambeau de la rigueur historique dans l’interprétation de traditions marquées du double sceau de la performance quasi littéraire et de l’instrumentalisation politique. Il poursuit ainsi la polémique avec l’œuvre de feu l’abbé Alexis Kagame [32] qui était devenue la chronique officielle de la monarchie rwandaise, non sans être redevable à celle-ci de nombre de données. Les fondements de la critique de la chronologie dynastique de ce dernier, déjà posés de façon décisive en 1962, se retrouvent ici consolidés et affinés [33]. L’ouvrage suit le cours du temps, de l’émergence du « royaume nyiginya » au xviie siècle aux « cauchemars » du règne de Kigeri Rwabugiri dans la deuxième moitié du xixe siècle, s’arrêtant avant la conquête allemande. Ce parcours d’une histoire essentiellement politique lui permet de faire le point sur la construction de ce royaume, sur l’élaboration progressive de ses institutions et de ses pratiques de gouvernement et aussi sur la structuration sociale, en particulier sur le rôle des grands lignages aristocratiques et la cristallisation d’un clivage hiérarchique entre les catégories tutsi et hutu au cours des xviie et xixe siècles. On voit immédiatement l’intérêt de cette œuvre tant dans le débat historiographique sur la région des Grands Lacs que dans les interrogations les plus actuelles liées au génocide de 1994. La dimension polémique et l’accrochage à l’actualité sont d’ailleurs assumés à plusieurs reprises par l’auteur.
64 Ce livre est donc un événement qui mérite qu’on s’y arrête. Les questions essentielles portent sur l’existence et la nature de l’ancien État rwandais, sur l’historicité du clivage hutu-tutsi, sur la pertinence et le traitement des traditions orales, enfin sur les leçons de cette histoire ancienne dans la compréhension des tragédies contemporaines.
65 Un préalable est posé : le Rwanda n’est pas une « une nation naturelle ». Né dans les régions centrales de l’actuelle République (« l’Île de France » du pays, écrivait naguère le chanoine De Lacger [34]), il est le fruit des annexions successives opérées entre le xviie et le xixe siècle par les souverains de la dynastie nyiginya. L’auteur aurait d’ailleurs préféré placer cette référence clanique dans le titre de son livre si son éditeur n’avait fait valoir que la lisibilité de la page de couverture exigeait la présence du mot Rwanda. « Le royaume nyiginya n’est pas l’équivalent du Rwanda » écrit-il. Ce pays n’est certes ni tombé du ciel ni venu dans les bagages d’un conquérant oriental, comme l’ont durablement suggéré des mythologies locales ou étrangères, il a été forgé dans le creuset d’une histoire. Mais la formule serait trompeuse si elle laissait croire à certains lecteurs que le Rwanda n’existe qu’à partir de la domination coloniale, comme dans le cas du Congo ou de la Côte d’Ivoire. Le terme Urwanda lui-même a-t-il fonctionné comme nom commun pour désigner tout « vaste espace » ou une « surface occupée par un éparpillement » ? Peut-être, si des occurrences l’attestent, par-delà la simple déduction étymologique faisant des Banyarwanda une sorte d’essaim anonyme, au moins aux « origines ». L’abbé Kagame rappelait déjà que des expressions traduisaient cette vision de l’existence possible de plusieurs « Rwanda » Ces exercices verbaux seraient plutôt vains s’il s’agissait seulement de rappeler que les ethnonymes ont aussi une histoire, que la France contemporaine a peu à voir avec la Francia du ixe siècle et que l’expression « États unis » est particulièrement banale et interchangeable pour désigner une nation qui s’est bel et bien construite depuis le xviiie siècle, dans des frontières très différentes de celles de 2003. Enfin la vision des autres prime souvent dans ces dénominations et les anciens Barundi par exemple (les voisins du sud) voyaient très bien qui était désigné par le terme Rwanda, et ce n’était pas eux. Autre problème de définition : la langue nationale, le kinyarwanda, est-elle issue tardivement d’une culture de Cour imposée aux régions conquises (p. 249) ? Ou bien le parler utilisé aujourd’hui avec des variations dialectales par tous les Rwandais, mais aussi par les Burundais et par plusieurs groupes voisins (au Congo, en Tanzanie et en Ouganda) qui n’ont jamais (ou très épisodiquement) été assujettis à la monarchie rwandaise [35], n’a-t-il pas préexisté à la cristallisation des royaumes, avant de connaître effectivement des polarisations favorisées par les constructions politiques ? Pourquoi Jan Vansina met-il si vite à l’index cette notion de préexistence d’un espace culturel fondé sur d’autres logiques que la centralisation monarchique ?
66 La mise en perspective historique est en revanche remarquablement précise et convaincante en ce qui concerne les institutions propres à la monarchie rwandaise. Nous sommes loin de la vision figée d’une anthropologie politique « interlacustre » classant le pays dans un « cercle de la lance », selon le modèle durablement imposé par J.-J. Maquet.
67 La dimension militaire, qui rapproche le Rwanda des monarchies du nord (Nkore et Bunyoro) plus que du Burundi, est visible dès le règne de Ruganzu Ndori, véritable fondateur du royaume selon Vansina (nous y reviendrons), mais se structure au cours du xviiie siècle : contrôle de pâturages et de troupeaux par les armées créées au fil de chaque règne, affirmation du pouvoir des chefs d’armée, puis création de camps militaires sur les frontières, notamment au sud, face au Burundi, et au nord-est, face au Ndorwa. Les guerres se multiplient débouchant sur l’annexion de royaumes voisins (Ndorwa, Gisaka, Bugesera) et sur un agrandissement territorial dans toutes les directions. La centralisation du pouvoir en sort également renforcée, certains bami [36] n’hésitant pas à diriger eux-mêmes des armées et à fréquenter des camps. Ces derniers deviennent des hauts lieux de la culture politique rwandaise, où sont produits les bitekerezo, ces chroniques qui vont nourrir « la tradition orale » nationale. Il est étonnant que, face à cette réalité guerrière qui ne manque pas d’émules dans l’histoire, l’auteur se pose en moraliste, évoquant la glorification de la violence et de la fourberie comme un « legs particulièrement néfaste de l’héritage ancestral », comme si la geste homérique d’Achille et d’Ulysse avait eu une influence dans les cruautés de la cour de Byzance ou dans les crimes des colonels grecs du xxe siècle. Le rôle de la guerre, qualifiée ici de « permanente », est hélas banal dans l’édification des États modernes, en Afrique comme en Europe du xviie au xixe siècle.
68 L’autre aspect de la centralisation est la logique tributaire : les tâches et les redevances des différentes catégories de sujets s’inscrivent dans une économie agro-pastorale où les échanges sont assurés en nature et relèvent souvent de contrats sociaux. Ce domaine a fait l’objet de nombreux travaux, notamment ceux de Catharine Newbury et de Jean-Népomucène Nkurikiyimfura [37], souvent cités par Jan Vansina. Néanmoins il constitue plus le décor de son argumentaire politique que le terrain d’une réflexion centrale sur le fonctionnement et les contradictions d’un pouvoir confronté à une histoire rurale spécifique, dont les crises et les mutations entre le xviie et le xixe siècle sont importantes. Les recherches menées dans le Burundi voisin depuis trente ans par plusieurs auteurs [38], concernant les relations entre environnement, démographie, pratiques de l’agriculture et de l’élevage associés, vie sociale et prestations « politiques », pourraient inspirer une comparaison qui ferait mieux ressortir encore les singularités de la monarchie rwandaise. Le contexte démo-écologique est pratiquement le même de part et d’autre de la Kanyaru, depuis les étapes anciennes du peuplement et de l’économie reconstituées notamment à l’aide des travaux de David Schoenbrun [39] jusqu’à la crise majeure sur les plans alimentaire et épidémiologique qui caractérise la fin du xixe siècle dans cette région de l’Afrique, en passant par la révolution agricole liée à l’introduction des plantes d’origine américaine entamée au xviiie siècle [40]. La croissance démographique liée à ce tournant est mentionnée, mais la place d’un certain ordre politique dans ce contexte est réduite au seul aspect prédateur, celui notamment des ravages des armées de passage, au point de parler de « paupérisation » au xixe siècle (p. 206). La misère des journaliers sans terre, analysée par Claudine Vidal pour le début du xxe siècle [41] est perçue comme une réalité structurelle du siècle précédent. En revanche les migrations internes vers l’ouest et jusqu’au-delà du lac Kivu montrent bien un autre type de réponse durable aux pressions sociales et la chronologie courte des « défrichements » est à juste titre critiquée [42].
69 L’intérêt de l’approche historique de cet ancien royaume tient moins dans la chronique des guerres que dans le décryptage des sources orales qui permet de discerner la maturation ou l’invention des institutions qui vont constituer le tableau de la « monarchie féodale » classique décrite par les africanistes de la première moitié du xxe siècle. Il s’agit notamment du contrat de « clientèle » dit buhake, de la réserve foncière pastorale dite gikingi et de la corvée agricole dite buletwa, sans parler de la tripartition entre chefs d’armée, chefs des herbes et chefs des terres. La systématisation du buhake s’est effectuée sur une longue durée englobant la période coloniale (comme l’a montré Claudine Vidal), mais le gikingi et le buletwa apparaissent respectivement au début et à la fin du xixe siècle, sous les rois Gahindiro et Rwabugiri, les « trois chefs » à la même époque. Les sources mobilisées par Jan Vansina confirment et précisent les démonstrations de Nkurikiyimfura. Vu cet acquis il peut sembler curieux et regrettable que certains passages, nourris entre autres des analyses du R. P. Schumacher et même des descriptions de Kagame, transposent sur le passé le plus lointain la mainmise pastorale et royale sur les terres issue de ces réformes (p. 60 et 98 et 168), ainsi que l’organisation des prestations royales, selon un système de « corporations » beaucoup moins documenté que le fonctionnement équivalent analysé par Émile Mworoha ou Augustin Nsanze dans le cas burundais [43]. Il est aussi étonnant qu’après avoir daté des années 1870 le buletwa, Jan Vansina se rallie à une étymologie bizarre du mot, le faisant dériver d’un verbe décrivant la montée du lait dans le pis [44] et caricature l’hypothèse d’un glissement de sens du verbe swahili kuleta (passif : kuletwa) employé dans les caravanes de la fin du xixe siècle (un monde connu de la cour royale) pour les recrutements de porteurs [45]. Dans la même veine, l’emploi non explicité des termes « esclave » et « servile » dès la fondation du royaume au xvii e siècle (p. 77 et 81) appauvrit la problématique d’une histoire sociale qui voit apparaître traite et esclavage sous le règne de Rwabugiri, à la fin du xixe siècle [46] dans le cadre de nouveaux échanges avec l’Est [47].
70 Autant le mirage de la continuité résiste donc dans le champ socio-économique, autant, sur le plan religieux, Jan Vansina excelle à démontrer la rupture intervenue sous le règne de Rujugira au xviiie siècle dans la gestion des rituels royaux : assujettissement à la Cour du culte initiatique du kubandwa, nouvelle liturgie funéraire, remaniement de la titulature et du cycle dynastiques, resserrement de la liste des clans « matridynastiques », recomposition de la connaissance ésotérique du passé du royaume, mise en scène du Buganza comme lieu originel. Toutes ces réformes, favorables aux grands lignages tutsi des reines mères et aux familles de ritualistes, sont paradoxalement le fait d’un souverain qui fut probablement un usurpateur. Face à ce magnifique exemple de codification, pourquoi affirmer néanmoins qu’il n’y avait pas de « droit codifié » à la cour du mwami (p. 118) ? Cette histoire à la fois politique et religieuse gagnerait aussi à être articulée à la cartographie des lieux saints de la royauté qui existe par ailleurs.
71 La dernière étape de cette discussion sur l’ancienne monarchie rwandaise est celle du tournant de la fin du xixe siècle, articulé aux premiers contacts non africains et à la conquête allemande reconnue par le mwami Musinga en 1897. Dans la vision historique pessimiste suggérée par Jan Vansina, le règne de Rwabugiri représente un sommet qu’il exprime en termes de « cauchemar », de « marée de terreur », de pseudo-centralisation qui « moissonna une catastrophe sociale »… On savait certes que cette époque fut celle des calamités (famines, épizootie gigantesque, éruptions volcaniques…). La multiplication des conflits extérieurs, les souvenirs de révoltes internes (sans doute mieux conservés que pour des périodes plus reculées), le despotisme du souverain, les crimes politiques, enfin le coup d’État sanglant qui abrège le règne de son successeur quelques mois après sa mort, alimentent aisément le tableau catastrophique que ce livre brosse d’un règne habituellement considéré comme une sorte d’apogée du Rwanda précolonial et les historiens ont le droit, voire le devoir, d’être sacrilèges face aux mémoires officielles. Mais l’auteur n’a-t-il pas réglé de façon excessive le sort de ce règne ? Tout y apparaît comme négatif au risque de friser la contradiction. Même l’extension territoriale est contestée, le pays étant censé avoir toujours en 1900 les frontières de 1867, alors qu’on apprend ailleurs que le contrôle du Gisaka et celui du Bufumbira ont été achevés sous Rwabugiri. Le renforcement de « la puissance centralisatrice de la cour », visible dans la territorialisation stricte des armées, est finalement défini comme une « anarchie centralisée », comme un contrôle porteur de désordre en lui-même. En son temps, le chanoine de Lacger, l’historiographe classique de la génération coloniale, avait souligné aussi la « cruauté pure », caractéristique, selon lui, de ce règne [48]. Mais faut-il tirer spécialement pour le Rwanda des conclusions qui pourraient être les mêmes pour les hauts faits par exemple des kabaka du Buganda ou d’autres « rois maudits » sous des cieux plus tempérés ? La chronique souvent scandaleuse des empereurs julio-claudiens laissée par Suétone serait trompeuse si l’on oubliait ce que représentaient ces despotes dans les provinces assujetties à l’ordre romain. Comparaison n’est certes pas raison, mais l’histoire rwandaise manque cruellement de sources régionalement diversifiées et qui ne soient pas les produits de la culture des cours et des camps. En outre l’appréciation du système politique de ce pays à la fin du xixe siècle est rendue très délicate par la comparaison implicite qu’elle suggère avec les effets de la domination coloniale qui prend la relève au début du siècle suivant. Le bilan de celle-ci peut être discuté, sans nourrir ni livre blanc ni livre noir, mais son impact est incontournable même durant la période allemande (entre 1897 et 1916). « Les Allemands ne s’ingérèrent pas dans les affaires domestiques du royaume » lit-on p. 227 : c’est vite oublier les interventions armées qui brisèrent plusieurs dissidences et consolidèrent le pouvoir d’un mwami particulièrement contesté. Musinga aurait sans doute vu son règne abrégé sans cette intervention étrangère [49]. En outre la création par le résident Kandt d’une nouvelle catégorie de chefs affectés aux besoins de son administration indirecte préfigure les réformes territoriales belges.
72 Les interrogations sur l’impact du régime colonial portent surtout sur la nature du clivage entre Hutu et Tutsi, et tout le monde attendait évidemment ce qu’apporterait la synthèse de Jan Vansina à ce sujet. Le champ des interrogations sérieuses est bien balisé (p. 33 et 178) : d’une part « rejeter radicalement… les conjectures de grandes migrations massives qui jonchent la littérature », d’autre part « péremptoirement rejeter l’avis de ceux qui attribuent la distinction entre Tutsi et Hutu, et leur hostilité mutuelle, aux idées et aux actions des maîtres coloniaux ». Des citations précises illustrant ces clichés extrêmes auraient pu être fournies. Mais l’essentiel réside dans la dynamique sociale et politique qui est avancée pour expliquer la cristallisation d’une opposition devenue si virulente à la fin du xxe siècle. Jan Vansina raisonne à partir des deux réalités qui ressortent de l’histoire ancienne du pays : le legs d’un dualisme, au moins mental sinon toujours vécu, entre une vocation pastorale affectée aux Tutsi et une vocation agricole réservée aux Hutu, et d’autre part la connotation hiérarchique que l’on voit fonctionner clairement au xixe siècle au profit des Tutsi, ceux-ci constituant (certes pour une minorité d’entre eux) l’essentiel des grandes familles aristocratiques dont l’ascension nous est décrite avec précision. Comme cette terminologie identitaire ne fonctionne pas sur le même registre, tutsi étant une sorte d’ethnonyme intraduisible (tout comme twa pour désigner la petite minorité de chasseurs-potiers), alors que hutu indique la dépendance de façon souvent péjorative [50], l’auteur suppose que la généralisation de ce dernier terme est relativement récente, liée au renforcement du pouvoir d’une aristocratie tutsi associée à la dynastie nyiginya et à la mise en scène de cette hiérarchie à la cour et dans les armées. Sinon les groupes des régions périphériques s’identifiaient plutôt selon des terminologies géographiques ou claniques.
73 Cette mise en perspective sociale dans la moyenne durée de l’histoire politique du pays est particulièrement stimulante. Mais on ne peut se cacher que des interrogations persistent. La connotation sociale n’a pas empêché des familles dirigeantes de continuer à être considérées comme hutu, mais, à vrai dire, essentiellement dans des régions très périphériques [51]. Et surtout nombre de groupes tutsi pauvres s’accrochent à leurs ancêtres et à leurs quelques vaches pour affirmer toujours leur identité « pastorale ». Le récit de Jan Vansina est parsemé de cas de Hutu riches ou, sous le règne de Rwabugiri, d’une « nouvelle élite d’hommes d’humble origine » (sans d’ailleurs que cela renvoie clairement à une origine hutu ou tutsi pauvre, comme si cette affiliation n’était pas si importante), mais aussi de Tutsi éprouvés par le système et contraints à fuir vers l’ouest dans l’actuel Congo (par exemple les ancêtres des futurs Banyamulenge). Nous apprenons que sous Rwabugiri « disparut la fleur de la noblesse nyiginya » (p. 217), mais plus largement : « Qui se rappelle que les petits éleveurs et non les agriculteurs furent la cible par excellence de la rapacité des grands pendant une bonne partie de l’histoire de ce royaume ? » Cette complexité des situations souligne du même coup l’ambivalence durable de la terminologie qualifiée aujourd’hui d’ethnique.
74 Cet apport rend un peu étranges quelques formulations imprudentes reflétant une récurrence de ce qu’on pourrait appeler l’idéologie astridienne, en pensant aux schémas en cours dans les années 1950 à l’IRSAC [52] basé à Astrida (actuel Butare), à savoir deux traits : la pertinence du critère biologique dans la définition sociale (« trois populations biologiquement différentes au xxe siècle », p. 53) malgré les alliances et les changements de statuts décrits par ailleurs, et d’autre part la tentation de maintenir ce que J.-J. Maquet avait intitulé [53] une « prémisse d’inégalité » en suggérant un peu hâtivement une transposition possible au xviie siècle de rapports sociaux constatés au xixe siècle : l’attribution au terme tutsi du sens d'« élite politique » tandis que le pasteur se serait intitulé hima d’une manière générale (p. 52) nous semble particulièrement fragile, de même que le diptyque entre « territoires lignagers agricoles » et « seigneuries pastorales » censé précéder la formation du Rwanda, comme si la dimension lignagère devait être absente chez les éleveurs et la dimension militaire inconnue chez les agriculteurs [54]. En ce sens, la caractérisation des différents royaumes de la région mériterait une discussion détaillée qui ne peut être développée ici.
75 Mais le point le plus discutable concerne le champ sémantique du terme ubwoko, « catégorie, sorte, espèce », appliqué aujourd’hui couramment aux « ethnies » et jusqu’au premier tiers du xxe siècle aux « clans ». Certes, ce terme général peut avoir fonctionné avec diverses applications, mais « l’inscription de cette qualité (hutu ou tutsi) sur toutes sortes de papiers de recensement » (p. 178) a manifestement contribué à fixer en priorité dans l’esprit des générations contemporaines le sens d’« ethnie » ou de « race », au détriment de son usage antérieur. Mais, tout en reconnaissant le primat de l’appartenance clanique dans le Rwanda des xviie et xviiie siècle, Jan Vansina veut s’en tenir à l’ancienneté du sens de « race » sur la base d’un dictionnaire de 1926. Dans cette affaire, le poids relatif des différents mots mérite d’être apprécié plus attentivement. En effet, l’écran idéologique de la période coloniale, profondément marqué par un racisme obsédant (opposant « Hamites » et « Bantous ») est incontournable dans l’analyse des sources. Ce problème ne se résume pas à l’emploi occasionnel du mot Rassenhass (haine raciale) en 1898 par un officier allemand. Par exemple les légendes d’origine recueillies au début du xxe siècle attestent déjà l’influence, non seulement de la situation politico-clanique de l’époque (la puissance du lignage matridynastique des Bega), mais aussi le subtil jeu de miroirs qui s’installe entre un informateur rwandais et un missionnaire-ethnographe dans une relecture du récit du héros fondateur Kigwa [55]. Bien au-delà d’une « manipulation » coloniale, il faut suivre les réinterprétations des acteurs rwandais à l’écoute de ce qui était bon à penser pour les maîtres européens et donc indirectement pour leurs propres intérêts. Cette dialectique historique, abondamment étudiée va au-delà d’une abstraite « corrosion coloniale » (p. 48).
76 En revanche l’ouvrage fournit des données importantes pour un débat sur la nature déjà « ethnique » de plusieurs révoltes de la fin du xixe siècle, notamment d’après la thèse du Père Schumacher. Autant de pistes de recherches. En effet, d’autres dimensions sont chaque fois présentes, comme dans les révoltes mieux connues du début du xxe siècle, à savoir les résistances régionales, les vendettas locales ou les prophétismes inspirés par le thème du « roi caché » contre le souverain en place [56].
77 On voit que l’interrogation latente de cet ouvrage est celle de la pertinence des sources orales dans la reconstitution du passé politique et social d’un pays, c’est-à-dire de l’interprétation des traces narratives laissées dans la mémoire collective telle qu’elle a été recueillie depuis le début du siècle dernier. Jan Vansina, dont le rôle a été déterminant il y a quarante ans dans l’élaboration du statut scientifique de ce type de sources [57], et dans l’intégration de plein droit de l’oralité dans les corpus de la documentation historique, est resté fidèle aux exigences du métier d’historien [58], mais avec, semble-t-il, plus de suspicion que naguère à l’égard de la fiabilité des traditions les plus anciennes. En 1962, il soulignait déjà la rupture profonde que représentait le règne de Ruganzu Ndori dans l’apparente continuité dynastique du Rwanda. Il fait un pas de plus en 2001 en renvoyant en appendice les traditions des « règnes » précédents, traitées de « bricolage imaginatif » et il ironise sur le seul fait de mentionner ces traditions même avec des réserves sur le sérieux de tout le paquet « événementiel » rapporté pour la période précédant le xviie siècle [59]. Cette option radicale risque cependant de jeter à la poubelle des éléments de ce qu’on pourrait appeler une archéologie du langage et qui pourraient relever d’interprétations, combinant un décryptage culturel, une analyse linguistique et la prise en compte des relations avec un environnement de sites sacrés et/ou archéologiques, comme cela s’est fait couramment dans les études sur les civilisations antiques. Entre l’historicisation naïve de « l’empire des Bacwezi » et la discussion de ce que nous apprennent en parallèle ce corpus de légendes et les fouilles réalisées dans l’Ouest de l’Ouganda, il y a une marge méthodologique qui ne débouche pas sur le rejet absolu [60]. Homère ou la Chanson de Roland seraient-ils à bannir a priori en vertu des bricolages et des anachronismes que recèlent ces œuvres tardives par rapport à leur sujet ? En outre, le principe de précaution qui nous est recommandé (mieux vaut écarter que risquer) vaudrait aussi pour nombre de bitekerezo des xviie et xviiie siècles sur lesquels le discours historique s’appuie en fin de compte à coup de « probablement » et de « certainement » qui jalonnent le récit. J. Vansina nous montre lui-même comment il est possible de récupérer certains éléments des traditions anciennes (p. 67 et 272) et comment les traditions postérieures à Ndori peuvent aussi être douteuses (p. 71). Il est en revanche étonnant de voir décrite comme quasi historique « la royauté du pays de Ryangombe », le héros du culte initiatique du Kubandwa apparenté aux déités cwezi (p. 60), et même de voir dans la prophétie du roi Mazimpaka (début du xviiie siècle), qui avait vu un bateau dans le ciel, le reflet fidèle d’une connaissance de l’océan Indien, voire de l’artillerie (p. 147). Surtout, on peut être surpris de l’assurance avec laquelle le personnage de Ruganzu Ndori est décrit : ce héros fondateur manifestement associé, dans sa légende, au rayonnement prestigieux des royautés d’ascendance hinda comme le Karagwe ou le Nkore à l’est et au nord, mais dont « on ignore tout de ses vrais antécédents ۠(p. 64), est cependant identifié sans hésitation comme hima, un fait qui aurait été de notoriété publique dans les années 1920, en se fondant sur un rapprochement avec le bois sacré dit de Muhima, près de Kigali, rapprochement linguistique pourtant contesté par le Père Schumacher. Un mwami fondateur, de toute façon, ne peut venir que d’ailleurs, c’est le cas de tous les royaumes de la région. Le problème est chaque fois de savoir ce que recouvre cet ailleurs, mystique ou réel. Donc il nous semble que Ruganzu a peut-être été hima – mais d’où ? – et peut-être d’une autre origine, peut-être un « nouveau venu », peut-être un aventurier de son pays. Le doute méthodique reste pertinent malgré l’apparente certitude affichée sur ce point.
78 Les débats, inévitables et fructueux, que peut relancer cet ouvrage à la fois pour une meilleure compréhension de l’ancienne monarchie rwandaise, de l’historicité du clivage ethnique actuel et de l’apport des abondantes sources orales recueillies dans ce pays, conduisent à s’interroger sur la signification générale d’un livre dont la tonalité sera ressentie comme grinçante par nombre de Rwandais ou comme rassurante par ceux qui n’auront lu que ce qui leur plaira. D’autres recherches effectuées durant les trente dernières années sur le Rwanda et ses voisins ont mis en valeur les dynamiques historiques de ces sociétés sur tous les plans. Mais lorsqu’une nouvelle génération d’historiens rwandais, malheureusement plus que décimée, a entrepris elle-même de développer cette approche, elle s’est fait significativement insulter par les médias de la haine qui tenaient le haut du pavé dans les années 1990 [61]. Par-delà les conflits de mémoires actuels et les antagonismes idéologiques que le génocide de 1994 a portés à son comble, l’ouvrage de Jan Vansina vient donc à point nommé pour rappeler que l’histoire du Rwanda devait être interprétée dans sa longue durée, mais aussi qu’il était temps de réagir contre la récurrence de la vulgate fixiste, raciale et féodale qui continue à dominer les mentalités de nombre de milieux intéressés par cette région d’Afrique. L’auteur discerne en conclusion quelques fils conducteurs entre les legs d’un passé monarchique souvent violent et les catastrophes du temps présent. La principale leçon que nous tirerions quant à nous serait plutôt celle de l’attention à porter aux ruptures et aux quiproquos des fausses continuités, en suivant comme en interrogeant cet ouvrage.
79 Jean-Pierre Chrétien (Paris)
Notes
-
[1]
For a recent discussion, see R.L. Pouwels, “East Africa and the Indian Ocean to 1800, Reviewing Relations in Historical Perspective”, International Journal of African Historical Studies, 36 (2002).
-
[2]
L. de Heusch, Le Rwanda et la civilisation interlacustre, Bruxelles, U.L.B., Institut de sociologie, 1966 ; J.-P. Chrétien, « L’empire des Bacwezi. La construction d’un imaginaire politique », Annales ESC, 29e année, novembre-décembre 1985, n° 6, p. 1335-1377. C.C. Wrigley, « Some thoughts about the Bacwezi », Uganda Journal, 1958, vol. 22, n° 1, p. 11-17.
-
[3]
Évhémériste : c’est-à-dire la transformation de divinités en héros humains et historiques divinisés.
-
[4]
D.L. Schoenbrun, The historical reconstruction of Great Lake Bantu cultural vocabulary : Etymologies and distributions, Köln, Rüdiger Köppe Verlag, 1997. D.L. Schoenbrun, A green place is a good place. Agrarian change, gender and social identity in the Great Lakes region to the 15th century, Oxford, James Currey, 1998.
-
[5]
C. Vidal, « De la contradiction sauvage », L’Homme, 1974, vol. XIV, n° 3-4, p. 5-58 ; C. Vidal, « De la religion subie au modernisme refusé. “Théophagie”, ancêtres clandestins et résistances populaires au Rwanda », Archives des sciences sociales des religions, juillet-décembre 1974, n° 38, p. 63-90 ; C. Vidal, « Enquêtes sur l’histoire et sur l’au-delà », L’Homme, 1984, vol. XXIV, n° 3-4, p. 61-82.
-
[6]
C. Obbo, « Healing, cultural fundamentalism and syncretism in Buganda », Africa, 1996, vol. 66, n° 2, p. 183-201.
-
[7]
Oumelbanine Zhiri, L’Afrique au miroir de l’Europe : fortunes de Jean-Léon l’Africain à la Renaissance, Genève, Travaux d’humanisme et renaissance no. 247, 1991, p. 13.
-
[8]
Descripcion general de Affrica, con todos los successos de guerras que a avido entre los infideles, y el pueblo Christiano, y entre ellos mesmos desde que Mahoma invero su secta hasta el año del Señor mil y quinientos y setenta y uno, 3 vols. (vols. 1-2 Malaga 1573 ; vol. 3 Granada 1599).
-
[9]
Specchio geografico, e statistico dell’impero di Marocco (Genova, Pellas).
-
[10]
See for example Mohammed Mehdi al-Hajoui, Hayat al-Wazzan al-Fassi wa atharuhu (Rabat 1933). Rauchenberger uses the form “Mohammed al-Mahdi al-Hajaoui” and gives 1935 for the year of publication [cf. http://www.leoafricanus.com/bibliography/index.html]. All websites mentioned were accessed on 4 March 2003.
-
[11]
Wasf Ifrîqiyâ, tr. Muhammad Hajjî and Muhammad al-Akhdar (Rabat). According to the catalogue of the Library of Congress, an earlier Arabic translation by ‘Abd al-Rahmân Hamîdah and ‘Alî ‘Abd al-Wâhid appeared in Saudi Arabia in the 1970s. Both are translations of the French edition of 1956 (see footnote 19 below).
-
[12]
See for example the entry “Leone Africano” in Enciclopedia italiana di scienze, lettere, ed arti, vol. xx, p. 899 (Roma 1933, Istituto della Enciclopedia italiana).
-
[13]
The alternative identification is suggested in the leaflet published by the National Gallery of Art for the gallery 22 where the painting is kept [http://www.nga.gov/collection/pdf/gg22en.pdf] ; for a reproduction of the painting, see [http://www.nga.gov/cgi-bin/pinfo?Object=45854 +0 + none].
-
[14]
« Note sur les “grands voyages” de Léon l’Africain », Hespéris, xli, p. 379-94.
-
[15]
The source for Leo’s residence in Tunis is the Austrian scholar Albrecht von Widmanstetter who had arrived in Italy in order to study Oriental languages. In 1531 he decided to travel to Tunis to meet “Leo Eliberitanus”, as he called Leo Africanus. Considering Widmanstetter’s zeal to meet Leo, he would certainly have traced Leo’s residence, if the latter had been staying in Italy. See the introduction to Widmanstetter’s Syriac translation of the New Testament (Liber Sacro Sancti Evangelii de Iesu Christo Domino et Deo nostro, Wien 1555).
-
[16]
Bernard Lewis, The Muslim Discovery of Europe, Londres, Weidenfeld and Nicholson, 1982, p. 90.
-
[17]
Humphrey J. Fisher, “Leo Africanus and the Songhay Conquest of Hausaland”, International Journal of African Historical Studies, xi, 1 (1978), p. 86-112.
-
[18]
Kitâb al-masâlik wa-’l-mamâlik. All surviving manuscripts are incomplete and the greater part of the text is still unpublished. For an annotated French translation of the sections on the Sahara and the Land of the Blacks (Bilâd al-Sûdân), see Vincent Monteil, « Al-Bakrî (Cordoue 1068), routier de l’Afrique blanche et noire du Nord-Ouest. Traduction nouvelle de seize chapitres, avec notes et commentaire (sur le manuscript arabe 17 Bd-PSS/902 du British Museum) », Bulletin de l’Institut Fondamental d’Afrique Noire, sér. B, xxx, p. 39-116 ; for an English translation, see N. Levtzion & J.F.P. Hopkins, Corpus of Early Arabic Sources for West African History (Cambridge 1982, Fontes Historiae Africanae, Series Arabica IV), p. 63-87.
-
[19]
Jean-Léon l’Africain, Description de l’Afrique. Nouvelle édition traduite de l’italien par A. Épaulard et annotée par A. Épaulard, Th. Monod, H. Lhote et R. Mauny, 2 vols. (Paris, Publication de l’institut des hautes études marocaines lxi).
-
[20]
Leo Africanus, The History and Description of Africa and of the Notable Things Therein Contained, Written by al-Hassan ibn-Mohammad al-Wezaz al-Fasi, a Moor, Baptised as Giovanni Leo, But Better Known as Leo Africanus. Done into English in the year 1600, by John Pory, and now edited, with an introduction and plates, by Dr Robert Brown, 3 vols. (London, Hakluyt Society, 1st series, xcii-xciv).
-
[21]
Cf. the website of ‘Leo Africanus Project’ at Trent University (Peterborough, Ontario, Canada), [http://www.trentu.ca/colleges/otonabee/leo/front.htm].
-
[22]
Outre l’auteur lui-même, dont les enquêtes ont débuté en 1991, J.-Y. Ackah, Kaku Ackah and the Split of Nzema, M.A. thesis, University of Ghana, Legon, 1963.
-
[23]
Il est pourtant bien présent du côté ivoirien dans la mémoire des Eotilé et des Anyi du Sanwi, avec la figure du très redouté roi Kaku Ackah (1832-1848).
-
[24]
Frontière, le Nzema l’est aussi du point de vue linguistique : d’anciens parlers supplantés par la langue nzema actuelle sont assez voisins de ceux de l’abure, l’Éotilé, l’esuma au sud-est de la Côte d’Ivoire.
-
[25]
Notons que la période antérieure à la fondation de l’État asante a été récemment mise en évidence par Gérard Pescheux, qui s’est appuyé sur l’analyse de récits mythiques et de rituels. G. Pescheux, Parenté, pouvoir, histoire chez les Asante xviie - xviiie siècles, Paris, Karthala, 2003.
-
[26]
Expression de Fabio Viti appliquée au mode d’organisation politique baule. F. Viti, « Un pouvoir contre l’État, anthropologie politique du Baoule (Côte d’Ivoire) », in Mondes Akan, Identité et pouvoir en Afrique occidentale / Akan Words, Identity and Power in West Africa (sous la dir. de Pierluigi Valsecchi et Fabio Viti), Paris, L’Harmattan, 1999, p. 289-333.
-
[27]
Particulièrement importante dans le cas de l’abuswa.
-
[28]
J. Vansina, L’évolution du royaume Rwanda, des origines à 1900, Bruxelles, Académie royale des Sciences d’Outre-Mer, 1962, 101 p. (réédité en 2000).
-
[29]
Il vient aussi de publier une anthologie de ces traditions orales : « Historical tales (ibitéekerezo) and the history of Rwanda », History in Africa, 2000, n° 27, p. 375-514.
-
[30]
P. Schumacher, Ruanda, thèse diffusée sous forme microfilmée, Posieux, Micro-bibliotheca Anthropos, 1958.
-
[31]
Kayijuka, « Lebensgeschichte des Grossfürsten Kayijuka und seiner Ahnen seit Sultan Yuhi Mazimpaka, König von Ruanda. Von Ihm selbst erzählt, übersetzt von Dr Peter Schumacher », Mitteilungen der Ausland-Hochschule an der Universität Berlin, 1938, 61/3, p. 103-170.
-
[32]
Œuvre synthétisée dans A. Kagame, 1972, Un abrégé de l’ethno-histoire du Rwanda, Butare, éditions universitaires du Rwanda et idem, 1975, Un abrégé de l’histoire du Rwanda de 1853 à 1972, Butare.
-
[33]
Sans méconnaître l’apport du regretté J.-N. Nkurikiyimfura, « La révision d’une chronologie : le cas du royaume du Rwanda », dans C.-H. Perrot (éd.), Sources orales de l’histoire de l’Afrique, Paris, CNRS, 1989, p. 149-180.
-
[34]
L. de Lacger, Ruanda, Kabgayi, 1959, p. 96.
-
[35]
Les langues des groupes 61 à 67 dans la classification des langues bantu de cette région (des volcans Virunga et du lac Kivu au Tanganyika et aux vallées de la Kagera et de la Malagarazi), où l’intercompréhension des locuteurs est aisée, voire totale.
-
[36]
Pluriel de mwami, le roi.
-
[37]
C. Newbury, The cohesion of oppression. Clientship and ethnicity in Rwanda, 1860-1960, New York, Columbia University Press, 1988 ; J.-N. Nkurikiyimfura, Le gros bétail et la société rwandaise. Évolution historique : des xiie-xive siècles à 1958, Paris, L’Harmattan, 1994.
-
[38]
Sur les travaux de Christian Thibon, Hubert Cochet, Augustin Nsanze, parmi d’autres, voir le compte rendu publié dans le prochain numéro d’Afrique & histoire.
-
[39]
D. Schoenbrun, A green place, a good place. Agrarian change, gender and social identity in the Great lakes region to the 15th century, Portsmouth, Heinemann, 1998.
-
[40]
J.-P. Chrétien, « Agronomie, consommation et travail dans l’agriculture du Burundi du xviiie au xxe siècle », dans Cartier M. (éd.), Le travail et ses représentations, Paris, 1984, p. 123-178 ; ibid., « Les années de l’éleusine, du sorgho et du haricot dans l’ancien Burundi. Écologie et idéologie », African Economic History, 7, 1979, p. 75-92 (pour ne citer que les premières publications mettant en valeur cet événement).
-
[41]
Voir p. 167, d’après C. Vidal, « Économie de la société féodale rwandaise », Cahiers d’études africaines, 1974, 1, p. 52-74.
-
[42]
L’hypothèse d’une datation courte est malencontreusement attribuée à Henri Moniot (p. 166) pour un compte rendu paru dans les Annales ESC (1977, 2) où ce dernier synthétisait les recherches de Claudine Vidal.
-
[43]
É. Mworoha, Peuples et rois de l’Afrique des lacs, Dakar, NEA, 1977 ; A. Nsanze, Le Burundi ancien. L’économie du pouvoir de 1875 à 1920, Paris, L’Harmattan, 2001, (thèse Paris 1, 1987).
-
[44]
Kuleeta, verbe intransitif.
-
[45]
L’auteur de cette hypothèse, Émile Mworoha (op. cit., p. 232-233) décrit moins cette innovation comme « essentiellement coloniale » que comme une innovation liée à des contacts extérieurs contemporains et systématisée à l’époque coloniale.
-
[46]
E. Mujawimana, Le commerce des esclaves au Rwanda, mémoire de licence, Université nationale du Rwanda, 1983.
-
[47]
L’auteur signale lui-même ce commerce extérieur, même s’il confond (p. 221) le carrefour commercial du Rusubi (de culture zinza) avec le Bushubi.
-
[48]
L. de Lacger, 1959, op. cit., p. 356.
-
[49]
Cf. J.-P. Chrétien, « La révolte de Ndungutse (1912). Forces traditionnelles et pression coloniale au Rwanda allemand », Revue française d’histoire d’outre-mer, 1972, LIX, 4, p. 645-680 ; A. Des Forges, « “The drum is greater than the shout” : the 1912 rebellion in northern Rwanda », dans D. Crummey (ed.), Banditry, rebellion and social protest in Africa, Londres, Heinemann, 1986, p. 311-331.
-
[50]
« Des serviteurs même d’ethnie tutsi étaient traités de Hutu à la cour avant Mazimpaka » (p. 173).
-
[51]
Mais il faudrait raisonner aussi à partir du cas burundais, également concerné, et où l’affectation hutu n’avait rien de déshonorant même à la cour royale, au point que « l’anoblissement » dit kwihutura, fréquent au Rwanda, ne semble guère y avoir fonctionné avant la période coloniale.
-
[52]
Institut royal des sciences en Afrique centrale.
-
[53]
J.-J. Maquet, Le système des relations sociales dans le Ruanda ancien, Tervuren, MRAC, 1954, p. 184-196.
-
[54]
Les références données renvoient notamment à Kagame dont on connaît l’a priori sur le rôle des « Hamites » dans la construction politique et sociale du pays.
-
[55]
P. Loupias, « Tradition et légende des Batutsi sur la création du monde et leur établissement au Rwanda », Anthropos, 1908, III, 1, p. 1-13. Voir J.-P Chrétien., « Mythes et stratégies autour des origines du Rwanda (xixe-xxe siècles). Kigwa et Gihanga, entre le ciel, les collines et l’Éthiopie », dans J.-P. Chrétien et J.-L. Triaud (éds.), Histoire d’Afrique. Les enjeux de mémoire, Paris, Karthala, 1999, p. 281-320.
-
[56]
Voir les études déjà citées de A. Des Forges (1986) et J.-P. Chrétien (1972).
-
[57]
J. Vansina, De la tradition orale. Essai de méthode historique, Tervuren, MRAC, 1961, 179 p.
-
[58]
J. Vansina, « The doom of early African history ? », History in Africa, 1997, 24, p. 337-343.
-
[59]
J.-P. Chrétien, L’Afrique des Grands Lacs. Deux mille ans d’histoire, Paris, Aubier, 2000, p. 117 et 135.
-
[60]
J.-P Chrétien, « L’empire des Bacwezi. La construction d’un imaginaire géopolitique », Annales ESC., 1985, 6, p. 1335-1377.
-
[61]
Voir les invectives du périodique extrémiste Kangura à l’adresse des historiens universitaires en novembre 1990, cité dans J.-P Chrétien (éd.), Rwanda. Les médias du génocide, Paris, Karthala, 1995, p. 109 : « Pourquoi veut-on changer notre histoire ? ». Était notamment visé Emmanuel Ntezimana pour un article courageux écrit en 1987 et diffusé en fait seulement au début de 1990 : « Histoire, culture et conscience nationale : le cas du Rwanda des origines à 1900 », Études rwandaises, I, 4, p. 462-497.