L’Afropéen est un être de la Cité. Tel l’homo sovieticus d’Alexandre Zinoviev, il est une identité en émergence qui n’existe que comme représentation mentale. Mutans mutandis, son identité se forme et se conforme aux formats de l’idéologie dominante. Aussi convient-il de ne jamais réduire les personnages à des images sous peine d’effacer la singularité des individus dans la masse collective.
UNE FOIS CETTE PRÉCAUTION PRISE, il convient au sociocritique des textes contemporains de décrire l’ensemble des bruits polyphoniques qui meuble notre espace civil : la littérature certes, mais aussi la musique, la publicité, les industries visuelle et télévisuelle, la parole telle qu’elle se forge dans toutes les interactions sociales. Car en disant l’autre, en lui donnant (du) sens, en l’inscrivant dans un cosmos, on ne le sort pas seulement du chaos indistinct dans lequel il se cherche, on donne sens à soi-même.
Aussi, nous nous proposons d’explorer cette figure polymorphe qui naît du smog social, cloud qui recouvre de sa brume le réseau de notre cité postmoderne. D’abord la question de l’identité (nationale) interroge la fiction même qui décrit une religioCité, foncièrement étrangère à l’individualisme historique du Centre. En effet, à la périphérie résonne la plurivocité des voix jazzées exprimant leur rejet d’une musique élitiste contemporaine et aléatoire et luttant pour une plus grande diverCité.
L’Afropéen est le produit d’un imaginaire culturel tant musical que littéraire…