Elle est militante antiraciste et chroniqueuse sur plusieurs médias français. Lui est historien et travaille avec son groupe de recherche ACHAC sur les représentations et imaginaires coloniaux et postcoloniaux. Elle a réalisé un documentaire, Les Marches de la liberté, où elle interroge l’antiracisme sous le prisme de la Marche pour les droits civiques de 1963 aux États-Unis et de la Marche pour l’égalité et contre le racisme de 1983 en France. Lui, a publié aux Éditions La Découverte un ouvrage collectif La France arabo-orientale. Rokhaya Diallo et Pascal Blanchard croisent leurs regards sur l’histoire et la mémoire de la Marche pour l’égalité et contre le racisme, mettant à jour tout autant les contradictions de sa mémoire que la continuité de l’événement dans l’Histoire. Ils dessinent également, sous le prisme non lointain des luttes afro-américaines, les enjeux français sur la lutte contre les discriminations.Comment l’histoire de la Marche est entrée en contact avec votre parcours ?Rokhaya Diallo : J’avais cinq ans en 1983. C’est une histoire que j’ai connue rétrospectivement. J’avais davantage un imaginaire lié à ce qui s’est passé en 1984 avec SOS Racisme. On avait tous les petites mains jaunes à l’école primaire. Je me suis intéressée à l’histoire de l’antiracisme en France quand j’ai commencé à m’engager sur cette question. Aujourd’hui je considère qu’on est héritier de cette Marche qui a émané des quartiers populaires et était portée par des gens issus de groupes minoritaires…