C’EST SUR LA TERRE BATTUE du Ghana que le football révèle toute sa splendeur. On y joue en plein cagnard : la sueur fait luire les corps qui courent sur la terre rouge, inondés de la lumière jaune du soleil d’Afrique. Le rrra-da-de-de des tambours incessants se superpose aux musiques de la langue pour faire vibrer les corps, l’air et la terre.
Là-bas, le foot n’a pas la réputation d’être un sport exclusivement masculin, pas comme en Angleterre, où je suis née. Lors d’un séjour de neuf mois où j’étudiais la musique traditionnelle du Ghana, je suis allée voir un match de foot et suis tombée amoureuse de la beauté du jeu et de ses joueuses. Moins d’une semaine plus tard, je vivais avec l’équipe, je m’entraînais deux fois par jour et bientôt, je signais un contrat de footballeuse professionnelle.
On vivait toutes dans trois chambres, deux d’entre elles pour l’équipe et la troisième pour les joueuses de l’équipe nationale, qui partageaient volontiers leur espace avec les autres. Nous faisions à manger ensemble et partagions nos repas. Si l’une d’entre nous avait un peu d’argent (donné par la famille, suite à un petit boulot ou de retour des entraînements nationaux), on achetait de la nourriture et on invitait les amies à dîner. Quand on n’avait que pour un, on invitait quand même les autres, et chacune apportait ce qu’elle pouvait jusqu’à ce que tout le monde soit rassasié.
« Meema » gérait l’équipe, hier comme aujourd’hui. Elle aussi était lesbienne. Les filles m’ont raconté qu’elles l’avaient espionnée par la fenêtre alor…