Paulin Hountondji fait l’état des lieux de la philosophie africaine depuis les années 70 jusqu’à aujourd’hui : bilan et perspectives. Il rappelle quelques jalons de son propre itinéraire.Peut-on savoir ce qui a amené l’étudiant grandi sur le continent africain (Côte d’Ivoire, puis bénin d’où votre famille est originaire), à choisir la philosophie à l’école normale supérieure à Paris ?
C’est très simple. Je suis né à Treichville (devenu aujourd’hui un quartier d’Abidjan) d’une famille protestante, à l’époque où mon père, pasteur à l’Église méthodiste du Dahomey – Togo - Côte d’Ivoire, exerçait en Côte d’Ivoire. La famille a regagné le Dahomey quand j’avais à peine 4 ans. L’exercice quotidien de la prière familiale m’a donné, je crois, le goût de la réflexion. Parvenu en classe terminale au lycée de Porto-Novo, j’ai très vite apprécié la clarté méthodique des cours de philosophie de notre professeur de l’époque, Hélène Marmottin. Devenu hypokhâgneux, puis khâgneux au lycée Henri IV à Paris, j’ai eu aussi la chance d’avoir quelques brillants professeurs, tant en philosophie que dans les autres matières : français, latin, grec, etc. Devenu normalien, j’ai hésité pendant plusieurs semaines entre préparer une agrégation de lettres et une de philosophie. Celle-ci m’attirait davantage mais était réputée plus difficile. Althusser m’a fait faire une dissertation puis m’a rassuré.Dans quelle mesure la phénoménologie de Husserl, sujet de votre thèse, vous a-t-elle éclairé sur la philosophie africaine …