Le cadre multiculturel dans lequel s’enracinent les œuvres de Koffi Kwahulé amène à s’interroger sur les rapports de cet auteur à l’Ailleurs. Il y a, en effet, chez l’Ivoirien un besoin d’aller au monde, comme si l’autre finalement conditionnait son écriture. Comment rend-t-il compte de cette altérité aussi bien spatiale que scripturale et quels en sont les enjeux au cœur d’un théâtre qui essaie de se repositionner ? Mais au-delà de la représentation de ce qui lui est étranger, semble se poser la question de l’identité que le dramaturge tente de reconstruire à travers le contact avec l’autre. Aussi, peut-on voir, de par l’histoire du théâtre africain et les clichés qui l’accompagnent, une portée idéologique et/ou politique dans ce théâtre de l’altérité ?
L’altérité en tant que thématique du théâtre de Koffi Kwahulé, se saisit à la fois à travers l’histoire racontée et les structures qui la portent. Elle fait référence, du point de vue du fond, à divers espaces culturels que le dramaturge n’hésite pas à questionner. La société occidentale, en l’occurrence, est représentée avec ses obsessions et ses scléroses. Celle-ci apparaît comme un univers complexe, carrefour de violences et de conflits multiples. L’héroïne africaine et son gang dans Bintou évoquent une tragédie urbaine au sein de laquelle se jouent la vie et l’avenir d’une jeunesse issue de l’immigration. Le dramaturge met l’accent, à travers le drame de l’adolescence, sur le malaise des cités européennes où foisonne une multitude de communautés en proie à une crise identitaire et culturelle…