Ma relation au théâtre de Koffi Kwahulé est basée sur la pratique de l’atelier, de ce corps à corps avec le texte qui naît du travail des comédiens sur le plateau. Ma rencontre avec Jaz s’est faite dans l’atelier de pratiques théâtrales que j’anime à l’Université de Paris III et qui, cette année-là comportait une majorité de filles. Choisie pour une raison pratique au départ, cette pièce n’a cessé de m’interpeller, puisque depuis plus de trois ans, je l’ai travaillée dans toutes sortes d’ateliers, avec des étudiants mais aussi des comédiens amateurs et professionnels, de tous âges et de toutes origines. Et quel que soit le public, les réactions sont souvent les mêmes : un certain silence à la fin de la lecture, des réactions émotionnelles diverses qui vont de la peur à affronter la complexité du texte au rire pour cacher la gêne, du « c’est génial » à « c’est glauque ! » pour terminer par l’envie de découvrir ce qui se cache derrière la banalité de cette fable, dont l’écriture poétique emporte l’acteur, le spectateur et le lecteur au-delà de la trivialité du quotidien.
De ce travail sur le plateau, de cette « mise en corps » du texte, est née peu à peu, une réflexion sur la forme que pourrait prendre une mise en scène qui ouvrirait le monologue de Jaz vers un récit à plusieurs voix. Ce monologue doublé d’un seul instrument qui, comme l’indique la seule didascalie de ce texte« troue/est trouéEnlace/est enlacéPar la voix de la femme » s’est ouvert aussi, grâce à la dynamique des corps, à une polyphonie musicale…