Maria Brewer aborde le théâtre contemporain à la lumière de ce que Kwahulé appelle “l’agora of communication” et ses espaces-temps oppositionels dans les théâtres français et francophones actuels. En premier lieu, elle convoque Koltès et le “deal”, l’échange symbolique et ses limites, puis Kwahulé et les corps, les voix et la choralité des échanges matériels et symboliques. Dans les pièces de ces auteurs, il existe une remise en scène des conditions mêmes des dimensions performatives, symboliques, politiques et culturelles de la modernité.
Sur un plan à la fois matériel et symbolique, le théâtre rend perceptibles les espaces, les temps, les langages et les événements qui concourent à former continuité et changement. Pratique et pensée d’invention, le théâtre ouvre ainsi de nouveaux champs d’expérience en commun. Mais comment concevoir des théâtralités du commun dans un climat de crise de la commune mesure, du commensurable ? Depuis une trentaine d’années, le théâtre en France est profondément marqué par un questionnement des espaces de rencontre et des formes d’échange social ainsi que des conditions d’une table commune possible, une Mensa, tableau ou communitas. Ces concepts opératoires constituent des sites d’expérimentation dans l’œuvre de dramaturges et de metteurs en scène tels que Michel Vinaver, Valère Novarina, Ariane Mnouchkine, Bernard-Marie Koltès, Marie Ndiaye, Koffi Kwahulé, Marcel Zang, Kossi Efoui, Michèle Rakotoson, Caya Makhélé et José Pliya. De manière à chaque fois singulière, leur théâtre porte à la scène française les fins de Banquets sociaux et politiques passés et l’ouverture possible à d’autres liens sociaux…