Cela devient habituel depuis le dernier film en compétition officielle en 1997 : l’Afrique est très peu représentée dans les sélections du plus prestigieux des rendez-vous mondiaux du cinéma, et on ne la trouve que dans des projections parallèles. Cette année, en dehors de Dernier maquis de Rabah Ameur-Zaïmèche à la Quinzaine des réalisateurs, aucun long métrage d’un cinéaste d’origine africaine. Faut-il s’en émouvoir ? Faut-il s’en inquiéter ?
Les deux questions sont différentes. Côté émotion, on assiste à une sempiternelle salve d’artillerie pour dénoncer la mise de côté d’un Continent victime d’ostracisme, d’incompréhension ou d’enfermement dans des clichés que son cinéma refuse de servir. Côté inquiétude, les professionnels se réunissent chaque année pour constater la baisse en quantité des productions sélectionnables.
Côté émotion, il était effectivement affligeant de constater que l’Afrique en tant que sujet n’était présente cette année dans la sélection officielle que par un film grossièrement réducteur qui de plus a écopé du «prix de l’espoir» du jury «Un certain regard» : Johnny Mad Dog de Jean-Stéphane Sauvaire, produit par Mathieu Kassovitz. Pendant ce temps, un film magnifique sur le même sujet des enfants soldats, Ezra de Newton Aduaka, pourtant grand prix du Fespaco comme du festival d’Amiens, ne sortait que confidentiellement sur deux copies le 4 juin sur les écrans français. La complexité, la pudeur et la justesse de ton d’Ezra, sont parfaitement absents d…