Gus Casely Hayford, Ekow Eshun, Mark Sealy : trois directeurs d’institutions culturelles anglaises partagent leurs réflexions sur leur parcours professionnel, leur institution et la question de diversité culturelle. Qu’ils se situent dans le mainstream ou non, tous sont convaincus que le concept de diversité ne doit pas se limiter à la communauté noire mais s’ouvrir à l’ensemble des communautés d’une nation.Est-ce l’histoire de votre famille qui vous a amené à travailler dans le domaine des arts et de la culture ?
Mon frère est styliste et je me souviens qu’adolescent, il faisait des robes fantastiques. Il était doté d’un incroyable talent. J’ai toujours été fasciné pas sa discipline et ses aptitudes. C’est ce qui m’a encouragé, dès mon jeune âge à vouloir en savoir plus. Dès que j’ai pu prendre les transports tout seul, j’ai commencé à me rendre dans les musées et les galeries. Mais tout de suite, j’ai été frustré parce que les musées anglais ne reflétaient aucunement le type de complexité culturelle à laquelle j’étais confronté chez moi. Lorsque mes tantes nous rendaient visite du Ghana, elles apportaient avec elles de magnifiques objets, des tissus, et autres, dont elles parlaient avec beaucoup d’engouement. C’est ce qui m’a conduit à regarder d’un œil critique l’art qui était exposé dans les musées. Cela m’a aussi amené à réfléchir à la notion de culture et au discours culturel. La façon dont mes tantes présentaient ces objets était hautement subjective. Le récit était tronqué, modifié mais il était vivant…