Léonard Vincent, journaliste et responsable du bureau Afrique de Reporters sans frontières (RSF), revient sur l’évolution de la liberté de la presse sur le continent africain.L’Afrique est souvent présentée, à tort, comme une entité unique, comme si les problématiques étaient les mêmes d’un pays à l’autre. Est-il néanmoins possible de dresser un bilan de la situation de la liberté de la presse en Afrique ? Pouvez-vous nous rappeler quelles ont été les grandes évolutions ces dernières années ?
L’Afrique n’est pas une singularité, un continent homogène, il s’agit avant tout d’un monde divers, hétéroclite, où l’on trouve toutes les situations. L’Afrique, c’est un continent plus grand que l’Europe occidentale et j’éprouve toujours une certaine difficulté à parler de « l’Afrique » comme d’un monde qui aurait des règles uniques et pour lequel des solutions simples seraient nécessaires et suffisantes, comme certains nostalgiques du colonialisme ou panafricanistes le laissent entendre.
C’est pour cette raison que l’on ne peut dresser le portrait de la liberté de la presse en Afrique que comme une mosaïque de situations très diverses. Situations extrêmes d’abord, en Erythrée ou au Zimbabwe, où l’on a connu plutôt une dégradation ces dernières années. Ainsi le Zimbabwe s’est doté en 2002 d’un arsenal législatif très répressif à l’égard de la presse. Depuis cette date, les autorités ont régulièrement recours à ces lois répressives, dont des amendements sont venus renforcer la portée…