Directeur de publication de l’hebdomadaire satirique burkinabè le journal du jeudi, Damien Glez est également l’un des illustrateurs de presse les plus reconnus du continent. Il revient sur l’évolution de la presse satirique africaine depuis une quinzaine d’années.
« Dans un pays où 66% de la population est analphabète, les images sont un bon moyen de faire passer l’information ». Le dessinateur ivoirien Mendozza sait de quoi il parle. Et, sur un continent où le langage de la photo de presse est encore mal maîtrisé, les journalistes et patrons de presse ont vite compris l’intérêt de la caricature et du support qu’elle inspire naturellement : la presse satirique. Sachant que, en plus de la dimension graphique, l’humour permet de faire passer des messages au second degré, dans des pays aux régimes bien souvent sévères. La satire devient alors cheval de Troie de la liberté d’expression.
En Afrique, le printemps de la presse a donc souvent fleuri sous la forme de bourgeons satiriques, parfois proches de fanzines, parfois « contrefaçons » de grands frères européens, parfois étoiles filantes dans le paysage médiatique : « Le Cafard libéré » sénégalais, « Le Lynx » guinéen, « Le Kpakpa désanchanté » togolais, le « JJ » burkinabè, le « Pili-pili » ou le « Pot pourri » zaïrois, l’Ivoirien « Gbich » ou encore le « Penknife » kenyan. Ceux qui ont survécu sont bien souvent « adolescents », avec ce que ce terme contient d’impertinence, d’excès et d’anticonformisme. La fougue est au rendez-vous, parfois plus qu’en Europe…