Gaston-Paul Effa, philosophe et romancier camerounais, nous revient avec un récit au titre prophétique : Voici le dernier jour du monde. « Revenir » est en effet le verbe qui convient. L’auteur y fait part de ses connaissances en tout genre (des Fleurs du mal aux références philosophiques, de la théologie au Talmud, de Goya à Géricault, tous renvois souvent cachés, c’est-à-dire digérés). Il donne surtout la parole à un narrateur – écrivain comme lui –, qui avoue avoir quitté l’Afrique à 14 ans. Lorsqu’il y retourne vingt ans plus tard, c’est pour se faire le mémorialiste du chaos. D’où le titre déjà cité ; en voici l’explication : « La Bible dit que lorsque les hommes d’Église rencontrent l’iniquité, c’est l’annonce de la fin du monde ». On apprend très rapidement qu’un prélat a été tué par son jeune amant ; une femme danse sous la pluie, appelant le boa, qui, en copulant avec elle, la rendra riche. Plus loin, on retrouve l’allusion à la « fin du monde » dans la bouche de l’antihéros du roman, Fabien, doyen de l’université de Goa, capitale de la République de Bakassi, à qui il doit de revenir au pays. Mais le retour du narrateur est motivé par d’inavouables arrière-pensées, lesquelles ne se dévoilent qu’à toute fin du récit, et dont l’incipit rend compte parfaitement. Où l’on découvre que Voici venu le dernier jour du monde, un texte apparemment dépourvu d’intrigues, en est magistralement pourvu. En voici l’aveu : « Je n’ai pas connu mon pays. J’avais quatorze ans à peine lorsque je le quittai…