Les jeunes femmes des pièces de Koffi Kwahulé évoluent dans des univers oniriques aux échos bibliques et convoquent l’Amour, un amour rédempteur, telles des Saintes en quête d’un espace de questionnement et d’espoir en l’avenir. Hérétiques, ces nouvelles Saintes se moquent des représentations archaïques et défendent la modernité et la liberté humaine. Ce sont des créatures provocantes, loin des clichés de la Vierge pieuse et asservie.
L’utilisation de figures féminines dans l’œuvre de Koffi Kwahulé est une manière de critiquer les archétypes de nos sociétés patriarcales et impérialistes. Tout comme l’homme noir qui est racialisé à travers la multitude de signes qui le renvoient à la couleur de sa peau, à la consonance de son nom, la femme est, elle aussi, prisonnière des clichés sociaux. « Mon théâtre, confie-t-il, dit comment on tue les autres en leur imposant une identité ».
Chez cet auteur, les figures féminines incarnent à la fois la l’amour, la beauté et cristallisent une aspiration mystique. Elles affirment leur révolte dans une quête de la transcendance en s’appropriant les projections qui leur en déniaient pourtant le droit. Elles remuent les tabous qui pèsent sur le corps féminin et, contrairement aux apparences, remettent en cause toute morale religieuse pour se référer au libre arbitre de chacun(e). Ce ne sont pourtant pas des figures guerrières de luttes émancipatrices. Au contraire, l’auteur choisit des figures de femme enfant et d’adolescente qui maltraitent les fantasmes masculins…