En anthropologie comme dans bien d’autres domaines, les années 90 ont été celles du métissage. Tout anthropologue « respectable » se devait de donner son avis sur le sujet. Quinze ans plus tard, l’effet de mode étant passé, le terme devient politiquement incorrect, tel un concept vendeur dépassé. A l’île de La Réunion, le métissage est pourtant une réalité biologique et culturelle complexe, vieille de trois siècles. Une réalité avec ses paradoxes et ses limites.
A l’île de La Réunion, le métissage est une réalité biologique vieille de trois siècles et présente depuis les débuts du peuplement de cette terre initialement vierge. C’est aussi une réalité culturelle car parallèlement à l’hybridation biologique, qui a donnée naissance à un peuple, sont nés une langue, le créole réunionnais et une culture, la culture de l’île.
Pourtant, aujourd’hui sur l’île, ces réalités prêtent encore à controverse. Certains Réunionnais dévalorisent, voire nient le métissage biologique, la langue ou la culture réunionnaises. L’émergence de discours sur les origines, possédant certains relents communautaires ou porteurs d’une idéologie sur la pureté d’une race, montrent les limites de l’emploi du terme métissage dans le contexte réunionnais. Cette notion ne réduit-il pas la complexité culturelle à ce que Lévi-Strauss aurait nommé un « bricolage » ?
Connue depuis le début du XVIe siècle par les navigateurs qui y faisaient relâche, La Réunion est située au sud-est de l’Afrique, à 800 km à l’est de Madagascar et à 200 km au sud de l’île Maurice…