En 2003, Happy Sindane, un jeune garçon métis, se présente à la police de Pretoria, en Afrique du Sud, avec une histoire rocambolesque : il serait l’enfant d’un couple blanc, enlevé par leur domestique noire. L’affaire fit grand bruit. Pour Véronique Tadjo, écrivain ivoirienne, elle-même métisse et installée depuis quelques années à Johannesbourg, ce fait divers fut l’occasion de réfléchir sur les relations raciales dix ans après la fin de l’apartheid.
Le 19 mai 2003, lorsque Happy Sindane entra dans un poste de police sud-africain situé dans la banlieue de Pretoria, il se planta devant le comptoir et déclara qu’il était Blanc et que tout petit, il avait été enlevé par la domestique qui travaillait pour ses parents afrikaners. Depuis près de douze ans, il vivrait séquestré dans une township d’où il avait finalement réussi à s’échapper.
En quelques heures, l’histoire de Happy fit la une de la presse sud-africaine et étrangère. Un enfant blanc réapparaissant après avoir disparu pendant des années ! Les passions se déchaînèrent. De toute évidence, l’histoire de Happy avait frappé l’imagination collective.
Lorsque je vis le portrait de Happy pour la première fois, je remarquai immédiatement qu’il avait un physique de métis et non de Blanc. Pour moi, cela sautait aux yeux. Comment se faisait-il que personne ne semble s’en apercevoir ? Les journalistes écrivaient de longs articles dans lesquels ils se posaient sérieusement la question de son origine : était-il Blanc ou ne l’était-il pas …