Les épopées de l’actuelle république démocratique du Congo sont caractérisées par des figures de héros à la naissance merveilleuse, confrontés à des tâches herculéennes, se mesurant constamment aux autres, évoluant dans un univers de violence. Un aperçu.
Nous devons le peu d’information dont nous disposons sur les bardes et les récits épiques en république démocratique du Congo aux travaux de quelques ethnologues, linguistes et missionnaires menés entre les années 1930 et 1980 (cf. bibliographie). Au regard de ces études, nous ne pouvons que regretter d’avoir ignoré si longtemps une tradition dont l’ampleur semble avoir été extrêmement importante, et ce dans des sociétés qui, tout en étant très diverses, ont un passé jalonné de migrations, d’expansions, d’assimilations culturelles ou de conquêtes et de guerres.
Traditionnellement, en république démocratique du Congo, les bardes ne constituent pas un groupe de spécialistes ou une caste comme en Afrique de l’Ouest où les textes épiques sont l’apanage d’un groupe spécialisé. Ici, la narration de l’épopée semble être réservée à certains hommes, la transmission se faisant de père en fils ou de maître en élève ; de nombreux bardes diront même que le texte leur a été dévoilé par un esprit. Quoi qu’il en soit, ils sont tous obligés de passer par une période d’apprentissage qui peut durer des années. Les apprentis accompagnent leur maître dans ses déplacements et peuvent intervenir de temps à autre dans la narration afin de rappeler un passage au barde principal…