Sami Tchak, écrivain togolais dont j’enseignais un des romans, Place des fêtes, vint rencontrer mes étudiants à Ann Arbor, dans l’Etat du Michigan. Au-delà de cette rencontre académique, nous vécûmes, lui et moi, une expérience inoubliable, et lorsque nous nous rencontrons en France, nous ne cessons d’évoquer, non sans en rire, l’aventure qui nous était arrivée, au cœur même de la ville de Detroit.
Avions-nous découvert un autre visage de l’Amérique ?
L’Afrique était-elle une mauvaise carapace à se coltiner dans le pays de l’Oncle Sam ?
Nous allions l’apprendre très vite, certains auraient dit « à nos dépens »…
C’était un soir. Je voulais faire découvrir la ville de Detroit à Sami. Nous sous sommes donc échappés de ma ville de résidence, Ann Arbor, pour nous rendre à Detroit où nous rejoignit mon amie américaine qui vit dans cette cité.
Nous faisions des remarques sur la clameur alentour, les voitures aux jantes luisantes, l’enchevêtrement architectural de Detroit, la proximité avec le Canada, surtout la ville de Windsor.
En réalité, Sami et moi ressentions déjà un creux dans le ventre après avoir conduit pendant un bout de temps. Nous cherchions alors un bon restaurant, une cuisine plus traditionnelle, moins expéditive que celles qui pullulent à chaque intersection de la ville.
Soudain, à la hauteur du quartier Greektown, nous entendîmes quelqu’un s’égosiller, proférer des insultes. Nous nous retournâmes.
Au premier abord, nous nous imaginions que ce vocabulaire nauséeux ne nous était pas adressé…