Auteur de trois ouvrages publiés aux éditions du Serpent à plumes, Jean-Luc Raharimanana est devenu “la référence malgache” - une fois passé le seuil de l’éditeur parisien.As-tu déjà proposé tes manuscrits à un éditeur africain ?
J’ai essayé à Madagascar avant d’être publié en France. J’étais connu comme poète en herbe. A l’époque, en 89, les éditeurs ne prenaient même pas la peine de lire le manuscrit, tellement ils avaient de difficultés à éditer. Ils ne voulaient pas prendre de risque en publiant un auteur inconnu.Était-ce un risque économique ou littéraire ?
Économique certainement, moins littéraire. Même s’il y a aussi dans l’esprit des gens cette idée qu’on ne peut être écrivain et publié que si on est déjà un grand écrivain. Et ça passe toujours par la France qui transforme les écrivains en “grands auteurs”. J’en suis un exemple vivant. Le même recueil a eu un jugement différent de la part du milieu littéraire malgache avant et après la publication en France. Après la publication en France, c’est devenu tout de suite une référence de la littérature malgache. C’est un peu désolant, c’est une mentalité qui est toujours un peu colonisée.
Même si les livres publiés en France n’arrivent pas toujours sur la place du marché en Afrique, ils arrivent quand même sur la place littéraire à travers les Centres culturels français et les Alliances françaises. On ne me connaît pas par mes textes, étudiés uniquement par des étudiants, mais par les articles de journaux. Mes livres se retrouvent au programme universitaire malgache, ce qui n’est pas le cas de plusieurs auteurs publiés sur place…