Les seuls biens supportant la comparaison avec le livre seraient peut-être ce qu’il contient, et sans qui le livre n’existerait pas : la nature, l’art et la rencontre avec l’homme, moi et l’autre... Et comme raconte ce vers rapporté d’Abou Obeyda « Si tu ne fréquentes qu’une personne semblable à toi, tu n’auras fréquenté personne ». Le livre contient la langue, la sienne et la langue de l’autre, le livre est comme autant de miroirs des représentations des mondes qui nous constituent. Ce livre est encore, comme chaque rencontre, une avancée dans la construction de soi et du monde dans lequel nous vivons. Il est un objet de pouvoir et de contre-pouvoir : écrit, lu, censuré, porté aux nues ou ignoré, parfois brûlé... Il est tout et devient rien quand il se réduit uniquement à un produit commercial comme un autre. Virginia Woolf l’écrivait déjà, quand elle faisait parler un de ses personnages, écrivain et critique, dans son roman Orlando, publié en 1928 : « ‘La vérité’, dit-il en se servant un verre de vin, ‘c’est que tous nos jeunes écrivains sont à la solde des libraires. Ils pondent n’importe quoi pourvu que ça paye leurs factures de tailleur. C’est une époque.’ »
En Afrique, 90 % en moyenne des livres en vente sont importés des pays du Nord. A l’avenir, le défi à relever pour les éditeurs d’Afrique, est de produire localement ces 90 %. La situation de l’Afrique du Sud et de l’Est est plus encourageante, même si celle-ci n’est pas encore satisfaisante.
Dans les pays africains, le livre existe, les auteurs existent même s…