Le 19 septembre 2002, lorsqu’éclatent les événements (que tout le monde, alors, imagine ne durer que quelques jours, quelques semaines tout au plus), Ananias Leki Dago est dans l’avion, venant sur à Paris pour travailler. C’est à son arrivée qu’il les apprend. L’abattement se mêle à l’inquiétude. Pour ses parents, pour ses amis, son pays. Déjà, lors du coup d’État du général Gueï, il était absent. À nouveau, l’histoire se répète. Il ne peut pas faire d’images, être au cœur de l’actualité.
Jusque-là, Ananias Leki Dago le dit lui-même, il ne s’est jamais considéré comme un photographe politiquement engagé. Sa recherche est plutôt conceptuelle ; les images qu’il a produites pendant dix ans, depuis la sortie de l’école, sont le reflet du calme social régnant alors en Côte d’Ivoire. L’entrée de l’Histoire dans sa vie lui fait se demander comment mieux apporter sa pierre au continent où il veut continuer de travailler ?. Après son retour, en octobre 2002, il est confronté à une réalité éprouvante.
Dans un climat de tension, sortir son appareil- photo et prendre des images s’avère difficile et risqué. Les gens sont à fleur de peau, les réactions devant un appareil peuvent être vives, difficiles à contenir. Il arpente pourtant Abidjan, notamment le quartier du Plateau. Il s’y tient un forum dans un lieu- dit La Sorbonne où se rencontrent, entre 12h et 14h, fonctionnaires, étudiants, jeunes et moins jeunes pour débattre des événements en cours, de politique. Il photographie la vie avant le couvre-fe…