Edifiante histoire que celle de la traduction de la littérature sud-africaine en français : le traducteur Jean-Pierre Richard en montre les choix et les impasses, fort liés au contexte politique, qui déterminent sa connaissance ou sa méconnaissance.
À propos de la littérature sud-africaine publiée en traduction française au cours des cinquante et quelques dernières années, comment peut-on parler de « peau de chagrin » quand une bonne centaine d’ouvrages littéraires sud-africains ont été publiés à ce jour en traduction française ? Les lecteurs francophones n’ont-ils pas aujourd’hui accès à un échantillon représentatif et relativement substantiel de la production littéraire sud-africaine du dernier demi-siècle ?
Limitons-nous à la deuxième moitié du xxe siècle car durant la première, seul un nombre infime d’ouvrages littéraires sud-africains furent publiés, que ce soit dans la métropole britannique ou directement en Afrique du Sud (notamment à des fins d’alphabétisation et souvent par le biais de missions chrétiennes, comme pour la biographie romancée de Chaka par Thomas Mofolo, publiée en 1940 et aussitôt traduite du seSotho en français, chez Gallimard.)
S’agissant de la deuxième moitié du xxe siècle et de la littérature d’Afrique (toutes zones confondues) publiée en traduction française, il saute aux yeux que l’Afrique du Sud se taille la part du lion : les trois quarts des ouvrages proviennent de ce pays, comparé aux 20 % du Nigeria dont la population est pourtant le double et malgré Wole Soyinka, premier auteur africain à recevoir le Prix Nobel (il l’a obtenu en 1986, soit cinq ans avant Nadine Gordimer)…