Couverture de ADO_104

Article de revue

Violence dans le travail d’équipe

Pages 423 à 438

Notes

  • [1]
    La loi du 5 mars 2007 affirme la nécessité de privilégier le recours à la protection administrative (intervention proposée ou demandée par la famille) sur la protection judiciaire (basée sur une décision du juge des enfants, qui a le pouvoir d’imposer une intervention dans la famille ou d’imposer un placement de l’enfant). Certaines dispositions de cette loi prévoient aussi le renforcement du droit à l’information des parents, ainsi que la mise en place d’outils propres à favoriser les relations avec les professionnels.
  • [2]
    Cet organe administratif gérait, jusqu’en 2010, les activités dévolues à l’ASE. Cependant, après la disparition de la DDASS, cet acronyme est resté présent dans l’esprit de beaucoup d’usagers, qui l’utilisent fréquemment, notamment pour évoquer ce risque d’une dénonciation par l’enfant. De nombreuses familles prêtent à ladite « DDASS » un pouvoir extraordinaire. Cet organe d’État destiné à se substituer aux parents, aurait aussi le pouvoir de « rapter » légalement les enfants. Aussi, dans l’imaginaire collectif, la « DDASS », fait figure d’autorité supérieure pouvant priver les parents de leurs enfants.
  • [3]
    En thermodynamique, ce terme désigne l’état de « désordre » d’un système. En sciences de la communication, on l’utilise pour montrer comment l’information subit des transformations et tend à se dégrader au fur et à mesure de sa diffusion (le « téléphone arabe »).
  • [4]
    Duez, 2006, p. 894.
  • [5]
    Fustier, 2000, p. 101.

1La puberté est intrinsèquement génératrice de désorganisation psychique. L’adolescent peut inconsciemment tenter de se défendre de la perturbation qu’il vit en la faisant vivre aux autres. Afin de se protéger d’un contact « traumatique » avec leur monde interne, certains se servent de leur environnement comme d’un Moi-auxiliaire en projetant dessus des vécus que leur propre appareil psychique n’est pas à même de traiter. Ce « partage d’affects » a des répercussions complexes, parfois dévastatrices, surtout lorsque beaucoup de protagonistes gravitent autour du sujet. Sans que personne ne puisse comprendre pourquoi, des incompréhensions et des tensions émailleront les relations entre les intervenants, les empêchant d’évoluer ensemble.

2Cet article évoque ainsi un des aspects de la prise en charge de l’adolescent, lorsque ses interlocuteurs, qu’ils soient soignants ou parents, se multiplient. Il s’agit de comprendre comment la problématique d’un sujet peut affecter les relations entre les personnes qui l’entourent. Le groupe qu’elles forment peut en effet devenir le réceptacle de ce qui, chez l’adolescent, ne parvient pas à se conflictualiser. En projetant sur son environnement ses propres conflits psychiques non-élaborés, il peut inconsciemment impacter l’organisation des intervenants, entre lesquels d’intenses conflits peuvent être avivés. Nous le verrons en nous penchant notamment sur les secrets préoccupants qui sont parfois confiés aux professionnels. Ces témoignages inquiétants, inventés ou réels, peuvent en effet être l’outil d’une externalisation de conflits psychiques du sujet. Préfigurant ainsi son mal-être, il arrive qu’il amplifie certains désaccords latents entre les acteurs devenant ainsi la source d’irrémédiables scissions. Nous chercherons à montrer que si les professionnels du champ médico-social n’ont pas la possibilité d’analyser la violence qui affecte leurs liens, elle est susceptible de les détruire. Des exemples issus d’une clinique du quotidien institutionnel, cher à P. Fustier (2000), contribueront à expliquer comment la prise en charge d’un adolescent peut désorganiser les personnes chargées de le « restructurer ».

Adolescent placé, conflit de loyauté

3En matière de protection de l’enfance, la place à réserver à la famille est souvent l’objet de litiges. Il est ainsi fréquent que pour un même sujet, les positions des professionnels divergent entre ceux qui estiment qu’une séparation d’avec le milieu familial s’impose et ceux qui jugent nécessaire d’apporter un soutien aux parents. Des oppositions parfois très tranchées divisent ceux qui s’identifient à la souffrance de l’enfant et ceux qui s’identifient davantage à celle de ses parents. La différence de point de vue donne lieu à des frictions. Celles-ci sont souvent d’autant plus vives qu’elles interviennent dans un contexte de changement. Autrefois, la conception prévalente consistait à protéger l’enfant en l’extrayant assez systématiquement de son milieu familial. Le discours éducatif et social ambiant soutenait une idéalisation de l’institution, estimée bonne et thérapeutique comparativement à des parents supposés défaillants (André-Fustier, 2001). Ces derniers étaient ainsi mis à l’écart du dispositif. Ce pouvoir naguère octroyé aux institutions prenant en charge l’enfant apparaît aujourd’hui contrebalancé par des évolutions juridiques. La loi du 5 mars 2007 [1] accorde notamment une place accrue aux parents. Dans leur projet institutionnel, les structures régies par la protection de l’enfance soulignent dorénavant la nécessité d’impliquer les familles. En théorie, les choses auraient donc changé. Cependant, en pratique, le travail de partenariat ouvertement prôné ne va pas sans turbulences. La construction du lien entre parents et professionnels suscite des réticences, des malentendus et des peurs (Sellenet, 2012). Ne serait-ce qu’à cause de la rivalité qui s’installe de façon rampante entre des parents supposés « insuffisamment bons » pour leur enfant et des professionnels désireux de réparer le préjudice qu’il aurait subi. À bas bruit, caché à l’abri derrière l’idéal d’une institution dévouée, œuvre le fantasme d’un « éducateur-justicier » palliant les défaillances d’un « parent-bourreau » (Fustier, 1987). Animés par la volonté de sauver l’enfant, les professionnels seraient ainsi portés à faire disparaître ses parents. Ce fantasme d’appropriation de l’enfant tapissant l’arrière-plan du fonctionnement institutionnel participe à contrecarrer la collaboration avec les familles. Il explique les résistances que cette collaboration suscite de part et d’autre. La question du partage du soin de l’enfant induit de complexes litiges entre professionnels et parents.

4Côté parents, les réticences qui existent sont liées au fait que le placement d’un enfant engendre un vécu de dépossession. Celui-ci peut être accru quand la prise en charge institutionnelle de l’enfant s’avère bénéfique. Les parents sont effectivement renvoyés à l’idée qu’ils auraient échoué là où l’institution réussit. De plus, leurs attentes sont souvent très différentes de celles de l’institution. Parents et professionnels ne perçoivent pas de la même façon « l’intérêt de l’enfant ». C. Sellenet (2012) rappelle que cette notion est un concept mou, propre à favoriser l’arbitraire. L’intérêt de l’enfant n’étant pas objectivement saisissable, la participation des parents si elle est pensée en ces termes restera improbable, surtout si les rôles dévolus aux uns et aux autres ne sont pas suffisamment négociés. Les parents peuvent notamment avoir pour seul désir la cessation de la mesure de placement, soit que « leur progéniture leur soit rendue ». Même si des mesures administratives d’assistance leur sont davantage proposées, on constate qu’ils les vivent fréquemment comme leur étant imposées. Tout en paraissant les accepter, ils s’y opposent alors dans les faits, notamment à travers des actes manqués (« Désolé, j’ai oublié le rendez-vous » !). Généralement, moins les réticences parentales sont manifestes, plus elles agissent. Il suffit de très peu : un geste, quelques mots disqualifiant implicitement l’autre acteur de la prise en charge peuvent briser des années d’accompagnement. Cette disqualification du « partenaire », quand elle a lieu, a des répercussions on ne peut plus violentes sur le sujet.

5

Prenons ici l’exemple de l’itinéraire d’un garçon placé auprès de la famille d’accueil formée par Jean Cartry et son épouse. Après avoir littéralement fait exploser tous les cadres propices à le contenir (cassant la voiture des Cartry, brisant les fenêtres de sa classe d’école et provoquant d’incessantes rixes), Pierre s’était beaucoup apaisé (Cartry, Fustier, 2010). Cependant, les choses se sont compliquées après que le juge autorisa ses parents à lui rendre visite. L’accompagnement réalisé par la famille d’accueil fut en effet victime d’une disqualification aussi discrète que dévastatrice ; les parents murmurant régulièrement à l’oreille de leur fils : « Tiens bon mon Pierrot, on va te reprendre bientôt ! » Le tendre poison d’un proche retour en famille, doublé de l’idée d’une rivalité éducative ayant ainsi été distillés chez Pierre, celui-ci se désorganisa. Il reproduit ultérieurement le désordre que cette situation contradictoire avait installé en lui à travers une attitude étonnante. Il confia effectivement un inquiétant secret à l’épouse de Jean : celui-ci aurait commis un acte d’agression sexuelle sur lui quand il était petit (Cartry, Fustier, 2010). Cette « confidence », potentiellement dévastatrice pour le couple semble avoir fait écho au propre tiraillement intérieur de Pierre. Déchiré entre son attachement à sa famille d’accueil et celui à sa famille d’origine, ce jeune homme n’aurait-il pas mis en scène son propre dilemme ? Aux prises avec un conflit de loyauté qu’il ne devait pas parvenir à élaborer psychiquement, Pierre aurait inconsciemment tenté de s’en préserver en le répercutant au-dehors de lui. Au moyen de ce mensonge potentiellement inducteur de litiges, cet adolescent semble avoir répété dans la réalité de ses liens le conflit qu’il ne parvenait pas à élaborer. Sa tentative, plus ou moins volontaire, de briser l’union de deux adultes auxquels il était attaché pourrait être entendue comme l’expression agie d’un besoin vital de se préserver d’une menace de court-circuit psychique. Le sujet ayant affaire à une réalité dans laquelle ses objets d’attachement se divisent vit en effet une expérience traumatique. Le risque encouru est celui d’une rupture du pare-excitations. Pierre a fait référence à une agression sexuelle ; n’est-ce pas parce que la situation de dépendance affective contradictoire à laquelle il était confronté avait engendré chez lui un vécu similaire à une agression sexuelle ? La souffrance liée à l’empiètement psychique que Pierre devait vivre s’exprima dans la suite de son parcours de vie, ce jeune homme témoignant une extrême violence. Les choses se dégradèrent en effet très vite après que le jeune homme retourna finalement vivre, très temporairement, chez ses parents : il passa de foyers pour adolescents en Centre d’accueil, jusqu’au passage par la case prison (Cartry-Fustier, 2010).

6Cette situation illustre les effets délétères que produit la désunion entre les personnes formant le « maillage identificatoire » du sujet (Marty, 2009). Lorsqu’une rivalité s’installe entre elles, l’adolescent se trouve embourbé dans d’inextricables conflits de loyautés. Devenant le réceptacle des tensions qu’il perçoit dans son milieu de vie, il les incorpore en lui. Ses identifications devenant incompatibles les unes avec les autres, une situation identificatoire pathologique s’installe (Freud, 1923). Pour tenter de maîtriser le danger de désorganisation interne qui en découle, certains sujets désorganisent inconsciemment le lien entre les personnes qui les entourent. Ils projettent au dehors d’eux l’expérience interne perturbante qu’ils sentent s’installer en eux, dans l’attente que l’environnement la prenne en charge à leur place. Cette thèse sera illustrée par la situation d’une adolescente ayant reproduit avec le psychologue la discorde opposant sa famille aux acteurs de l’Aide Sociale à l’Enfance (ASE). Alors que dans l’exemple précédent, Pierre s’est inconsciemment fait le porte-parole de ses parents en attaquant sa famille d’accueil, nous verrons qu’un adolescent peut aussi devenir l’infortuné messager de la méfiance des professionnels à l’égard de sa famille.

Le placement au risque de la parentalité

7

C’est ce qui s’est passé pour Agrippine, une jeune fille accompagnée dans le cadre d’une mesure d’Assistance Éducative à Domicile (AED). Cette assistance, réalisée à la demande de sa mère, a en effet rapidement pris une tournure tragique. Trop accaparés par le mal-être de l’adolescente, les professionnels de l’ASE en sont venus à négliger celui de sa mère. Cette famille se trouvait amputée d’un père, décédé dans des conditions obscures qui donnaient lieu à des représentations d’une grande violence. La mère perdit la confiance des éducateurs, après que sa fille ait éveillé leur inquiétude en décrivant les comportements apparemment malveillants d’un parent dont elle s’estimait le souffre-douleur. Le quotidien inquiétant dont l’adolescente se plaignait lui avait valu d’obtenir la compassion du personnel de l’ASE. Pour la protéger d’un milieu familial a priori nocif, une mesure judiciaire de placement était envisagée.
C’est dans ce contexte qu’Agrippine fut orientée vers le psychologue. Son attitude apparut rapidement en décalage avec le tableau que les collègues en avaient brossé. L’adolescente m’interpella autour d’irréalisables attentes : demandant à utiliser les toilettes du bureau, réclamant de l’argent pour s’acheter des boissons gazeuses ou pour payer son bus. La jeune fille laissait entendre que si je voulais être un bon psychologue, il fallait payer. Non seulement elle inversait les positions, mais elle me mettait de surcroît en position de la décevoir, voire de la mettre en danger – si je ne payais pas le bus, elle pouvait se faire agresser sur le chemin la ramenant chez elle ; si je ne lui offrais pas à boire, elle se déshydraterait, etc. Sur le plan manifeste, il aurait fallu que le psychologue joue le rôle d’une mère totalement dévouée. De façon plus latente, les demandes infinies d’Agrippine me plaçaient itérativement en position de parent décevant. Cette situation interrogeait le portrait qu’elle avait dressé au sujet de sa mère. Cette adolescente m’accusant de ne pas bien la traiter avait-elle réellement affaire à un parent négligent ? Ce questionnement, amplifié par le remarquable besoin qu’Agrippine avait de parler de sa mère, me conduisit à proposer à sa fille de l’inviter à participer à nos séances (Marty, 2009). La rencontre avec cette femme révéla une dissonance choquante : l’image que les collègues et moi nous faisions d’elle ne « collait pas ». Affublée d’un bégaiement prononcé et marquée par un lourd handicap physique (paralysie d’une jambe), cette mère était d’évidence fragile. Se montrant d’entrée très méfiante, elle était persuadée que sa fille m’avait ligué contre elle. À la maison, Agrippine se prévalait en effet des critiques que j’aurais formulées à son encontre. Apparemment, à chaque fois qu’une dispute éclatait, l’adolescente invoquait « son psychologue », le faisant ainsi symboliquement entrer dans son foyer pour menacer sa mère. Lorsque celle-ci refusait de surseoir à une demande de sa fille, cette dernière brandissait la menace d’une dénonciation pour maltraitance. L’adolescente usant de cette arme a priori infaillible avait pris l’ascendant sur sa mère.
Initialement perçue comme tyrannique, cette dernière apparaissait donc finalement dominée par une adolescente s’appuyant sur la peur de la Direction Départementale des Affaires Sanitaires et Sociales (DDASS) [2]. Agrippine usait et abusait du pouvoir que lui aurait octroyé son alliance supposée avec les acteurs de l’ASE. La toute-puissance que leur prêtait sa mère les avait rendus omniprésents dans l’esprit de cette dernière. Se sentant jugée et en danger de perdre son enfant, elle apparaissait très affaiblie. Ses angoisses vis-à-vis d’un risque de placement étaient cependant fondées, dans la mesure où les négligences dont Agrippine s’était plainte avaient ému les professionnels. Cette adolescente se rendant tous les jours dans leurs bureaux, avait obtenu une place privilégiée auprès d’eux grâce à ses « révélations » préoccupantes. Tout en activant un désir de réparation, elle avait aussi induit des présupposés très négatifs chez les éducateurs. Polarisés contre cette mère, avec qui ils n’avaient plus que de maigres contacts, ils semblaient peu enclins à la soutenir. Décrivant sa gêne vis-à-vis du jugement inquisiteur qu’elle prêtait à ceux qu’elle considérait comme des rivaux, la dame utilisa le proverbe suivant : « Il faut être dans le poulailler pour savoir si la poule ronfle. » Les attitudes du poussin n’avaient-elles pas mises en danger la poule et sa maisonnée ? En mettant sa mère en porte-à-faux avec les travailleurs sociaux, Agrippine était devenue une sorte de « transfuge » aux yeux de ce parent. Était-ce véritablement son but ? On peut en douter. Au-delà du réconfort que son attitude lui avait permis de trouver auprès des professionnels, elle répondait à un autre but, plus profond. L’adolescente désirait se différencier psychiquement de son unique parent. Confrontée à une mère affaiblie narcissiquement et donc peu rassurante, l’adolescente avait besoin de « partager » ses angoisses. Inconsciemment, elle sollicitait un tiers pour trouver la juste distance avec une mère dont elle était très dépendante. Cette tiercéité manquante s’était concrétisée au travers de la présence de l’institution ASE dans son foyer. Cependant, en agitant le spectre d’une mère malveillante, l’adolescente avait installé les conditions d’une rupture réelle, là où elle avait besoin d’une coupure symbolique. Son besoin d’émancipation psychique avait en effet été interprété comme une demande de séparation réelle. Or, le désir profond d’un adolescent peut être différent de sa demande manifeste. Ici, Agrippine avait exprimé de manière ambivalente son attachement à sa mère, au travers de critiques à la fois très virulentes et très émouvantes. Touchant profondément les travailleurs sociaux, l’adolescente avait influencé leurs représentations de son parent. Elle a involontairement concouru à amplifier le problème qui les accaparait elle et sa mère. Alors que cette dernière avait initialement sollicité une aide de l’ASE, elle se trouvait finalement isolée, seule contre les professionnels. Leur écoute, certes bienveillante, était trop collée aux aspects manifestes du discours ambivalent d’une jeune fille disqualifiant sa mère.

8Travailler avec un parent nécessite de s’identifier un minimum à lui. Si tel n’est pas le cas, si le professionnel ne porte pas en lui une image suffisamment vivante du parent, la prise en charge de l’enfant s’en trouve impactée. Elle peut même insensiblement se transformer en un travail contre sa famille. Ceci est particulièrement vrai au moment de l’adolescence, quand l’ex-enfant est porté à modifier le lien à ses aînés et à les tuer symboliquement. Le besoin de différenciation qui l’anime peut agir sur les professionnels qui l’accompagnent. Aux prises avec d’intenses mouvements d’identification projective, leurs actions sont parfois influencées par les fantasmes du sujet. Des mesures de séparation sont alors mises en place là où des mesures de soutien seraient adéquates. Il importe de considérer la réalité psychique inconsciemment sous-tendue par le discours du patient. Ceci peut permettre d’éviter le « travail contre la famille ». Si un placement peut être nécessaire, et même quelquefois vital, il s’avère destructeur quand il fait écho aux fantasmes parricides du sujet. Les réalisant, celui-ci peut se sentir porteur d’une destructivité sans borne (Chapellon, 2015). En l’occurrence, le fait de se sentir capable de mettre en branle une mesure de séparation à l’encontre de sa mère, devait avoir engendré un inquiétant vécu de toute-puissance chez Agrippine. Sans doute devait-elle se sentir porteuse d’un inquiétant pouvoir. Le sentiment de destructivité de cette adolescente ayant précocement perdu son père dû s’en trouver ravivé. Ses angoisses auraient été amplifiées par ce pouvoir d’action nouvellement acquis sur son aînée (par l’entremise de la main invisible de l’ASE). Agrippine ne désirait sans doute pas réellement être séparée de sa mère, elle semblait plutôt désireuse de mesurer la solidité de ce parent extrêmement fragile. Cette mise à l’épreuve, l’adolescente l’avait réalisé en testant la présence de son parent dans l’esprit des professionnels. Elle avait déplacé la violence qu’elle destinait à sa mère en la déportant jusqu’à eux. Plutôt que de s’en prendre directement à une mère trop fragile pour être attaquée sans risque d’être détruite, l’adolescente attaquait son image dans l’esprit des autres. Sa violence a ainsi été transférée jusqu’aux professionnels, qui, en retour, avaient une représentation très dégradée de sa mère. Elle aurait ainsi agi sur les liens que les professionnels entretenaient avec cette dernière, au risque de l’effondrer. Or, pour qu’un adolescent puisse s’autoriser à tuer symboliquement son parent, il faut qu’il ait la garantie que sa destructivité n’ait pas d’incidence réelle. Le risque étant que l’autorité du parent soit mise à mal par l’entremise de l’intervention des travailleurs sociaux à qui l’adolescent s’est plaint. S’ils prennent son discours vindicatif au pied de la lettre et considèrent que la personne incriminée est réellement nocive, la destructivité que le sujet porte fantasmatiquement en lui devient réelle.

Des institutions et des hommes

9Dans la vie d’une institution médico-sociale, les professionnels se trouvent aux prises avec des phénomènes de transferts massifs. L’institution est contenante car elle contribue à la reconnaissance et à l’élaboration des débordements pulsionnels qui s’y produisent. En tant qu’« espace psychique élargi » (Jeammet, 1980), l’institution supplée aux défaillances de l’appareil psychique des adolescents en accueillant leurs projections. Elle joue par ailleurs une fonction tierce car l’intensité des échanges affectifs (les manques comme les trop-pleins) qui s’y déroulent est normalement « refroidie » par le dispositif collectif, remplissant ainsi sa fonction cadre. Les horaires, la multiplication des intervenants, la division des tâches, la part prise par l’administration introduisent de la distance et évitent une proximité trop brûlante avec les usagers (Cartry, Fustier, 2010). Or, cette division des tâches et cette multiplication des intervenants ont cependant pour inconvénient d’engendrer de l’entropie [3]. Les prises en charge se « saucissonnent » en effet au fil de l’accroissement des intervenants. Entre eux des incompréhensions peuvent naître. Le risque de conflit s’accroît. Il devient prégnant lorsqu’une décision doit-être prise quant à l’orientation à donner à la prise en charge d’un sujet. P. Fustier (Cartry, Fustier, 2010) prend l’exemple d’un adolescent que son éducateur référent perçoit comme fragile, et dont il pense qu’il faut en prendre un soin particulier et lui offrir avant tout la « chaleur affective » qui lui aurait manqué. Au contraire, ses collègues estiment que cet adolescent doit comprendre qu’il existe des règles à respecter. L’équipe se scinde en deux, entre l’éducateur qui estime qu’il faut réparer la carence affective perçue chez ce jeune, dans un mouvement plutôt maternant, et le reste du groupe désirant lui imposer des impératifs plus rigides pour faire obstacle à sa toute-puissance, dans un mouvement davantage paternel. L’éducateur référent estime que ses collègues ne connaissent pas assez cet adolescent, et ne voient que la partie superficielle de sa personnalité. Les autres membres de l’équipe pensent, eux, que l’adolescent a livré une image fallacieuse de lui-même et que leur collègue se « ferait avoir ». Or, le sujet n’a pas forcément un comportement manipulateur. La plupart du temps, il agit de façon inconsciente lorsqu’il dépose des aspects clivés de sa personnalité sur l’équipe en étant particulièrement touchant et fragile avec certains, tout en se montrant indocile avec d’autres. En retour, les modes d’intervention, les diagnostics ainsi que les projets divergent, devenant incohérents, voire totalement contradictoires. Les professionnels sont pris dans des mouvements antagonistes. Ceux-ci font écho à la problématique du sujet. Celui-ci se débarrasse inconsciemment de ses propres conflits psychiques sur les soignants (Pinel, 2010). B. Duez précise à ce propos que « L’adolescent ne transfère pas tant sur les personnes que sur le lien entre les personnes […] » [4]. C’est effectivement leur union qui est affectée par la présence du sujet. Sans en avoir conscience, les professionnels qui l’accompagnent hébergent sa problématique, ils lui donnent hospitalité au sein des liens qu’ils ont tissés, mais cela ne va pas sans heurts. Les liens d’équipe peuvent être mis à mal, détricotés, au gré de telle ou telle prise en charge. Il arrive ainsi que l’accompagnement d’un adolescent avive de violents litiges entre les professionnels.

10

Prenons l’exemple d’un conflit ayant germé entre les praticiens d’un Centre Médico Psycho Pédagogique (CMPP). Ledit conflit avait pour origine les attitudes très contrastées d’une adolescente ne présentant pas le même tableau clinique aux praticiens. Tandis qu’elle se plaignait du comportement extrêmement intrusif de sa mère – faisant mention de vérification de ses culottes et de palpation de son vagin pour vérifier qu’elle était toujours vierge – et évoquait ses idées suicidaires à la psychomotricienne et à l’enseignante spécialisée, cette jeune fille calfeutrait totalement sa souffrance quand elle se rendait chez la psychologue. Affirmant à cette dernière que tout allait « très très bien ! », l’adolescente ne cessait de pleurer dans le bureau des deux autres collègues. L’inquiétude de ces dernières contrastait donc avec le relatif agacement de la psychologue, à qui la jeune fille affirmait ne pas avoir besoin de suivi. Cette attitude contrastée avait induit des antagonismes entre les praticiennes : à force de ne pas voir l’adolescente de la même façon, elles avaient fini par comparer leurs pratiques respectives. Les deux professionnelles recevant de plein fouet la souffrance de la jeune fille pensaient que la psychologue n’avait pas la bonne attitude : elle ne serait pas parvenue à créer un climat de confiance. « La psy » ferait mal son travail, parce qu’elle ne parviendrait pas à faire ce pourquoi l’adolescente avait été orientée vers elle : confier sa souffrance. Or, cette souffrance, l’adolescente l’avait néanmoins déposée sur l’équipe, qui ce faisant hébergeait ses propres conflits internes. Il a fallu du temps pour que les trois professionnelles parviennent à élaborer les choses ainsi. Entre elles la situation s’était envenimée, un silence crispé s’était installé. Plus le temps avait passé, moins les professionnelles échangeaient et plus la distance entre elles s’était accrue. Jusqu’à ce qu’une vive dispute émerge après-coup, lors d’une banale réunion de service. La psychologue y fut vertement critiquée pour son attitude « trop distante » avec les jeunes. Cette réunion fut cependant l’occasion de mettre « cartes sur table » et de désamorcer le conflit qui s’était enkysté. Les professionnelles ont ensuite pu envisager le rôle joué par la problématique de leur patiente, qui commençait véritablement à être soignée.

11En traitant les scissions produites entre eux, les professionnels aident en effet indirectement le sujet à unifier les parties morcelées de sa psyché. En élaborant les tensions qui émergent entre eux, les professionnels traitent en effet la problématique que le sujet dépose inconsciemment sur le groupe qu’ils forment. Encore faut-il que l’équipe « n’explose pas », qu’elle puisse contenir la violence qui émerge et que les conflits puissent être traités, que ce soit durant les réunions, les temps d’échange informels, ou au sein de dispositifs d’analyse de pratique et/ou de supervision, entre autres. Autrement, le risque encouru est celui de la déliaison : le conflit devient clivage et les acteurs, ne parvenant plus à s’identifier les uns aux autres, se désorganisent en miroir de la problématique que le sujet exporte. Quand les professionnels ne parviennent plus à s’entendre, le lien entre eux étant plus friable, la problématique du sujet est plus susceptible d’effondrer l’institution. Lorsque les professionnels n’éprouvent plus une empathie suffisante pour réussir à partager leurs désaccords sans se déchirer, le groupe peut se scinder. Chaque professionnel se doit d’internaliser le projet collectif comme partie constituante de son cadre interne, dans la mesure où c’est à partir de cette référence commune que se constitue son appartenance au groupe (Gaillard et al., 2009). Lorsque les acteurs ne parviennent plus à s’identifier au projet collectif, ils privilégient des interventions autonomes : désirant résoudre les problèmes des usagers au cas par cas, ils adoptent des pratiques individualisées. Au risque que les réponses apportées aux besoins particuliers de chacun isolent les professionnels dans un quant-à-soi destructeur pour le fonctionnement d’équipe. Plutôt que de donner lieu à de la complémentarité, l’altérité des pratiques engendre des divergences synonymes de division. Les professionnels préférentiellement mobilisés par les demandes singulières des usagers, leur offrant des réponses très adaptées, apparaissent aux yeux de ceux qui sont plus attentifs à ce que les initiatives individuelles s’accordent au fonctionnement collectif comme susceptibles de mettre en péril le groupe en introduisant de l’arbitraire. Mais la pratique de ceux qui font primer le projet collectif est alors perçue comme rigide par les autres (Gaillard et al., 2009).

Des éducateurs se disputent, une institution se brise

12Lorsque les mésententes ne sont pas élaborées et se transforment en inimitiés, des zones silencieuses, des non-dits, « trouent » la communication. Les réunions de service deviennent un rendez-vous obligé, où on ne parle plus que de choses très banales pour éviter de se dévoiler. L’essentiel, pense-t-on, serait écrit dans le cahier de liaison ou dans un mail. Quand des collègues ne parviennent plus à se parler, ils s’écrivent en effet... Or, lorsque l’on ne se parle plus c’est la catastrophe, car la clinique impose qu’on parle d’elle. Elle nécessite que l’on partage des ressentis. Souvent, les éléments les plus essentiels à partager sont de l’ordre de l’intuition. Or, parce qu’elles sont hypersubjectives, ces « informations » sont les plus difficiles à partager avec les autres si la confiance n’est pas de mise. Ainsi, tel éducateur ayant « senti » qu’un jeune ne va pas bien et présente des signes inquiétants, ne s’autorisera pas forcément à donner ses impressions à ses collègues. Alors, lorsque la parole ne circule plus suffisamment, l’équipe risque de ne pas être en mesure d’anticiper une crise qui, si la parole avait circulé, aurait pu être évitée.

13Ce ne sont toutefois pas les conflits les plus manifestes qui créent les difficultés les plus aiguës. Quand des tensions latentes polluent le travail d’équipe, le climat pesant qui règne impacte inévitablement les usagers. Leur problématique ne peut effectivement pas être conçue indépendamment de l’institution qui la recueille (Pinel, 2010). Les sujets les plus carencés sur le plan narcissique seront les plus affectés par les défaillances du groupe. Particulièrement à l’adolescence, au moment où le sujet est sensible aux failles des adultes. Désirant s’assurer que l’Autre assure, l’adolescent guette les « brèches » du dispositif au sein duquel il est accueilli. Lorsque les personnes qui gravitent en son sein ne sont pas suffisamment coordonnées, l’adolescent interroge leurs incohérences à travers des attitudes manipulatoires. Les jeunes professionnels seront ainsi la cible de mouvements de séduction, du type : « Toi, au moins, tu m’écoutes et me comprends, tu es plus sympa que les autres, qui eux ne prennent pas le temps ! ». Les nouveaux venus ou les stagiaires sont fréquemment l’objet de ce type de « bizutage » laissant entendre qu’il ou elle serait plus sensible que les autres professionnels. P. Fustier (2000) s’intéresse à ce genre de confidence qui gratifie narcissiquement le travailleur social en lui offrant le privilège d’être mis au courant d’une information n’ayant jamais été dévoilée à quiconque. « C’est à toi que je le dis… toi seul peux l’entendre, toi seul en es digne et capable… je t’ai choisi entre tous pour cela, je te désigne comme l’élu » [5]. En retour, un vague sentiment de fierté peut s’emparer du professionnel. La confidence qui lui a été faite lui indique en effet qu’il est particulièrement compétent, et qu’il est peut-être même le meilleur de l’équipe. Ce faisant, l’auteur de la confidence peut ne plus être considéré au même titre que ses coreligionnaires. Le secret qu’il a offert au professionnel induit en effet potentiellement une proximité particulièrement intense avec lui. Une relation privilégiée s’instaure, dans laquelle toute distance est estompée. Par la relation d’exclusivité qu’elle crée, la confidence tend à extirper son récipiendaire hors de l’équipe. Le professionnel serait sommé de choisir (« c’est à toi et à toi seul que je le dis… ») : soit il trahit le sujet en partageant son secret avec ses collègues, soit il se coupe insensiblement d’eux en gardant pour lui ce secret synonyme d’alliance. On observe les résultats de ce piège contre-transférentiel lorsque le professionnel est ensuite jugé trop proche de tel ou tel jeune, avec qui il entretiendrait une relation sans distance. Lui, de son côté, sera d’autant plus enclin à se laisser séduire et à se considérer comme l’« élu », qu’il ne se sent pas suffisamment affilié au reste de l’équipe. S’il adhère en effet à la possibilité que ce qui est lui est confié ne pourrait l’être qu’à lui, c’est parce qu’il présuppose un manque de compétences aux autres. Ainsi, tout en valorisant implicitement les compétences du professionnel à qui il se confie, le sujet induit parallèlement une concurrence matinée de méfiance entre collègues. Des clivages intersubjectifs s’ensuivent.

14Aussi, un professionnel ne doit pas accepter qu’un sujet puisse le flatter narcissiquement en dénigrant les compétences des autres (« toi au moins tu me comprends… »). Il faut veiller à empêcher qu’un sujet puisse parasiter le fonctionnement d’équipe en faisant miroiter l’image de collègues malveillants ou incompétents (Chapellon, Grange-Ségéral, 2018). En offrant un ancrage narcissique suffisant à ses membres, l’institution leur fournit les conditions d’un renoncement à ce type de séduction « incestualisante ». Le dispositif institutionnel joue sa fonction cadre lorsqu’il les aide à s’en extraire. Cela évite que les acteurs s’engluent dans les incompréhensions que la prise en charge du sujet peut attiser, car elles obèrent progressivement le vivre ensemble. Les usagers, de leur côté, jouent forcément sur les tensions qu’ils pressentent, à la fois pour obtenir une place privilégiée vis-à-vis des professionnels, mais aussi pour tenter de se défendre des conséquences psychiques délétères induites par le sentiment d’avoir affaire à des adultes désunis.

15Inconsciemment le sujet se sert en effet du groupe comme d’un Moi-auxiliaire sur lequel exporter des aspects mal subjectivés de sa psyché (Chapellon, Houssier, 2015). Il importe donc que l’institution, dans sa fonction d’enveloppement, parvienne à contenir les éléments destructeurs qui sont déposées en son sein. L’adolescent doit pouvoir loger sans dommage les aspects diffractés de son monde interne. Il importe, pour ce faire, que les protagonistes parviennent à élaborer les antagonismes qui peuvent naitre entre eux. Une estime mutuelle suffisante peut leur permettre de traverser ensemble les conflits que le sujet avive. En les traitant, les professionnels traitent indirectement la problématique du sujet. Il faut que le groupe parvienne à faire corps autour de lui pour lui offrir la contenance à laquelle il fait inconsciemment appel. Une saine conflictualité entre acteurs contribue à la fonction soignante de l’institution (Gaillard, 2016 ; Ducarre, 2018). Dans le cas contraire, les tensions non élaborées peuvent polluer la vie du groupe. Sensibles au fait que les professionnels ne sont pas en osmose et n’échangent pas suffisamment, le sujet, surtout s’il est adolescent, symptomatise alors les dysfonctionnements du groupe à travers ses actes. Malgré le fait que ceux-ci fassent écho à une ambiance institutionnelle malsaine, ils sont néanmoins fréquemment interprétés comme appartenant en propre au sujet. Au risque que l’adolescent soit considéré comme le seul comptable de la violence observée. Sans doute trouve-t-on ici « la recette » pour fabriquer des incasables.

  • andré-fustier f. (2001). Quels dispositifs institutionnels pour des familles en grande difficulté psychique ?. La lettre de l’enfance et de l’adolescence, 46 : 71-79.
  • cartry-j., fustier p. (2010). L’éduc et le psy : lettres sur la clinique du soin éducatif. Paris : Dunod.
  • chapellon s. (2015). Une haine qui masque un appel à être aimé : les faux signalements de maltraitance. Adolescence, 33 : 405-416.
  • chapellon s., grange-ségéral é. (2018). Malaise dans l’institution. Quand le sujet met au travail les dysfonctionnements d’équipe. Revue de Psychothérapie Psychanalytique de Groupe, 71 : 189-199.
  • chapellon s., houssier f. (2015). Digression autour de « Deux mensonges d’enfants ». Rev. Fr. Psychanal., 79 : 17-29.
  • ducarre c. (2018). La psychanalyse en institution psychiatrique  : clivage, conflit, conflictualité. Cliniques, 16 : 66-84.
  • duez b. (2006). Destins du transfert : scénalité et obscénalité, les scènes de l’autre. Adolescence. 24 : 893-904.
  • freud s. (1923). Le Moi et le Ça. In : Essais de psychanalyse. Paris : Payot, 1981, pp. 219-275.
  • fustier p. (1987). L’infrastructure imaginaire des institutions : à propos de l’enfance inadaptée. In : R. Kaës (Éds.), L’institution et les institutions : études psychanalytiques. Paris : Dunod, 2000, pp. 131-156.
  • fustier p. (1993). Les corridors du quotidien. Paris : Dunod, 2008.
  • fustier p. (2000). Le lien d’accompagnement : entre don et contrat salarial. Paris : Dunod.
  • gaillard g. (2016). La conflictualité : une modalité de lien où s’arrime la destructivité humaine. Connexions, 106 : 71-86.
  • gaillard g., pinel j.-p., diet e. (2009). Autoréflexivité et conflictualité dans les groupes institués. Nouvelle revue de psychosociologie, 8 : 199-213.
  • jeammet ph. (1980). Réalité externe et réalité interne : importance et spécificité de leur articulation à l’adolescence. Rev. Fr. Psychanal., 44 : 481-522.
  • marty f. (2009). La psychothérapie psychanalytique d’adolescent existe-t-elle ?. Le Carnet PSY, 135 : 22-29.
  • pinel j.-p. (2010). Les liens de confiance dans les institutions spécialisées. In : É. Allouch, J-F. Chiantaretto, S. Harel, J-P. Pinel (Éds.), Confiance et langage. Paris : In Press, pp. 85-97.
  • sellenet c. (2012). La participation des parents en mecs, une utopie ?. Empan, 85 : 57-63.

Mots-clés éditeurs : Destructivité, Relation adulte adolescent, Groupe, Institution, Manipulation, Transfert, Conflit

Date de mise en ligne : 08/10/2019

https://doi.org/10.3917/ado.104.0423

Notes

  • [1]
    La loi du 5 mars 2007 affirme la nécessité de privilégier le recours à la protection administrative (intervention proposée ou demandée par la famille) sur la protection judiciaire (basée sur une décision du juge des enfants, qui a le pouvoir d’imposer une intervention dans la famille ou d’imposer un placement de l’enfant). Certaines dispositions de cette loi prévoient aussi le renforcement du droit à l’information des parents, ainsi que la mise en place d’outils propres à favoriser les relations avec les professionnels.
  • [2]
    Cet organe administratif gérait, jusqu’en 2010, les activités dévolues à l’ASE. Cependant, après la disparition de la DDASS, cet acronyme est resté présent dans l’esprit de beaucoup d’usagers, qui l’utilisent fréquemment, notamment pour évoquer ce risque d’une dénonciation par l’enfant. De nombreuses familles prêtent à ladite « DDASS » un pouvoir extraordinaire. Cet organe d’État destiné à se substituer aux parents, aurait aussi le pouvoir de « rapter » légalement les enfants. Aussi, dans l’imaginaire collectif, la « DDASS », fait figure d’autorité supérieure pouvant priver les parents de leurs enfants.
  • [3]
    En thermodynamique, ce terme désigne l’état de « désordre » d’un système. En sciences de la communication, on l’utilise pour montrer comment l’information subit des transformations et tend à se dégrader au fur et à mesure de sa diffusion (le « téléphone arabe »).
  • [4]
    Duez, 2006, p. 894.
  • [5]
    Fustier, 2000, p. 101.

Domaines

Sciences Humaines et Sociales

Sciences, techniques et médecine

Droit et Administration

bb.footer.alt.logo.cairn

Cairn.info, plateforme de référence pour les publications scientifiques francophones, vise à favoriser la découverte d’une recherche de qualité tout en cultivant l’indépendance et la diversité des acteurs de l’écosystème du savoir.

Retrouvez Cairn.info sur

Avec le soutien de

18.97.9.168

Accès institutions

Rechercher

Toutes les institutions