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Article de revue

Le corps comme objet interne

Pages 363 à 379

Notes

  • [*]
    Traduction de Béatrice Tocque, revue et corrigée par François Ladame.
  • [1]
    Anzieu D. (1974). Le Moi-peau. Paris : Dunod-Bordas, 1985, p. 21.
  • [2]
    Freud S. (1923). Le moi et le ça. OCF-P, XVI. Paris : PUF, 1991, p. 270.
  • [3]
    Anzieu D. Le Moi-peau. Op. cit., pp. 38-39.

1En 1974, dans Le Moi-peau, Didier Anzieu a évoqué les avancées de la psychanalyse depuis Freud et fait les remarques suivantes : « Ce qui était refoulé du temps de Freud [...], c’était le sexe ; ce fut la raison [...] qui amena l’inventeur de la psychanalyse à mettre l’accent sur la sexualité. Presque tout au long du troisième quart du XXe siècle, le grand absent, le méconnu, le dénié dans l’enseignement, dans la vie quotidienne, dans l’essor du structuralisme, dans le psychologisme de beaucoup de thérapeutes et parfois même dans la puériculture, ce fut, cela reste pour une grande part le corps, comme dimension vitale de la réalité humaine, comme donnée globale présexuelle et irréductible, comme ce sur quoi les fonctions psychiques trouvent toutes leur étayage. Ce n’est pas par hasard si la notion d’image du corps [...] manque dans le Vocabulaire de la psychanalyse de Laplanche et Pontalis (1968)...» [1]. D. Anzieu poursuit en soulignant que, pour progresser dans cette voie, il fallait étudier mieux le rôle de la déprivation maternelle dans l’échec de la construction d’une image du corps secure pendant la petite enfance, à partir des travaux des psychanalystes qui furent au départ pédiatres ou pédopsychiatres et, bien sûr, également des premières analystes d’enfants, comme M. Klein et A. Freud.

2D. Anzieu est peut-être indûment critique car, même si l’image du corps n’est pas répertoriée par J. Laplanche et J. -B. Pontalis, dans d’autres domaines d’étude que celui de la déprivation maternelle, on trouve beaucoup d’écrits sur les conséquences psychiques pour l’enfant de l’échec de la construction d’une image du corps secure. Pour n’en citer que quelques-uns :

  • dans le domaine de la psychose, P. Schilder a étudié le développement infantile précoce sous l’angle de la construction de l’image du corps et de la capacité de l’infans à distinguer entre les perceptions sensorielles issues de son propre corps et celles qui proviennent du monde extérieur. Il a montré ensuite ce que cela pouvait apporter à la compréhension de certains états confusionnels psychotiques ;
  • E. Jacobson a étudié le développement du moi-corps et du moi en relation à l’objet-monde et établi une distinction entre les identifications psychotiques et celles qui se constituent plus tard, lors de la phase œdipienne ;
  • dans le champ des pathologies psychosomatiques, les relations entre le corps et l’esprit ont été explorées par F. Deutch, P. Marty et l’école de psychosomatique française, H. Rosenfeld en Angleterre, J. McDougall et bien d’autres encore ;
  • plus récemment, l’étude originale de R. J. Stoller sur les enfants transsexuels a apporté une dimension entièrement nouvelle à la compréhension des effets de la relation des parents avec le corps de l’infans sur le développement du noyau de l’identité de genre. Les travaux de R. J. Stoller ont été repris en France par C. Chiland et, en Angleterre, par D. et G. di Ceglie.
Pourtant, ce que D. Anzieu a voulu mettre en avant, c’est, me semble-t-il, que la psychanalyse doit revenir à un examen plus approfondi des premiers stades du développement, à ce stade où, pour D. W. Winnicott, « un bébé sans une mère ça n’existe pas » ou encore stade « présexuel » pour D. Anzieu. Ce retour aux origines est nécessaire pour nous permettre de comprendre l’importance de la relation affective de la mère avec le corps de son enfant pour le futur développement normal ou pathologique de celui-ci et pour saisir le rôle majeur de cette relation au corps en tant que « dimension vitale de la réalité humaine ». En choisissant le titre de cet article, j’ai voulu utiliser le concept de corps comme objet interne en tant que représentation de la relation affective au corps découlant de la relation mère-enfant éprouvée subjectivement, en d’autres mots, le corps érotique ; il devient ainsi possible de différencier ce concept de celui d’image du corps, tout en établissant un lien entre les deux.

3Freud a affirmé, dans « Le moi et le ça », que le moi-corps constituait le noyau du moi et précisé, dans une note de bas de page ajoutée en 1927 : « Le moi est finalement dérivé de sensations corporelles, principalement de celles qui ont leur source dans la surface du corps. Il peut ainsi être considéré comme une projection mentale de la surface du corps […] » [2].

4De nombreux auteurs ont également défini l’image du corps comme le résultat d’expériences psychosensorielles produisant une représentation psychique du corps du bébé, ou un schéma, avec ses limites, une identité propre, qui le séparent du corps de la mère ainsi que du reste du monde extérieur. Cependant, en présentant le moi-corps comme dérivé de sensations qui ont leur source à la surface du corps, Freud n’a pas pris en compte la tonalité affective de ces perceptions, il ne les a pas différenciées en fonction de leur caractère agréable ou douloureux, par exemple. Pour moi, les sensations provenant de l’intérieur du corps, telles que la satiété, le vide ou la douleur, donnent pourtant une coloration affective à la représentation du corps construite à partir des sensations internes, ce qui la distingue des perceptions et des affects suscités par les stimulations extérieures.

5Les présupposés sur lesquels reposent les définitions de l’image du corps font de celle-ci une véritable représentation de la réalité dans la mesure où elle est construite à partir des perceptions sensorielles du corps. Et c’est bien ce qui est sous-entendu dans l’idée du moi-corps freudien. Or, pour que nous puissions parler d’un moi-corps fonctionnel, de cette « dimension vitale de la réalité humaine » au sens de D. Anzieu, qui constitue le noyau même du moi, il est indispensable de donner une place conceptuelle aux traces mnésiques de l’expérience affective du corps de l’infans en relation avec sa mère, aussi bien que de sa relation avec le corps maternel, car le souvenir laissé par cette relation peut altérer profondément le lien à la réalité extérieure. Cette relation affective repose sur les sensations du bébé et sur les expériences émotionnelles issues de la relation à la mère non seulement comme pourvoyeuse de nourriture – donc instrument de survie – mais aussi comme source de plaisir ou de douleur. Les expériences de plaisir dans la relation au corps de la mère permettent à l’enfant d’apprendre à supporter l’angoisse ou la douleur physique grâce à la présence physique et affective de la mère. D. W. Winnicott et W. R. Bion ont bien décrit ce processus à partir de cures d’enfants et de cures de patients psychotiques. Leur contribution a été fondamentale, et nous leur devons des descriptions essentielles sur le rôle de la mère contenante dans le développement précoce de la relation internalisée au corps et de la pensée symbolique.

6Il se peut que Freud n’ait pas parlé de la perception du contact avec le corps de la mère comme source de plaisir ou de déplaisir parce que, comme il l’a écrit en 1940 dans l’Esquisse : « Il ne fait aucun doute que le bébé est incapable de faire la distinction entre sa propre bouche et le sein de sa mère. » Ce n’est qu’à travers l’expérience de la présence et de l’absence du sein – telle qu’elle a été décrite par Freud et par M. Klein – que le bébé différencie progressivement son corps, avec ses connotations affectives, du corps de sa mère. C’est un corps paré de qualités à la fois bonnes et mauvaises, qui sont le reflet des expériences de plaisir et de déplaisir liées aux présences/absences maternelles. Freud a cependant reconnu le rôle de la mère dans l’érotisation du corps du bébé dans la mesure où il a décrit celle-ci comme la première séductrice de l’enfant. Il avait en particulier à l’esprit l’érotisation de la zone orale. Les recherches récentes sur le bébé ont montré que ce dernier était capable, pratiquement depuis sa naissance, de distinguer sa mère et de réagir à sa présence. Il me semble par conséquent que, même si la bouche et le sein ne font psychiquement qu’un, une mère est présente depuis le début, impliquée dans les expériences affectives de son bébé, plaisantes mais aussi douloureuses dans les moments où elle est absente, une mère qui est à la fois consubstantielle et séparée de l’infans.

7Grâce à ses observations sur des enfants transsexuels et leurs parents, R. J. Stoller a pu montrer comment l’image de genre du corps, c’est-à-dire l’expérience de l’enfant d’appartenir au genre masculin ou féminin qui est introjectée comme objet interne pendant l’enfance, dépend de la relation précoce des parents au corps de leur enfant. C’est pourquoi il peut arriver que cette image transcende la réalité du genre de l’enfant, quand celui-ci ressent qu’il doit avoir le corps dont ses parents ont besoin pour continuer à l’aimer et à le protéger. En soulignant combien il est important, pour la construction d’une image du corps sexuellement différenciée, que l’enfant puisse s’appuyer sur l’affirmation de sa propre expérience de lui-même, R. J. Stoller a bien montré comment l’objet interne, le moi-corps, peut être différent de l’image du corps et cela indépendamment de la conformité de celui-ci à la réalité du corps. Les conclusions de R. J. Stoller ont été largement confirmées en France par C. Chiland et d’autres collègues, à partir du matériel clinique des thérapies non seulement des enfants eux-mêmes, mais également de leurs parents. Il a été ainsi possible de découvrir que les parents ont une attente inconsciente que leur enfant se conforme à leur désir que celui-ci ait un sexe plutôt qu’un autre, afin qu’ils puissent se sentir physiquement proches de lui et à l’abri de leurs fantasmes inconscients meurtriers à son égard. Je ferai donc l’hypothèse suivante : quand bien même l’image du corps et la représentation de la relation affective de la mère avec le corps de l’enfant, dans ses aspects positifs et négatifs, contribuent toutes deux à la formation du moi-corps, seule l’image du corps susceptible d’être partagée avec la mère d’une manière mutuellement satisfaisante pourra être introjectée dans le moi et y constituer l’objet érotique interne aimé.

8J’établis ainsi une distinction entre ce qui est généralement considéré comme l’image du corps, fondée sur des expériences sensorielles, et le corps érotique, qui est un aspect de ce que j’appelle la relation au corps en tant qu’objet interne. Normalement, le corps érotique (interne) est paré de qualités à la fois bonnes et mauvaises qui découlent des expériences affectives en lien avec l’objet primaire et certains aspects spécifiques du corps. Ce qui reste cependant le plus significatif pour le développement futur, c’est le destin des aspects négatifs de ces expériences quand ceux-ci ne peuvent pas être introjectés et intégrés dans l’objet-corps interne, comme dans le cas des enfants transsexuels. Il s’agit des aspects de l’image du corps sensoriel reliés à des expériences douloureuses avec une mère absente, déprivante ou hostile. Le corps érotique n’est pas suffisamment érotisé pour être à même de contenir et intégrer ces aspects négatifs dans l’image du corps. Ceux-ci sont alors clivés du corps interne érotique, ils peuvent y laisser une sorte de béance psychique, être projetés dans le monde extérieur, ce qui va laisser l’enfant avec un moi-corps interne qui n’est pas congruent avec l’image du corps construite à partir des impressions sensorielles, partant de la réalité.

9D. et G. di Ceglie, dans un article intitulé « Structure et fonction du corps dans la formation du symbole », ont décrit une autre différence liée à l’image du corps. Ils ont appliqué l’idée de W. R. Bion d’une séparation entre structure et fonction à propos de l’image du corps pour montrer que l’une peut être abandonnée au profit de l’autre dans la représentation du corps. Lorsque la fonction, par exemple, doit être abandonnée pour préserver la cohésion de la structure et l’intégrité de l’image du corps, il peut en résulter un défaut dans la capacité à forger une pensée symbolique. Cette observation peut être rapprochée de la distinction que j’établis entre l’image du corps qui résulte des expériences sensorielles, qui est une structure, et le corps comme objet interne, qui joue un rôle fonctionnel, qui est indispensable pour étayer les fonctions du moi en lien avec le monde extérieur et qui constitue ainsi une base sûre pour la suite du développement du moi.

10Mon désir d’en savoir davantage sur l’origine des aspects affectifs du corps comme objet interne tire son origine du travail que nous avons effectué, mon mari et moi, avec des adolescents très perturbés. E. Erikson a attiré notre attention sur la crise d’identité qui marque le passage de l’adolescence et l’entrée dans l’âge adulte. M. Laufer a fait de l’exigence de modifier la relation au corps la tâche centrale du développement à l’adolescence. Pour lui, l’issue de cette crise développementale est déterminante pour l’identité sexuelle définitive sur laquelle va reposer le sentiment d’exister comme sujet.

11M. Laufer a également montré que les adolescents exposés à un risque de suicide éprouvaient une haine intense pour leur corps. Il s’est posé la question de savoir ce qui pouvait bien, autour des transformations physiques de la puberté, conduire à un acte suicidaire, qu’il a défini comme une attaque du corps haï. Il a constaté aussi que la solution effective du suicide s’installait à partir de la puberté. D’où l’idée qu’en étudiant attentivement les données des traitements psychanalytiques d’adolescents qui avaient tenté de se suicider nous en saurions plus sur leur processus de développement et les raisons qui les avaient conduits à de telles extrémités. Nous avons pu ainsi mettre en évidence que la haine ressentie était directement liée aux transformations subies par leur corps et aux fantasmes dont leur nouveau corps sexué était paré. La réalité du potentiel sexué et agressif que recelait maintenant ce corps avait déclenché chez eux une peur panique de perdre tout contrôle sur leur esprit et leur corps. Nous avons donc forgé une théorie selon laquelle les adolescents qui présentent, à la puberté, une haine pour leur nouveau corps sexué ont échoué dans le processus d’intégration du corps sexué au sein de l’objet-corps interne. À la place d’une intégration, s’installe un processus pathologique caractérisé par la haine du corps sexué, en tout ou en partie, avec clivage, déni et projection des aspects haïs de ce corps dans la mesure où ils sont ressentis comme une menace. Dans ce cas, ils peuvent devenir source d’une angoisse de persécution vis-à-vis du monde extérieur et de ses objets. Quand la triade clivage-déni-projection échoue dans sa fonction de blanchiment des éprouvés sexuels du corps, l’adolescent se trouve contraint à vivre son propre corps comme objet de persécution, qu’il devra attaquer ou détruire.

12Cette modélisation de la psychopathologie de l’adolescence s’est révélée très précieuse à la fois pour le travail clinique quotidien et pour l’évaluation des risques dans le cadre d’entretiens diagnostiques. Elle nous a aidés à comprendre le besoin compulsif d’attaquer leur corps qui est à l’origine du comportement autodestructeur de si nombreux adolescents. Mais j’avais aussi en tête de parvenir à une vision plus complète du développement du moi-corps interne pour mieux saisir la signification inconsciente et les racines de la haine du corps. Pour ce faire, il me faut revenir au développement de la relation au corps chez l’enfant. Nous pourrons ainsi nous rendre compte comment l’échec de la construction d’un objet-corps interne secure et aimé pendant la petite enfance résulte d’une déprivation maternelle précoce qui va interférer par la suite sur la résolution du complexe d’Œdipe. Or, c’est à la fois l’état de développement du moi-corps interne au moment où le conflit œdipien se résout, le degré de différenciation et de séparation entre le corps de l’enfant et celui du parent du même genre, la façon dont l’omnipotence infantile a pu céder du terrain au profit de la réalité et le devenir des identifications mises alors en place qui vont affecter directement la manière de vivre la puberté et de réagir aux transformations du corps.

13Pour Freud, le bébé rejette à l’extérieur ce qui est déplaisant. Nous pouvons imaginer qu’il en va de même pour ces aspects du corps associés à des représentations désagréables de la mère. Qu’ils soient en lien avec son absence ou son rôle dans des expériences douloureuses, ceux-ci sont dès lors expulsés ou clivés. A. Green évoque cette nécessité pour l’enfant de cliver les expériences de déplaisir quand il écrit : « C’est seulement si l’analyse de ce qui est bon ou mauvais est suffisamment aboutie que la réintégration de ce qui a été rejeté, clivé ou refoulé pourra donner lieu à une vision complète de la réalité psychique – ce qui permettra alors au sujet d’agir en fonction de la dichotomie objectif/subjectif. » Cette remarque d’A. Green peut tout à fait s’appliquer au clivage du moi-corps interne et à la nécessité de perlaborer ces cassures précoces qui sont revécues à l’adolescence dans la relation au corps pubère, dans un contexte où l’appropriation d’un corps sexué va signer à nouveau la perte de la relation d’union originaire avec la mère présexuelle. Un garçon pubère, par exemple, peut devenir obsédé par l’idée de regarder le pénis d’autres garçons parce qu’il doit désavouer la perception de son propre pénis devenu puissant et instrument d’agressivité potentielle. Ce garçon se montrera éventuellement préoccupé d’avoir une image de lui-même encore muni d’un petit pénis, mais une telle croyance est au service du déni des changements pubertaires et lui permet d’entretenir l’idée qu’il demeure l’enfant de sa mère et que son corps est toujours la propriété de cette dernière. Ainsi, en exterritorialisant de son propre corps son pénis maintenant sexué, ce garçon peut préserver sa relation préœdipienne à une mère non sexuelle tout en excluant le père.

14Lorsque l’infans n’a pas pu éprouver une sécurité suffisante dans son premier vécu d’union avec le corps de la mère et qu’il se trouve confronté par la suite à la réalité de son corps séparé et différencié au regard du couple œdipien, il est contraint de forger une image d’un corps idéalisé (« idealised body image »). Grâce à cette image, il lui est possible d’entretenir un fantasme omnipotent de fusion ou d’union avec le corps présexuel idéalisé de la mère, comme dans l’exemple du garçon que je viens de donner. Ou bien la petite fille sera amenée à dénier sa perception de ne pas avoir de pénis en déniant l’existence de son vagin au moment où elle doit reconnaître que le pénis sexué du père est le trait d’union de ce dernier avec le corps maternel dont elle se trouve de ce fait exclue. L’objet-corps interne idéalisé a pour fonction de maintenir l’état de toute-puissance infantile auquel la petite fille ou le petit garçon n’a pas pu renoncer dans le cadre d’une résolution normale du complexe d’Œdipe. L’angoisse contre laquelle l’enfant doit ériger des défenses est liée à l’idée que son corps réel est responsable de son sentiment de déréliction et du maintien de sa dépendance à l’égard du corps maternel pour se sentir protégé, lui-même ne disposant d’aucune ressource propre pour apaiser ses besoins.

15Un autre type de défense à disposition de ces enfants consiste à nier la réalité de la sexualité de leurs parents (« Mes parents ne font pas des choses comme ça »). Mais un tel déni permet à l’enfant de continuer à se développer dans d’autres domaines de sa vie sans angoisse. Il n’est pas aussi mutilant pour la suite du développement que le déni de la réalité sensorielle du corps. La résolution finale du complexe d’Œdipe, soit le renoncement à l’investissement libidinal des parents œdipiens, s’accomplit à travers les identifications qui donnent place au surmoi définitif. L’enfant qui a été à même d’introjecter la réalité de l’impuissance de son corps comme partie intégrante de ces identifications sera moins dépendant de l’activité masturbatoire pendant la phase de latence pour maintenir l’illusion de toute-puissance infantile. Son développement pourra se poursuivre sans être entravé par la recherche compulsive de gratifications libidinales destinées à maintenir le fantasme tout-puissant de posséder sa mère. Mais, chez les enfants qui restent tributaires d’une image de corps idéalisée, l’objet de leur haine devient le corps sexué de leur mère, perçu inconsciemment comme menaçant leur fantasme de posséder, encore et toujours, le corps maternel présexué de leur prime enfance. Ainsi, c’est le corps sexué de la mère qui devient une réalité terrifiante pour ces enfants devenus pubères, la source d’angoisses de persécution et un objet de haine et de fantaisies destructrices quand ils vont devoir prendre conscience de la réalité de leur corps sexué à eux, qu’ils identifient inconsciemment au corps maternel sexué. Ces enfants n’ont pas d’autre issue qu’une recherche éperdue de gratifications libidinales dans leur propre corps pour éprouver l’expérience sensorielle plaisante d’être uni au corps présexué de leur mère. Parallèlement, la haine liée à la mère sexuée qui est source de déprivation est investie dans le surmoi et dirigée contre leurs propres activités sexuelles. Ils se sentent persécutés par leur surmoi, ils sont incapables de faire crédit à leur capacité d’accomplir quoi que ce soit de valable par eux-mêmes et ils gardent le sentiment de ne pas pouvoir fonctionner indépendamment de leur mère.

16La fonction normale de la masturbation est de préserver l’illusion de toute-puissance infantile en l’absence de la mère et, plus tard, de l’objet sexuel. La première activité masturbatoire consiste à sucer son pouce. Elle sert à l’infans à créer un fantasme d’union avec le corps de sa mère absente. Normalement, comme je l’ai déjà indiqué, la masturbation perd de son importance durant la période de latence en tant qu’activité nécessaire au maintien de l’investissement narcissique du corps érotique, dans la mesure où l’enfant est devenu moins dépendant des contacts physiques réels avec sa mère. Si la mère a pu être « suffisamment bonne » pour permettre que l’investissement narcissique du corps érotique s’établisse au cours de la latence indépendamment d’elle, l’arrivée de la puberté, même si elle est source d’angoisses, ne débouchera pas sur une recherche compulsive de partenaires sexuels dans le seul but d’obtenir un contact physique ou sur une haine du corps sexué.

17Pour illustrer comment l’arrivée de la puberté et les nouvelles expériences sensorielles liées aux organes génitaux sont susceptibles d’entraîner la levée du refoulement des désirs érotiques pour la mère, tout en faisant surgir des pulsions destructrices, quand l’investissement narcissique du corps érotique n’a pas pu se mettre en place, je vais m’arrêter sur l’analyse d’un jeune adulte de sexe masculin.

18

Au cours de sa cure, ce patient s’est souvenu qu’à l’âge de treize ans il avait rêvé plusieurs fois qu’il faisait l’amour avec sa mère. Il s’était senti terrifié par ces rêves, au point de s’en ouvrir à son père, puis rassuré d’apprendre de ce dernier qu’un certain Freud avait affirmé que c’était normal à son âge. Moi-même, cela m’a aidée à comprendre mes sentiments contre-transférentiels constants d’intrusion, presque au sens physique du terme, liés à l’intérêt du patient pour la façon dont je pouvais réagir à ce qu’il me disait et à l’absence de tout refoulement ou inhibition de sa curiosité. Toutes les interprétations sur la façon dont il pouvait lui-même me ressentir ou sur sa peur de ma propre intrusivité étaient systématiquement repoussées. Puis ce patient a commencé à faire des rêves où il était torturé. Apparemment, il vivait son besoin addictif de savoir ce qu’il me faisait vivre et sa frustration de ne pas le savoir comme des séances de torture où il était ma victime impuissante. En fin de compte, nous avons pu comprendre qu’il était terrorisé quand il se trouvait allongé sur le divan car il revivait un événement extrêmement traumatique survenu lorsqu’il avait trois ans. Il avait eu un accident épouvantable au cours duquel son visage avait été presque complètement écrasé et son premier souvenir de cet accident était celui du regard de sa mère posé sur lui et s’en détournant brusquement comme d’une vision trop épouvantable. On lui avait souvent répété que sa mère était ravie d’avoir un si beau petit garçon. Aussi fut-il terrifié à l’idée d’avoir totalement perdu la capacité d’être l’objet du désir et du plaisir de sa mère et de se retrouver abandonné par elle dans un lit d’hôpital. La position allongée sur le divan avait réactualisé l’expérience de l’hospitalisation avec son visage tout abîmé, tandis qu’on lui faisait toutes sortes de choses douloureuses avec des tubes, etc., comme dans ses rêves. Son angoisse sur le divan venait de ce qu’il imaginait de mes réactions face à ce que je pourrais bien voir à l’intérieur de lui : je ne pourrais que me détourner avec horreur et l’abandonner. Les rêves d’inceste, à l’époque de la puberté, ont pu être compris comme l’échec du refoulement de ses désirs œdipiens en réponse à l’angoisse suscitée par ses premières pollutions nocturnes et la crainte de perdre l’amour de sa mère pour son corps idéalisé et la protection que cet amour lui assurait. Son intérêt intrusif pour ce que je pouvais penser ou ressentir était l’expression de son besoin de me contrôler à cause de sa conviction paranoïde que j’allais me détourner de lui. Ce patient avait besoin d’entretenir l’illusion toute-puissante qu’il était à même de me contraindre à être une analyste parfaite, toute à son écoute, pour pouvoir garder le contrôle sur ses pulsions destructrices à mon égard. Il était à l’abri du besoin de me détruire pour autant qu’il avait le sentiment de me posséder totalement.

19En percevant son corps comme sexuellement différencié à la suite de la puberté, l’adolescent vulnérable ou en difficulté va ressentir l’identité entre son corps et celui du parent du même sexe comme une réalité concrète. Il pourra être terrifié à l’idée de devenir ce parent, d’être concrètement comme lui, en d’autres mots, d’être possédé par le corps du père ou de la mère au lieu d’avoir le sentiment de posséder un corps à soi qui simplement ressemble à celui de son père ou de sa mère. En retour, il peut éprouver une terreur vis-à-vis du potentiel de puissance qu’il sent dans ce nouveau corps sexué. D’où un besoin de contrôler sa haine pour le corps sexué maternel, menaçant de par son pouvoir de l’exclure de son orbite relationnelle. La fille pubère, elle, doit parvenir à différencier ce qui ressortit à son corps sexué à elle et ce qui ressortit à celui de sa mère pour être à même de s’approprier son corps sexué qui est bien à elle et, au mieux, ressemble à celui de sa mère. Les adolescentes qui doivent préserver l’image du corps idéalisé prépubère et qui ne peuvent se permettre aucun changement ressentent parfois les transformations pubertaires comme une situation où leur corps les contraint à être la mère et non plus à devenir comme la mère. Ou bien devenir différents d’elle dans le cas des adolescents de sexe masculin. Inconsciemment, ces adolescents ont le sentiment que leur corps est possédé par le corps sexué de leur mère, ce qui les expose à faire de leur propre corps l’objet de la haine dirigée autrefois, à l’acmé de la situation œdipienne, contre le corps sexué maternel.

20Pour l’enfant qui a vécu la relation sexuelle du couple parental comme la source de ses sentiments d’insignifiance et du risque qu’il soit complètement abandonné, l’identification avec la puissance de cette mère sexuée déprivante s’accompagne de craintes et de rejet vis-à-vis de son propre corps. La puberté se traduit par une terreur face au corps qui change, qui devient hors contrôle, avec le sentiment d’être forcé à devenir concrètement cette mère haïe. À cause de la réalité de détenir maintenant le pouvoir de détruire la mère sexuée contenue à l’intérieur du corps propre, il peut en résulter un besoin masochique de souffrir, en attaquant ce corps ou en le détruisant dans un suicide.

21Dans des cas extrêmes, quand une adolescente est menacée d’être submergée par le conflit entre sa haine pour le corps de la mère sexuée et le désir de retrouver un état d’union idéalisé avec la mère présexuelle, les régimes alimentaires sont susceptibles de se transformer en anorexie et d’aboutir à la mort. Ces issues funestes sont recherchées non pas tellement parce qu’elles provoquent effectivement l’arrêt des règles, mais à cause de l’illusion de contrôler totalement les désirs physiques grâce au jeûne et de préserver les fantasmes de fusion avec le corps maternel non sexué, tout en niant la séparation d’avec ce dernier qu’atteste l’existence du corps sexué de l’adolescente.

22Mon mari et moi avons postulé que les adolescents qui réagissent aux changements physiques de la puberté comme à une menace qui doit être contrôlée ou éradiquée présentent une véritable cassure dans leur développement (« developmental breakdown »). Les défenses qui sont mobilisées sont de nature psychotique car les défenses névrotiques comme le refoulement ne sont plus en mesure de contenir l’angoisse. Dans certains cas, il peut s’agir des prémices d’une future psychose ou d’un trouble narcissique, mais j’ai également décrit la mise en place d’une image distordue du corps en tant que formation de compromis en fin d’adolescence. Il s’agit d’un compromis entre un rejet total du corps sexué et le besoin de préserver l’image idéalisée du corps prépubère pour garder la relation avec le corps maternel. Les adolescents avec des signes de fonctionnement psychotique vont présenter des moments de confusion, de dissociation et de dépersonnalistion qui traduisent l’échec du maintien d’un lien à la réalité par l’entremise d’une relation affective avec leur corps. Chez eux, tous les éprouvés sensoriels d’ordre sexuel doivent être désarmés alors que, dans les situations de compromis que je viens d’évoquer, l’adolescent peut se permettre de vivre des expériences sexuelles, c’est-à-dire maintenir une relation avec la réalité de son corps sexué, à condition que soit préservée la relation à son corps prépubère. Mais cette relation est distordue et se traduit dans des fantaisies ou des activités perverses. Par exemple, un adolescent pourra se sentir débordé par l’angoisse lors de ses premières érections et donner l’impression de présenter des hallucinations ou un tableau délirant. L’un des adolescents très gravement perturbés qui a fait partie de notre étude au Brent Adolescent Centre avait présenté un effrondrement psychotique de ce type lors de ses premières relations sexuelles. Il s’était retrouvé dans un état de totale confusion, complètement démuni face au corps dénudé de sa partenaire et manifestement incapable de distinguer entre la réalité interne de son moi-corps et la réalité extérieure de son propre corps sexué ou du corps sexué de sa partenaire. Cet adolescent n’avait pas cherché à attaquer son corps après la puberté, mais plutôt à dénier les éprouvés sensoriels émanant de ce corps, ce qui avait sérieusement perturbé son lien à la réalité. L’excitation sexuelle ressentie dans son pénis en présence de sa partenaire lui avait donné le sentiment de perte de contrôle et la confusion entre fantasmes et réalité extérieure l’impression de devenir fou. Au cours de son analyse, ce jeune homme a parlé, tout comme un autre adolescent également très malade de notre étude, de ses pratiques masturbatoires anales. Chez les deux patients, une stimulation et un intérêt excessif pour leur anus de la part des adultes qui s’occupaient d’eux avait joué un rôle important comme substitut à une déprivation maternelle précoce. Par la suite, ils étaient parvenus à garder contact avec des éprouvés sensoriels liés à une excitation sexuelle pour autant que ceux-ci soient connectés avec l’anus, moyennant quoi leur sexualité n’avait pas besoin d’être complètement déniée. Son droit de cité était préservé pour autant qu’elle reste en lien, durant l’activité masturbatoire, avec la réalité interne d’une image du corps idéalisée, au prix d’un clivage et d’un déni pour ce qui touche au corps érotique. Le moi-corps interne sexué est ainsi fondé sur une image du corps distordue, mais seule une portion de la relation à la réalité est compromise, ce qui rend possible la satisfaction des désirs sexuels pour autant que ceux-ci soient alimentés par des fantaisies perverses ou préœdipiennes.

23Gaddini, un psychanalyste italien, a décrit la relation précoce entre l’infans et sa mère comme un fonctionnement par imitation qui ne deviendra qu’ultérieurement une véritable relation d’objet. Cette conception est assez proche de la « recherche de mêmeté » chère à S. Ferenczi. Gaddini écrit : « L’activité sensorielle ne passe pas par les perceptions mais par les sensations, ce qui implique un processus d’imitation. La sensation prédominante dans ce fonctionnement par imitation est le contact physique à cause de l’importance que celui-ci revêt au début de la vie pour le développement du moi et du sentiment d’existence propre du sujet. » Ainsi Gaddini accorde-t-il, lui aussi, une importance fondamentale au contact physique à l’origine de la relation d’objet.

24Mais revenons à D. Anzieu, en compagnie duquel j’ai commencé cet article. À propos du moi-peau, il écrit : « La surface de l’ensemble de son corps et de celui de sa mère fait l’objet, chez le bébé, d’expériences aussi importantes, pour leur qualité émotionnelle, pour leur stimulation de la confiance, du plaisir et de la pensée, que les expériences liées à la succion et à l’excrétion (Freud) ou à la présence fantasmatique d’objets internes représentant les produits du fonctionnement des orifices (Klein). […] Par Moi-peau, je désigne une figuration dont le Moi de l’enfant se sert au cours des phases précoces de son développement pour se représenter lui-même comme Moi contenant les contenus psychiques, à partir de son expérience de la surface du corps. Cela correspond au moment où le Moi psychique se différencie du Moi corporel sur le plan opératif et reste confondu avec lui sur le plan figuratif » [3]. Pour moi, D. Anzieu suggère ici que, même si le corps tel qu’il est appréhendé à travers les expériences sensorielles est perçu comme inscrit dans une relation d’objet, l’image du corps elle-même est séparée du corps de la mère. Une idée qui rejoint celle sur laquelle j’ai insisté, à savoir la différence entre l’image du corps construite sur des expériences sensorielles et la relation au corps fondée sur les traces mnésiques de la relation affective avec la mère préœdipienne, qui rendent possibles les fantasmes d’union et de mêmeté avec elle. Nous ne sommes peut-être pas trop éloignés de l’idée de l’introjection du « bon sein » de M. Klein, qui permet d’éprouver le corps de la mère et le corps de l’infans comme des corps distincts, mais, j’insiste encore sur ce point, des corps qui n’en demeurent pas moins fusionnés dans les traces mnésiques d’un éprouvé sensoriel commun. À ce stade du développement, l’introjection a la même valeur qu’une identification sur le plan défensif. Elle protège contre la perte d’objet mais elle conserve une dimension concrète à cause des traces sensorielles. Celles-ci ne sont qu’en partie symbolisées par la suite et sous-tendent, tout au long de la vie, les fantasmes d’union qui nous servent de défense contre nos sentiments de déréliction liés à la réalité. Le fantasme d’un corps complet et tout-puissant parce que fusionné avec celui de la mère constitue une défense contre la « helplessness » et permet à l’infans de garder intact son intérêt à explorer le monde extérieur et à son moi de poursuivre son développement à l’abri de ces angoisses excessives décrites par M. Klein.

25Au fil de ces pages, j’ai évoqué un certain nombre d’auteurs pour montrer qu’une théorie du développement précoce de l’image du corps existe bel et bien. Mais celle-ci n’est utilisée, me semble-t-il, que dans l’optique de la recherche des causes de tel ou tel état pathologique spécifique impliquant le corps et cesse d’être une préoccupation dès lors que les questions cliniques en discussion ne concernent plus directement le corps. Ce que j’ai tenté de faire dans cet article, c’est de proposer une perspective développementale qui prenne en compte le corps en tant que « dimension vitale de l’expérience humaine » (D. Anzieu), à la fois pour le développement ultérieur et pour le fonctionnement de l’adulte. Cette prise en compte du corps, nous devrions l’avoir à l’esprit lors de notre travail thérapeutique avec n’importe quel patient, même si le corps n’est apparemment pas impliqué chez lui de façon aussi évidente que chez un malade psychosomatique ou chez un adolescent.

26L’idée d’un double aspect du corps en tant qu’objet interne n’est pas nouvelle. Les philosophes allemands distinguaient déjà le corps physique du corps « vécu » et M. Merleau-Ponty a dit du corps qu’il n’était « pas seulement un objet du monde mais aussi le vecteur même par lequel notre monde existe ». Une belle description de la capacité de l’infans à recréer la mère absente en recourant à son propre corps, capacité qui me semble être au fondement de l’investissement narcissique du corps érotique.

27Pour conclure, j’ai commencé par citer D. Anzieu non seulement pour ce qu’il a dit sur le moi-peau mais aussi parce que je peux m’identifier à sa frustration face à l’absence d’une théorie du développement cohérente dans le champ de la psychanalyse qui donne au corps sa place aux fondements de l’expérience psychique de l’individu. En abordant cette question par le biais de l’intégration d’un moi-corps secure au sein du monde interne, j’espère avoir réussi à montrer que la relation au corps, constitutive du corps comme objet interne, doit être considérée comme une fonction de base indispensable pour étayer tous les autres aspects du fonctionnement psychique ultérieur, en particulier dans ses rapports à la réalité.

28J’ai également tenté de montrer qu’il existe bien une théorie sur le développement de la relation au corps dans tous les travaux que j’ai cités, y compris chez Freud. La question n’est donc pas tant l’absence du corps mais le fait que nous nous contentons des visions fragmentaires proposées par les uns ou par les autres. Tout se passe comme si chaque auteur devait construire sa propre théorie en fonction du domaine particulier de la pathologie qu’il étudie. Il n’existe apparemment pas de théorie unanimement acceptée de la relation au corps qui permettrait de lui faire une place non seulement dans le Vocabulaire de la psychanalyse mais aussi dans les cursus de formation proposés dans nos instituts. La référence la plus souvent citée à propos de la fonction du corps reste encore aujourd’hui cette phrase de Freud : « Le moi est d’abord et avant tout un moi-corps. » Une fois cela posé, tout se passe comme si l’on pouvait poursuivre son travail clinique sans jamais revenir sur la question du corps. En procédant ainsi, nous laissons de côté la signification de l’expérience réelle de la relation au corps – ou de son absence – chez nos patients adultes en tant qu’expérience vitale pour le développement de leurs relations d’objet et de leur relation à la réalité du monde extérieur.

Notes

  • [*]
    Traduction de Béatrice Tocque, revue et corrigée par François Ladame.
  • [1]
    Anzieu D. (1974). Le Moi-peau. Paris : Dunod-Bordas, 1985, p. 21.
  • [2]
    Freud S. (1923). Le moi et le ça. OCF-P, XVI. Paris : PUF, 1991, p. 270.
  • [3]
    Anzieu D. Le Moi-peau. Op. cit., pp. 38-39.
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