L’enjeu de la scolarisation des enfants de populations migrantes dont les flux ont sensiblement progressé ces dernières années soulève un double défi : d’une part, celui de l’adaptation des structures d’accueil et d’apprentissage à la diversité des élèves nouvellement arrivés en France, appelés primo-arrivants ou depuis peu, allophones ; d’autre part, et inséparablement, celui du lien à construire entre les parents et l’école. Ce volet d’une politique d’intégration des parents et des élèves migrants (nés à l’étranger et âgés de moins de dix-sept ans selon les statistiques scolaires) est rarement étudié ni même pris en compte. Or, les enjeux de la scolarisation (et déscolarisation) de ces élèves ne peuvent être pensés sans lien avec l’histoire et l’identité des parents, l’éducation familiale et leur rapport à l’école.
De ce point de vue, l’accueil des primo-arrivants met à l’épreuve le principe d’une école républicaine porteuse historiquement d’une ambition d’égalité et d’effacement des particularismes culturels ou linguistiques. Or, tout regard porté sur les familles se construit au travers de représentations et de catégorisations de l’Autre, différencié selon l’origine nationale, la langue ou encore la religion. Dans ce rapport à l’altérité, la coéducation pourrait dévoiler comme par « effet loupe », ce qui se joue à plus grande échelle mais de manière plus diluée avec les familles les moins proches de la culture et du monde scolaires. Comme l’écrit le sociologue Erving Goffman : « Pour comprendre la différence, ce n’est pas le différent qu’il convient de regarder, mais bien l’ordinaire » (1986, p…