NOTES
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[1]
Je remercie A. et J. Fauve pour avoir lu et corrigé mon texte avec tant de soin.
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[2]
Sur la « maison totale » ou Ganzes Haus comme catégorie d’analyse, je renvoie à mon ouvrage : Dürr, 1995, p. 21-22.
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[3]
Voir la prédication de Johannes Brenz en 1529, Sermon de Marie et Marthe (cité par Dürr, 1995, 17).
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[4]
À partir de la deuxième moitié du xvie siècle ont été publiés un grand nombre de traités discutant l’influence négative des servantes sur la « maison totale » ou bien sur la société en général. Ces traités se sont de plus en plus radicalisés. Les servantes semblaient être coupables de tous les désordres dans la maison, dans la ville ou au sein de la nation. Elles étaient décrites comme sales, indécentes, barbares. On les a comparées à des fromages puants, des chiens, des porcs ou des ânes, des singes ou plus simplement à des bêtes. Voir par exemple Peter Glaser, Gesind Teufel […], Leipzig, 1564 ; Tobias Wagner, Siebenfältiger Ehehalten-Teuffel […], Esslingen, 1651 ; Balthasar Schupp, Sieben böse Geister Welche heutiges Tages Knechte und Mägde regieren und verführen […], Hamburg, 1659 ; Anonym, Artige und lustige Beschreibung/ Der Heut zu Tage Durch gantz Europam sich befindenen Dienst-Mägde […]/ wie sich jede in ihrem Dienst verhalte und erzeige. […], 1689 ; Philemon Menagius, Die Sieben Teuffel/ welche fast in der gantzen Welt die heutige Dienst-Mägde beherrschen und verführen, Frankfurt, 1693 ; Anonym, Die rechte Land-Plage, des heutigen Gesindes […], Leipzig, 1704.
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[5]
Schwäbisch Hall était une ville libre disposant d’un petit territoire. Au xvie siècle, elle comptait à peu près 6 000 habitants, mais en a perdu plus de 20 % pendant la guerre de Trente Ans. Son activité économique la plus importante était l’extraction de sel (Maisch et Stihler, 2006).
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[6]
Archives de la ville de Schwäbisch Hall, Inventaire 2 : Kirchenbücher.
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[7]
Archives de la ville de Schwäbisch Hall, 4/241, fol. 305r°.
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[8]
Archives de la ville de Schwäbisch Hall, 2/71, fol. 259.
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[9]
Archives de la ville de Schwäbisch Hall, 2/71, fol. 171-172.
- [10]
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[11]
En allemand, le terme employé est Stand.
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[12]
Archives de la ville de Schwäbisch Hall, 5/1479.
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[13]
Archives de la ville de Schwäbisch Hall, 4/553, fol. 230 r°.
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[14]
Archives de la ville de Schwäbisch Hall, 4/553, fol. 204 r°.
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[15]
Archives de la ville de Schwäbisch Hall, 4/553, fol. 204 v°.
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[16]
Archives de la ville de Schwäbisch Hall, 126/1-4.
1Nous connaissons pour l’Allemagne de l’époque moderne nombre de textes normatifs réglementant le service domestique, mais on ne saurait y lire ce qui s’est réellement passé entre le maître (ou la maîtresse) et la servante ou entre celle-ci et les enfants au sein des maisons [1]. Il existe également des sources judiciaires, certes précieuses pour faire l’histoire de ces servantes mises en accusation (par exemple pour vol ou pour « délit sexuel »), mais elles n’éclairent pas les conditions de service en général et nous informent seulement sur ce qui concerne la procédure judiciaire proprement dite. Elles ne disent pas, par exemple, à quel âge telle fille a quitté la maison natale pour entrer en service, ni combien de temps elle a servi ni pourquoi elle a cessé de le faire. Sur ces éléments, il est clair que les réponses que nous pouvons apporter ne sont pas aussi complètes pour l’époque moderne que pour les siècles suivants. Pour l’époque contemporaine en effet la documentation allemande est beaucoup plus développée et nous permet de connaître la durée et les motivations des engagements dans la domesticité. On ne saurait cependant interpréter les conditions du service domestique urbain sous l’Ancien Régime à la lumière des résultats des recherches sur les xixe et xxe siècles (Kaltwasser, 1989), et moins encore à la lumière des travaux portant sur la domesticité rurale (Frühsorge, 1995). Cependant, grâce à une source de grande qualité, les registres de décès de Schwäbisch Hall, une petite ville protestante du sud de l’Allemagne, il nous est possible de mieux comprendre les motivations et les conditions d’existence des servantes allemandes au xviie siècle.
L’historiographie allemande de la domesticité
2En Allemagne, les recherches sur la domesticité furent fort nombreuses au début du xxe siècle quand les servantes logées commencèrent à disparaître du marché du travail. Par la suite, d’intéressants travaux parurent en liaison avec les théories socialistes sur l’exploitation de ces « pauvres filles » ; ils mettaient en particulier l’accent sur le droit s’appliquant aux domestiques ainsi que sur leurs relations avec le monde rural. À ce jour, bien qu’ancien, l’ouvrage de J. Kamann, sur la domesticité urbaine à Nuremberg du xve au xixe siècle, reste essentiel, d’autant qu’il aborde un thème si rarement étudié : celui des conditions de l’assistance aux serviteurs dans leur grand âge (Kamann, 1901). Mais il a fallu ensuite attendre un demi-siècle pour voir paraître de nouvelles études, adoptant cette fois-ci plutôt un point de vue ethnologique (Kramer, 1964). Notons également l’apport plus récent de Rolf Engelsing dans une optique économique et sociale (Engelsing, 1978 ; 1974), ou encore celui de Walter Hartinger qui s’attache à étudier les domestiques à travers les archives judiciaires de Bavière (Hartinger, 1975).
3Notre travail sur les servantes de la petite ville de Schwäbisch Hall au xviie siècle (Dürr, 1995, 1997b et 1998 et 2005) s’inscrit, quant à lui, assurément dans la ligne des priorités exprimées par le Servant Project européen en 2001 (Fauve-Chamoux, 2004, 1-10 ; Pasleau et Schopp, 2005, XIII) qui étaient de penser les modèles de service domestique sur la longue durée, et ainsi de faire ressortir leur impact sur le parcours de vie, le mariage et la mobilité sociale des femmes au sein des sociétés européennes anciennes (Fauve-Chamoux, 1997 ; Schlumbohm, 1997 ; Sarti, 1997, 1999 ; Romano, 1996 ; Meldrum, 2000 ; O’Day, 2000).
4Concernant spécifiquement la question du service féminin en ville – l’état de « bonne » – à l’époque moderne, l’historiographie allemande a jusqu’ici suivi deux voies.
5D’une part, ce phénomène a été analysé comme étant propre – comme deux siècles plus tard – aux couches sociales inférieures (Bosl et Weis, 1978 ; Gutton, 1981 ; Maza, 1983 ; Sabattier, 1984 ; Wehler, 1987, 193-198 ; Schröder, 1992). À l’époque moderne, un grand nombre des servantes provenaient en effet de familles pauvres et se contentaient de gains modestes ; elles avaient pour cela souvent quitté la campagne pour la ville (François, 1975, 433-464). Plus largement, au-delà des données que nous discuterons ici – notamment le lien entre la condition de servante et l’origine sociale –, il a été en fait pour les historiens très difficile d’imaginer la présence de couches sociales différentes dans une Ganzes Haus ou « maison totale » [2] telle qu’elle était conçue sous l’Ancien Régime. En effet le concept de « couche sociale » est mal adapté au cadre d’une telle maison (Dürr, 1995, 24-28). C’est pour cette raison précise que Michael Mitterauer s’est demandé dans quelle mesure l’intégration dans un ménage suscitait un sentiment de classe : « La situation des domestiques est largement analogue à celle des enfants. Pour être conséquent, on peut ou bien parler pour tous les membres de la communauté ménagère (considérée comme communauté de production) de situations professionnelles relevant de la répartition en classes ou n’en parler pour aucun d’entre eux, le maître excepté » (Mitterauer, 1977, 25). Mais on peut, avec Heide Wunder, aller au-delà de la stricte question sociale et se demander si sexe et âge ne sont pas également à prendre en considération lorsqu’on cherche à différencier la situation des individus au sein de la maison (Wunder, 1978, 547). Traiter à niveau égal enfants et domestiques dans le cadre de la « maison totale » semble en fait bien peu fondé, compte tenu de ce que nous savons actuellement des conditions d’existence de ces deux groupes d’individus. L’idée initiale – considérer les servantes comme appartenant à une couche sociale inférieure – n’est donc sans doute pas complètement erronée, mais elle est cependant loin d’épuiser le sujet.
D’autre part, l’historiographie a proposé une seconde interprétation de la domesticité féminine : le service aurait été une phase normale et appréciée dans la vie des femmes, étant donné sa fréquence et sa pratique dans des couches sociales différentes. Le service pour les filles est ainsi interprété à l’image de l’apprentissage pour les garçons : un travail dans une maison autre que la leur. Elles y acquéraient toutes les connaissances utiles pour gérer ensuite leur propre ménage après leur mariage (Engelsing, 1974, 211 ; Kussmaul, 1981, 4 et 9 ; Mitterauer, 1985, 201 et 203 ; Krausman Ben Amos, 1991). Une telle façon de voir correspond fort bien aux « modèles européens de mariage » (European marriage patterns) évoqués il y a une quarantaine d’années par Peter Laslett et John Hajnal (Laslett, 1965 ; 1977 ; 1983 ; Hajnal, 1983 ; Mitterauer, 2003 ; Gehrmann, 2003). Beaucoup d’historiens ont adopté l’expression de Peter Laslett parlant de life-cycle servants, désignant ainsi les domestiques qui ne servent que pendant une période de leur vie. Effectivement on a pu vérifier qu’une grande partie des femmes travaillaient comme servantes dans d’au-tres maisons que la leur entre 15 et 29 ans (Mitterauer, 1985 ; Kussmaul, 1981). Reste à interpréter un tel constat (Dürr, 1995, 28-31). Les sources permettant de le faire sont seulement normatives. Les sources statistiques quant à elles (comme celles auxquelles recoururent Hajnal, Laslett et Mitterauer) ne peuvent seulement qu’attester le grand nombre de servantes, mais non indiquer pourquoi elles ont quitté la maison paternelle. Or, dès 1978, Richard Wall a pu montrer que la plupart des jeunes filles de bonne famille restaient à la maison, tant que les parents étaient en vie (Wall, 1978 ; Brodsky Elliott, 1981). Dans sa recherche sur la petite ville anglaise de Rye, Graham Mayhew concluait également à une remise en question de cette approche uniforme du service domestique conçu comme propre à une période du cours de la vie et proposait de distinguer clairement le modèle rural du modèle urbain (Mayhew, 1991, 223).
La Ganzes Haus à l’époque moderne
6Si la Ganzes Haus, ou « maison totale », existait déjà au Moyen Âge en tant qu’unité hiérarchisée assurant protection à ses membres, si la théorie économique d’Aristote a certainement influencé cette conception, la littérature économique ou « littérature du père de famille » (Brunner, 1968 ; Frühsorge, 1978 ; Ehlert, 1991 ; Richarz, 1991 ; Trossbach, 1993 ; Schmidt-Voges, à paraître) qui sert de fondement spécifique à la « maison totale » à l’époque moderne est en grande partie un produit de la Réforme. La différence avec le Moyen Âge tient à trois points fondamentaux :
- La « maison » est à l’époque moderne également comprise comme une communauté chrétienne mais dont désormais, sous l’influence luthérienne, toutes les activités peuvent être conçues comme étant effectuées au service de Dieu.
- Avec la Réforme, l’opposition médiévale guerrier/religieux/travailleur est dorénavant intériorisée dans la maison même et chacun de ses membres relève de l’un des trois « genres » : ainsi « par maison, on entend : société qui se compose de façon diverse des trois éléments simples suivants : le conjugal et le paternel ; le conjugal et le seigneurial ; le paternel et le seigneurial ; ou les trois ensemble… » (Wolff, (1975[1736]), 135-136).
- La conception du mariage propre à la Réforme : « Il n’est pas bon que l’homme soit seul ; je vais lui donner de quoi l’aider à ne pas l’être. » Selon Luther, Dieu est toujours présent entre mari et femme puisque le mariage est une fondation de Dieu (Dürr, 1995, 17).
7Outre le parallélisme des structures entre la « maison totale » et le gouvernement (Oeconomia Christiana/Politica Christiana), la Ganzes Haus a d’autres niveaux de signification : elle renvoie tout d’abord à l’intimité familiale, elle a ensuite une connotation religieuse, elle reflète enfin une structure sociale. Ces deux derniers éléments impliquent qu’elle ne soit pas autarcique, mais ouverte vers l’extérieur (le gouvernement ou l’économie de marché). Certes la littérature du « père de famille » méprise le goût du gain et du luxe, mais cette norme a rarement été respectée.
8Ainsi le concept de « classe inférieure » est-il d’abord lié à des rapports vécus en dehors de la maison. Pourtant assimiler enfants et domestiques, c’est faire bon marché de l’origine « autre » des domestiques, de leurs perspectives d’avenir bien différentes, mais également du fait que les enfants avaient une position privilégiée qui les mettaient au premier rang des préoccupations de la maisonnée.
Certes, sous l’Ancien Régime, entrer en service était une expérience commune à un grand pourcentage de femmes et pas seulement à celles qui étaient pauvres ou venaient de la campagne, mais les carences de nos sources rendent très compliqué le calcul précis de ce chiffre, et encore plus difficile la mesure de l’importance de cette phase de vie aux yeux de ces femmes. Que pensaient-elles de leurs années de service ? (Dürr, 1996). On ne saurait trouver de réponse en se référant seulement au pourcentage de femmes servantes. Il faut étudier de près non seulement les raisons pour lesquelles elles entraient en service mais aussi les conditions de leur mariage ultérieur ; il faut également analyser le discours de l’époque sur le service et les servantes : on est en effet frappé de la violence avec laquelle les sermons du temps et autres écrits abordent ce sujet (Münch, 1995 ; Dürr, 1995, 54-108) [4]. La statistique ne saurait donc apporter de réponse à toutes ces questions, mais celles-ci ne sauraient être résolues sans recourir au quantitatif.
Schwäbisch Hall et ses registres de décès
9Les registres paroissiaux de Schwäbisch Hall, une ville libre du sud de l’Allemagne de taille moyenne [5], nous permettent une approche inédite de ces questions parce que les ministres du culte eurent pour obligation, dès 1635, de rédiger un bref résumé de la vie de tous ceux qui y mouraient [6]. C’était quelques mois après une grave défaite qui marqua la guerre de Trente Ans et qui semblait présager la fin du protestantisme (Dürr, 1995, 46-47). Selon le bourgmestre, il y avait alors nécessité de préserver le souvenir de tous ceux qui avaient habité la ville [7].
10C’est pourquoi l’information ainsi fournie ne concerne pas seulement les notables, mais aussi les pauvres et les immigrés, les femmes et les enfants. À coup sûr, la qualité de l’information n’est pas aussi bonne pour ces derniers que pour les premiers, mais nous avons toujours, en principe, les nom, lieu et date de naissance, la profession du père, quelques étapes de la vie (dont par exemple le nombre et la durée des engagements en service domestique), la date du mariage, le nom et la profession de l’époux/épouse, le nom et le nombre des enfants, enfin les circonstances et la date de la mort. Ainsi renseignés, les registres paroissiaux nous donnent une vue large sur les conditions de vie des servantes aux xviie et xviiie siècles, plus complète en tout cas que l’optique particulière des actes de justice par exemple. C’est pourquoi j’ai consacré ma thèse à analyser les registres de décès de 1635 à 1690 de la paroisse Saint-Michel, la plus importante de Schwäbisch Hall.
Le tableau 1 permet de mesurer la fréquence du service domestique chez les femmes de cette paroisse. La première colonne répertorie le nombre des paroissiennes mortes au cours de chaque période, la seconde le nombre des femmes entrées en service domestique à un moment de leur vie. Il ne s’agit pas là d’une coupe transversale concernant la période indiquée, ni du pourcentage de servantes par rapport au nombre total de femmes vivant dans la ville. On y lit seulement le pourcentage des femmes décédées dans la ville, ayant travaillé comme servantes à un moment ou à un autre de leur vie (Dürr, 1995, 147).
Nombre de femmes ayant été servantes parmi les femmes décédées figurant dans les registres de décès de la paroisse Saint-Michel de Schwäbisch Hall, de 1635 à 1690
Nombre de femmes ayant été servantes parmi les femmes décédées figurant dans les registres de décès de la paroisse Saint-Michel de Schwäbisch Hall, de 1635 à 1690
11La proportion de femmes ayant eu l’expérience du service est relativement uniforme si l’on ne tient pas compte de la première période au cours de laquelle les pasteurs donnaient en général moins d’informations. Il s’établit entre 30 et 40 %, plus près en général de 30 %, mais les rédacteurs ont pu ne pas être informés ou même, à l’occasion, omettre un détail de ce genre. On peut ainsi considérer comme vraisemblable qu’au xviie siècle 30 à 40 % des femmes aient travaillé comme domestiques pendant quelques années ou pendant toute leur vie. Ce pourcentage est assurément élevé si l’on se réfère aux siècles suivants, mais il paraît bien maigre au vu d’autres estimations concernant le xviie siècle. Ainsi Alan Mac Farlane soutenait-il que trois quarts des femmes de l’époque avaient été servantes pour un temps plus ou moins long, et ce chiffre était encore de 50 % pour Michael Mitterauer. Cependant ces données ne sont pas en tout point comparables, les régions étudiées ne sont pas les mêmes, les époques pas tout à fait identiques (Mac Farlane, 1970, 209 ; Mitterauer, 1985, 201-203). Quoi qu’il en soit, à Schwäbisch Hall, c’est-à-dire en ville (nos chiffres ne concernent pas la campagne), au xviie siècle, environ deux tiers des femmes n’ont jamais travaillé comme servante. Le service domestique était donc à l’époque une expérience fréquente pour les femmes, mais il était loin de constituer la règle.
L’origine sociale des servantes
12Soutenir que le service était une phase habituelle de la vie des femmes donne à entendre que les servantes provenaient de différentes couches sociales. Examinons ce qu’il en est, non sans signaler que les données de nos registres ne sont pas exhaustives et que ceux qui les notaient se souciaient sans doute peu d’être systématiques. C’est pourquoi nous devons nous contenter d’approximations. Il faut en outre éliminer les premières périodes, les ministres du culte n’ayant toujours noté la profession des pères (ou presque toujours) qu’à partir des années 1660.
13À l’évidence, les servantes étaient issues de toutes les classes sociales (figure 1) (Dürr, 1995, 153). Un tiers d’entre elles, ou peu s’en faut, étaient nées dans des familles aisées. 10 % de celles-ci environ descendaient même de notables, leurs pères pouvant être pasteurs ou officiers de justice. Cette situation a d’ailleurs peu changé entre 1660 et 1690. Le service domestique ne saurait donc être considéré comme un phénomène propre aux classes défavorisées.
Origine sociale des servantes (en pourcentage), d’après les registres de décès de la paroisse Saint-Michel de Schwäbisch Hall, dans la seconde moitié du xviie siècle
Origine sociale des servantes (en pourcentage), d’après les registres de décès de la paroisse Saint-Michel de Schwäbisch Hall, dans la seconde moitié du xviie siècle
N. B. : Classe supérieure : membres du conseil municipal, officiers de justice, pasteurs, négociants, grands propriétaires, notaires, chirurgiens. Classe moyenne élevée : boulangers, tonneliers, hôteliers, épiciers, pelletiers, bouchers, meuniers. Classe moyenne inférieure : barbiers, maçons, sauniers, selliers, serruriers, forgerons, tailleurs, tisserands. Classe inférieure : journaliers, soldats, aides de la municipalité sans aucune qualification.Effectifs : 1661-1675 : 97 cas ; 1676-1690 : 91 cas.
14La figure 1 souligne la place importante des domestiques relevant de la classe pauvre (classe moyenne inférieure et classe inférieure) de cette société urbaine, avec 70 % du total, alors qu’à Schwäbisch Hall les femmes appartenant à cette catégorie ne comptaient que pour un peu plus de la moitié de la population (Dürr, 1995, 152-155 ; Wunder, 1980, 162-163 ; voir en général : Maisch et Stihler, 2006). Il importe, en outre, de noter qu’au cours des trente années observées, les servantes étaient de moins en moins issues de la couche intermédiaire basse, c’est-à-dire de l’artisanat pauvre, alors que la proportion de celles qui provenaient de la classe vraiment inférieure doublait ou peu s’en faut. Bien sûr, cette mutation tient à l’appauvrissement de la ville après la guerre de Trente Ans (McIntosh, 1997), mais elle est aussi le reflet d’un changement de situation dans ce petit artisanat. Apparemment, les filles d’artisans entraient de moins en moins en service : c’est là une constatation de poids qui n’est guère conciliable avec l’hypothèse selon laquelle l’entrée en service serait une forme et une phase de l’apprentissage féminin.
Autre vérification susceptible de nous apporter plus de lumière sur la question des origines sociales, qu’en était-il de la classe sociale des époux de ces servantes, surtout en ce qui concerne le statut le plus élevé (figure 2) ?
Origine sociale des maris des servantes (en pourcentage), d’après les registres de décès de la paroisse Saint-Michel de Schwäbisch Hall, dans la seconde moitié du xviie siècle
Origine sociale des maris des servantes (en pourcentage), d’après les registres de décès de la paroisse Saint-Michel de Schwäbisch Hall, dans la seconde moitié du xviie siècle
N. B. : Pour la définition des classes sociales, se référer à la figure 1.Effectifs : 1661-1675 : 104 cas ; 1676-1690 : 87 cas.
15Nous lisons clairement sur la figure 2 que les servantes étaient loin de réaliser des unions prestigieuses. Quatre seulement, en 30 ans, eurent la chance d’accéder à la classe supérieure de la ville ou d’y revenir. Une d’entre elles épousa le principal ministre du culte, une autre devint la femme d’un notaire. Mais la plupart des descendantes de notables y perdirent leur état de fille de qualité ; elles se retrouvèrent femmes d’artisan, ou même, pour quelques-unes, de journalier. Nous voyons nettement ici que l’entrée en service a marqué une grave coupure pour la plupart des filles de familles notables, sans compter celles qui ne se marièrent pas et restèrent donc servantes toute leur vie.
L’âge des servantes
16Comment comprendre que des filles de condition élevée quittèrent leur maison natale ? Parfois, les rédacteurs de ces brèves biographies se le sont demandé. Dans la moitié des cas, elles durent quitter la maison natale à la mort de l’un ou de leurs deux parents. L’entrée en service n’était donc pas un libre choix, mais la conséquence d’une pauvreté subite, un coup du sort pouvant affecter les plus jeunes : Margareta Bechmann entra ainsi en service à l’âge de six ans, à la mort de ses parents [8].
Près d’un tiers des servantes avaient quitté la maison natale avant l’âge de onze ans, la moitié avant d’avoir atteint leurs quatorze ans (figure 3). Nous sommes loin ici des hypothèses de Michael Mitterauer qui situait le service domestique féminin dans une phase de vie allant de 15 à 29 ans. À Schwäbisch Hall, la plupart des servantes ont quitté la maison parentale beaucoup plus tôt. Les ministres du culte, rédacteurs de ces brèves biographies, l’expliquent en général par la mort de l’un des parents, mais cela montre au moins qu’ils avaient, eux aussi, besoin d’explications. Cela paraissait donc bien précoce aux contemporains également.
Répartition par âge d’entrée en service domestique (en pourcentage) pour les femmes ayant été servantes, d’après les registres de décès de la paroisse Saint-Michel de Schwäbisch Hall, dans la seconde moitié du xviie siècle
Répartition par âge d’entrée en service domestique (en pourcentage) pour les femmes ayant été servantes, d’après les registres de décès de la paroisse Saint-Michel de Schwäbisch Hall, dans la seconde moitié du xviie siècle
Effectif total : 14417Notons aussi le nombre des femmes – près d’un tiers – qui quittèrent la maison natale tard, à 17 ans et plus. Trois quarts de ces femmes relevaient de la couche intermédiaire basse, telle Maria Lackorn, fille d’un cordonnier, qui épousa par la suite un tailleur [9]. Elle avait quitté la maison à 22 ans. En général, ces femmes ne travaillaient que quelques années comme servantes et épousaient un homme du même niveau social que leur père. Dans ce cas, le service semble bien avoir été une phase habituelle de la vie de ces femmes, qu’elles avaient bien intégrée dans leur « plan » de vie.
18Reste la question de la durée du service. Si ce dernier était une étape préparant aux devoirs ultérieurs de la ménagère, nul besoin n’était de le prolonger trop [10]. La figure 4 indique le nombre d’années de service de ces femmes avant leur mariage (nous ne tenons évidemment pas compte ici de celles qui ne se marièrent pas).
19On peut estimer que servir pendant cinq à dix ans correspondait à la durée d’un apprentissage, ce qui fut le cas pour environ un quart de ces servantes (figure 4). Mais deux tiers d’entre elles restèrent en service plus de dix années, un cinquième travaillant même plus de vingt ans avant de se marier, ce qui ne peut pas s’interpréter, dans le contexte de Schwäbisch Hall, comme le résultat d’une tension malthusienne. Des services de dix à vingt ans ou plus ne peuvent être considérés comme des phases préparatoires au mariage. Au contraire, on a l’impression que l’entrée en service remettait le mariage à beaucoup plus tard et le rendait plus difficile.
Répartition (en pourcentage) des femmes ayant été servantes et s’étant mariées selon la durée (en années) de leur service domestique, d’après les registres de décès de la paroisse Saint-Michel de Schwäbisch Hall, dans la seconde moitié du xviie siècle
Répartition (en pourcentage) des femmes ayant été servantes et s’étant mariées selon la durée (en années) de leur service domestique, d’après les registres de décès de la paroisse Saint-Michel de Schwäbisch Hall, dans la seconde moitié du xviie siècle
Effectif total : 135Le mariage des servantes
20Le tableau 5 qui présente les âges au mariage met en évidence la grande diversité des situations à l’époque moderne. D’une part, un tiers ou presque des femmes ayant été domestiques avait déjà convolé à l’âge de 20 ans. D’autre part, plus de 10 % des servantes ne se sont mariées qu’à l’âge de 40 ans ou plus. À 29 ans – âge qui marque le terme de la phase de service selon Mitterauer –, moins de la moitié des servantes étaient mariées. Ce pourcentage serait encore moindre si l’on tenait compte des servantes qui restèrent célibataires : nous constaterions alors que les servantes mariées à l’âge de 29 ans ne représentaient qu’un tiers de l’ensemble.
21Contrairement au modèle de mariage européen « tardif » défendu par P. Laslett et J. Hajnal (Laslett, 1965 ; 1977 ; 1983 ; Hajnal, 1983), on ne peut que constater que, dans une ville allemande du xviie siècle, presque 30 % des jeunes filles n’étant pas en service s’étaient mariées avant d’atteindre l’âge de 20 ans (figure 5). Se marier à 16 ou 17 ans était donc loin d’être rare. Mais conformément au European marriage pattern, nous constatons qu’en moyenne les servantes se mariaient dix ans plus tard que les autres femmes. Cela confirmerait qu’entrer en service revenait à remettre le mariage à plus tard ; mais dans le cas présent le mariage était repoussé d’un si grand nombre d’années qu’on ne saurait y voir, nous semble-t-il, une phase préparatoire au mariage. Se marier à l’âge de 30 ans et plus n’était en effet ni souhaitable ni accepté à l’époque : il suffit pour s’en rendre compte de lire les traités concernant le service domestique, empreints de reproches et de préjugés à cet égard (Dürr, 1995, 54-108). Le service a donc représenté une vraie coupure dans la vie de beaucoup de femmes, même pour celles élevées dans une couche sociale inférieure. C’est pourquoi je pense que le service n’était pas considéré alors comme une étape habituelle de la vie d’une femme.
Répartition par âge au mariage des femmes n’ayant jamais servi et des femmes ayant été servantes dans leur vie, en pourcentage, d’après les registres paroissiaux de Saint-Michel de Schwäbisch Hall, au xviie siècle*
Répartition par âge au mariage des femmes n’ayant jamais servi et des femmes ayant été servantes dans leur vie, en pourcentage, d’après les registres paroissiaux de Saint-Michel de Schwäbisch Hall, au xviie siècle*
N. B. : Effectifs : femmes n’ayant jamais servi : 272 cas ; femmes ayant servi : 338 cas.* Chiffres concernant les périodes de décès qui permettent une bonne comparaison des deux catégories de femmes, à savoir : 1635-36 ; 1660-65 et 1685-90.
On a adopté volontairement des catégories d’âges plus fines que les groupes quinquennaux habituels.
La première catégorie d’âges comprend l’âge de 20 ans.
Conclusion : service domestique et déclassement social
22Toutes ces données nous indiquent combien il est difficile d’apprécier ce que représentait le service domestique sous l’Ancien Régime. Ce n’était pas seulement un état propre aux groupes sociaux inférieurs puisque les servantes étaient issues de toutes les catégories, même si la classe sociale défavorisée y était prépondérante. Nous ne pouvons pas non plus y voir une phase traditionnelle de la vie des femmes les préparant à leur avenir de ménagères. Au contraire, le service semble avoir été le moment d’une grande fracture dans leur vie, et cela d’autant plus qu’elles étaient issues de bonne famille. En général, les servantes se mariaient beaucoup plus tard que les autres femmes et, pour la plupart des filles de notables, le mariage signifiait une sensible mobilité sociale descendante.
23Si le service n’était ni un phénomène lié aux couches sociales inférieures ni une préparation aux tâches ménagères ultérieures, comment le comprendre ? Je propose pour cela de revenir à la manière dont ces femmes étaient perçues à l’époque (Dürr, 1995, 266-273 ; 1996 ; 1997a). Pour les contemporains, les servantes participaient à l’état [11] de la maison, la classification en états, à l’époque, étant la conséquence du besoin d’ordre. La société était perçue comme divisée en trois états, ecclesia, politica, oeconomia, autrement dit l’église, le pouvoir et tout ce qui concernait la maison. Chacun de ces « états » avait vocation à édifier le christianisme et le devoir de le faire, à sa manière. Chacun disposait d’une hiérarchie immanente présidée par Dieu. En ce sens, le père, dans la maison, représentait le « père du pays », lui-même agissant au nom de Dieu. Dans ces conditions, et cela est important pour ce qui nous concerne, les maisons ne constituaient pas des sphères privées comme on le dira ultérieurement des familles. Tout ce qui s’y passait était d’ordre public : un enfant illégitime, une mau-vaise gestion, de la violence, c’est-à-dire quelque désordre que ce fût, étaient affaire publique, et l’administration de la ville avait devoir d’y remédier. Quant aux servantes, elles se retrouvaient tout en bas de la hiérarchie, une hiérarchie débouchant sur l’ordre divin, donc intangible.
24Penser la société en « états » était un reflet de ce besoin d’ordre, d’autant plus ressenti à l’époque que tout semblait remis en cause : pensons aux conflits religieux, aux conséquences de la guerre de Trente Ans, aux effets économiques de l’expansion du monde européen, etc. Les autorités de Schwäbisch Hall cherchaient donc à stabiliser un certain ordre au sein de la société et des ménages ; elles édictaient dès lors mille dispositions permettant de définir les « états » (Dürr, 1997b ; 1998). Leur nombre même atteste l’importance de l’entreprise, mais aussi la difficulté à stabiliser le cadre, les devoirs, les droits de chaque « état ». Il s’agissait aussi de leur donner une visibilité en prescrivant les tenues vestimentaires ou corporelles propres à chacun. Ainsi, à Schwäbisch Hall, une instruction de 1686 interdit aux servantes de parer leur coiffure « pour qu’on puisse voir la différence entre une servante et une fille de maison » [12].
25Entrer en service signifiait donc changer de condition, d’état et se retrouver au plus bas de la hiérarchie sociale. On imagine ce que cela pouvait signifier pour les filles de bonne famille : elles ressentaient cruellement cette perte de statut ; peut-être n’acceptaient-elles pas les limites que leur imposait leur nouvel état. On peut en effet lire dans les actes de justice de la ville des déclarations de servantes qui furent accusées de porter des habits d’une condition supérieure à la leur. Par exemple, l’une d’entre elles affirmait qu’elle « ne porte rien au-dessus de son état parce qu’elle est fille de ministre du culte » [13]. Une autre disait s’habiller comme il sied « parce que son père était médecin » [14]. Et une fille d’hôtelier expliquait qu’elle avait fait orner ses cheveux expressément pour qu’elle soit vue comme fille d’un bourgeois et non comme une servante [15].
26Si la hiérarchie des états a correspondu à un besoin d’ordre, elle a aussi été source de conflits, donc de nouveaux désordres, parce qu’apparemment elle ne reflétait pas, ou ne reflétait plus, l’idée que ces personnes se faisaient d’elles-mêmes. Les maisons, qui auraient dû constituer la base même de l’ordre social, pouvaient donc aussi être à l’origine de troubles et par conséquent hâter la fin de ce régime.
27Les ministres du culte parlaient abondamment de ces problèmes. Évoquant les conflits au sein des maisons, ils en imputaient en général la faute à des servantes qui se seraient départies de leur état. Si l’on compare les textes qui se succédèrent, il ressort que ces pasteurs eurent recours à des paroles de plus en plus fortes, au point de voir dans les servantes de quasi-mons-tres. Selon ces prêches des xviie et xviiie siècles, elles n’avaient en effet ni honneur ni formation, elles étaient paresseuses, sales et présomptueuses. Elles sapaient l’ordre des maisons parce qu’elles trompaient le père ou le fils de la maisonnée, elles ruinaient celle-ci en volant de l’argent ou d’autres biens. Bref, les servantes étaient source de tout le mal, elles hâtaient la fin du monde (Dürr, 1995, 76-108).
28Les servantes eurent donc une fonction de bouc émissaire pour tout ce qui allait de travers, de sorte que nous ne pouvons utiliser ces écrits pour savoir ce qu’il en fut vraiment. Ils ne décrivent pas des événements réels mais sont une sorte de prémonition de la liquidation des états, et donc d’une liquidation fictive de l’Ancien Régime. Mais les servantes, qui elles-mêmes n’étaient pas fictives, se défendaient surtout quand elles étaient de bonne naissance : nous en avons relevé quelques cas dans les actes de justice.
Il semble que cette remise en question de l’état de maison ait eu quelque succès puisque, à partir de 1703, les ordonnances municipales traitant de la tenue des servantes à Schwäbisch Hall ont stipulé que certaines règles n’étaient pas valables pour celles qui étaient issues d’une famille de pasteur ou de magistrat [16]. C’est dire aussi que l’amertume que ressentaient ces servantes concernant leur appartenance sociale – mais elles n’étaient évidemment pas les seules – portait en germe la fin de ce système. Du moins, la notion d’« état » (Stand), c’est-à-dire de statut social, nous aide-t-elle à juger du caractère spécifique du service domestique sous l’Ancien Régime dans l’Allemagne urbaine protestante, et ce jusque vers 1750.
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NOTES
-
[1]
Je remercie A. et J. Fauve pour avoir lu et corrigé mon texte avec tant de soin.
-
[2]
Sur la « maison totale » ou Ganzes Haus comme catégorie d’analyse, je renvoie à mon ouvrage : Dürr, 1995, p. 21-22.
-
[3]
Voir la prédication de Johannes Brenz en 1529, Sermon de Marie et Marthe (cité par Dürr, 1995, 17).
-
[4]
À partir de la deuxième moitié du xvie siècle ont été publiés un grand nombre de traités discutant l’influence négative des servantes sur la « maison totale » ou bien sur la société en général. Ces traités se sont de plus en plus radicalisés. Les servantes semblaient être coupables de tous les désordres dans la maison, dans la ville ou au sein de la nation. Elles étaient décrites comme sales, indécentes, barbares. On les a comparées à des fromages puants, des chiens, des porcs ou des ânes, des singes ou plus simplement à des bêtes. Voir par exemple Peter Glaser, Gesind Teufel […], Leipzig, 1564 ; Tobias Wagner, Siebenfältiger Ehehalten-Teuffel […], Esslingen, 1651 ; Balthasar Schupp, Sieben böse Geister Welche heutiges Tages Knechte und Mägde regieren und verführen […], Hamburg, 1659 ; Anonym, Artige und lustige Beschreibung/ Der Heut zu Tage Durch gantz Europam sich befindenen Dienst-Mägde […]/ wie sich jede in ihrem Dienst verhalte und erzeige. […], 1689 ; Philemon Menagius, Die Sieben Teuffel/ welche fast in der gantzen Welt die heutige Dienst-Mägde beherrschen und verführen, Frankfurt, 1693 ; Anonym, Die rechte Land-Plage, des heutigen Gesindes […], Leipzig, 1704.
-
[5]
Schwäbisch Hall était une ville libre disposant d’un petit territoire. Au xvie siècle, elle comptait à peu près 6 000 habitants, mais en a perdu plus de 20 % pendant la guerre de Trente Ans. Son activité économique la plus importante était l’extraction de sel (Maisch et Stihler, 2006).
-
[6]
Archives de la ville de Schwäbisch Hall, Inventaire 2 : Kirchenbücher.
-
[7]
Archives de la ville de Schwäbisch Hall, 4/241, fol. 305r°.
-
[8]
Archives de la ville de Schwäbisch Hall, 2/71, fol. 259.
-
[9]
Archives de la ville de Schwäbisch Hall, 2/71, fol. 171-172.
- [10]
-
[11]
En allemand, le terme employé est Stand.
-
[12]
Archives de la ville de Schwäbisch Hall, 5/1479.
-
[13]
Archives de la ville de Schwäbisch Hall, 4/553, fol. 230 r°.
-
[14]
Archives de la ville de Schwäbisch Hall, 4/553, fol. 204 r°.
-
[15]
Archives de la ville de Schwäbisch Hall, 4/553, fol. 204 v°.
-
[16]
Archives de la ville de Schwäbisch Hall, 126/1-4.