Notes
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[1]
Indépendamment des congrès d'assistance, de démographie, etc., dont on trouvera la liste en annexe, voici la liste des congrès internationaux consacrés à l'enfance que nous avons spécialement étudiés dans cet article :
- – Congrès international de la protection de l'enfance, Paris, 1883.
- – 1er Congrès international pour la protection de l'enfance, Florence, 1896.
- – 2e Congrès international pour la protection de l'enfance, Budapest, 1899.
- – 3e Congrès international pour la protection de l'enfance, Londres, 1902.
- – 1er Congrès international des Gouttes de Lait, Paris, 1905.
- – 2e Congrès international des Gouttes de Lait, Bruxelles, 1907.
- – III Internationalen Kongress für Saünglingsschutz (Goutte de Lait), Berlin, 1911 Verlag Von Geng Stilke, Berlin, 1912.
- – Premier Congrès international de Bruxelles pour la protection de l'enfance, Bruxelles, 1913.
- – 4e Congrès international de protection maternelle et infantile, Paris, 1922.
-
[2]
Ce travail sera complété par une recherche en cours sur la mortalité infantile vue dans les congrès internationaux de statistiques, d'hygiène et de démographie.
-
[3]
Congrès, il est vrai, plus national qu'international, malgré son nom.
-
[4]
Gazette hebdomadaire de médecine et de chirurgie, 15 avril 1870, p. 227.
-
[5]
La Société internationale pour l'étude des questions d'assistance fondée en 1889 comprenait une section consacrée à l'enfance mais il s'agissait davantage d'une association de réflexions et d'un centre documentaire que d'un réseau d'institutions.
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[6]
Cette histoire peut être suivie partiellement à travers les comptes rendus qu'en donne le Bulletin trimestriel de la Ligue contre la mortalité infantile, Bulletin conservé au Comité national de l'enfance à Paris.
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[7]
La première déclaration des droits de l'enfant fut signée à Genève par les membres de la SDN en 1924.
-
[8]
Ve Congrès international d'assistance publique et privée à Copenhague, 1910, Résumé du rapport général en langue française préparé par le rapporteur général M. le Dr Muensterberg, vol. 2, p. 388-395.
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[9]
Voir la communication du docteur Pinard sur la « puériculture intra-utérine » au Congrès d'Hygiène et de démographie, Paris, 1900, p. 417-426 : le souci de la qualité de l'enfant à naître, l'eugénisme, sont déjà très présents.
Introduction
1 Il est certain que chacun des pays industrialisés d'Europe ou d'Amérique connaît une histoire de l'enfance qui lui est propre, chaque État ayant mis au point un ensemble original d'institutions sociales et médicales pour combattre la mortalité infantile et pour protéger la vie des enfants. On dispose aujourd'hui de nombreuses études qui montrent la diversité des expériences selon les États : pour la Grande-Bretagne (Dwork, 1987), les États-Unis (Meckel, 1990 ; Preston et Haines, 1991 ; Klaus, 1993), pour la France (Rollet, 1990), l'Australie (Smith, 1988), la Belgique (Masuy-Stroobant, 1983 ; Debuisson, 1993), l'Espagne (Borras Llop, 1996), etc.
2 Néanmoins, une culture commune s'est construite à partir des discussions qui ont eu lieu lors des congrès internationaux qui se sont tenus, en Europe en particulier, à partir du milieu du xixe siècle (Rollet, 1994). Plusieurs États ont participé aux débats sur le statut de l'enfant, sur ses conditions de vie, sur les améliorations à apporter, au niveau national et inter-national. Comment s'est construite cette culture commune sur l'enfance ? Qui a participé aux discussions ? Quels pays ont exercé une influence dominante ? Quelques études ont été consacrées à l'entre-deux-guerres (Roemer, 1994), d'autres aux congrès pan-américains (Kuhlmann, 1998 ; Guy, 1998), mais aucune étude, à notre connaissance, n'a porté sur la période antérieure à la Première Guerre mondiale. Or, une des premières conférences médicales, peut-être la première, qui s'est intéressée à l'enfance, s'est tenue à Bruxelles dès 1876. Mais c'est principalement après 1880 que l'enfance devient un des thèmes officiels des congrès de Démographie et d'Hygiène (1887, 1889, 1894, 1898, 1900…) et des congrès d'Assistance (1889, 1896, 1900, 1906, 1910…). Bien plus, ce groupe d'âge est devenu l'objet unique de quelques congrès : en 1883, s'est tenu à Paris le premier congrès international consacré à la protection de l'enfance, sous la présidence d'un avocat parisien, Maurice Bonjean (Rollet, 1994).
3 À partir d'un échantillon de congrès internationaux sur l'assistance, sur la santé et sur la protection de l'enfance tenus en Europe durant la période 1880-1920 [1], le but de ce travail est d'abord de situer le contexte dans lequel cette culture internationale s'est construite, puis de distinguer les principales étapes de cette construction et, à partir de ces étapes, de comprendre le rôle joué par les différents pays européens et américains [2].
Le contexte démographique et socio-économique
4 Quel était le contexte démographique et économique des premiers débats ? Lorsque les savants du monde entier, surtout des Européens, se sont réunis pour discuter sur l'enfance à la fin des années 1880, la mortalité infantile demeurait élevée, voire très élevée dans certains pays (en Allemagne, en particulier en Bavière, en Russie, etc.). En fait, la mortalité infantile n'était pas encore entrée dans la phase irréversible de diminution rapide. Cette diminution ne surviendra pas avant l'extrême fin du xixe siècle, parfois seulement au début du xxe siècle. Grâce à des études de plus en plus précises, les historiens et les démographes se sont accordés à reconnaître que l'évolution de la mortalité infantile n'a pas été linéaire pendant le xixe siècle : à une phase de rapide baisse vers 1800, a succédé un plateau, et même une remontée de la mortalité infantile pendant les années 1850, cette tendance étant interrompue après les années 1890 ou 1900. Ce cycle pourrait être dû à la recrudescence des maladies contagieuses et à l'exacerbation d'agents microbiens causant des accidents digestifs, en relation peut-être avec des modifications climatiques et avec la détérioration des conditions de vie de la population pauvre dans les villes.
5 Vers 1880, le taux de mortalité infantile atteignait 111 ‰ en Suède, 142 ‰ en Angleterre-Galles, 166 ‰ en Belgique, 168 ‰ en France, 226 ‰ en Allemagne, 268 ‰ en Russie (Poulain et Tabutin, 1980, 120). C'est donc dans le cadre d'un cycle de remontée de la mortalité infantile que se tiennent au niveau international des débats importants sur les principes et les moyens d'une protection plus efficace des enfants. Ce contexte démographique a certainement joué un rôle dans la prise de conscience, au niveau international, de la nécessité de soigner différemment les enfants, contexte aggravé dans le cas de la France par la crainte des conséquences d'une natalité décroissante.
6 Par ailleurs, lorsque la diminution de la mortalité infantile a commencé, elle a été très rapide : en quelques années, la mortalité infantile a baissé de plusieurs dizaines de points. L'année 1900 représente vraiment un tournant décisif et irréversible, si l'on excepte l'année noire de 1911 et les deux guerres mondiales.
7 La formation d'une culture commune sur l'enfance couvre donc cette importante période qui connaît une chute significative de la mortalité infantile dans les pays industrialisés (plus de 15 % vers 1880, 8 % vers 1930, et 0,6 % aujourd'hui) : c'est la première étape qui sera étudiée ici.
8 Le contexte économique a aussi son importance. La fin de la première industrialisation représente une période de recomposition de la main d'œuvre. De plus en plus, se dessine la nécessité d'une nouvelle division du travail entre les régions, entre les âges et les sexes. La spécialisation des âges devient cruciale et produit l'éviction des enfants du marché du travail et, avec des résistances, la baisse de l'activité économique des femmes. Les enfants se voient consacrés à l'école, les femmes étant de leur côté de plus en plus sollicitées pour assumer avant l'école des fonctions éducatives auprès des petits. Pendant les années 1880, c'est la question de la survie des enfants qui est en jeu, ainsi que l'aspect social : les enfants mal élevés, maltraités ne risquent-ils pas de devenir des adultes inadaptés, voire dangereux ? On se préoccupe des enfants comme d'un capital humain à faire fructifier : il faut investir dans la protection et dans l'éducation de l'enfance en veillant au bon placement des investissements, tout en sachant qu'il s'agit de « placements à longue échéance », dont il est vain d'espérer des bénéfices à court terme. Ces considérations un peu brutales peuvent, bien entendu, coexister avec des motivations humanistes et rejoindre le grand débat sur les droits de l'homme.
9 Les discussions qui ont lieu autour de l'enfance dans les congrès oscillent entre deux pôles, un pôle plus juridique et théorique, et un pôle plus pragmatique. Réunis en congrès, les savants et les politiques ont longuement discuté sur ce que l'on pourrait appeler les grands principes, lesquels aboutiront à une définition commune des indicateurs statistiques et à la conception des Droits de l'enfant. Le second pôle est plus empirique, plus concret : protéger des enfants, c'est d'abord connaître leurs conditions de vie, mais c'est aussi connaître les expériences menées pour modifier tel ou tel aspect de leur vie. Telle initiative publique sera exposée, telle réalisation privée, même de taille très modeste, sera discutée, contestée, proposée comme modèle à suivre : les congrès sont aussi un lieu d'échanges des expériences qui semblent réussir. C'est à partir de ces débats que sont élaborés les vœux adoptés par les congrès.
10 Les congrès se situent finalement dans une dialectique entre théorie et pratique. Ils ont une histoire qui illustre d'abord l'évolution des idées concernant les rapports entre l'État, la famille et les individus, ensuite le cheminement des expériences et des pratiques, enfin le rapport des forces entre pays. C'est la combinaison de ces trois dimensions au moins (il en existe sans doute d'autres), qui permet de comprendre l'évolution des débats autour de l'enfance des années 1880 aux années 1920.
L'approche juridique
11 La voie juridico-administrative, proche de ce que l'on appelle « police sanitaire », est l'une des deux voies par laquelle l'enfance a fait son entrée dans les congrès. Cette approche porte essentiellement sur le statut des enfants nés hors mariage, sur les modalités juridiques et administra-tives de l'accueil des enfants abandonnés, sur l'aménagement de leurs conditions de vie, sur la surveillance des enfants placés en nourrice, sur l'aide à apporter aux mères pauvres élevant seules leur enfant. Les enfants « sans famille », les enfants des mères célibataires, les enfants séparés de leurs parents forment partout les premiers groupes d'enfants dont les pays discutent. L'abandon, en effet, le pla-cement en nourrice, l'accueil des orphelins, étaient des pratiques qui formaient un vieux fonds commun en Europe, et le débat s'ouvrit sur la modernisation des méthodes de traitement de cette question – l'aspect financier jouant un rôle sen-sible. Fallait-il continuer à accueillir très largement les enfants que leurs parents ne pouvaient ou ne voulaient élever, y compris par des systèmes comme le tour ou le « bureau ouvert » ? Fallait-il au contraire restreindre cet accueil, inciter les mères à conserver leur enfant ? Comment assurer la garde de ces enfants : dans des collectivités, selon la méthode anglo-saxonne, ou en placement familial comme cela se pratiquait en France ? L'État avait-il le droit d'instaurer un contrôle des familles d'accueil des enfants placés en nourrice ? Ce fut ce type de questions qui fit l'objet de questions inscrites à l'ordre du jour de plusieurs congrès internationaux, en particulier les congrès d'assistance.
12 Lors du premier Congrès international d'Assistance qui se tint à Paris au moment de l'Exposition universelle de 1889, sous la présidence du sénateur Théophile Roussel, les quatre questions posées par le Comité d'organisation portaient sur le caractère obligatoire ou non de l'assistance publique, sur l'organisation méthodique de la bienfaisance, sur les modes de placement des enfants à la charge des administrations publiques et sur l'assistance médicale dans les campagnes. La troisième question s'intéressait donc spécifiquement aux enfants : elle précisait qu'il s'agissait aussi d'examiner pour ceux qui étaient concernés les « moyens pris ou à prendre pour assurer leur mise en valeur physique, intellectuelle et morale ».
13 En proposant d'examiner le principe de l'obligation de l'intervention de l'État dans la vie sociale, la première question posait évidemment un problème fondamental qui englobait le sujet particulier de la protection de l'enfance : jusqu'où devait-on aller dans l'assistance ? Qui devait-on « assister » de façon obli-gatoire ? Partisans d'une conception modérée de l'État-providence et partisans d'une conception libérale s'oppo-sèrent de façon très vive. L'option favorable à une obligation de l'assistance aux plus vulnérables et démunis fut finalement adoptée, dès lors que les moyens relevant de la bienfaisance privée se révéleraient insuffisants.
14 Le Congrès de 1889 rassembla en France 405 membres, dont 93 étrangers, appartenant à 24 pays différents de tous les continents, à l'exception de l'Asie. La présence française fut massive et la question sur l'enfance en porta fortement la marque. Le rapport général fut présenté par un avocat à la cour de Paris, Henri Rollet : son rapport portait pour l'es-sentiel sur l'expérience française, deux pages seulement sur 55 étant consacrées aux expériences étrangères. Deux annexes importantes étaient également jointes, dont le texte de la loi récemment adoptée par le parlement français concernant les enfants maltraités et moralement abandonnés et un rapport très circonstancié sur les Enfants Assistés adressé par Henri Monod, directeur de l'Assistance publique, au président du Conseil. On le voit, les pièces publiées dans le premier volume des actes du Congrès étaient essentiellement des apports français. Les débats au cours des séances permettent cependant d'apprécier la richesse des apports étrangers. On se rend compte de l'existence de deux types d'affrontements entre conceptions de l'enfance et méthodes à suivre, au sein d'un même pays d'une part – c'était le cas français –, et entre pays d'autre part. De cette double confrontation naquirent les positions qui furent finalement adoptées au Congrès. Pour les enfants assistés, le principe du placement familial fut nettement affirmé, suivant en cela la méthode qui s'était imposée dans le courant du xviiie siècle en France ; pour les enfants « moralement abandonnés », ceux dont les tribunaux prononçaient la protection judiciaire, il fut recommandé de diversifier les modes d'accueil, du placement familial aux maisons d'éducation spéciale, de façon à répondre aux situations très différentes qui se présentaient. La position finale tenait compte à la fois de l'expérience française du placement familial, et de l'expérience de l'accueil en collectivités selon le modèle anglo-américain. Il est intéressant de voir que, lors des séances, le rapporteur n'a pas été suivi dans son désir de voir renforcer le système britannique des écoles industrielles et des écoles de réforme : le mode familial rural, ou du moins en tout petits groupes, fut affirmé comme le meilleur mode de placement, sauf cas spécifiques.
15 Comme en écho à ce congrès, le Congrès international d'Assistance publique et de Bienfaisance privée qui s'est tenu à Paris en 1900 inscrivit à son ordre du jour la question « du traitement et de l'éducation des enfants recueillis par l'assistance publique ou par la bienfaisance privée et auxquels ne convient pas, pour une cause morale, le placement familial (écoles de réforme, de préservation, de redressement) ».
16 Le Congrès de 1889 n'était pas le premier à avoir réuni des spécialistes sur cette question de la protection de l'enfance, dans ses aspects juridiques et administratifs. En 1883, un premier Congrès international de la Protection de l'enfance s'était tenu à Paris et avait déjà été consacré essentiellement à l'enfance abandonnée. L'avocat Maurice Bonjean, président, avait situé clairement cette rencontre dans une perspective d'humanité et de préservation sociale : comment aider l'enfant malheureux et abandonné pour qu'il ne devienne pas un vagabond et un malfaiteur ? La première commission du Congrès avait été chargée de discuter des mesures pour prévenir l'abandon et pour encourager l'allaitement maternel, des mesures prises à l'égard des nourrissons, des enfants assistés et des crèches. Quelques années plus tard, au Congrès international de Protection de l'enfance de Bordeaux (1895) [3], les congressistes discutèrent des meilleurs moyens d'éviter la séparation de l'enfant de sa mère (placement en nourrice) et proposèrent la signature de conventions entre États pour surveiller les nourrissons placés à l'étranger. On s'était rendu compte en France que la loi Roussel qui instituait depuis 1874 une protection médico-administrative des enfants placés en nourrice et une surveillance des nourrices ne pouvait s'appliquer aux nourrissons français placés en Italie ou en Belgique par exemple, d'où la nécessité de conventions internationales.
17 Le congrès international pour l'enfance qui se tint à Budapest en 1899 s'organisa en quatre sections : une section médicale (avec de nombreuses communications de médecins hongrois), une section juridique, une section pédagogique et une section consacrée à la bienfaisance philanthropique. Tandis que dans la section pédagogique, les congressistes discutèrent pour savoir s'il fallait que la crèche exerce, au-delà de sa fonction de garde, une fonction éducative, dans la section juridique, on s'interrogea notamment sur la possibilité de limiter l'autorité paternelle. Les questions posées sur ce sujet furent les suivantes : « Des dispositions législatives sont-elles nécessaires pour restreindre l'autorité des parents dans le cas où leur influence menacerait la vie ou la santé de leurs enfants ? Y a-t-il lieu de craindre que cette autorité rende l'enfant dangereux pour la société en le mettant dans un complet abandon moral ? Dans l'affirmative, quelles sont les mesures à prendre ? » On retrouve là très nettement les préoccupations qui avaient été celles des législateurs français en 1889.
18 Cette question de la garde de l'enfant, celle des enfants abandonnés et maltraités, était bien caractéristique des pays latins, elle s'appliquait beaucoup moins aux pays anglo-saxons, mais elle était cependant toujours inscrite à l'ordre du jour de la première section, consacrée à l'enfance, du Congrès international d'Assistance publique et de Bienfaisance privée de 1900 : on s'interrogea sur les encouragements donnés par les pouvoirs publics ou par les œuvres privées à l'allaitement maternel, sur la surveillance des enfants placés en nourrice, sur la protection des enfants contre le vagabondage et la mendicité.
19 De congrès en congrès, il apparaît que les États ont d'abord cherché à améliorer le sort de l'enfant « sans famille » ou séparé d'elle, ou maltraité par elle. Partout progressait l'idée que l'enfant, quel que fût son statut juridique, avait droit à la protection de l'autorité publique. Presque tous les États modifièrent leur législation dans un sens plus libéral vis-à-vis de l'enfant, cherchant à le protéger du dénuement, du délaissement, de l'exploitation, de l'humiliation. Au tournant de ce siècle, l'administration française prit ainsi des mesures pour éviter de stigmatiser les enfants abandonnés en leur donnant lors de l'admission des patronymes fantaisistes ou ridicules ou bien des vêtements désuets, pour éviter de les utiliser pour exciter la pitié lors des enterrements (Rollet, 2001).
20 Dans cette première approche à caractère juridico-administrative, l'expérience française de la loi Roussel de protection des enfants en nourrice (1874) et de la loi sur les enfants maltraités adoptée en 1889 (Rollet, 1990), joua un rôle notable.
L'approche médicale
21 L'autre voie par laquelle l'enfance fit son entrée dans les congrès, ce fut la voie médico-hygiénique, ceci en relation avec les découvertes des microbiologistes. Or, sur le terrain de la puériculture, l'influence française fut, une fois encore, forte. Faut-il rappeler que le mot lui-même (« art d'élever les enfants ») a été inventé par un médecin parisien, le docteur Caron, qui, sous le Second Empire, aurait bien voulu, avec l'autorisation du ministre de l'Instruction publique, donner quelques leçons d'hygiène de l'enfant à des femmes du monde et à des jeunes filles ? Son initiative fut à l'époque un échec : on jugea le sujet indécent, inconvenant pour des femmes (Rollet, 2001). Le terme ne fut repris qu'à la fin du xixe siècle par un autre médecin français, le docteur Pinard, qui voulut lui donner un contenu plus scientifique (« science d'élever hygiéniquement et physiologiquement les enfants ») en distinguant la puériculture intra-utérine et celle qui s'intéresse à l'enfant déjà né. La branche de la médecine s'occupant des enfants, la pédiatrie, reçut également un nom français. Les tentatives pour nommer autrement ces disciplines échouèrent : au congrès de 1933, un professeur italien tenta en vain de suggérer d'adopter le terme de « nipiologie » pour désigner la science du nourrisson, la pédologie désignant la science de l'enfance ; ni pédotechnie suggérée en 1870 par le docteur Fonssagrives [4], ni nipiologie, ou d'autres termes encore, ne réussirent à s'imposer.
22 L'approche médicale est plus pragmatique que l'approche juridique, moins théorique, et elle s'applique davantage à la première enfance. On mesure la rapidité du changement de perspectives lorsqu'on rapproche les congrès internationaux d'Assistance de 1889 et 1900 : au congrès d'Assistance en 1889, les congressistes avaient été invités à visiter la nourricerie de l'hospice des enfants assistés, là où étaient nourris les enfants syphilitiques au pis d'ânesses ; par ailleurs, les discussions avaient montré les hésitations des savants sur la question du lait bouilli ou stérilisé, les uns préconisant encore le lait cru, notamment des médecins français, d'autres étant déjà convaincus de la supériorité du lait stérilisé. Au Congrès d'hygiène et de démographie de 1889, le docteur Felix, de Bucarest, n'avait pas hésité à déclarer : « Dans ces onze ans passés [depuis 1878], l'ancien édifice de l'hygiène, basé en partie sur des hypothèses, a été ébranlé par la nouvelle science de la bactériologie, créée ici en France… », mais cette avancée n'avait pas encore véritablement touché le domaine de l'enfance et de la maternité, sauf en ce qui concerne la lutte contre la fièvre puerpérale.
23 Onze ans plus tard, différents pédiatres (pour la France Henry de Rothschild), dans des exposés remarquablement complets présentés lors du Congrès d'Assistance de 1900, démontrèrent la supériorité de l'allaitement au lait stérilisé, et décrivirent les expérimentations, notamment celle poursuivie par l'obstétricien Pierre Budin à l'Institut Pasteur. Ils montrèrent comment le lait animal, dans ses différents modes de stérilisation (stérilisation absolue de l'industrie, stérilisation domestique) ne constituait plus une menace pour l'enfant. C'était un progrès décisif dans la lutte contre les maladies des voies digestives en même temps qu'une alternative satisfaisante à la séparation de la mère et de l'enfant opérée par la mise en nourrice. Des initiatives comme celles des docteurs Budin, Variot, Dufour contribuèrent à vulgariser auprès de publics variés ce mode d'allaitement et facilitèrent la distribution du lait.
24 Périodiquement, les médecins qui expérimentaient ces nouvelles méthodes d'alimentation et de surveillance de la santé des nourrissons, sont venus exposer leurs projets, leurs réussites, plus rarement leurs échecs devant les publics de savants. En 1898, au Congrès international d'Hygiène de Madrid, le docteur Léon Dufour raconta comment fonctionnait la « Goutte de Lait » qu'il venait de fonder à Fécamp en Normandie : distribution chaque matin de paniers de biberons personnalisés, pesée hebdomadaire avec visite médicale, etc. À Paris en 1900 (Congrès international d'Hygiène), c'est Budin lui-même qui vint expliquer aux congressistes ce qu'était pour lui la « puériculture après la naissance ». Il montra, chiffres et graphiques à l'appui, l'influence écrasante des maladies des voies digestives dans la mortalité infantile – provoquant jusqu'à 60 % des décès infantiles au mois d'août à Paris –, d'où la priorité à accorder à la prévention des désordres digestifs. La « consultation de nourrisson », dans sa triple fonction, médicale (examen du nourrisson et pesée), éducative (démonstrations et conseils aux mères) et sociale (distribution de lait), constituait l'équipement privilégié de cette lutte : il fallait diffuser ce type de services médico-sociaux.
25 Depuis quelques années, les expériences s'étaient multipliées concernant la fourniture d'un lait sain, certains pays progressant plus vite dans la voie d'un contrôle généralisé de la production, de la conservation et de la distribution du lait (Pays-Bas, Allemagne, Angleterre et Italie), d'autres installant de grands dépôts de vente de lait stérilisé (Grande-Bretagne, villes des États-Unis), d'autres encore associant étroitement, comme en France, conseil médical et distribution de lait. Une certaine diversification des expériences en la matière est visible, d'où une concurrence plus vive entre les pays sur les méthodes à recommander.
Les trois congrès des Gouttes de Lait
26 Avant la Première Guerre mondiale, la série des congrès internationaux des « Gouttes de lait » témoigne de l'intérêt accordé par les différents États à une forme rapprochée de protection de la santé des petits enfants (voir l'annexe 2). Un premier Congrès international des Gouttes de Lait eut lieu à Paris en 1905 ; il se tint à l'Institut Pasteur et fut organisé par le docteur Variot, de Paris, le docteur Dufour, de Fécamp et le docteur Brunon, de Rouen. Une dizaine de pays étaient représentés officiellement, dont l'Allemagne, la Grande-Bretagne, l'Empire austro-hongrois, l'Espagne, les États-Unis, l'Italie, la Norvège, la Russie, la Belgique, l'Argentine et la Suisse. La grande majorité des participants n'étaient pas des officiels puisque ces derniers représentaient 18 % seulement des congressistes. L'amphithéâtre de l'Institut Pasteur rassembla plus de 350 personnes, qui présentèrent à tour de rôle leurs dispositifs, de type «consultation de nourrissons », « Goutte de Lait », « Milk Depot », « Milk Kitchen », etc. Parmi les participants, on reconnaît les noms les plus fameux de la pédiatrie et de l'assistance de l'époque : Benjamin Broadbent, ancien maire de Huddersfield, le Dr Moore d'Huddersfield, le Dr Chalmers de Glasgow, le Dr Mac Leary de Londres, le Dr Johannessen d'Oslo, Nathan Strauss, un philanthrope de New York, le Dr Ernesto Cacace, pédiatre renommé de Naples, le Dr Lust de Bruxelles, secrétaire général de l'Union internationale pour la protection des enfants, la doctoresse Champendal de Genève, le Dr Moncorvo de Rio de Janeiro, les docteurs Tolosa Latour et Ulecia y Cardona de Madrid, les docteurs Forster et Gonzales de Buenos-Aires, et de nombreux médecins français, notamment des directeurs de Gouttes de Lait. Quelques pays furent particulièrement bien représentés : l'Espagne, l'Argentine, la Grande-Bretagne, la Belgique ; la France fournissait, avec 222 membres, 63 % des congressistes.
27 Deux modèles émergèrent. L'un, préféré par les Britanniques, les Allemands et les Américains, était centré sur les dépôts de lait, avec distribution à grande échelle ; en revanche, Belges, Espagnols, Italiens et Suisses, se rapprochaient du modèle français qui associait distribution et visite médicale. Les mérites des différentes institutions étaient discutés et les participants s'accordèrent pour voter sept vœux, parmi lesquels ceux de la propagation des Gouttes de lait, de la direction médicale des établissements, du contrôle du lait, de la vulgarisation de l'hygiène infantile et de la création d'une Union Internationale des Gouttes de Lait avec bureau permanent.
28 C'est donc autour de cette question si importante de l'alimentation infantile que s'est organisé le deuxième réseau international d'hommes et de femmes intéressés par la première enfance [5] : pendant toute une période, la « puériculture », la protection médico-sociale de l'enfant du premier âge ne seront plus toujours traitées conjointement avec les questions relatives à la protection juridique et administrative de l'enfant plus âgé, les questions concernant l'éducation faisant l'objet de congrès spécifiques.
29 Deux ans plus tard, en 1907, le Deuxième Congrès international des Gouttes de Lait se tint à Bruxelles : sa première action fut d'adopter les statuts de l'Union internationale pour la protection de l'enfance du premier âge, organisme ayant pour but de promouvoir les congrès successifs. La deuxième action du Congrès fut de voter l'élargissement du cadre des travaux des Congrès : c'étaient toutes les questions d'hygiène et de protection de la première enfance qui désormais seraient l'objet des congrès. Pour signifier clairement cette extension, le congrès s'appellerait à l'avenir « Congrès de la protection de l'enfance du premier âge », suivi de l'expression, en français, de « Gouttes de lait ».
30 À côté de la poursuite d'exposés et de débats techniques sur les institutions, sur les méthodes de préparation du lait, sur les besoins physiologiques du nourrisson, des discussions eurent lieu sur l'éducation, éducation des mères par la vulgarisation de la puériculture et de l'hygiène et plus généralement enseignement ouvert à tous. On discuta assez vivement de l'obligation de l'enseignement et, sur la pression du délégué russe, un vœu en ce sens fut adopté à une énorme majorité par le congrès. Ce deuxième congrès réunit plus de 200 personnes (204), dont les trois-quarts n'étaient pas des officiels. On note un nombre plus élevé d'Allemands et d'Italiens qu'à Paris. Nombreux étaient les congressistes déjà présents à Paris. Après les Belges (62), les plus représentés étaient les Français (35), les Allemands, les Britanniques et les Italiens.
31 Le dernier congrès s'est tenu à Berlin en 1911. Ce fut le plus important des trois, avec plus de 700 congressistes (693 personnes enregistrées), parmi lesquels 54 % n'étaient pas officiels. La délégation allemande fut massive puisqu'elle forma 51 % du congrès, sans compter le comité d'organisation entièrement allemand. Beaucoup de gens vinrent de pays comme l'Empire austro-hongrois, la Belgique, l'Espagne, la France (deuxième rang après l'Allemagne par le nombre), les États-Unis, la Grande-Bretagne (troisième rang), les Pays-Bas, la Russie et la Suisse. Par rapport aux précédents congrès, quelques pays nouveaux apparurent comme la Chine, la Bulgarie, le Chili, l'Islande, le Pérou, la Serbie, l'Uruguay et le Venezuela. Le réseau s'était étendu. Une des caractéristiques de la délégation britannique était la présence de femmes, l'une d'elles était superintendante des Visiteuses d'hygiène de Manchester, une autre, Miss Sidon, était à la tête du « Bureau of Guardians », la doctoresse Janet Lane-Claypon, quant à elle, appartenait à la Société des consultations de nourrissons, etc.
32 Le congrès prit le nom de « Troisième Congrès international pour la protection de l'enfance du premier âge » (en allemand), suivi de la mention, en français, de « Gouttes de lait », comme cela avait été décidé à Bruxelles. Les discussions ont été divisées en quatre grandes sections : éducation et enseignement, organisations publiques et privées de protection de l'enfance, législation et enfin statistiques. L'enseignement de la puériculture aux médecins, aux sages-femmes, aux assis-tantes maternelles, au grand public a été perçu comme très important et de nombreuses communications ont été données sur différents aspects de cet enseignement. Très différents étaient les mo-dèles pour soigner et élever les enfants. Les Écossais démontrèrent l'efficacité d'un système de visites à domicile sur la base du volontariat pour réduire la mortalité infantile (Dr Maxweell Williamson d'Edimbourg). Le Dr Sykes de Saint Pancras à Londres, insista sur l'importance de l'école des mères (Schools for Mothers). Plusieurs communications furent données sur les crèches (France, Belgique), sur les Gouttes de Lait et les Consultations de nourrissons. Vis-à-vis des aspects législatifs, des communications furent présentées sur le lait, sur la protection des enfants, et l'on remarque de nombreuses interventions de la part des Allemands. Le Dr Dufort, de Laeken en Belgique, fit enfin une importante communication sur l'uniformisation des statistiques en matière de mortalité infantile.
33 L'influence de ces trois congrès n'est pas facile à évaluer. Il faut noter les communications, les discussions libres, mais aussi les visites qui suivaient les séances du congrès ou parfois les précédèrent. Juste après le congrès de Paris par exemple, les congressistes ont pu visiter les Gouttes de lait de Belleville (Variot) de Rouen, de Fécamp (Dr Dufour), du Havre. C'étaient des visites détaillées des installations, des méthodes de stérilisation du lait, des salles de consultation, etc. Ainsi les congressistes étaient-ils en mesure d'avoir une idée concrète de ce qui pouvait être essayé. On sait aussi qu'entre les sessions, les congressistes s'écrivaient, sollicitaient des conseils, organisaient des visites spéciales. Pour préparer la création de la Goutte de Lait à Madrid (1904), le Dr Ulecia y Cardona raconta au congrès de Paris comment il avait organisé une tournée en Belgique et en France en 1903.
34 En somme, les congrès ont joué le rôle d'un réseau au sein duquel étaient discutés les expériences, les protocoles, le coût des innovations, les résultats, les aspects sociaux, etc. Les congrès médicaux et sociaux ont été marqués par le pragmatisme et l'empirisme, mais aussi par l'avancée des progrès techniques (la stérilisation du lait, l'usage des couveuses par exemple).
L'émergence du modèle anglo-saxon : les femmes, les mères et les enfants
35 Le climat de grande tension diplomatique qui précéda la guerre se traduisit par le fait que, jusque dans ce domaine de l'enfance, l'entente et le consensus devinrent difficiles. Un quatrième Congrès international pour la protection de l'enfance prévu en 1907 à Berlin, après ceux de Florence et de Budapest, ne reçut pas l'appui du gouvernement allemand, son promoteur fut amené à le transformer en congrès privé. En 1911, plusieurs médecins français, dont le docteur Variot, créateur de la Goutte de Lait de Belleville, refusèrent de participer au troisième congrès des Gouttes de Lait de Berlin ; la délégation française fut dès lors conduite par le docteur Marfan.
36 L'Union internationale pour la protection de l'enfance du premier âge, créée à Bruxelles en 1907 connut des tensions internes [6] : en 1913, son président, le Dr Treub, d'Amsterdam, donna sa démission, considérant que l'Union n'avait plus « aucune utilité » ; le Congrès tel qu'il était prévu à la Haye aurait fait double emploi avec celui tenu à Bruxelles en juillet 1913 (Congrès pour la protection de l'enfance). La position du secrétaire général, le Dr Lust de Bruxelles, qui refusait la position des Hollandais, décida les Britanniques à organiser le prochain congrès à Londres en 1915, mais ce congrès ne put avoir lieu. Après la guerre, on reprit le programme fixé pour 1915, tous les pays appartenant à la Société des Nations purent y adhérer. Mais comme les Allemands, les Autrichiens, les Bulgares, les Russes et les Turcs étaient écartés, les Britanniques refusèrent de participer au congrès de 1921.
37 Dans les années 1920, coexistaient au moins trois associations internationales s'intéressant à l'enfance : l'Union internationale pour la protection de l'enfance du premier âge (créée à Bruxelles en 1907), l'Association internationale pour la protection de l'enfance qui s'intéressait à l'enfance en général, aux aspects juridiques et judiciaires (issue du Congrès tenu à Bruxelles en 1913) et l'Union internationale pour le Secours aux enfants (Genève). Ces trois associations fusionneront parfois pour réaliser un congrès, notamment à Paris en 1928 sous l'égide du Comité national de l'enfance, mais la fusion totale des organisations, plusieurs fois envisagée, fut toujours écartée : l'enfance, dont quelques-uns des besoins vitaux élémentaires venaient d'être définis [7], était devenue un thème de recherche, de réflexion et de confrontation d'expériences très riches, qui permettait largement d'alimenter plusieurs associations internationales.
38 Malgré cette diversité, on note cependant l'émergence d'un consensus autour de notions comme celles du lien mère-enfant, de la puériculture anténatale, du rôle des femmes dans les activités de protection de l'enfant, du rôle de l'éducation : déjà présentes avant le conflit, toutes ces questions apparurent plus nettement après la guerre dans les travaux des congrès. L'expérience de la guerre elle-même, l'aide et l'expérience américaines – le Children's Bureau est créé en 1912 (Lindenmeyer, 1997) –, l'affirmation du modèle anglo-saxon de la famille, ont en effet renouvelé la façon d'aborder le thème de l'enfance. Ces faits marquent également la moindre influence française sur la scène internationale.
39 À une approche juridique, puis médicale, a donc suivi une approche plus éducative et sociale, orientée vers l'enfant dans sa famille et vers le couple mère-enfant. Il s'est agi alors davantage d'influencer les comportements, de modifier les conduites, de construire l'attachement mère-enfant. Les femmes ont été doublement mobilisées, en tant que mères d'une part, en tant que professionnelles d'autre part et c'est autour de la question de la spécificité des liens qui unissaient les femmes à l'enfance que se sont tissées de nouvelles problématiques qui enrichirent les réflexions internationales.
40 Dès avant la guerre, la question de la participation féminine à la protection de l'enfance et à l'assistance en général avait été abordée dans les congrès internationaux : à travers cette question se profilait déjà l'existence d'au moins deux conceptions, l'une à dominante plus médicale et masculine caractérisée par le système des consultations-Gouttes de lait pour les enfants vivant avec leurs parents et par la surveillance médico-administrative à domicile des enfants placés en nourrice, l'autre plus féminine et sociale et plus continûment orientée vers la visite à domicile des mères et des familles, qu'elles soient gardiennes de leurs propres enfants ou de ceux d'autrui.
41 Le Congrès international d'Assistance de Copenhague, en 1910, illustre le fait que la présence des femmes dans le champ du social, et notamment dans la protection de l'enfance, était une question à l'ordre du jour. La troisième question du congrès était consacrée au « rôle de la femme dans l'assistance » : grâce aux contributions des délégués officiels des pays, on dispose d'un état des lieux assez complet concernant une douzaine de pays (Allemagne, Irlande et Écosse, Autriche, Belgique, Danemark, États-Unis, France, Italie, Norvège, Pays-Bas, Russie, Suède, Suisse). Comme le soulignait dans le résumé de sa remarquable synthèse, le rapporteur général, un médecin berlinois, le docteur Muensterberg, on se rend bien compte que l'activité des femmes s'était particulièrement épanouie là où l'assistance, obligatoire, transitait par le secteur privé (Grande-Bretagne, pays scandinaves, Allemagne), qu'elle était au contraire demeurée modeste, sauf précisément dans le secteur privé, partout où l'assistance était demeurée facultative (pays romans). Mais dans ces derniers pays, dans les secteurs où l'action publique prévalait, l'initiative privée était reléguée au second plan, et par là même, la présence des femmes y était plus ténue. C'était le cas de la protection de l'enfance en France comparée aux États-Unis : « En France, où l'assistance infantile a pris des dimensions extraordinaires et est devenue le modèle des autres pays, écrivit le médecin berlinois, la charité privée agit en supplément de l'assistance publique. Par contre, il y va de sens contraire pour l'Amérique [8]. » Dans leurs différentes communications au congrès, les auteurs montraient l'évidence du déséquilibre qui existait en France dans la situation respective des hommes et des femmes dans ce domaine tandis que les femmes occupaient outre-Atlantique une place, sinon prépondérante, du moins importante. Certains médecins français étaient conscience du « retard » pris par leur pays, mais la plupart redoutaient la concurrence des femmes : les hommes refusaient de partager leur pouvoir, leur autorité (Rollet, 1990).
42 La guerre précisément fit la démonstration de la compétence des femmes et de la nécessité de leur collaboration dans tous les secteurs de la vie économique et sociale, services, mais aussi production. Dans les tâches de protection sociale et de soins médicaux, les femmes prirent alors une place qu'elles ne quitteront désormais plus, du moins dans certains secteurs et dans certaines positions professionnelles. L'exercice de la médecine resta lui-même très largement masculin, même dans le secteur de la pédiatrie, les femmes occupant plutôt des positions d'assistantes, de visiteuses, d'assistantes sociales, etc. Dans un pays comme les États-Unis, le mouvement vers la création d'un véritable service fédéral en faveur des mères et des enfants fut porté par des femmes, l'organe fédéral mis en place en 1912 étant lui-même dirigé par des femmes. Ce n'est évidemment pas un hasard si les délégués des États-Unis aux congrès internationaux sur la protection maternelle et infantile, furent entre les deux guerres le plus souvent des femmes.
43 Partout, la professionnalisation des métiers exercés jusque-là bénévolement par les femmes progressa. La rationalisation du secteur sanitaire et social qui s'est déployée entre les deux guerres en Europe sur le modèle américain (avec la vulgari-sation de techniques comme le casework, le quadrillage des villes en secteurs d'intervention, la coordination étroite entre les institutions privées et les services publics) s'est accompagnée d'une division du travail entre hommes et femmes parfois très marquée comme en France.
44 En somme, auprès des enfants, les femmes retrouvèrent partiellement sur le plan professionnel une place qu'elles avaient de tout temps occupée (comme nourrices, sages-femmes) mais que, durant quelques décennies, les hommes leur avaient disputée.
45 Ce mouvement s'est doublé d'une nouvelle conceptualisation de la protection de l'enfance : celle-ci ne pouvait se concevoir indépendamment de la protection de la mère ; pour protéger l'enfant, il fallait protéger la mère, l'éduquer, l'aider. L'insistance sur le couple mère-enfant devint véritablement un leitmotiv des discours et des communications lors des congrès au cours des années 1920 et au-delà. Durant le 4e congrès de Protection maternelle et infantile (Paris, 1922), trois questions sur quatre portèrent sur l'enfant en relation avec sa mère : protection de la mère avant et durant les couches, promotion de l'allaitement maternel, protection du bébé séparé de sa mère. La quatrième question était consacrée à l'assistance et à l'enseignement.
46 Ceci témoigne de plusieurs évolutions concernant la perception de l'enfance et de ses problèmes. D'abord, la mortalité infantile avait déjà véritablement amorcé un mouvement de diminution, en liaison en partie avec l'amélioration de l'hygiène générale et des modes nutritionnels : partout où des mesures de santé publique avaient été prises, les maladies infectieuses et les maladies des voies digestives avaient régressé significativement. D'où un schéma de mortalité sensiblement différent de celui des années 1880, dans lequel ressort l'importance des maladies qui frappent le nourrisson dans les tout premiers jours de sa vie (rassemblées à l'époque sous le terme de « débilité » ou « faiblesse congénitale »). Pour prévenir ces causes de décès, il fallait améliorer les soins prénatals, mieux surveiller les grossesses, éduquer les mères. La focalisation sur la mère a donc été une conséquence logique de l'évolution du schéma de mortalité.
47 Il existe aussi une seconde raison à ce progressif changement d'optique, c'est l'accentuation de la tendance eugéniste. De plus en plus, et précisément à mesure que la mortalité reculait, la question de la qualité de la santé des enfants à naître s'est posée : si les enfants étaient plus nombreux à survivre, encore fallait-il qu'ils soient robustes et qu'ils ne souf-frent d'aucun handicap. À quoi bon tous ces efforts, s'interrogeaient certains médecins à propos notamment des soins intensifs aux prématurés, si les survivants traînent une vie misérable ? Si le souci quantitatif – augmenter le nombre des survivants – avait été dominant au xixe siècle, on s'interrogeait maintenant beaucoup plus nettement sur l'aspect qualitatif. Le souci des conséquences des disparités sociales en matière de comportements de fécondité et de mortalité était également présent. On retrouve ici la marque d'un courant de pensée plus anglo-saxon, même si ce courant est également représenté en France [9]. C'est ce souci eugénique qui explique la priorité accordée à la « puériculture anténatale » ou « intra-utérine » et à l'éducation des mères.
48 Sans doute faut-il voir aussi dans cette focalisation sur la mère, la montée, voire l'apogée d'un certain modèle de famille dans laquelle la mère devait se consacrer exclusivement aux tâches d'éducation et de ménage, l'homme pourvoyant seul aux besoins de sa famille. C'est au cours de cette période de l'entre-deux-guerres que certains États européens établirent les premières bases d'une politique de soutien aux familles, sous la forme notamment du versement de diverses allocations.
Conclusion
49 En quarante ans, des années 1880 aux années 1920, trois modèles se sont succédé : en premier lieu, la conception de l'enfant comme un risque pour la société provoque les efforts juridiques et administratifs des États et de la philanthropie pour secourir les enfants placés, négligés et délinquants, appartenant spécialement aux classes laborieuses ; ce modèle a été remplacé par la conception d'un enfant comme corps qui souffre de différentes maladies, d'où des efforts faits pour combattre la mortalité infantile, en recourant à la stérilisation et à la distribution du lait, et plus généralement à la fourniture de soins de santé adéquats. Alors, un troisième modèle a émergé avec le concept d'un enfant comme personne entretenant des relations avec sa famille et, plus centralement, avec sa mère : cet enfant appartient à toutes les classes sociales, avec une référence spéciale aux classes moyennes ; l'accent est alors mis sur l'éducation, les soins prénatals et le rôle des femmes. Entre le premier et le troisième modèle, l'influence dominante a changé : celle de l'Amérique du Nord et des pays anglo-saxons a éclipsé la domination antérieure de la France et de la vieille Europe latine.
Congrès internationaux consacrés partiellement ou entièrement à l'enfance
50
Source principale :
Les congrès internationaux de 1881 à 1899
Les congrès internationaux de 1900 à 1919
Union des associations internationales, Bruxelles, 1960 et 1964, doc. 8 et 14
Assistance
1889 Congrès international de l'assistance publique, Paris, 28 juill.-4 août
1896 Congrès international d'assistance publique et privée, Genève, 9-14 sept.
1900 Congrès international d'assistance publique et de bienfaisance privée, Paris, 30 juillet-5 août
1900 1er Congrès international de l'assistance familiale, Paris
1902 2e Congrès international de l'assistance familiale, Anvers
1904 3e Congrès international de l'assistance familiale, Edinburgh, 7-10 juin
1905 4e Congrès international de l'assistance familiale, Liège
1906 Congrès international d'assistance publique et privée, Milan, 23-27 juin
1910 5e Congrès international d'assistance publique et privée, Copenhague, 9-13 août
Bienfaisance
1856 Congrès international de bienfaisance, Bruxelles, 15-20 sept.
1857 Congrès international de bienfaisance, Francfort s/M., 14-18 sept.
1862 Congrès international de bienfaisance, Londres, 4-9 juin
1880 Congrès international de bienfaisance, Milan, 1er-5 sept.
1893 Congrès international de bienfaisance, Chicago, 12-17 juin
1898 Congrès international de bienfaisance, Chicago
Démographie (voir Hygiène)
Éducation
1905 1er Congrès d'éducation et de protection de l'enfance dans la famille et de la Fédération des Parents et Éducateurs, Liège, 18-20 sept.
1906 2e Congrès de l'éducation et de la protection de l'enfance dans la famille, Milan, 2-5 sept.
1910 2e Congrès international d'éducation et de protection…, Bruxelles, 21-25 août
Enfance
1896 Congrès international pour l'enfance, Florence, 5-10 octobre
1899 Congrès international pour l'enfance, Budapest, 13-17 septembre
1904 Congrès international pour l'enfance, Londres
1905 Congrès international pour l'étude des questions relatives au patronage des condamnés, des enfants moralement abandonnés, des vagabonds et des aliénés, Liège, 8-12 août
1908 Congrès international pour le bien-être de l'enfant, Washington, 10-17 mars
1919 Congrès international de l'enfance, Montevideo
Gouttes de Lait
1905 1er Congrès international des Gouttes de Lait et de protection de l'enfance du premier âge, Paris, 20-21 octobre
1907 2e Congrès international des Gouttes de Lait…, Bruxelles, 12-16 sept.
1911 3e Congrès international des Gouttes de Lait…, Berlin, 11-15 sept.
Protection de l'enfance
1883 Congrès international de la protection de l'enfance, Paris, 15-23 juin
1890 Congrès international pour l'étude des questions relatives au patronage des détenus et à la protection des enfants moralement abandonnés, Anvers, 9-14 octobre
1895 Congrès international de la protection de l'enfance, Bordeaux, 29-juil.-3 août
1896 Congrès international de la protection de l'enfance, Genève, 14-19 sept.
1902 3e Conférence international pour la protection de l'enfance, Londres, 15-18 juillet
1905 4e Congrès international pour l'étude des questions relatives au patronage des condamnés, des enfants moralement abandonnés, des vagabonds et des aliénés, Liège, 8-12 août
1911 Congrès international pour l'étude des questions relatives au patronage des libérés et à la protection des enfants moralement abandonnés et des œuvres de patronage, Anvers, 16-21 juillet
1913 1er Congrès international pour la protection de l'enfance, Bruxelles, 23-26 juillet
Hygiène et démographie
1852 Congrès général d'hygiène, Bruxelles, 20-22 sept.
1876 Congrès international d'hygiène, de sauvetage et d'économie sociale, Bruxelles, 27 sept. 4 oct.
1878 Congrès international d'hygiène publique, Paris, 1er-10 août ; Congrès i. de démographie, Paris, 5-9 juillet
1880 Congrès international d'hygiène, Turin, 7-11 sept.
1882 Congrès international d'hygiène et de démographie, Genève, 4-9 sept.
1884 Congrès iinternational d'hygiène et de démographie, La Haye, 21-27 août
1887 Congrès international d'hygiène et de démographie, Vienne, 26 sept.-2 oct.
1889 Congrès international d'hygiène et de démographie, Paris, 4-10 août
1891 Congrès international d'hygiène et de démographie, Londres, 10-17 août
1893 Congrès international d'hygiène, Chicago, 10-14 octobre
1894 Congrès international d'hygiène et de démographie, Budapest, 1er-9 sept.
1897 Congrès international d'hygiène et de climatologie médicale, Bruxelles, 9-14 août
1898 Congrès international d'hygiène et de démographie, Madrid, 10-17 avril
1900 12e Congrès international d'hygiène et de démographie, Paris, 10-17 août
1903 13e Congrès international d'hygiène et de démographie, Bruxelles, 2-8 sept.
1907 14e Congrès international d'hygiène et de démographie, Berlin, 23-29 sept.
1912 15e Congrès international d'hygiène et de démographie, Washington, 23-28 sept.
1919 Congrès interallié d'hygiène sociale pour la reconstitution des régions dévastées par la guerre, Paris, 24-30 avril
Pédiatrie
1895 Congrès périodique de gynécologie, d'obstétrique et de pédiatrie, Paris
1898 Congrès périodique de gynécologie, d'obstétrique et de pédiatrie, Marseille
1904 Congrès périodique de gynécologie, d'obstétrique et de pédiatrie, Rouen
1912 6e Congrès international de gynécologie et d'obstétrique, Berlin, 9-13 sept.
1912 1er Congrès international de pédiatrie, Paris, 7-9-octobre
(Il y a après 1904 des congrès de pédiatres de langue allemande et des congrès de pédiatres de langue française)
Statistique
1853 Congrès général de statistiques, Bruxelles, 19-22 sept.
1855 Congrès général de statistiques, Paris, 10-16 sept.
1857 Congrès général de statis-tiques,Vienne, 31 août-5 sept.
1860 Congrès général de statistiques, Londres, 16-20 juillet
1863 Congrès général de statistiques, Berlin, 6-12 sept.
1867 Congrès général de statistiques, Florence, 29 sept.-7 oct.
1869 Congrès général de statistiques, La Haye, 6-11 sept.
1872 Congrès général de statistiques, Saint-Pétersbourg, 22-30 août
1874 Congrès général de statistiques, Stockholm
1876 Congrès général de statistiques, Budapest, 29 août-11 sept.
1878 Congrès général de statistiques, Paris, 22-24 juillet
1885 Congrès général de statistiques, Londres, 21-24 juin
1887 Session internationale de l'Institut de statistiques, Rome, 12-16 avril
1889 Session internationale de l'Institut de statistiques, Paris, 2-6 sept.
1891 Session internationale de l'Institut de statistiques, Vienne, 28 sept.- 3 oct.
1893 Session internationale de l'Institut de statistiques, Chicago, 11-15 sept.
1895 Session internationale de l'Institut de statistiques, Berne, 26-31 août
1897 Session internationale de l'Institut de statistiques, St-Pétersbourg, 30 août-4 sept.
1899 Session internationale de l'Institut de statistiques, Christiania,4-9 sept.
1901 8e Session internationale de l'Institut de statistiques, Budapest, 29 sept.-4oct.
1903 9e Session internationale de l'Institut de statistiques, Berlin, 21- 29 sept.
1905 10e Session internationale de l'Institut de statistiques, Liège, 30 juillet-2 août
1907 11e Session internationale de l'Institut de statistiques, Copenhague, 29 août-2 sept.
1909 12e Session internationale de l'Institut de statistiques, Paris, 5-9 juillet
1911 13e Session internationale de l'Institut de statistiques, La Haye, 4- 8 sept.
1913 14e Session internationale de l'Institut de statistiques, Vienne, 8- 13 sept.
Congrès des Gouttes de Lait avant la Première Guerre mondiale : nombre de participants et proportions de congressistes officiels, originaires du pays du Congrès et originaires d'Europe
Paris 1905 | Bruxelles 1907 | Berlin 1911 | |
---|---|---|---|
Afrique du Sud | 0 | 2 | 2 |
Empire allemand | 7 | 19 | 350 |
Argentine | 25 | 2 | 1 |
Australie | 0 | 1 | 3 |
Autriche-Hongrie | 3 | 9 | 39 |
Belgique | 11 | 62 | 21 |
Brésil | 2 | 2 | 3 |
Bulgarie | 0 | 0 | 3 |
Canada | 1 | 2 | 2 |
Chili | 0 | 0 | 2 |
Chine | 0 | 0 | 2 |
Cuba | 5 | 1 | 2 |
Danemark | 0 | 5 | 5 |
Égypte | 2 | 0 | 1 |
Espagne | 28 | 7 | 15 |
États-Unis | 5 | 2 | 19 |
France | 223 | 35 | 62 |
Grèce | 1 | 1 | 2 |
Inde | 0 | 1 | 1 |
Islande | 0 | 0 | 1 |
Italie | 6 | 11 | 5 |
Luxembourg | 0 | 1 | 2 |
Norvège | 1 | 3 | 2 |
Pays-Bas | 2 | 4 | 22 |
Pérou | 0 | 0 | 1 |
Portugal | 0 | 4 | 1 |
Roumanie | 0 | 2 | 6 |
Royaume-Uni | 16 | 16 | 54 |
Russie | 6 | 4 | 39 |
Serbie | 0 | 0 | 1 |
Suède | 1 | 3 | 5 |
Suisse | 4 | 4 | 12 |
Turquie | 1 | 1 | 7 |
Uruguay | 0 | 0 | 1 |
Venezuela | 0 | 0 | 1 |
Total | 350 | 204 | 693 |
Officiels | 66 | 50 | 317 |
Non-officiels | 284 | 154 | 376 |
Originaires des pays non européens | 42 | 13 | 46 |
% officiels | 18,86 | 24,51 | 45,74 |
% Pays du congrès | 63,43 | 24,02 | 50,51 |
% Europe | 81,14 | 93,63 | 93,36 |
51
À Paris : y compris le comité de patronage : 40 personnes dont 29 Français, et le comité d'organisation : 31 personnes dont 17 Français (dans les deux cas en éliminant les doubles comptes).
À Bruxelles : y compris dont le comité de patronage : 34 personnes dont 13 Belges.
À Berlin : non compris les membres du comité d'organisation qui ne sont pas adhérents du congrès : 274 personnes dont 273 Allemands et le comité local (22 Allemands).
Bibliographie
Références bibliographiques
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- Renard, D. (2000), « Assistance et bienfaisance : le milieu des Congrès d'Assistance, 1889-1911 », 187-217, in Laboratoires du nouveau siècle. La nébuleuse réformatrice et ses réseaux en France, 1880-1914, Ch. Topalov (dir.), Paris, EHESS.
- Rollet, C. (1990), La politique à l'égard de la petite enfance sous la Troisième république, Paris, PUF/INED.
- Rollet, C. (1994), « La construction d'une culture internationale autour de l'enfant », 143-167, in Comment peut-on être socio-anthropologue, Autour d'Alain Girard, Paris, L'Harmattan.
- Rollet, C. (1997), “The Fight against Infant Mortality in the Past: an International Comparison”, 38-60, in Infant and Child Mortality in the Past, A. Bideau, B. Desjardins, H.P. Brignoli (eds.), Oxford, Clarendon Press.
- Rollet, C. (2001), Les enfants au xixe siècle, Paris, Hachette.
- Rooke, P.T., Schnell, R. L. (1995),“Uncramping Child Life: International Children's Organisations, 1914-1939”, 176-202, in International Health Organisations and Movements, 1918-1939, P. Weidling (ed.), Cambridge, New York, Melbourne, Cambridge University Press.
- Roemer, M.I., (1994), “Internationalism in Medicine and Public Health”, 403-423, in The History of Public Health and the Modern State, D. Porter (ed.), The Wellcome Institute Series in the History of Medicine, Rodopi, Amsterdam-Atlanta.
- Smith, P.M. (1991), “Infant welfare services and infant mortality: a historian's view”, The Australian Economic Review, 24, 22-34.
Notes
-
[1]
Indépendamment des congrès d'assistance, de démographie, etc., dont on trouvera la liste en annexe, voici la liste des congrès internationaux consacrés à l'enfance que nous avons spécialement étudiés dans cet article :
- – Congrès international de la protection de l'enfance, Paris, 1883.
- – 1er Congrès international pour la protection de l'enfance, Florence, 1896.
- – 2e Congrès international pour la protection de l'enfance, Budapest, 1899.
- – 3e Congrès international pour la protection de l'enfance, Londres, 1902.
- – 1er Congrès international des Gouttes de Lait, Paris, 1905.
- – 2e Congrès international des Gouttes de Lait, Bruxelles, 1907.
- – III Internationalen Kongress für Saünglingsschutz (Goutte de Lait), Berlin, 1911 Verlag Von Geng Stilke, Berlin, 1912.
- – Premier Congrès international de Bruxelles pour la protection de l'enfance, Bruxelles, 1913.
- – 4e Congrès international de protection maternelle et infantile, Paris, 1922.
-
[2]
Ce travail sera complété par une recherche en cours sur la mortalité infantile vue dans les congrès internationaux de statistiques, d'hygiène et de démographie.
-
[3]
Congrès, il est vrai, plus national qu'international, malgré son nom.
-
[4]
Gazette hebdomadaire de médecine et de chirurgie, 15 avril 1870, p. 227.
-
[5]
La Société internationale pour l'étude des questions d'assistance fondée en 1889 comprenait une section consacrée à l'enfance mais il s'agissait davantage d'une association de réflexions et d'un centre documentaire que d'un réseau d'institutions.
-
[6]
Cette histoire peut être suivie partiellement à travers les comptes rendus qu'en donne le Bulletin trimestriel de la Ligue contre la mortalité infantile, Bulletin conservé au Comité national de l'enfance à Paris.
-
[7]
La première déclaration des droits de l'enfant fut signée à Genève par les membres de la SDN en 1924.
-
[8]
Ve Congrès international d'assistance publique et privée à Copenhague, 1910, Résumé du rapport général en langue française préparé par le rapporteur général M. le Dr Muensterberg, vol. 2, p. 388-395.
-
[9]
Voir la communication du docteur Pinard sur la « puériculture intra-utérine » au Congrès d'Hygiène et de démographie, Paris, 1900, p. 417-426 : le souci de la qualité de l'enfant à naître, l'eugénisme, sont déjà très présents.