« Sauvetage de la paix » ou « diktat » selon le point de vue, les accords de Munich, en septembre 1938, ne sauraient être considérés comme le point de départ des dissensions politiques entre les gauches françaises, mais ils mettent en évidence la difficulté de continuer à concilier un pacifisme professé depuis un quart de siècle et les exigences immédiates de la lutte antifasciste.
Les premiers textes que nous donnons à lire sur Munich témoignent de différentes tendances au sein du pacifisme. L’article du député socialiste Gaston Allemane, tout en appelant à la paix, illustre la crainte de l’auteur de se voir accusé de faire le jeu de l’hitlérisme et d’être assimilé à ses ennemis politiques. En effet, la crise munichoise a ceci de paradoxal qu’elle semble parfois se jouer à fronts renversés, voyant la droite se faire la championne de la paix, tandis qu’une partie de la gauche défend l’idée de la guerre, au nom de l’antifascisme. Ce n’est pas le cas des deux textes qui suivent, dans la mesure où leurs auteurs, tout en se démarquant du pacifisme intégral, se revendiquent d’un pacifisme révolutionnaire. Dans L’École émancipée, le syndicaliste Jean Salducci souligne avec ironie la convergence circonstancielle des intérêts capitalistes avec ceux du pacifisme et s’il salue la paix de Munich, c’est sans vouloir être dupe de ce qui n’est, à ses yeux, qu’un sursis face aux querelles impérialistes. Mais sa plume se fait plus virulente encore lorsqu’il s’agit de prendre pour cible le bellicisme des responsables de la C…