La crise des années 30 eut un visage social terrifiant. À l’image du reste du monde et de l’Europe, le nombre des chômeurs explosa en France : il atteignit un million en 1935. Des chômeurs, des sans-travail sont les héros tragiques des deux récits d’ouverture.
Le texte littéraire de Magdeleine Paz assure la transition avec les reportages sociaux sur le monde du travail. Diverses figures de prolétaires des deux sexes apparaissent : ouvriers à la chaîne, égoutiers, travailleurs à domicile, métayers. Ces articles témoignent tous d’une pénibilité du travail, d’une souffrance physique et morale, au point d’être imprégnés par des images d’enfer et de mort. Les réformes sociales du Front populaire avaient été actées à l’été 1936 : la hausse des salaires, la semaine de 40 heures, l’instauration des collections collectives, les quinze jours de congés payés, etc. Mais elles n’étaient pas encore appliquées partout et de la même façon à la fin des années 30. À la lecture de ces pages, on sent que l’espoir d’une vie meilleure est là, mais aussi la conscience que le combat continue, notamment à travers l’engagement syndical.
Enfin, la question du prolétariat ne pouvait laisser indifférents les créateurs, – comme par exemple les tenants du courant de la littérature prolétarienne ou certains partisans d’un théâtre révolutionnaire –, également soucieux de contribuer à la naissance d’une société plus juste. Nous en livrons ici deux exemples.
Anne Renoult
Il faisait encore nuit…