Franceline Ribard (1851-1886) est la seconde Française à devenir médecin et la première ophtalmologue. Elle fait ses études de médecine à Nantes, où l’Université l’accueille sans obstacle, alors que Madeleine Brès, qui l’avait précédée dans cette voie à Paris, avait dû mener un combat acharné. Pourtant Nantes ne s’est guère enorgueilli d’avoir été la première École de médecine de province à accepter une femme. L’historiographie féministe, elle non plus, n’a pas retenu le destin exceptionnel de cette mère de famille, qui n’hésita pas à transgresser tous les codes et usages qui s’imposaient alors aux femmes. Elle exerce la médecine quelques années à Nantes, puis s’expatrie en Égypte après le décès de son mari. Elle y exerce la médecine un an environ, et revient en France dans un grand dénuement. À Paris, elle renoue avec des professeurs qu’elle avait connus pendant son année de thèse et qui la soutiennent. Grâce à l’entremise de Paul Bert, une mission temporaire comme ophtalmologue dans les écoles de la Ville de Paris lui est confiée. Quand il est nommé Résident Général de l’Annam et du Tonkin, Paul Bert lui propose un poste de médecin de la mission. À Huê, elle s’apprêtait à opérer la Reine-mère, dont l’approche était un enjeu politique, quand elle meurt brutalement de dysenterie.
Franceline Ribard (1851-1886), France’s first ophthalmologist: from the Nantes Medical School to the Paul Bert Mission in Tonkin
Franceline Ribard (1851-1886) is the second Frenchwoman in history to become a physician and the first one to become an ophthalmologist. She studies medicine in Nantes. She is easily granted access to university whereas Madeleine Brès before her had to fight her way to the faculty of medicine of Paris. Nonetheless, Nantes never took pride in being the second school of medicine in France to accept a woman. Likewise, the exceptional fate of this mother who dared to break all rules and habits imposed to women was never remembered by feminist historiography. She practices medicine in Nantes for a few years, then moves to Egypt after the death of her husband. A year later, she comes back to France in dire poverty but reconnects with teachers from her doctorate year in Paris who support her. Thanks to Paul Bert, she is given a temporary position as an ophthalmologist in schools of the City of Paris. When appointed Resident General for Annam and Tonkin, Paul Bert offers her to work as a physician on the mission. In Huê she is about to perform surgery on the Queen-Mother, an operation of high political stakes, when her life is brutally taken by dysentery.