L’ouvrage de Stéphanie Vincent-Langlois est d’abord un « beau livre » qui se conçoit comme une invitation à découvrir les « trésors » cachés dans les manuscrits à peinture de la période médiévale au service d’une certaine idée de la Bretagne. L’ambition est clairement de toucher le grand public qu’il s’agit de séduire, par la qualité et la richesse de l’illustration, autant que d’instruire, à travers une présentation pédagogique du Moyen Âge « breton » en général et des enluminures en particulier.
Conformément au projet initial, le livre prend essentiellement appui sur un ensemble de quatre manuscrits de luxe liés d’une façon ou d’une autre, et selon une définition sans doute plus « patrimoniale » qu’historique, à l’histoire de la Bretagne : la Compilation des chroniques et des histoires de Bretagne de Pierre Le Baud (Paris, BnF, Ms. fr. 8266) ; les Grandes Heures d’Anne de Bretagne (BnF, Ms. Lat. 9474) ; le Livre d’Heures de Montauban (Rennes, Bibliothèque de Rennes Métropole, Ms. 1834 et BnF, Ms. fr. 18026) ainsi que les Heures de Catherine de Rohan et de Françoise de Dinant (Rennes, BRM, Ms. 0034/0034bis/0034ter). On ne s’étonnera pas de voir figurer en tête de cette liste le splendide et célèbre manuscrit de la Compilation des chroniques et des histoires de Bretagne. Réalisé à la fin du xv
e siècle pour le compte de Jean de Derval, il constitue précisément une tentative pour élaborer une histoire du duché de Bretagne en l’enracinant le plus loin possible dans le temps, comme pour mieux l’autonomiser face au royaume de France…