Qu’est-ce que c’est, la tolérance des religions ? À l’époque moderne, la notion de tolérance est souvent évoquée : il s’agit alors de supporter l’autre, de supporter l’existence d’autres confessions ou religions, de supporter la diversité (religieuse). À quelles fins ? Au Moyen-Âge, la diversité religieuse est intolérable. Le catholicisme orthodoxe, l’unitas christianorum, est de rigueur. Ainsi, toute hérésie doit être extirpée, musulmans et juifs doivent se convertir au catholicisme romain. Tout prince, au sein de son État ou de son empire, est responsable de l’extirpation des hérésies et de la préservation de l’orthodoxie de la foi chrétienne. Avec la Réforme protestante, les « hérésies » se multiplient : luthéranisme, calvinisme, zwinglianisme, anabaptisme : dans presque tous les États de l’Europe, des « sectes protestantes » voient le jour, prospèrent, et s’établissent même comme Églises d’État. Dans l’Europe catholique, l’Église, les princes catholiques autant que l’Empereur cherchent à éradiquer ces « hérésies ». Aux conflits confessionnels au sein du christianisme se rajoutent les conflits entre juifs et chrétiens, entre nouveaux-convertis et catholiques (notamment dans les pays ibériques), entre musulmans et chrétiens, en particulier après 1453 et la conquête de Constantinople par l’Empire ottoman, et dans les années 1520, quand les « Turcs » menacent le Saint-Empire romain germanique et ainsi toute la chrétienté. L’Europe moderne connaît donc beaucoup de violences religieuses entre confessions chrétiennes mais aussi entre chrétiens, juifs et musulmans…