Après l’abolition de l’esclavage, pour trouver la main-d’œuvre nécessaire à une production sucrière en plein essor, l’Angleterre se tourne vers l’Asie du Sud et surtout vers l’Inde. C’est sur l’île Maurice que les Britanniques lancent avec succès leur « grande expérience » d’embauche de travailleurs libres. À partir de 1834, plus de 2 millions de migrants traversent l’océan Indien depuis l’Asie, l’Afrique et la Mélanésie, pour aller travailler dans les îles du Pacifique et les Caraïbes [Carter et al., 2003]. Le rôle de Maurice dans ce phénomène migratoire acquiert une reconnaissance internationale avec l’inscription de l’Aapravasi Ghat comme site du patrimoine mondial de l’Unesco, en 2006. Site pionnier du lancement et de la mise en œuvre de l’engagisme, ce « Ghat de l’immigré » s’imposait d’évidence pour démarrer une recherche archéologique sur la diaspora migratoire des travailleurs engagés sous contrat [Seetah, 2015].Depuis 2008, le projet MACH (Archéologie du patrimoine culturel à Maurice) travaille sur des sites pertinents en collaboration avec l’Aapravasi Ghat Trust Fund, mandaté par l’Unesco pour promouvoir la recherche sur la diaspora des travailleurs sous contrat. De nombreux chercheurs, Hugh Tinker par exemple, ont vu dans ce système contractuel une « nouvelle forme d’esclavage » [1974]. Des études plus récentes ont mis l’accent sur l’importance et la complexité des différences entre les deux formes de travail [Allen, 1999, p. 57-58]. Quant aux archéologues, ils se sont longtemps désintéressés du système contractuel, plus encore que de l’esclavage…