Parce que les premières expériences amoureuses et sexuelles conditionnent fortement la suite de la biographie sentimentale des individus (Bozon, 1993 ; 1998), il est important de situer les histoires intimes recueillies par rapport à celles vécues antérieurement. Les jeunes femmes perçoivent leurs premières expériences sentimentales à partir de l’opposition entre deux catégories : les relations sérieuses (structurées par un scénario conjugal et amoureux) et les relations légères (suivant une logique de l’amusement sexuel). À partir de cette opposition, deux types de parcours intimes antérieurs peuvent être distingués : celui des jeunes femmes qui ont vécu une histoire sérieuse et ont rompu au moment de l’entretien ; celui de celles qui n’ont pas connu d’histoire sérieuse et souhaitent faire cette expérience. Suite à leur rupture, les jeunes femmes de la première catégorie développent un rapport désenchanté à l’amour. Elles diversifient alors les répertoires relationnels en s’éloignant du registre conjugal et recentrent leur vie personnelle sur leurs relations amicales. Les jeunes femmes qui n’ont pas encore vécu de relation sérieuse sont prudentes. Elles mesurent, grâce à l’exemple de leurs autres camarades, la difficulté d’entrer dans un scénario conjugal. Elles adaptent en amont leur vie personnelle en privilégiant leurs relations amicales. Au cœur de la socialisation intime de toutes ces jeunes femmes, quelle que soit la trajectoire antérieure, l’expérience de la rupture et l’adaptation à l’échec amoureux deviennent des expériences centrales…