Ce numéro de Raisons éducatives se propose de mettre en débat « l’alternance », ses formes, ses enjeux, voire la pertinence du concept à l’heure où sa fortune éditoriale prend un nouvel essor dans le champ de l’éducation et de la formation, en même temps que celle des termes de « professionnalisation » et de « compétences ». Selon le domaine du champ de la formation qui l’investit, celui des métiers techniques, ou celui des métiers de l’humain, et en particulier celui des enseignants et des formateurs, le terme d’alternance a pris aujourd’hui des significations très diverses dont les enjeux praxéologiques apparaissent parfois contradictoires, souvent concurrents, dans un joyeux éclectisme. Notre introduction dresse un état de la question en restituant ces enjeux dans la dynamique de leur émergence, avant de nous demander : que peut-on encore dire à propos de l’alternance ? Cette question est le point de départ de la demande que nous avons faite aux contributeurs – tous œuvrant en formation des adultes et /ou en formation des enseignants. Cette introduction se termine par des questions en guise d’ouverture, avant de présenter l’ouvrage et les apports de ces différents auteurs.
Dans la formation aux métiers techniques, l’alternance couvre des formes et des modalités très anciennes qui excèdent le terme en usage aujourd’hui. D’aucuns font remonter ses origines au compagnonnage (Guedez, 1994 ; Geay, 1998), avec cette organisation qui consiste à mettre en avant la retransmission des savoirs pratiques…