Le compromis est, pour un sociologue, une des structures de base des interrelations sociales et de l’action collective. Dans ce dernier cas, notamment quand il s’agit du champ politique et juridique, il peut être soit institutionnalisé, soit intégré à une stratégie, consciente ou non, qui se déploie dans la durée. Ce sont ces deux formes de compromis que je voudrais envisager dans ce paper en comparant les laïcités canado-québécoise et française.
Une telle comparaison doit d’abord se justifier : en effet si, a priori, tout un chacun trouvera légitime l’expression de « laïcité française », l’affirmation d’une laïcité canado-québécoise peut étonner. Jusqu’à une date récente – 2006 – le terme de « laïcité » ne faisait guère partie du débat social québécois. À cela il est possible de rétorquer que l’emploi du concept politique de laïcité par le sociologue ou l’historien est différent de l’utilisation du terme par les acteurs, au niveau des représentations sociales. Ainsi les sociologues de la religion font un usage extensif du concept de « sécularisation » sans trop se soucier de son usage social. Quand cet usage existe, il est plutôt scientifiquement perturbateur, puisqu’on le trouve souvent sous la plume de théologiens. Cela, très logiquement sans souci de neutralité axiologique mais, au contraire, en prenant parti pour ou contre la sécularisation. Les enjeux ne sont pas les même suivant que la discipline est à dominante analytique ou normative. Il pourrait donc suffire d’indiquer que les travaux de la sociologue Micheline Milo…