Au Japon, les chercheurs qui étudiaient à la phénoménologie française ont commencé – probablement dans les années 1990 – à s’intéresser à Henri Maldiney. Au début, c’était surtout les merleau-pontiens qui lisaient Maldiney. Le nom du philosophe est très connu depuis longtemps, bien que la traduction n’avançait que très timidement, sans doute parce qu’il se situe en dehors du courant « postmoderne » qui a dominé l’industrie japonaise de la traduction. Au Japon, une partie de « De la transpassibilité » a été traduite dans la Revue de la pensée contemporaine (Gendaï Shisô) (trad. Kôki Siwaku, précédée de l’introduction par Yasuhiko Murakami, 2009, vol. 37-16). Takuya Ogura et Masato Gôda préparent la traduction de Parole, regard, espace (Tokyo, Sichôsha). À part ces tentatives de traduction, plusieurs textes consacrés à Maldiney ont été publiés au fil des années. C’est une situation étrange, d’autant plus que la traduction de l’œuvre philosophique occidentale constitue une grande partie de la culture japonaise. La difficulté du texte de Maldiney n’en serait pas la raison : on a déjà traduit des textes intraduisibles tels que les œuvres de Levinas ou de Lacan. Mais au moment où le rapport entre la philosophie et la réalité humaine est repensé, il semble que nous redécouvrons pour une deuxième fois la portée de Maldiney.
Actuellement, deux autres groupes commencent à s’intéresser à Maldiney. D’abord, au fur et à mesure que l’étude de Deleuze a mûri, Maldiney est devenu populaire parmi les deleuziens…