Confidentiel en 1990, hégémonique au sein de la jeunesse depuis les années 2000, le goût pour les musiques hip-hop rassemble des publics qui ont fait l’objet de nombreuses spéculations. La première étude d’ampleur sur la question, combinant analyse statistique et enquête qualitative, montre, à la fin des années 2000, la diversité sociale des publics du rap. Elle s’appuie notamment sur l’enquête « Pratiques culturelles » du Département des études, de la prospective et des statistiques (Deps) du ministère de la Culture, reconduite tous les dix ans environ depuis 1973 et source statistique la plus fiable pour connaître les goûts musicaux des résidents de France métropolitaine. Le goût pour les musiques hip-hop fait partie du paysage d’ensemble que brosse l’enquête dès l’édition de 1997. À cette date, 5 % des personnes interrogées déclarent écouter régulièrement du rap. L’enquête 2008 multiplie les indicateurs, proposant différents niveaux de saisie du goût pour des genres associés aux musiques hip-hop, et ce à mesure que l’enquête enregistre un développement spectaculaire de leur popularité.
Mais le développement de l’écoute du rap en France ne s’est pas fait de façon homogène. D’une part, l’ancrage de l’écoute du rap dans les milieux ouvriers, comparable en 1997 à son ancrage dans les milieux cadres et assimilés, est devenu bien plus fort. Ainsi, le rap en 2008 devient « doublement populaire ». D’autre part, les publics du rap, très majoritairement masculins en 1997, se féminisent en 2008, tandis que l’écoute du RnB, plus mixte, devient une pratique culturelle prise en compte dans l’enquête…